— Par Robert Berrouët-Oriol; linguiste-terminologue —
Linguistic Society of America
Comité exécutif – 2022
522 21st St. NW, Suite 120
Washington, DC 20006-5012
USA
–President : John Baugh, Washington University in St. Louis
–Vice President/President-Elect : Anthony C. Woodbury, University of Texas at Austin
–Immediate Past President : Laurence R. Horn, Yale University
–Secretary-Treasurer : Frederick J. Newmeyer, University of Washington, University of British Columbia and Simon Fraser University
Objet : Pour bien comprendre le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haïti Initiative dirigé par Michel DeGraff
Montréal, le 6 octobre 2022
Chers collègues de la Linguistic Society of America,
La communauté des linguistes haïtiens a appris avec étonnement que la Linguistics Society of America s’apprête à attribuer à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, le statut de « Fellow » (c.f. Bulletin du MIT School of Humanities, Arts and Social Sciences : « Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », octobre 2022). Dans son édition du 4 octobre 2022 paraissant en Haïti, le journal Le Nouvelliste en fait état au moyen d’une entrevue de Michel Degraff intitulée « Akademisyen Michel DeGraff eli manm selèk Linguistic Society of America ». Étonnante et choquante aux yeux de la communauté des linguistes haïtiens, cette contestable distinction pose problème sur le plan des acquis mesurables de la créolistique et il est nécessaire d’en interroger publiquement le bien-fondé.
La Linguistic Society of America a certainement le droit d’accorder les distinctions qu’elle veut à qui elle veut. Cela ne nous concerne pas. Mais dès lors qu’elle prend publiquement position dans le champ des études linguistiques ciblant le créole –notamment en ce qui a trait à la lexicographie créole–, la communauté des linguistes haïtiens a le devoir de faire entendre sa voix et je prends librement la liberté, à titre de linguiste-terminologue originaire d’Haïti et spécialiste de l’aménagement linguistique, de vous adresser la présente lettre ouverte qui sera également acheminée à la presse écrite en Haïti et à de nombreux sites en dehors d’Haïti.
Sur le site de la Linguistics Society of America, sous le titre « Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », il est écrit que « Professor Michel DeGraff of MIT Linguistics has been elected as a Fellow of the Linguistics Society of America (LSA), the highest academic honor within the field of linguistics, in recognition of his dynamic and impactful scholarship in Creole studies with a focus on Haitian Creole (or “Kreyòl,” as it’s called in Haiti). DeGraff’s scholarship into the history and linguistics of Haitian Creole goes hand-in-hand with his longstanding activism for full recognition of Kreyòl as a perfectly normal language in all sectors of Haitian society, especially in education. » (Le professeur Michel DeGraff, du Département de linguistique du MIT, a été élu membre Fellow de la Linguistics Society of America (LSA), la plus haute distinction académique dans le domaine de la linguistique, en reconnaissance de son dynamisme et de son impact dans le domaine des études créoles, en particulier le créole haïtien (ou « kreyòl », comme on l’appelle en Haïti). Les travaux de M. DeGraff sur l’histoire et la linguistique du créole haïtien vont de pair avec son militantisme de longue date en faveur de la pleine reconnaissance du kreyòl comme langue parfaitement normale dans tous les secteurs de la société haïtienne, en particulier dans l’éducation. ») [Ma traduction]
Dans son annonce officielle intitulée « Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », je constate que la Linguistics Society of America n’a fourni aucun dossier à l’appui de son allégation, fort discutable, selon laquelle les travaux de Michel DeGraff auraient eu un « impact dans le domaine des études créoles, en particulier le créole haïtien ». La Linguistics Society of America a sans doute le droit de s’égarer et d’errer en matière de lexicographie créole, de se laisser complaisamment berner voire de banaliser les données factuelles accessibles sur le créole haïtien et d’attribuer à Michel DeGraff une « reconnaissance » qu’aucune institution nationale haïtienne n’a jugé bon de lui accorder ces trente dernières années… Je constate également que la Linguistics Society of America ne dispose d’aucune compétence connue en lexicographie créole et que, dans ce domaine précis, elle n’est dépositaire d’aucune autorité scientifique en créolistique l’autorisant à attribuer à Michel DeGraff une « reconnaissance » pour auréoler, aventureusement, « son dynamisme et de son impact dans le domaine des études créoles, en particulier le créole haïtien ». Il est hautement significatif, à ce chapitre, que dans son annonce officielle intitulée « Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », la Linguistics Society of America n’apporte aucune preuve d’une quelconque consultation qu’elle aurait menée auprès (1) d’une institution nationale haïtienne telle que la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti, ou (2) auprès d’une institution internationale spécialisée dans le domaine de la créolistique telle que le Comité international des études créoles. Sur ces différents registres, « la plus haute distinction académique » de la Linguistics Society of America souffre d’un lourd déficit de crédibilité tant à l’échelle d’Haïti qu’à l’échelle internationale auprès des institutions dédiées aux études du créole haïtien.
S’agit-il, dans le dossier de Michel Degraff à la Linguistic Society of America, d’une myopie volontaire ou d’une quasi-complaisance sélective ? Dans tous les cas de figure, nous constatons que la Linguistic Society of America est sur le point d’avaliser le naufrage de la lexicographie créole à l’œuvre au MIT Haïti Initiative dirigé par Michel DeGraff. Voici pourquoi.
UNE PROBLÉMATIQUE DE FOND / ÉLABORATION ET DIFFUSION D’UN « GLOSSARY » PRÉ-SCIENTIFIQUE ET PRÉ-LEXICOGRAPHIQUE, le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative »
Dans plusieurs textes que j’ai publiés en Haïti et sur plusieurs sites à l’échelle internationale (en France, aux États-Unis, en Martinique, etc.), j’ai fait la démonstration, de manière documentée et à l’aide de références précises et vérifiables, qu’au cours des quarante dernières années Michel DeGraff n’a publié aucun livre, aucune étude scientifique en lexicographie créole, domaine dans lequel il ne possède aucune qualification connue. Sur le site du Département de linguistique du MIT, il est d’ailleurs précisé que les domaines de recherche de Michel DeGraff, loin de la lexicographie créole, sont la syntaxe, la morphologie, le changement linguistique, langue et éducation. Malgré cela, depuis quelques années, le MIT Haiti Initiative que dirige Michel DeGraff tente de parachuter dans le système éducatif haïtien un très médiocre « Glossary » de plus de 800 termes anglais-créoles : il s’agit, comme je l’ai établi par une analyse lexicographique rigoureuse, d’un « Glossary » amateur, fantaisiste et erratique, pré-scientifique et pré-lexicographique élaboré dans l’ignorance assumée de la méthodologie de la lexicographie professionnelle. La plupart des pseudo équivalents « créoles » de ce « Glossary » ne sont pas conformes au système morphosyntaxique du créole et ils ne sont pas compréhensibles pour les locuteurs créolophones. Il est fort révélateur qu’aucun linguiste haïtien, aucune institution haïtienne n’a jusqu’à aujourd’hui recommandé le médiocre « Glossary » du MIT Haiti Initiative pour l’enseignement en créole des sciences et des techniques, et encore moins pour modéliser l’indispensable didactisation du créole. Le pseudo « modèle » lexicographique promu par Michel DeGraff –un « modèle » de type Wikipedia inconnu des universités à travers le monde et inconnu également en lexicographie professionnelle–, constitue un dommageable fourvoiement de toute la lexicographie haïtienne (voir mon article « Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative », Le National, Port-au-Prince, 15 février 2022 ; voir aussi mon « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique », Le National, Port-au-Prince, 14 décembre 2021).
À l’appui de l’argumentaire étayé dans ces articles, voici un échantillon de pseudo équivalents « créoles » relevés dans la version en ligne du « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » :
Termes anglais |
Équivalents « créoles** » du MIT-Haiti Initiative |
air resistance |
rezistans lè [1,3,4] |
air track |
pis kout lè // pis ayere [1,2,3,4] |
and replica plate on |
epi plak pou replik sou [1,2,3,4] |
escape velocity |
vitès chape poul [1,3,4] |
multiple regression analysis |
analiz pou yon makonnay regresyon [1,2,3,4] |
center of mass |
sant mas yo [1,2,3,4] |
checkbox |
bwat tchèk [1,2,3,4] |
flux meter |
flimèt [1,3,4] |
line integral |
entegral sou liy [1,2,3,4] |
how many more matings would you like to perform ? |
konbyen kwazman ou vle reyalize ? [1,4] |
** [Remarques analytiques sur les équivalents « créoles »] : 1 = équivalent faux et/ou fantaisiste et/ou qui ne constitue pas une unité lexicale ; 2 = équivalent non conforme à la syntaxe du créole ; 3 = équivalent présentant une totale opacité sémantique ; 4 = équivalent dont la catégorie lexicale n’est pas précisée.
Le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » a été par mes soins soumis en Haïti à des enseignants, des linguistes et des rédacteurs de manuels scolaires en créole. De manière unanime, tous ces professionnels haïtiens ont posé le même diagnostic que moi : le principal outil d’intervention linguistique/pédagogique du MIT – Haiti Initiative, à savoir le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative », est un lourd échec, une véritable arnaque lexicographique, une œuvre fantaisiste et erratique qui ne peut en aucun cas être utile à l’indispensable didactisation du créole et qui ne peut pas non plus être recommandée pour l’enseignement en créole des sciences et des techniques.
Le 1er février 2022, j’ai adressé à M. Danny Fox, Directeur du Département de linguistique du MIT, un document intitulé « Lettre ouverte au MIT Department of linguitics : « Pour promouvoir une lexicographie créole de haute qualité scientifique ». Dans ce document j’ai notamment proposé que le Département de linguistique du MIT prenne l’initiative de solliciter la formation d’un comité scientifique international ad hoc composé d’experts en lexicographie et chargé d’évaluer le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative ». Dans le courriel qu’il m’a envoyé le 12 février 2021, M. Danny Fox m’a informé que ma proposition n’a pas été retenue et le Département de linguistique du MIT, l’une des plus prestigieuses institutions scientifiques américaines, continue d’apporter une obscure et indéfendable caution « scientifique » à une œuvre lexicographique prétendument « créole » de très grande médiocrité sur le plan scientifique. La communauté des linguistes haïtiens en a pris bonne note puisque ma « Lettre ouverte au MIT Department of linguitics : « Pour promouvoir une lexicographie créole de haute qualité scientifique » a été publiée en Haïti et en dehors d’Haïti et elle a été abondamment lue et commentée.
J’attire l’attention du Comité exécutif 2022 de la Linguistics Society of America sur le fait que votre institution a reçu par mes soins, le 18 février 2022, copie de ma correspondance avec le Département de linguistique du MIT. La Linguistics Society of America était donc informée, dès le mois de février 2022, que le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » est un ouvrage amateur, fantaisiste et erratique, pré-scientifique et pré-lexicographique élaboré dans l’ignorance assumée de la méthodologie de la lexicographie professionnelle. La Linguistics Society of America ne peut donc aujourd’hui plaider l’ignorance et avaliser à son tour une œuvre prétendument « lexicographique ». Elle ne peut s’appuyer sur pareille ignorance pour accorder à Michel DeGraff, en toute impunité, « la plus haute distinction académique dans le domaine de la linguistique, en reconnaissance de son dynamisme et de son impact dans le domaine des études créoles, en particulier le créole haïtien ».
Dans le contexte où Haïti connaît aujourd’hui la plus grave crise politique de son histoire récente, il y a lieu de s’interroger sur la dimension politique de l’attribution du statut de « Fellow » à Michel DeGraff par la Linguistic Society of America car il serait illusoire de croire que cette « distinction » serait « neutre » et dépourvue de fondements politiques. Il faut prendre toute la mesure du fait que la Linguistic Society of America a reçu les articles dans lesquels j’analyse avec rigueur l’appui public de Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste dans la scandaleuse affaire du PSUGO. Connu du Département de linguistique du MIT, l’appui de Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste au pouvoir en Haïti depuis onze ans est de notoriété publique comme on peut le constater dans l’un de ses articles et dans une vidéo diffusée sur YouTube (voir son article « La langue maternelle comme fondement du savoir : L’Initiative MIT-Haïti : vers une éducation en créole efficace et inclusive », Revue transatlantique d’études suisses, 6/7, 2016/2017 ; voir aussi sa vidéo postée sur Youtube le 5 juin 2014, « Gras a pwogram PSUGO a 88% timoun ale lekòl ann Ayiti » –« Grâce au PSUGO 88% des enfants sont scolarisés en Haïti »). Le « Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire » (PSUGO) a été amplement dénoncé par les enseignants, les associations d’enseignants et autres instances de la société civile haïtienne. Ce programme a donné lieu à une vaste entreprise de détournement des ressources financières de l’État haïtien et s’est révélé un échec total que s’est bien gardé d’analyser Michel DeGraff de 2014 à nos jours (voir entre autres la rigoureuse analyse de Charles Tardieu, « Le Psugo, une des plus grandes arnaques de l’histoire de l’éducation en Haïti », Port-au-Prince, 30 juin 2016). Sans perdre de vue le fait que Michel DeGraff est le seul linguiste haïtien qui soutient publiquement le cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste au pouvoir en Haïti depuis onze ans, la communauté des linguistes haïtiens entend poser deux questions de fond à la Linguistic Society of America : la « distinction » qu’elle offre à Michel DeGraff constitue-t-elle également un appui public d’une prestigieuse institution universitaire américaine au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste ? Cette « distinction » ne contrevient-elle pas explicitement à la Déclaration universelle des droits linguistiques de 1996 ? Le Département de linguistique du MIT a choisi d’ignorer, dès le mois de février 2021, cette incontournable dimension politique installée, chez Michel DeGraff, au creux de son « dynamisme et de son impact dans le domaine des études créoles, en particulier le créole haïtien ». En adoptant elle aussi cette politique de l’autruche et de la myopie éthique, la Linguistic Society of America s’apprête à amplifier son lourd déficit de crédibilité tant à l’échelle d’Haïti qu’à l’échelle internationale auprès des institutions dédiées aux études du créole haïtien.
Membre fondateur de l’Académie créole (AKA) et ex-responsable de son « Comité scientifique », Michel Degraff a été blâmé puis expulsé de l’AKA en 2018. L’attribution hasardeuse à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, du statut de « Fellow » à la Linguistic Society of America –si elle est maintenue en dépit des données analytiques contenues dans la présente lettre ouverte–, contribuera elle aussi au naufrage de la lexicographie créole à l’œuvre au MIT Haïti Initiative. La communauté des linguistes haïtiens devra en l’espèce en tirer toutes utiles conclusions.
Veuillez agréer, chers collègues, l’assurance de ma considération distinguée.
Robert Berrouët-Oriol
Linguiste-terminologue
C.C. : Le corps professoral du Département de linguistique du MIT
Le Conseil d’administration de la Haitian Studies Association
Le Rectorat de l’Université d’État d’Haïti
Le Décanat de la Faculté de linguistique de l’Université d’État d’Haïti
Le Décanat de l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti
Le Conseil international d’études créoles
ROBERT BERROUËT-ORIOL, linguiste-terminologue, chroniqueur linguistique et essayiste
Linguiste-terminologue canadien originaire d’Haïti formé à l’Université du Québec à Montréal, spécialiste de l’aménagement linguistique, Robert Berrouët-Oriol a longtemps travaillé à l’Office québécois de la langue française où il a contribué à l’analyse, au stockage, à la mise à jour et à la diffusion des vocabulaires scientifiques et techniques de la Banque de terminologie du Québec (aujourd’hui dénommée Grand dictionnaire terminologique). Par la suite il a enseigné la linguistique et la terminologie à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti. Depuis avril 2021, il est membre du Comité international de suivi du Dictionnaire des francophones, le DDF. Auteur depuis plusieurs années d’articles de vulgarisation linguistique parus en Haïti dans Le National, il a publié en 2011 le livre collectif de référence « L’aménagement linguistique en Haïti : enjeux, défis et propositions » (Éditions de l’Université d’État d’Haïti et Éditions du Cidihca). En 2014 il a publié le livre « Plaidoyer pour une éthique et une culture des droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou yon etik ak yon kilti ki tabli respè dwa lengwistik ann Ayiti (Centre œcuménique des droits humains (Port-au-Prince) et Cidihca (Montréal). Par la suite, en 2017, il a publié, en tandem avec Hugues Saint-Fort, le livre « La question linguistique haïtienne / Textes choisis » (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca). Il a fait paraître en 2018 le livre « Plaidoyer pour les droits linguistiques en Haïti / Pledwaye pou dwa lenguistik ann Ayiti » (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca). Également, il a coordonné et co-écrit le livre collectif de référence, « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (Éditions Zémès et Éditions du Cidihca, 2021). Son prochain livre de linguistique, qui paraîtra sous peu en Haïti et au Canada, s’intitule « Haïti – L’œil de la parole, chroniques linguistiques 2011 – 2021 ».
Poète et critique littéraire, Robert Berrouët-Oriol est l’auteur de la première étude théorique portant sur les « écritures migrantes » au Québec, et, en 2010, il a obtenu à Ouessant, en France, le grand Prix de poésie du Livre insulaire pour « Poème du décours » (Éditions Triptyque). Parue à Montréal aux Éditions Triptyque en 2021, sa huitième œuvre poétique a pour titre « Simoun ». [RBO.2022]