Tu as quitté des amis tu roules la nuit
Tranquille serein une agréable soirée
Tu écoutes vaguement « l’Afrique enchantée »
Sur France Inter la seule chaîne intéressante
Outremer Les autres de la soupe innommable
La route descend vers les « fonds » et leurs maisons
Escalade les falaises encore sauvages
En contrebas la mer invisible à cette heure
Un itinéraire parcouru mille fois
Quelques kilomètres et tu seras chez toi
Et puis soudain dans une montée l’accident
La voiture qui dévale trop vite en face
Qui se met en travers et te barre la route
Pas besoin d’un flingue pour faire le mariol
Tu entres comme une flèche dans la Corsa
Tu la projettes plusieurs mètres en avant
Tu ne sais même pas si tu as pu freiner
Pan ! Les airbags se déclenchent un autre Pan !
Black out Petite mort Tu reprends conscience
Incrédule Ce n’est donc pas pour cette fois
Tu vis encore à ce qu’il semble Merci Dieu
Ou la providence ou le hasard peu importe
Tu tâtes tes jambes Ouf ! Paraissent OK
Décroche ta ceinture sors de la voiture
Il faut un coup de pied pour ouvrir la portière
Tu te lèves en vacillant trois pas hésitants
Tu as du mal à te mouvoir Comment dis-tu ?
Je suis perclus partout avec des contusions
Un bras qui saigne un peu Il faut t’asseoir très vite
Un automobiliste dévoué a stoppé
Il appelle les secours tout va s’arranger
Tu penses à ce qui est resté dans ta voiture
Tu te relèves péniblement quelques pas
Ta Mini n’a plus d’avant dégâts matériels
Force pour ouvrir la portière côté droit
Et cherche tes papiers permis etcétéra
Du gaz suffocant jaillit d’un airbag crevé
Tu n’as pas la force d’aller plus loin pour voir
Ce qu’il est advenu de l’autre conducteur
Les gendarmes sont arrivés tu dois t’asseoir
Dans leur fourgon répondre à toutes leurs questions
Montrer ta carte grise et ton permis à points
Tu fais de même plus tard avec les pompiers
Qui te questionnent pour te tenir éveillé
De fait tu es groggy à-demi zombifié
Plus passe le temps et plus la douleur augmente
Le médecin du Samu te jette un coup d’œil
On t’allonge sur un brancard et on t’emmène
« Cent ans bannières cent ans civières »
Vous roulez cahin caha jusqu’à l’hôpital
Les Urgences… où il s’avère urgent d’attendre
On finit par te trimballer à la radio
Tous tes muscles font mal tu ne peux plus bouger
Mais quand arrive le médecin de service
Tu fais l’effort qu’il faut pour te mettre sur pied
Lui démontrer que tu te sens assez vaillant
Pour marcher un peu et regagner tes pénates
Fuir un lieu aussi utile qu’indésirable
Il ne te reste qu’à récupérer ta force
La souplesse de tes muscles traumatisés
Et puis tu effectueras toutes les démarches
Que dans le monde actuel un accident oblige
Tu t’en es bien tiré cette fois-ci pas vrai ?
Mais tu as senti passer l’ombre de la mort
Tu as un message à délivrer aux chauffards
Vous vous croyez des dieux mais vous êtes mortels
Mettez si vous voulez votre vie en danger
Votre permis n’autorise pas l’homicide
Allez jouer ailleurs que sur la voie publique
Michel Herland, accidenté à Case-Pilote le 8 mars 2015