– Elle s’avère désormais très majoritaire dans le monde entier à quelques exceptions près.
Des chercheurs apportent un nouvel éclairage sur la propagation de l’épidémie de Covid-19 en décrivant l’émergence d’une variante du coronavirus SARS-CoV-2, détectée pour la première fois en Espagne et aux Pays-Bas cet été, avant de se répandre dans toute l’Europe ces derniers mois. Pour l’instant, rien ne permet de dire que ce virus se propage plus rapidement ou qu’il affecte la gravité de la maladie.
L’étude préliminaire d’une équipe hispano-suisse met en lumière le manque de cohérence des mesures de restriction prises aux frontières (fermetures, ouvertures, avec ou sans quarantaine) par les divers pays en Europe et dans l’espace Schengen, ainsi que le défaut de prévention auprès des populations vulnérables tels les travailleurs saisonniers agricoles.
« Cette variante a augmenté en fréquence dans plusieurs pays, mais nous n’avons aucune preuve directe qu’elle se propage plus rapidement », écrivent les auteurs dans leur recherche en ligne sur le site Medrxiv.
Les premiers cas liés à cette variante génétique « 20A.EU1 » du virus ont été identifiés en juin en Espagne via d’important foyers de contagion chez les travailleurs agricoles en Aragon partagés avec la Catalogne (sans compter un autre cas isolé aux Pays-Bas). Cette variante s’est propagée localement, avant de s’étendre au reste de l’Espagne, juste avant la réouverture des frontières. En août, cette variante a commencé à être détectée dans l’Union européenne, en corrélation avec l’ouverture des frontières, selon l’un des coauteurs, le biologiste Iñaki Comas, qui dirige le consortium espagnol SeqCovid avec le Pr Fernando Gonzalez Candelas.
Des importations multiples sont observées non seulement depuis l’Espagne, mais aussi entre les pays européens qui ont progressivement ouvert les frontières. En octobre, cette variante a atteint Hong Kong, la Nouvelle-Zélande et l’Australie, souligne sur Twitter le biologiste.
Bien que dominante dans certains pays, la variante 20A.EU1 du virus « n’a pas pris le dessus partout », selon les auteurs, qui relèvent que d’autres variantes du SARS-CoV-2 continuent de circuler en Europe.
À long terme, la fermeture des frontières « n›est ni tenable ni souhaitable », selon les auteurs. Au vu de l’expansion du virus 20A.EU1, ils préconisent d’identifier de meilleurs moyens de réduire le risque d’introduction de variantes afin d’éviter les risques d’augmentation des cas de transmission du SARS-CoV-2.
Ce travail souligne le potentiel de l’épidémiologie génomique, qui permet de suivre à la trace les variantes du virus, selon les auteurs qui souhaitent que cette discipline se développe dans toute l’Union européenne. « Nous n’avons pas réussi à prévenir les infections parmi les populations les plus vulnérables », comme les travailleurs saisonniers, déplore Iñaki Comas.
« Ces changements (génétiques, NDLR) mineurs sont utiles pour cartographier la propagation d’un virus et, comme dans cette étude, nous en disent long sur sa transmission », estime de son côté Lawrence Young, professeur d’oncologie moléculaire à la Warwick Medical School. « Les coronavirus sont très stables, en particulier par rapport à d’autres virus, tels que la grippe et le VIH », ajoute ce spécialiste qui n’a pas participé à l’étude.
Source : AFP L’orient le jour
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