Depuis 2017, le coût de la vie étudiante en France a connu une augmentation spectaculaire de 27%, une tendance qui ne montre aucun signe de ralentissement. Selon une enquête récente publiée par l’Union nationale des étudiants de France (Unef), le coût de la vie étudiante pour l’année universitaire 2024-2025 devrait encore croître de 2,25%, ce qui représente une augmentation annuelle de 482,16 euros pour chaque étudiant, soit environ 40,18 euros supplémentaires par mois. Bien que cette augmentation soit moins marquée que celle de 6,47% observée l’année précédente, elle s’inscrit dans une tendance générale à la hausse qui pèse lourdement sur le budget des étudiants.
Des dépenses en hausse : frais d’inscription, logement et énergie
L’une des principales sources de cette augmentation est l’élévation des frais d’inscription universitaire, qui progressent de 2,93%. Cette augmentation, bien que modérée, vient s’ajouter à la Contribution de Vie Étudiante et de Campus (CVEC), obligatoire depuis 2018, ce qui alourdit encore davantage les dépenses des étudiants. En outre, la hausse des coûts énergétiques (+4,8%) contribue également à cette augmentation globale, impactant non seulement les factures de chauffage et d’électricité, mais aussi le coût de la vie quotidienne dans son ensemble.
Les loyers, tant dans les résidences Crous que sur le marché privé, connaissent également une hausse significative. Dans les résidences Crous, les loyers augmentent de 3,5%, tandis qu’en dehors de ces résidences, une légère hausse de 1,08% est observée. Ces augmentations, bien que modestes, s’accumulent avec les autres dépenses et aggravent la pression financière sur les étudiants, surtout dans les grandes villes où le marché immobilier est particulièrement tendu.
Un soutien insuffisant : la stagnation des bourses et le manque de logements
Alors que les coûts continuent de grimper, le soutien financier aux étudiants ne suit pas la même courbe. Les bourses étudiantes, bien que réévaluées entre 6,2% et 34% à la rentrée 2023, restent largement insuffisantes pour compenser l’augmentation du coût de la vie. L’Unef dénonce cette stagnation des montants des bourses, soulignant qu’elle ne suffit pas à couvrir les besoins croissants des étudiants.
En parallèle, le nombre de logements disponibles en résidences Crous reste dramatiquement insuffisant. Actuellement, moins de 6% des étudiants peuvent accéder à ces logements subventionnés, ce qui laisse la majorité d’entre eux chercher des solutions sur un marché locatif privé souvent inabordable. L’Unef critique sévèrement l’écart entre les promesses gouvernementales et la réalité : sur les 60 000 logements étudiants annoncés par Emmanuel Macron en 2017, seuls 8,8% ont été effectivement construits, selon le syndicat. Ce chiffre est contesté par le ministère de l’Enseignement supérieur, qui affirme que plus de 30 000 logements, y compris ceux hors Crous, ont été réalisés depuis 2017. Malgré cela, le nombre de places disponibles reste bien en deçà des besoins réels, exacerbant la crise du logement étudiant.
Une pression croissante sur le quotidien des étudiants
Face à ces défis, les étudiants se retrouvent de plus en plus contraints de jongler entre études et travail pour joindre les deux bouts. Cette précarité financière croissante a des répercussions directes sur leur bien-être et leur réussite académique. Selon la secrétaire générale de l’Unef, Hania Hamidi, cette situation représente une augmentation constante et extrême du coût de la vie depuis plusieurs années, une situation qui devient insoutenable pour un nombre croissant d’étudiants. Le recours au travail étudiant, souvent indispensable pour couvrir les dépenses, conduit à des journées interminables, affectant la qualité de vie et la performance académique.
La hausse continue du coût de la vie étudiante, combinée à une stagnation des aides financières et à un nombre insuffisant de logements abordables, place les étudiants français dans une situation de plus en plus précaire. Le syndicat Unef appelle à des mesures urgentes pour répondre à cette crise, notamment par une révision substantielle des montants des bourses, une augmentation des capacités d’hébergement en résidences Crous, et une limitation de l’augmentation des frais universitaires et des coûts annexes. La situation actuelle montre que le défi du coût de la vie étudiante reste un enjeu majeur pour l’avenir de l’enseignement supérieur en France.