L’écologie est un mouvement d’idées qui, comme l’indique l’étymologie du mot (grec oïkos : maison), considère que la Terre est notre maison, que nous devons en prendre soin, gérer au mieux ses ressources et son espace – non extensibles. Cela est encore plus vrai, bien entendu, d’une petite île comme la nôtre.
Aussi, les initiatives pédagogiques se multiplient-elles ici ou là. Par exemple, le numéro du mardi 22 octobre 2013 de France-Antilles rendait compte d’un grand « vide-greniers écologique » organisé le samedi précédent par la CACEM et son comité des œuvres sociales (COSCA).
Les consommateurs et les consommatrices étaient donc invité-e-s à « vider leur grenier pour ne pas remplir leur poubelle » et « les mamans », sommées de « mettre la main à la pâte (!) avec les couches jetables. » !
Le problème de la pollution par les couches jetables est un grave problème, en effet. Produites et consommées en grande quantité (on a calculé que chaque bébé en utiliserait une tonne !), elles mobilisent une énorme quantité de matières premières et génèrent une non moins grande quantité de déchets très difficiles et très longs à traiter (il faudrait 500 ans pour qu’une couche se dégrade entièrement), d’autant plus qu’elles contiennent des produits toxiques. Bref, un coût très lourd pour l’environnement… et les ménages !
A toutes ces accusations, les producteurs de couches jetables (un marché très juteux !) répondent que l’entretien des couches de coton coûte cher en eau et en électricité, et surtout que leur produit à eux « libère la femme »
Voilà donc les femmes condamnées à choisir entre la culpabilité de pollueuses (qu’elles seront de toutes façon, d’ailleurs !) et le retour à l’esclavage multi-quotidien de l’utilisation et de l’entretien des couches de coton ! Comment sortir de ce cercle vicieux ?
Remarquons que nous n’attendons pas notre libération d’un produit de consommation, fût-il le plus innovant. D’abord parce que seules les femmes privilégiées seraient concernées. Pour les autres (femmes de pays sous-développés ou femmes salariées), on sait que le temps gagné grâce à ces produits est employé à… d’autres tâches, ne serait-ce qu’à travailler davantage pour pouvoir se les payer !
Mais surtout, pour les tenants de chaque camp (couches coton et couches jetables), les soins aux enfants est une affaire strictement privée qui incombe exclusivement aux Femmes, comme toutes les autres tâches domestiques non rémunérées, et les deux camps renvoient les femmes à leur statut, voire à leur destin traditionnel, « naturel », et assigné pour l’éternité!
Nous, nous pensons que les papas peuvent aussi très bien « mettent la main à la pâte ». Mais, surtout, que des solutions collectives conjuguant respect de l’environnement et liberté des femmes peuvent être imaginées : par exemple, un service de ramassage et d’entretien des couches sales. Cela fonctionne déjà, entre autres au Canada, mais aussi dans des crèches en France. Cela permet des économies d’échelle appréciables sur la dépense d’eau et d’électricité, mais aussi sur la dépense de traitement des déchets, économies qui profitent à la société, et aussi, bien sûr, aux parents.
Mais pour appliquer ces solutions et en imaginer d’autres, il faut que la société ne fasse plus peser sur les seules femmes, ni même sur les seuls ménages, le soin écrasant de sa reproduction.
Car trop souvent on fait porter le poids de l’effort vertueux en ce qui concerne l’environnement sur les individus les plus vulnérables : femmes, comme nous venons de le voir ; masses laborieuses à qui il est demandé de réduire leur consommation en eau, électricité… alors que les riches gaspillent allègrement pour leurs piscines, leurs jets d’eau ou leur gazon ; peuples premiers desquels on exige qu’ils renoncent à chasser ou à pêcher leur nourriture traditionnelle alors que le milliardaires se livrent tranquillement aux safaris ou à la pêche sportive…
Le peu que nous vivons est encore trop pour les capitalistes !
À nous les femmes de poursuivre notre lutte pour une société d’égalité et de libre épanouissement pour chacune et chacun, une société où respect porté à l’environnement et respect porté à l’être humain iront de pair !
Fort-de-France le 4 novembre 2013. Muriel Ameller, George Arnauld, Huguette Bellemare, Murièle Cidalise-Montaise, Lydia Ramaël
Des habitudes de langage égalitaire :
Ex : remplacer « les mères doivent mettre la main à la pâte » par « les parents ou les pères et les mères doivent mettre la main à la pâte »
Remplacer les « Hommes avec un grand H » par « les êtres humains. »
Toujours dire : « bonjour à tous et toutes. » Avec « tous » seul, les femmes sont invisibles.