Écœurant article d’Édouard Delépine contre Corinne Mencé-Caster
— Par Maurice Belrose —
L’article de 8 pages publié récemment par Mediapart sur l’affaire CEREGMIA et dont « Justice » a fait une présentation commentée dans son numéro du 30 avril, a provoqué l’ire d’Edouard Delépine, lequel a publié le 29 avril, dans « France-Antilles » [et Madinin’Art] un article écœurant mettant en cause la présidente de l’université des Antilles et de la Guyane, Corinne Mencé-Caster.
L’article est intitulé « Crise à l’université, Médiapart manipulé? » Ce qui frappe d’emblée dans ce titre, c’est le point d’interrogation, signe du manque de courage du cher Edouard, qui n’ose pas affirmer catégoriquement que Mediapart a été manipulé tout en laissant entendre subtilement qu’il y a eu manipulation. Notre historien et dirigeant PPM révèle qu’il a connu Edwy Plénel, le directeur de Médiapart, alors que celui-ci « avait 7-8 ans », et il évoque l’époque lointaine où ils vendaient à la criée le « journal trotskiste Rouge », dans lequel, lui Delépine, publiait des articles signés Andrès Lerouge. Il dit évidemment le plus grand bien d’Edwy Plénel en tant journaliste et en tant qu’homme, affirmant qu’il le tient pour « le digne fils de son père, Alain Plénel ».
A en croire Edouard Delépine, Fred Célimène, le directeur du CEREGMIA, pour qui il a «le plus grand respect », serait victime d’une conjuration. Et ce seraient les conjurés qui auraient « manipulé » Médiapart, au point de pousser Edwy Plenel à ne lui accorder qu’une petite heure d’entretien lors de son récent voyage en Martinique. Le cher Edouard se plaint en effet de ce que Edwy Plénel ait montré de la réticence à « discuter de questions qui selon lui regardent désormais la justice », alors que lui, Delépine, voulait « lui remettre un épais dossier » sur l’université.
Ne pouvant s’en prendre à Edwy Plénel, Delépine a entrepris donc de salir la réputation de la présidente de l’université, Corinne Mencé-Caster, dont il dit calomnieusement que sa « seule performance » est de n’avoir « mis que quelques mois à casser l’Université des Antilles et de la Guyane que nous avons mis un demi-siècle à construire ». Incroyable mais vrai! Delépine fait semblant d’oublier que ce sont Fioraso, alors ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, et la Guyanaise Taubira, ministre de la justice agissant à « titre » privée », qui ont signé l’acte de mort de l’UAG, avec l’accord du gouvernement socialiste qui ne pouvait rien refuser à Taubira après sa performance pour faire passer la loi sur « le mariage pour tous », déclarée « priorité nationale » par François Hollande.
Delépine fait mine de s’interroger sur « l’incroyable pouvoir qui permet à une présidente élue par une structure qui n’existe plus, de présider une structure qui n’existe pas encore ». Son ami Sergio pourrait facilement répondre à cette question, lui qui est député et a des relations au gouvernement. Nous avons là une situation ubuesque, inadmissible, qui est celle d’une Université des Antilles qui existe de fait depuis le 1er janvier 2015 mais qui n’a aucune existence juridique. A cause de qui? A cause du gouvernement, qui est appuyé par le PPM.
Delépine va plus loin encore dans l’ignominie et l’ignorance en ajoutant à ce qui précède : « Au nom de quel principe surtout, soit comme présidente en sursis, soit comme présidente virtuelle, peut-elle prendre une décision aussi extravagante dans l’histoire de l’Université de France, que la suspension d’un de ses collègues Je ne vois guère que Vichy qui ait permis, non à la présidente d’une Université mais aux ministres de Pétain; de prendre de telles décisions ».
A cela, nous répondons calmement, en retenant notre envie de vomir :
1) que ce sont deux professeurs des universités -et pas seulement l’ami Célimène- qui ont été suspendus pour une année ;
2) que la suspension a été prononcée en mai 2014, avant donc le démembrement de l’UAG;
3) que la présidente de l’UAG, Corinne Mencé- Caster, a pris une mesure de salut public indispensable, après avoir consulté le service juridiques de son ministère de tutelle;
4) que le Conseil d’Etat, saisi par les deux professeurs suspendus, a donné raison à la présidente de l’UAG le 26 août 2014, condamnant Fred Célimène et Kinvi Logossah à verser chacun 3.000 euros à l’université;
5) que n’importe qui peut constater, en consultant le site Internet du Conseil d’Etat, qu’il y a eu d’autres suspensions de ce type, ce qui veut dire que l’historien Delépine doit impérativement mettre ses connaissances à jour et cesser de raconter des conneries aux Martiniquais.
Madame Mencé-Caster est une femme d’honneur et de courage, une démocrate qui malgré les insultes, les pressions et les menaces (y compris de mort) remplit la mission qui lui a été confiée en janvier 2013. Elle n’a rien d’une pétainiste
Qui est Edouard Delépine? C’est un historien connu, qui métrite le respect pour ses importants travaux sur la Martinique, malgré le triste dérapage que nous venons de signaler. C’est aussi un homme politique plutôt pitoyable : militant trotskiste en France, il a adhéré ensuite au Parti communiste martiniquais pour y faire de l’ «entrisme », ce qui lui a permis de convaincre un certain nombre de jeunes militants soi-disant révolutionnaires de fonder avec lui le GRS (Groupe Révolution socialiste), organisation qu’il a fini par déserter pour se blottir dans les bras du PPM où il côtoie tranquillement la petite bourgeoisie opportuniste, soi-disant de gauche, ainsi que la droite dite «progressiste », et où il se sent à l’aise pour mener campagne contre l’Autonomie en brandissant des arguments réactionnaires, de droite.
M. Belrose