— Le n°277 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
Le 6 décembre 1987, des milliers de Martiniquais.es interdisaient l’entrée de Jean-Marie Le PEN sur le territoire.
6 décembre 2022, dans un restaurant de la place, des pompiers opposés à l’obligation vaccinale déroulaient le tapis rouge pour le sieur Philippot, un des leaders de la droite très extrême, ex-très proche conseiller de Marine Le Pen, qui a surfé sur la vague des manifestations en France contre la vaccination obligatoire.
Une coïncidence aussi curieuse qu’inquiétante, nous fait savoir que la bande à Zemmour a aussi fait le déplacement sur nos terres, pour y répandre son venin. Il serait plaisant d’entendre leurs hôtes martiniquais concernant les propos fort éclairants de leur maitre sur le « nombre anormal de Noirs » (dont le Martiniquais Raphaël Varane) dans l’équipe de France de Football !
Dans ce contexte, une photo circule à travers les réseaux sociaux montrant Serge Aribo, dirigeant de L’U.G.T.M.-santé, tout sourire aux côtés du même Philippot. Peu de temps avant on a vu, malheureusement, Jean-Philippe Nilor voter une motion de censure symbolique, de Marine Le Pen.
Il n’y a pas si longtemps, percevant le danger de banalisation du compagnonnage avec les néofascistes de tout acabit, nous alertions une fois de plus, sur l’urgence d’une lutte sans merci contre l’extrême–droite, ses idées, ses partis, ses réseaux, ses personnalités, ses obsessions malsaines. Depuis, les signaux inquiétants ont continué. L’extrême–droite s’est emparée en Italie de la présidence du pays, des deux chambres du parlement et du gouvernement.
En France, la xénophobie raciste s’exprime ouvertement à l’assemblée nationale contre les Africains. Nul n’a oublié les progrès de cette engeance en Suède, et son poids énorme au Brésil ou aux U.S.A. Au Pérou, elle s’active au sein des forces qui ont renversé le président Castillo, classé à gauche.
Bien entendu, les peuples ne se laissent pas faire : soulèvement héroïque des femmes iraniennes, levée de fractions importantes de la jeunesse africaine, réveil du mouvement ouvrier anglais, résistance au coup d’État du Pérou, résistance de la population de l’Ukraine envahie et martyrisée par l’impérialisme russe. Cette accentuation des confrontations en France et dans le monde, renforce la nécessité de voir clair dans le combat émancipateur, de connaître l’ennemi, de choisir ses alliés.
L’ennemi c’est d’abord l’extrême–droite, quelles que soient ses ruses et ses dissimulations. On connaît en particulier, leur tactique dite de « dédiabolisation », inaugurée par Marine Le Pen, mais largement imitée depuis. Elle consiste à se draper dans des costumes plus présentables, avec un discours dit moins sulfureux, diminuant sur les provocations verbales. Toute complaisance face à ces stratégies funestes, risque de se payer cher à brève échéance.
Le rôle des démocrates et bien entendu des révolutionnaires est de s’en démarquer, d’en dénoncer toutes les variantes, de leur signifier clairement qu’ils ne sont pas les bienvenus chez nous, contrairement à des militant.e.s du mouvement ouvrier comme Rachel Kéké.
Cela doit aller de pair, avec un appel au redressement du mouvement ouvrier et populaire de notre pays, qui suppose que les progressistes se regroupent pour agir contre la pwofitasyon, l’exploitation capitaliste et la domination coloniale dont l’extrême–droite n’est que la version la plus enragée.
Turbulences à la France Insoumise, scission au N.P.A.
La France Insoumise et le N.P.A. font la Une des journaux, pour des raisons différentes, mais qui hélas ne sont pas centrées sur leurs programmes de lutte face aux attaques de la Macronie.
Le parti de Mélenchon subit les contrecoups de son fonctionnement plutôt vertical, lié au poids de son leader et à sa personnalité. Le début de passage de témoin qu’il entame, se fait au détriment des autres dirigeant-e-s historiques, et au profit de nouveaux et nouvelles qui lui doivent tout. Du côté des premiers, les récriminations fusent.
Le climat est aussi alourdi par l’affaire des violences exercées par un des dirigeants en vue, contre son ex–épouse. Le député Quattenens, condamné pour ces faits par la justice, n’entend pas démissionner du Parlement, où pourtant sa suppléante aurait pu le remplacer. Les arguments sophistiqués pour couvrir cette attitude, sont loin de faire l’unanimité dans le mouvement.
Nos camarades du N.P.A., pour leur part, sont confronté-e-s à une situation grave, puisque la moitié de ce parti d’environ 2000 membres, a décidé de poursuivre le combat sans l’autre moitié constituée en réalité de trois fractions agissant de fait comme des partis avec leurs propres structures et pratiques, loin des normes du centralisme démocratique.
Cette crise a pour fond politique, l’attitude à adopter par rapport à la F.I. (France Insoumise). La partie conduite par les deux dirigeants les plus connus, Olivier Besancenot et Philippe Poutou st favorable à une attitude d’unité, de débats, de confrontations avec la F.I., tandis que les autres voient dans cette tactique unitaire, une trahison des principes.
Espérons que cette séparation permettra au N.P.A. nouveau même affaibli, de faire ses preuves dans la pratique, loin des paralysies dont on voyait les effets néfastes dans la dernière période.
Pour clore cette revue très partielle de la situation des partis à la gauche du P.S. et du P.C., on peut évoquer la décision judiciaire de donner raison à la bureaucratie de la C.G.T. consistant à exclure les dirigeants du şyndicat à Citroën–Poissy jugés dans les faits, trop fidèles à leur organisation politique, Lutte ouvrière (L.O). Ces derniers ont décidé de rejoindre l’Union Syndicale Solidaires, ce qui est une grande première pour des militants de L.O.