Contre la répresion, pour l’émancipation !

—Le n° 377  de « Révolution Sociliste », journal du GRS —

Que croyait le pouvoir ? Que la répression pourrait se déployer sans provoquer de réaction à la hauteur du problème ? Que divisions, confusions, manipulations auraient eu raison du bon sens et de la soif de justice du peuple ?

Rodrigue Petitot est poursuivi le 21 janvier, pour violation du domicile du Préfet. Sa condamnation à résidence surveillée a été transformée en prison ferme, pour avoir menacé les élus de les « attaquer » sils n’exigeaient pas le départ du Préfet.

Avant, comme après la déclaration incriminée, le RPPRAC a largement annoncé sa volonté d’investir le terrain électoral où comme on sait, les attaques pleuvent avec plus ou moins d’élégance et de retenue. Et voilà, que toutes celles et tous ceux qui protestent sont à leur tour « attaqués », ici et là, y compris parfois par des élus qui, la veille encore, se répandaient en flatteries pour « le combat légitime » du RPPRAC.

Le « R » n’est ni le chef de gang décrit par certains, ni le « messie venu pour nous tirer des fers ». Il est le président d’un mouvement militant dont nous avons dès le début salué le courage et l’audace, et dont le mérite ne saurait signifier qu’il est hors de portée du débat, des divergences et des critiques.

Pour l’heure, le combat consiste à le sortir des geôles, comme d’ailleurs les autres militants de la contestation anticolonialiste. Avec le fameux « supplément colonial », nous sommes confrontés à la radicalisation répressive de l’État français, dont les éborgnés et les mains coupées des Gilets jaunes ne sont que des exemples maintes fois renouvelés depuis, en France comme dans les colonies.

L’extrême-droitisation va de pair avec ce qu’on appelle souvent « l’illibéralisme ». Ultra libéralisme en économie, illibéralisme en politique : la famille des Macron, Trump, Méloni et Cie ne cesse de s’allonger. Il est temps que l’opposition à ce cours dangereux des choses sorte des limites des cercles militants pour gagner l’ensemble des démocrates, des forces en lutte pour l’émancipation.

Dans un précédent RS, nous disions que les syndicats CGT et CDMT qui s’étaient retrouvés aux côtés du RPPRAC étaient bien placés pour une initiative unitaire contre la répression. Cela s’est produit, a débouché sur l’appel à manifester, lundi 30 décembre dès 13h, pour l’audience à 14h de Petitot qui réclame sa libération. Ce lundi doit servir de répétition générale pour le rendez-vous du 21 janvier où sera évoquée la fameuse « intrusion » à la résidence préfectorale. Ces mobilisations défensives indispensables doivent aussi servir de carburant pour l’organisation des masses populaires, pour un approfondissement des échanges sur les revendications, les projets et les stratégies.

La création du KREY MOUVMAN POPILÈ MATINIK qui a organisé une manifestation contre la répression à Ducos, puis des actions de commémoration de décembre 59, et a participé à l’appel pour lundi 30, peut constituer un jalon important dans la construction des instruments dont les masses ont besoin.

L’annonce par la CTM d’un « congrès de la rupture » pour la fin février est, de son côté, une occasion, audelà des échanges de cette CTM avec les « forces vives », de poser à nouveau l’idée d’un véritable congrès des organisations ouvrières et populaires de notre pays, pour décider de quelle « rupture » nous avons besoin, et quels moyens nous devons mettre en œuvre pour y parvenir.

Le changement d’année se fait sous le signe de la lutte contre la répression. Ajoutonsy sans hésiter, l’effort indispensable pour la définition de perspectives dépassant l’horizon de la simple survie.

tel Batelière : trancher en faveur du peuple !

Tout le monde a noté les embarras du tribunal chargé de trancher sur l’avenir immédiat et à long terme de l’ancien fleuron de l’hôtellerie en Martinique. Les renvois successifs traduisent davantage ces hésitations plutôt qu’une quelconque complexité. Les choses au demeurant sont simples. Peuton raisonnablement suivre le plan de casse économique et sociale du groupe Vial Collet dans un pays marqué par le chômage, l’exil des jeunes, la perte de confiance généralisée ?

Doiton redonner les clefs au groupe Monplaisir dont un éminent représentant a confessé publiquement : « on n’a pas été bons », sincérité qui l’honore mais ne débouche sur aucun plan solide garantissant un nouveau départ respectueux de l’intérêt des travailleurs et des travailleuses qui ont littéralement fait l’hôtel par une implication aujourd’hui si mal récompensée ?

Ou fautil, contre les préjugés de l’idéologie dominante, donner ses chances au monde du travail en lui lançant le défi de sauver ses emplois et son outil de travail grâce au plan sérieux qu’il a élaboré ?

En renvoyant l’audience au 6 janvier, le tribunal respecte la loi en entendant le ministère public sur le choix à faire ainsi que l’administrateur judiciaire sur sa gestion de la période.

Toutes les instances qui se sont exprimées sur le projet présenté par la SCOP en ont reconnu le sérieux, en interrogeant néanmoins ses capacités financières. Or, il se trouve que l’intérêt suscité dans l’opinion pour cette démarche novatrice a convaincu des professionnels, des financiers, des citoyen· e·s à un niveau qui met la SCOP à égalité, sur le plan financier, avec les autres propositions, bien moins disantes sur le plan social et écologique. Même si nous réservons la primeur des preuves de cette affirmation au tribunal, nous assurons la population de sa réalité.

Nous croyons peu dans une stratégie qui prétendrait « faire pression » sur des juges qui se prononceront en leurs âmes et consciences. Les salarié·e·s initiateurs et initiatrices de la SCOP, n’attendent pas de la justice un « cadeau de fin d’année ». Elles et ils sont, en revanche, en droit de réclamer que les personnes qui décideront de leur sort aient conscience qu’audelà de leurs destinées personnelles, il est aussi question du signe qui sera donné à tout un peuple.

Au moment où le pays est secoué par une crise sociale symptomatique, où l’absence de perspectives fait fuir des milliers de jeunes, où les belles paroles fleurissent sur le « nouveau modèle économique nécessaire », l’attention sera grande sur une décision qui permettra ou non de faire un pas concret vers une économie réellement sociale et effectivement solidaire dans le secteur touristique. Inutile d’égrainer la liste des hôtels ayant fermé dans les deux ou trois dernières décades, de rappeler les milliers d’emplois directs ou indirects perdus, des savoir-faire et des motivations sacrifiées à l’occasion. La faillite des « solutions » purement capitalistes s’étale sous nos yeux.

Il est temps de sortir du scepticisme routinier sur les alternatives, du parti-pris idéologique douteux qui le conforte, de la frilosité tétue de beaucoup d’élu·e·s concernant l’implication des institutions dans le développement sur des bases nouvelles.

Que l’année 2025 commence avec le succès de l’audace raisonnée de Batelière Nouvelle Génération !

Philippe Pierre-Charles

Jacqueline Tally