Contre la fascisation en marche, réagissons !

— Le n° 358 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Fascisation, extrême-droitisation… On peut employer les termes que l’on veut. Mais une chose est certaine : l’alarme doit être lancée. La résistance doit s’organiser contre l’évolution inquiétante de la situation en Martinique, en France, dans le monde.

Chez nous, l’empoisonnement du peuple au chlordécone n’est ni puni, ni réparé. Le vol de terres, où s’illustrent trop souvent des aigrefins venus du froid, n’est ni puni, ni réparé. Une justice à deux vitesses devient la norme. Des apprentis fachos, portés à bout de bras par leurs maîtres français, paradent, plastronnent, s’incrustent. Le pouvoir colonial refuse de nous reconnaître comme un peuple ayant le droit de défendre son intégrité, son identité, voire même son existence en tant que peuple, et avec qui il faut négocier.

En France, le tiers de l’électorat votant RN contre la gauche militante, est le lieu d’une libération éhontée de la parole raciste, xénophobe et sioniste. Tout ce beau monde s’accommode, voire même, soutient en sous-main le génocide et l’épuration ethnique en cours en Palestine, organise et encourage une répression bestiale en Kanaky contre le peuple et nie son droit à l’indépendance.

Aux États-Unis, les excités de Trump se voient déjà aux affaires pour rejoindre une bande dangereuse au pouvoir aux quatre coins du monde.

Les masses laborieuses, les femmes, les immigrés, les peuples de couleur, les religions stigmatisées, les LGBT, les faibles et les minorités en général sont dans le collimateur.

La lutte contre l’extrême-droite et contre toutes les oppressions, toutes les exploitations, toutes les discriminations, tous les racismes, tous les obscurantismes ne font qu’un.

Nou pa ké moli ba yo ! Annou sanblé pou rézisté ! Annou goumen pou vansé !
Rendez-vous Vendredi 26 juillet à 18h

Jardins de la Maison des syndicats

PREMIERS SIGNATAIRES : CDMT, CULTURE ÉGALITÉ, D’ANTILLES ET D’AILLEURS, FÉDÉRATION SOCIALISTE DE LA MARTINIQUE, GRS, KONSIANS MATNIK « MARINE DÉWO », LES INSOUMI·E·S DE MARTINIQUE, MOUVEMENT DU NID MARTINIQUE, PÉYI A, RESPÉ, UFM ET D’AUTRES PERSONNALITÉ DU MONDE ASSOCIATIF, POLITIQUE ET CULTUREL.

Ba yo fè an ti kou!

Qui n’a entendu cette phrase dans la bouche de gens s’apprêtant à voter extrême-droite ? Audelà du vote, cette question témoigne d’une méconnaissance totale de ce qu’est l’extrême-droite, et la française en particulier.

Les idéologies fascistes ou apparentées ne sont en général qu’une exacerbation des idéologies de l’Ancien Régime : hostilité aux classes pauvres considérées comme classes dangereuses à contrôler ou à mater par la répression, méfiance à l’égard de la science, de la démocratie, du progrès, affirmation de l’ordre et de la hiérarchie comme valeurs suprêmes, méfiance à l’égard de toutes les différences de pensée ou de croyances, etc.

Les pratiques politiques et sociales de ces courants découlent de ces conceptions. À l’époque moderne, elles se traduisent par la volonté d’écraser totalement le mouvement ouvrier, par la division des opprimés au moyen du racisme, de la xénophobie, par l’utilisation de l’appareil d’État (police, justice) comme instrument de répression sans autres limites que celles imposées par la résistance des victimes.

Ce bref aperçu nous montre que l’extrême-droite a déjà fait plus qu’un «  ti kou » chez nous et ailleurs.

L’amiral Robert et son régime raciste et colonialiste en est un bon exemple. Il suffit de regarder les pays, où elle s’est installée pour voir qu’elle n’a laissé le pouvoir que grâce à des mobilisations très fortes, et souvent insurrectionnelles.

Il est donc urgent fe comprendre et d’expliquer que l’enjeu des prochaines années en France, et donc en conséquence chez nous, se situe à ce niveau fort élevé de danger.

À propos du coup de sang de Letchimy sur le PS

La lettre de rupture de Serge Letchimy au secrétaire du PS fait grand bruit. Elle est même qualifiée par certains de « lettre de démission », alors que ni le PPM, ni Serge Letchimy n’ont jamais, a notre connaissance, fait partie de la SFIO ou du PS.

En général, cette question a été traitée par le petit bout de la lorgnette et d’abord par l’intéressé lui même. Ce coup de colère est provoqué par ce qu’il considère comme une trahison électorale : le fait de n’avoir pas empêché la candidature de Béatrice Bellay en compétition victorieuse avec Jhonny Hajjar.

On aurait pu imaginer un angle plus large ! Mais la politique, ce sont les élections ! Le PPM a bien vite oublié l’époque où Rodolphe Désiré décidait de se rattacher au groupe socialiste à l’Assemblé; ou encore la tentative infructueuse d’Édouard Delépine d’amener le PPM à adhérer à la deuxième internationale des socialistes. Et on pense alors, à toutes les occasions où le PPM aurait pu questionner ses rapports avec le PS.

Nous n’avons pas souvenir de lettres aussi virulentes quand Mitterrand opéra son « tournant de la rigueur », ou quand Hollande se « réconcilia » avec son « ennemi, la finance », ou quand le PS vota le Traité Constitionnel européen, ou qu’il privatisa à tour de bras, ou qu’il démolit le code du travail, les acquis des salariés, la retraite etc.

On aurait pu l’entendre élever des protestations aussi vives, quand les ministres socialistes autorisaient, les uns après les autres, le chlordécone. On se serait attendu à ce qu’il proteste devant le refus du PS de soutenir son mot d’ordre d’autonomie ou sa revendication de reconnaissance, dans la constitution française, du peuple martiniquais.

Non, apparemment tout ça n’avait pas l’importance de cette tolérance du parti « national » pour la candidature d’une candidate de sa fédération martiniquaise.

Les mouvements d’humeur de Serge Letchimy ont décidément des raisons bien sélectives.