CONTE 4
Yatanou est une jeune fille qui a un désir ardent de se marier avec un homme sans cicatrice. Ainsi elle refusa tous les prétendants. Un jour, elle rencontra Kouwan, un oiseau diabolique qui s’était transformé en un très beau jeune homme, très attirant avec un corps sans cicatrices.
Yatanou s’est accrochée à ce dernier pour se marier avec lui. Pourtant tout le monde l’a avertie qu’il n’existe aucun homme sans cicatrice. Mais elle s’est entêtée pour se marier avec ce beau jeune homme.
Kouwan, l’oiseau diabolique, l’a emmenée dans sa demeure. Ils marchent jusqu’à un paysage inquiétant sous un baobab et ils habitent là pendant des années. Ils ont eu un premier enfant, Enty c’est un, un second Enloyi, c’est deux , un troisième Entandou, c’est trois, un quatrième Anihi, c’est quatre, un cinquième, Assana, c’est cinq. Quand ils ont grandi, Kouwan ne parvient plus à subvenir aux besoins de la famille. Ainsi il décida de se métamorphoser de nouveau en oiseau avec ses enfants. Ils quittèrent tous Yatanou pour rejoindre le paradis des oiseaux.
Elle reste sous l’arbre pendant des jours, assoiffée, affamée. Un épervier est venu parler à Yatanou : » Les humains sont mauvais, cependant je veux bien te ramener chez toi ».Elle implore l’épervier de l’aider lui disant qu’elle ne lui fera jamais de mal. Ainsi l’oiseau s’envole avec Yatanou et la dépose au village. Mais elle, toujours affamée, veut plumer l’oiseau pour le manger. Sa sœur, voyant ce spectacle , veut sauver l’oiseau et le cache en un endroit sûr. Quelques temps plus tard, les plumes lui repoussèrent et la sœur lui apprit à voler. C’est alors qu’il reprit son vol et partit. Mais un jour, l ‘épervier vit la sœur de Yatanou dans la brousse et lui apporta de l’or, des habits et autres richesses. Apprenant cela, Yatanou va dans la brousse pour retrouver l’épervier qui lui donnera, pense-t-elle, , comme à sa sœur de beaux présents. Mais quand l’épervier l’a vue, du haut du ciel, il fond sur elle et la prenant dans ses serres, il s’élève avec elle et, du ciel, il ouvre ses serres et la laisse tomber. Ainsi mourut Yatanou.
A force de chercher l’impossible, on finira mal !
Commentaire : On pourrait dire dès le départ que Yatanou recherche l’impossible car « un homme sans cicatrice » n’existe pas au Pays Dogon, puisque les hommes dogon sont circoncis ! Le thème du conte c’est l »hybris », la démesure. Que ce soit ici une femme qui ici illustre la démesure, interroge, comme si le conte exprimait ici une angoisse devant la féminité.
C’est un conte magnifique avec ce personnage de l’oiseau maléfique qu’on aurait envie de peindre : il unit la beauté au tragique.
Lire :« Contes Dogon », recueillis par Malick Guindo à Endé (Pays Dogon) Mali