Monsieur le président de l’association des Maires
Depuis bientôt trois mois, le monde de l’Éducation est entré dans un mouvement de lutte contre la réforme des retraites, contre la réforme du bac (notamment les E3C ) et contre les suppressions massives de postes. Cette crise majeure que nous vivons exige que des mesures urgentes soient prises et mises en œuvre tant en France qu’en Martinique.
En Martinique, l’alerte, la sensibilisation et la mise en action de tous se sont opérées par une mobilisation exemplaire du monde de l’Éducation. Exemplaire parce qu’il a su fédérer toute la Communauté Educative. Le combat a été mené par tous les personnels de l’Éducation et avec le soutien des parents d’élèves.
Ce conflit fera date car il a démontré la détermination, la cohésion et l’engagement des Martiniquais au service d’une cause juste.
Si ce conflit a reçu le soutien de la Martinique entière c’est par qu’il y a un sentiment partagé de la justesse de la cause. C’est tout un projet de société du gouvernement Macron qui est rejeté et en ce sens ce mouvement a gagné : les Martiniquais ont su dire non.
Des avancées ont été obtenues sur la question des E3C et du gel des suppressions de postes. Les organisations syndicales regroupées au sein d’une intersyndicale ont montré leur volonté de négocier et de trouver une issue à cette crise. Il faut aujourd’hui que les décideurs mettent tout en œuvre pour que ces avancées se traduisent par des réalisations concrètes et que cesse au plus vite ce conflit. Cela nécessitera du temps.
Un pas de plus s’impose avant que l’exaspération, l’épuisement, les incompréhensions et les crispations…. ne viennent entacher une action jusqu’alors consensuelle.
Les établissements doivent retrouver leur fonctionnement et les enfants le chemin de l’école.
L’Éducation en Martinique devra affronter encore les assauts des politiques du Gouvernement et amorcer des mutations profondes nécessaires, alors qu’elle se trouve dans une situation d’inadaptation structurelle qu’aucune des politiques mise en œuvre jusqu’alors n’a pu faire évoluer. Notre souci est de nous efforcer de faire que cette « écoute particulière » provoquée par la crise puisse défaire des rigidités, crever des impossibles, briser des ossifications : ouvrir la voie à un projet éducatif capable de rassembler les Martiniquais autour de leur propre développement, pensé par eux et mis en œuvre par eux.
Mais les situations de crise sont toujours des opportunités pour tenter, en répondant à l’urgence et en parant au plus pressé, de s’efforcer de traiter durablement l’essentiel.
La tenue d’assises de l’Education s’impose et sera l’occasion de sortir du contexte conflictuel pour rentrer dans une dynamique de concertation qui permettra de mettre à plat les problématiques inhérentes au système éducatif en Martinique.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président cher collègue, l’expression de mes sentiments distingués.
Marcellin Nadeau