A la maison, où les femmes en font toujours plus, la situation pourrait s’aggraver. Et si cette période de confinement était l’occasion de tout remettre à plat ?
« Ça va être très, très long. » Lorsqu’Adélie* nous écrit, au troisième jour du confinement imposé par la crise sanitaire du Covid-19, elle est déjà excédée. Dans son appartement de la région lyonnaise, cette professeure des écoles se sent crouler peu à peu sous les tâches domestiques : faire les repas, le nettoyage, les lessives, occuper ses deux enfants de 12 et 9 ans, surveiller leurs devoirs…, sans beaucoup d’aide de la part de son conjoint. Et la trentenaire, dépitée, de raconter :
« Il y a quelques mois, après moult engueulades, j’avais réussi à imposer un partage des tâches plus équitable, nécessaire car avec mon travail et les trajets cela devenait ingérable. Mais depuis le confinement, le partage a volé en éclats et je me retrouve, comme avant, à devoir faire presque tout. »
>Ses obligations professionnelles passent au second plan. « J’ai moins de travail que mon conjoint, car j’ai une classe de maternelle et donc pas de cours vidéo à réaliser à distance. Mais les fiches à préparer, les parents à contacter, ça ne disparaît pas. » Adélie s’occupe de ces tâches le soir – ou les laisse passer à la trappe, souvent trop fatiguée pour entamer une deuxième journée une fois ses filles couchées.
« En plus de ça, il faut gérer les humeurs de monsieur, qui trouve que les enfants font “trop de bruit”, ou qui débarque quand tout est fini pour lancer : “Fallait demander !”. »
<span »>En période ordinaire, à la maison, les femmes en font plus que leurs conjoints – et cela a peu évolué en trente ans. Elles réalisent 72 % des tâches ménagères et 65 % des tâches parentales, pour en moyenne une heure trente de travail quotidien supplémentaire par rapport aux hommes, selon une enquête de l’Insee de 2012. Une situation très inégalitaire confirmée à nouveau en 2019 par <span »>un sondage IFOP, dans lequel 73 % des femmes interrogées déclarent en faire plus que leur conjoint. « Avec le confinement, une augmentation des inégalités déjà préexistantes dans les couples est à craindre », alerte Amandine Hancewicz, présidente de l’association Parents & Féministes et consultante sur les questions d’égalité homme-femme.
Plannings et « charge mentale »
Menus pour la semaine, confection d’emplois du temps… autant de nouvelles tâches qui doivent être assumées dans les foyers. Et si des réseaux de soutien à la parentalité ont été créés, « ce sont presque exclusivement des femmes qui s’y manifestent ou qui viennent y proposer les plannings qu’elles ont bricolés, idem pour les groupes de parents d’élèves, où les hommes sont quasiment absents », observe Caroline De Haas, membre du collectif Nous toutes !, qui a ouvert une vingtaine de groupes sur WhatsApp, où sont distillés des « conseils de survie » à destination des parents….
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