Concert de louanges et irruptions de critiques autour de l’accord de Paris

— Par Marie-Noëlle Bertrand —

verre_demi_vide_demi_pleinA l’heure où la conférence climat s’achevait au Bourget, les commentaires de l’accord fusaient. Dans tous les sens.
Applaudissements nourris en salle plénière, discours marquant de François Hollande, satisfaction du business et commentaires partagés de la société civile : l’accord qui vient d’être adopté à Paris n’a pas fini d’être digéré, analysé et commenté.
Côté pile, on salue l’engagement de l’ensemble des états et la force du signal politique envoyé, l’intégration de l’objectif des 1,5°C dans le texte et les progrès réalisés sur la question des pertes et dommages, mesure revendiquée par les pays les plus vulnérables.
Côté face, on redoute des dispositions d’affichage, on dénonce des mécanismes d’ambitions nettement lacunaires – que ce soit en terme de financement ou de réduction des gaz à effet de serre -, ainsi que cette fâcheuse tendance de l’accord à épargner le secteurs des énergies fossiles.
Derrière le concert de louange, les critiques sont moins audibles, mais elles persistent. Florilège de déclarations et de réactions.

François Hollande : « Dès demain, je ferai la proposition que les pays qui veulent aller plus vite puissent réactualiser avant 2020 tous les engagements. Cet accord, votre accord n’est pas un aboutissement : c’est un début. La France mettra tout en œuvre non seulement pour l’appliquer, mais pour accélérer les mouvements. »

Ruth Mitei, Care International : « Les pays les plus vulnérables aux changements climatiques, soutenus par la société civile, ont montré la voix pour rehausser l’ambition de la lutte climatique. L’inclusion de la limite de réchauffement à 1,5°C est un gros gain pour les populations les plus pauvres. Maintenant, les gouvernements doivent accélérer la transition des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, et éviter les fausses solutions qui menacent la sécurité alimentaire des peuples. »

Pierre Radanne, association 4D : « Nous ne sommes pas dans un accord juridiquement contraignant, mais dans un accord politiquement contraignant. La force que représente l’engagement de l’ensemble des pays doit permettre d’espérer un renforcement des engagements. Ce signal politique peut avoir un effet bénéfique et engager une dynamique de transition. »

Nicolas Hulot : « Ce soir, nous renouons avec l’espoir. Le monde regarde et marche enfin dans la même direction. L’avenir seul confirmera si l’accord de Paris est historique. Tout dépendra des moyens mis en œuvre pour réaliser les engagements de tous les Etats. Il faudra également revoir à la hausse les engagements des Etats développés. »

Attac France : « Dans des moments difficiles, on attend d’une conférence internationale qu’elle prenne des décisions courageuses et visionnaires. Ce n’est pas le cas de la COP21. A l’Etat d‘urgence climatique, l’accord de Paris oppose un bricolage constitué de la somme des égoïsmes nationaux. Il ne faut pas oublier l’essentiel : il entérine un réchauffement climatique supérieur à 3°C, sans se doter des dispositifs pour revenir sur une trajectoire inférieure à 1,5°C ou même 2°C.»

Alix Mazouni, Réseau action climat : « Cet accord est un point de départ indispensable, mais il n’en reste pas moins insuffisant. Aucun engagement n’a été pris par les Etats, et beaucoup de choses vont devoir être faites dans les prochaines années pour s’assurer que les discours et les actes vont converger. »

Romain Benicchio, Oxfam France : « Cet accord implique la totalité des pays et c’est bien. Mais énormément d’incertitudes demeurent qui vont devoir être rapidement clarifiées, singulièrement concernant la question des financements. Nous ne nous attendions pas à des miracles, mais le résultat est en deçà de ce que nous espérions encore en fin de semaine. »

Nigel Topping, PDG du We mean Business : « C’est un accord diplomatique remarquable et un catalyseur économique historique. Les gouvernements mondiaux ont envoyé un signal décisif aux entreprises et aux investisseurs, qui vont accélérer la transition vers une croissance économique globale et propre. »

Bill Mc Kiben, co-fondateur de l’association 350.org : « Tous les gouvernements semblent maintenant reconnaitre que l’ère des fossiles doit s’achever rapidement. Mais le pouvoir des industries fossiles est reflété dans ce texte, qui repousse la transition si loin que les dégâts climatiques irréversibles seront faits. Militants, nous devons redoubler nos efforts pour affaiblir cette industrie. »

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