La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, s’est rendue dans le 101e département de France pour ouvrir le dialogue avec les organisateurs de la grève. Ce lundi après-midi, elle a également annoncé des mesures pour répondre à l’insécurité et l’immigration clandestine. Le Figaro revient sur ce mouvement qui trouve ses racines dans les problèmes de sécurité et d’immigration.
C’est une visite à haut risque pour la ministre des Outre-mer. Annick Girardin est arrivée lundi matin à Mayotte pour tenter de trouver une issue au mouvement de contestation qui secoue depuis trois semaines ce département français de l’océan Indien. «Le 101e département français le restera. Mais nous pouvons mieux travailler ensemble», a-t-elle déclaré ce lundi après-midi. Selon ses services, la ministre entend être dans «le dialogue». Pour comprendre les enjeux de sa visite, Le Figaro revient sur cette «grève générale» qui frappe Mayotte depuis le 20 février dernier.
• Qui est à l’origine de cette contestation populaire?
À l’initiative de cette grève, on trouve une intersyndicale mahoraise (CGT Ma, CFDT, FAEN, FO, Confédération syndicale des Familles, SNUipp, Solidaires, CFE-CGE) et le Collectif des citoyens de Mayotte. Ensemble, ils manifestent contre l’insécurité, notamment aux abords et à l’intérieur des établissements scolaires, et plus largement contre la forte immigration clandestine provenant des Comores, à 70 km de ses côtes. Le mouvement a pris jusqu’ici de multiples formes: manifestations dans les rues du chef-lieu, opération escargot, opération «île morte», barrages sur les principaux axes routiers mais aussi fermeture des mairies «de manière illimitée».
• Quels sont ces problèmes d’insécurité?
Ce sont principalement des actes de délinquance autour des établissements scolaires qui ont déclenché ce mouvement. Le 19 février dernier, des dizaines de jeunes armés s’en étaient pris au lycée Kahani de Mamoudzou, nécessitant l’intervention des forces de l’ordre et l’évacuation des élèves. Ce violent épisode avait secoué l’île et poussé les personnels de trois lycées à exercer leur droit de retrait. Des conducteurs de bus ont suivi, dénonçant à leur tour les caillassages répétés de leurs véhicules par de jeunes délinquants. «Les violences concernent tout le monde à Mayotte. On vit dans la peur en permanence», alertait le jour même le collectif des citoyens de Mayotte, à la veille de la première grève, à Mamoudzou.
Pourtant, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de l’Intérieur, la délinquance générale, après une hausse de 2,27% en 2016, aurait baissé de 9% en 2017, en particulier pour les atteintes aux biens (-10,7%) et les atteintes à l’intégrité physique (-9,3%). Le nombre de cambriolages aurait ainsi chuté de 18,4%, affirme la préfecture de Mayotte, qui note toutefois une hausse de 4,7% des «violences liées en partie aux rixes entre jeunes et violences provenant du milieu scolaire». Des chiffres que la population juge souvent éloignés de la réalité, selon ce reportage réalisé par la chaîne 1ère.
Selon le député Mansour Kamardine (LR), l’insécurité à Mayotte a «explosé» en raison du «manque d’efficacité de la lutte contre l’immigration clandestine de masse et l’insuffisance des moyens de lutte contre l’insécurité des services de l’État».
• Quelles sont les difficultés migratoires?
Le 101e département français depuis mars 2011 connaît une forte pression migratoire depuis une dizaine d’années. En 2015, un peu plus de quatre adultes résidant à Mayotte sur dix étaient de nationalité étrangère (41 %) et la moitié d’entre eux se trouvait en situation administrative irrégulière, selon des données de l’Insee. Ils viennent pour l’essentiel de trois îles des Comores (la grande Comore, Mohéli et Anjouan) indépendantes depuis 1975, situées à côté de Mayotte, restée française….
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• Quelle situation économique et sociale?
• Quelle réponse du gouvernement?
• Quels sont les derniers développements de la crise?
Quelles mesures Annick Girardin a-t-elle pris lors de cette visite compliquée?