Émission RFA du 08 09 2024 (texte transmis par Léon Serveur)
Aujourd’hui, le thème que nous nous proposons de décortiquer est celui de « la vie chère ». Dans l’émission que nous avons présentée la semaine dernière et qui concernait la problématique de la violence, nous avons insisté sur l’importance, d’une part, de dépasser les réactions seulement suscitées par l’émotion et les préjugés, d’autre part, de se défaire de l’aliénation qui conduit à porter des jugements moraux ou intellectualistes sur les événements sociaux. Concernant la la problématique de «la vie chère», il est absolument indispensable de soumettre la réflexion aux mêmes exigences. En effet, pour nous tous et toutes, qui en subissons les effets, « la vie chère » est une piqûre qui tous les jours sans exception, vient rappeler que nous n’avons pas les moyens de répondre aux exigences d’une vie décente. Au moindre achat que nous faisons, à chaque facture que nous recevons, chaque fois qu’il faut payer l’essence (etc.), ce sont les frustrations, le mal-être et la souffrance qui sont inconsciemment attisés et qui nous poussent, parfois, à agir de façon inconséquente.
Il est donc essentiel d’analyser scientifiquement les racines de ce phénomène de «vie chère» et de définir avec lucidité les moyens d’avancer dans une direction alternative et salutaire.
Ces dernières semaines, à l’occasion des actions visant à combattre la vie chère dans notre pays, nous avons vu se succéder dans les médias, représentants d’entreprises, économistes, journalistes et dirigeants politiques, tous venus porter leurs explications quant à la racine du mal. Ce qui a été mis en avant par ceux qui défendent le système, c’est que les marchandises viennent de loin, qu’il faut payer le fret et les intermédiaires et puis un diabolique « octroi de mer » qui sert à financer les collectivités locales. Évidemment, il n’a pas été envisagé de supprimer la TVA ou les taxes foncières exorbitantes!. Nous tacherons de porter des éléments prouvant que cette explication qui, à priori, paraît logique est totalement fallacieuse.
Ceux qui, à juste titre, dénoncent la « pwofitasyon », ont rappelé le caractère scandaleux des marges que s’octroient la grande distribution et les entreprises européennes qui jouissent dans notre pays colonisé d’une situation de monopole. Cet aspect est évidemment important, mais il n’est que l’un des facteurs qui doit être pris en compte dans l’analyse.
Précisément, pour comprendre le phénomène de la vie chère, il est essentiel de considérer, en premier lieu, sa dimension internationale. Ce n’est pas un hasard si, sur tous les continents, les peuples se mobilisent pour la combattre. Cela illustre le fait qu’il s’agit là d’un effet inhérent au système économique mondial dominant.
Que ce soit en Martinique, en France où partout dans le reste du monde les mécanismes qui conduisent à la fixation des prix sont les mêmes. Et, aujourd’hui, où nous évoluons dans le cadre d’une économie globalisée, ce sont les décisions prises par les institutions mises sur pied par les grands capitalistes occidentaux qui déterminent les prix dans les moindres recoins de la planète.
A ce stade, je veux m’arrêter sur deux déclarations faites à l’occasion des débats qui ont suivi les récents événements dans notre pays :
– Premièrement, celle d’une députée qui dénonçait le fait que l’État n’assumait pas son devoir de protéger la population.
– Deuxièmement, celle du Préfet qui, au lendemain des rencontres organisées sous son égide, annonçait l’objectif de baisser les prix de certains produits de 20 % d’ici à quelques mois, précisant, toutefois qu’il fallait attendre l’installation du nouveau gouvernement français pour que des dispositions puissent être envisagées.
Eh bien ! Tout cela relève du « welto » et de l’esbroufe !
Les théoriciens du Socialisme Scientifique ont déjà largement démontré que l’État est un organe de domination de classe et qu’on ne peut espérer aucune philanthropie de sa part et, pour revenir à notre sujet principal, il nous faut rappeler que la théorie fondamentale sur laquelle s’adosse le système capitaliste, c’est le LIBÉRALISME ÉCONOMIQUE. Cette théorie qu’aucun économiste officiel ne conteste, implique le droit pour les capitalistes et les entrepreneurs de fixer librement le prix des produits et des services qu’ils mettent sur le marché. En période de crise majeure ou de guerre les États peuvent déroger à cette règle pour garantir la survie du système, mais il s’agit toujours de parenthèses généralement suivi d’un rattrapage permettant aux capitalistes de reprendre la main. Si dans certains secteurs un semblant de régulation a pu être mis en place, cela a toujours été sous la contrainte de mouvements populaires. Mais, là aussi, les États s’arrangent toujours pour que la main droite récupère ce qui à été donné par la main gauche.
Dans les universités, on étudie des théories justifiant que soient imposées les règles voulues par le système capitaliste dominant ; par exemple la « loi de l’offre et de la demande » ou le mythe de la « main invisible du marché » dont l’objectif est de masquer la dictature imposée à l’économie mondiale par les grands capitalistes, les dirigeants des banques et des multinationales.
Nous avons évoqué tout à l’heure le libéralisme économique sur lequel était adossé le système capitaliste. Aujourd’hui, tous les économistes sérieux s’accordent pour reconnaître que nous sommes passés à l’heure de ce qu’on appelle «l’ultralibéralisme». C’est à dire que les dirigeants des banques et des multinationales ont installé directement leur pouvoir sur les institutions internationales et, les gouvernements des pays occidentaux ne sont plus que des gestionnaires chargés d’exécuter leurs directives. Ainsi, par le biais de l’OMC, du FMI, de la Banque mondiale ou de la Commission de Bruxelles, ils contraignent les États à appliquer les politiques économiques qui servent leurs intérêts. Ainsi, c’est sur ordre de ces nouveaux maîtres du monde que les gouvernements sabotent les Services Publics et la protection sociale, afin de livrer des marchés aux investisseurs du Privé.
Désormais, forts de leur pouvoir illimité, les multinationales, les banques, les spéculateurs et les méga-entreprises peuvent se livrer à toutes sortes de pratiques maffieuses telles que :
– l’obsolescence programmée
– l’abus de position dominante (Agence de téléphonie) / exemple pièces détachées et non stockage / ex : caste dominante béké avec la complicité de l’état ;
– le banditisme international (exemple stockage pour renverser les Chavistes – question vie chère / embargo, sanctions – saisie avion Maduro!)
– la désinformation, la manipulation et le conditionnement de l’opinion (empire médiatiques / droit de censure)
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On réalise que, dans un tel contexte, la lutte contre la « pwofitasyon » ne pourra être gagnée qu’à l’impérieuse condition qu’elle soit intégrée à une stratégie globale.
Nous avons donc le choix entre deux attitudes :
1) Babiyé, Voyé Piyé, nous lancer dans des combats « san katjil » et « san bâton », tout cela pour « chayé dlo an pannyié » et rester « konkonm san grenn »
2) Goumen oséryié pou chanjé la vi-nou
Ceux qui choisissent la deuxième attitude auront compris que La priorité en la matière est de mener une lutte sans concession contre toute forme d’aliénation afin, qu’au bout du compte, nous puissions changer notre rapport à la production et à la consommation.
Prenons un exemple concernant la lutte idéologique : Critique de la notion de « Pouvoir d’achat » VS « Pouvoir de vie » : l’objectif ne doit pas être de « remplir son charriot ».
Ainsi, nous appuyant sur une compréhension claire de ce qu’est l’économie, nous admettrons qu’il s’agit de combattre le système dominant afin que se développe un système alternatif en matière de production et de répartition des richesses.
En ce sens, notre objectif principal doit être de dynamiser l’économie alternative et populaire qui existe déjà. (Informelle / NCI)
– réseaux constructions populaires traditionnelles, spontanéisme ;
– refus des norme inadaptées et résistance
Ces deux points concernant la lutte idéologique et la construction du système alternatif relèvent de la stratégie globale, ce cadre dans lequel, nous l’avons dit, doit s’insérer le combat contre la vie chère et, plus généralement contre la « pwofitasion ».
Cela nous amène à nous interroger quant aux méthodes de lutte qui devraient être mises en œuvre pour gagner des batailles sur ce front là. Pas de jugement moral sur initiative : les différentes réponses sont incontournable ment liées à la réalité sociale. (grève de la faim, etc)
Pour porter les bonnes réponses, nous avons besoin de confronter nos expériences, avec pour objectif de définir collectivement les formes d’action qui nous mèneront à la victoire.
A cet égard, nous pouvons tirer de précieuses leçons des luttes passées.
1 – La première est celle-ci : la plus grave erreur que puissent commettre les militants est de sous-estimer la puissance et la perversité de l’ennemi, sa capacité à dévier les luttes populaires de leur objectif et à infiltrer des provocateurs dans le mouvement social . (exemple des militants anti-chlordécone)
2- de cette réalité découle une deuxième leçon majeure : Toute action lancée dans l’impréparation, sans consultation préalable avec les acteurs qu’on appelle à la mobilisation est vouée à l’échec. Définir collectivement les revendications et les modalités de l’action à partir de la parole des acteurs concernés, c’est se donner les atouts de la victoire.
Construction démocratie directe et ligne de masse ! (question Zorros et sauveurs suprêmes)
C’est ainsi que pourront être posées des revendications crédibles et pouvant contribuer réellement à la solution du problème. Contre-exemple de « l’alignement sur les prix pratiqués en France » / Baisse des prix après 2009 / Sous-produits / packaging / – Produits moins chers et jetables
3 – La troisième leçon importante est que, sans une solide union au sein du Peuple, il est totalement impossible de gagner quelque bataille que ce soit.
Dans la lutte, non seulement contre la vie chère, mais surtout pour la construction du système alternatif, notre Peuple a besoin de l’engagement de tous ses fils et de toutes ses filles. C’est donc une erreur de rejeter indistinctement « les politiques et les syndicats ». (Rappel historique). C’est là aussi le fruit d’une aliénation instillée par la propagande bourgeoise et colonialiste. C’est d’ailleurs sous Macron que la lutte contre « les corps intermédiaires » a atteint son apogée.
4- La quatrième leçon est la suivante :
Aucun combat ne sera durablement gagné s’il ne participe pas de la lutte globale pour la souveraineté.
Appel à rejoindre les CP et AAP
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