Comment les industriels nous rendent accros à la junk food

 Martinique : 55,6% de la population est en surpoids ou obèse. Et 22% est obèse. [Source : Réseau de Prévention et de Prise en charge de l’Obésité en Martinique. (REPPOM)]

junk_food— Par Inès Belgacem —

La junk food (ou malbouffe) nous rend tous accros. C’est le constat de Michael Moss, journaliste au New York Times. Dans son livre Sucre, sel et matières grasses, sorti mercredi aux éditions Calmann-Lévy, et récompensé d’un prix Pulitzer en 2010, le reporter américain révèle comment les entreprises agroalimentaires utilisent le sel, le sucre et la graisse pour nous rendre dépendants.

Le constat est sans équivoque : l’obésité est en constante progression depuis dix ans. En France, le taux d’obésité est passé de 8,5 à 14,5% en moins de vingt ans. Michael Moss estimait en 2010 que 26 millions d’Américains étaient touchés par le diabète. La faute aux multinationales de l’agroalimentaire selon le journaliste. Pour des sommes faramineuses dépassant les 1000 milliards de bénéfices par an, ces entreprises fourniraient aux consommateurs des produits transformés, dont les doses en sel, sucre et matières grasses seraient volontairement trop élevées⋅ La raison de ces excès n’est pas le goût, mais bien leurs effets sur le corps humain : ces produits rendent accro. Michael Moss expliquait aux Inrocks en mars dernier :
« Des études neurobiologiques ont démontré que le sucre et la graisse peuvent rendre high comme le ferait la cocaïne. Certes, l’industrie pointe avec raison que cette science est balbutiante et que les études sont menées sur des rongeurs, pas sur des humains. Mais je me réfère à la dirigeante de l’Institut national des drogues, Nora Volkow, qui m’a confié que le sucre industriellement transformé pouvait développer les mêmes schémas d’addiction que les drogues dures. »

Une théorie bien connue des acteurs de l’agroalimentaire depuis au moins le début des années 2000 d’après le journaliste d’investigation. Mais rien ne semble susceptible d’arrêter les multinationales dans la course au « stomach shares » – ces parts d’estomac en analogie aux parts de marchés – des consommateurs. Dans son livre, il établit un parallèle clair entre les stratégies des fabricants de cigarettes dans les années 1990 et celles des entreprises de malbouffe. Leurs méthodes marketing seraient les mêmes, les dangers sur la santé des consommateurs aussi.

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