Victor Hugo, orateur de la liberté.
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Claude Gueux, c’est d’abord le titre d’un bref roman de Victor Hugo paru en 1834 et dénonçant la peine de mort, mais c’est surtout une critique virulente de l’application des peines. L’histoire est en partie fondée sur des faits réels. Pour avoir volé du pain pour nourrir sa famille, Claude Gueux un homme jeune de 36 ans est emprisonné. C’est un homme doux et à l’âme noble, il a une certaine aura sur les autres prisonniers et s’attire leur respect et leur sympathie. Ce qui lui vaut l’inimitié des geôliers, en particulier monsieur Delacelle, gardien chef qui ne cache pas sa haine farouche envieuse, et impitoyable à son égard. D’autant que Claude Gueux s’est lié d’amitié avec Albin un jeune voleur de 20 ans, personnage maigre et candide qui partageait avec lui sa ration de pain. Monsieur D…homme tyrannique aux idées à courte bride sur son autorité, décide de les séparer. Plus que toutes ses autres œuvres, « Le dernier jour d’un condamné » écrite quelques temps au paravent, suintait l’humanité quasi obsessionnelle. Victor Hugo pousse la dite obsession bien au-delà, faisant de « Claude Gueux » son grand sujet. Écartelé entre un réquisitoire contre la peine de mort et aussi l’abêtissement du peuple, qui conduit au désarroi social et moral. Il tient cependant la cohérence par son propre questionnement, sa réflexion sur l’influence de la société sur les parcours individuels qui restent d’actualité.
L’univers interne de la pièce
Plus qu’un roman Claude Gueux » est un plaidoyer pour l’accès à la culture, à la connaissance et au rêve idéal de tout un chacun. Voici le texte à l’origine des Misérables « On sait que Claude Gueux est une préfiguration des Misérables. Monsieur D…est une sorte de Javert sans la grandeur que confère paradoxalement à celui-ci sa soumission absolue au règlement : pour avoir commis le geste humain, fondamentalement juste mais contraire au règlement de laisser aller Jean Valjean, il se suicide. Monsieur D…, lui, reste le type même du petit chef.
Le comédien narre cette littérature engagée du XIXème siècle, qui recrée
le décor d’un Paris miséreux et celui d’une prison inhumaine, quand la décision de Claude Gueux mène la pièce dans une tension croissante du récit. « Qui est réellement coupable, est-ce lui, est-ce nous ? » Une phrase à la Victor Hugo pour nous communiquer le doute, pour nous donner mauvaise conscience dans l’univers interne de la pièce. Et nous voici à notre
tour, témoin de cette affaire. Le rythme saccadé des phrases, la brutalité des mots revendiquent l’hostilité à la peine de mort, dénoncent cet acte barbare comme un crime légal et public. La justice résout le crime par le crime, à balance égale, et participe au cheminement du spectateur sur la voix et la réflexion, dans la détresse des apparences.
CITATIONS EXPRESS
« Qui parle, qui fait ce récit ? Ce sera un personnage étrange hors du temps »
« Pour revenir au personnage étrange qui raconte cette histoire, c’est comme si il avait passé sa vie, et même sa mort, à réfléchir, à se turlupiner sur cette affaire, c’est ce qui le tiendrait depuis 1830 »
Notre avis :
Malgré la bonne volonté du narrateur, rien n’y fait, le spectacle n’est pas convaincant et l’envie de quitter les lieux a surpris plus d’un spectateur. De là à dire que la pièce n’a pas la qualité adéquate que réclame un spectacle de qualité, loin s’en faut. Il manque juste une mise en scène, ce qui n’est pas, vous en conviendrez, le moindre problème en matière de Théâtre.
Pratique :
Au CMAC Salle Frantz Fanon le mardi 18 mars.
D’après Victor Hugo
Mise en scène : Guillaume Dujardin
Assistante à la mise en scène Guylène Hedou
Avec : François Frapier
Scénographie : Manu Cèbe.
Compagnie Mala Noche
Information/Réservation
05. 96. 70. 79.29.
Tarif C 25, 20, 8 euros