Une naissance de l'esthétisme
— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —
Claude Barrère semble avoir pour épouse la lumière et pour muse la mélancolie. Un sentiment de solitude parcourt ses toiles comme un souffle d’air frais et apaisant.
Vient-il d’un choix intime ou d’une volonté esthétique significative ? Claude exprime le souhait d’être subjugué par la puissance émotive de ce qu’il regarde. Il aspire à une complicité tacite, à une soumission volontaire. On peut le dire réaliste…naturaliste, dans un style qu’il aime à teinter parfois d’une allusion contemporaine non explicite. Sa peinture révèle le souvenir d’un autrefois permanent, comme une nostalgie silencieuse qui ne le quitte pas. Une peinture expressive et raffinée, attentive aux jeux de lumière, qu’il dissimule ou fait jaillir à travers des ombrages magiques. Ou pire, du vide qu’il emplit de silhouettes réfléchies. Mais la façon qu’il a de se laisser aborder discrètement comme en filigrane par l’expression et le geste contemporain laisse percer la perspicacité sensible et la singularité de toute son œuvre. Les clairs obscurs, mélange et opposition des lumières et des ombres, semblent flirter avec le mouvement, le rythme de l’œuvre. L’artiste utilise l’acrylique tant pour les aplats, que pour le modelé qui simule le relief, ce qui doit permettre à ce contraste, à cette dissemblance d’être face à face, jamais dos à dos, « chacun faisant ressortir l’autre dans la lumière que saisissent mes tableaux mieux que je ne saurais le faire » L’intention reste pure jamais dans la dissimulation. Il joue d’une palette qui ressemble à la nature. Dans ses rendus au charme indigène, toute l’expression d’une beauté poétique.
L’intention reste pure, jamais dans la dissimulation
C’est un cri tranquille qu’il énonce clairement, et jusqu’à l’offrir au regard extérieur, secrètement il jalouse le tableau à mesure de sa cristallisation. De peur qu’il ne s’échappe, qu’il ne lui échappe. Alors même que l’histoire de l‘art est un acte d’amour. Le partage en est la substantifique moelle. S’il est vrai que la grande tradition, intéressée à représenter sans cesse le passé, s’est perdue au fil des nouveaux canons de beautés vue a travers le prisme d’une modernité ainsi nommée, parce qu’elle nous touche de plus près, l’élément particulier de chaque beauté vient des passions qu’elle suscite, et comme nous avons nos passions particulières nous avons notre beauté. Ainsi va la mode. Il y aurait donc une beauté et un héroïsme moderne? Claude se préoccupe des nuances dans la forme, dans la coupe, dans l’harmonie, plus encore que dans la couleur, car il sait « faire de la couleur avec des habits noirs et une cravate blanche sur un fond gris » Il emprunte ce quelque chose en plus que seuls possèdent, comme une science les coloristes avérés. Dès lors, notre contemplation du travail du peintre peut donc y trouver tout son plaisir, sans avoir recours à une observation analytique ou intellectuelle.
Citation Express
« J’ai trouvé à la Martinique ce havre de paix créatif, cette impression permanente qu’il y a de la matière artistique en fusion, en attente d’être découverte dans l’air que j’y respire. Ainsi souvent au pipirit chantan et jusqu’au concert des cabrit-bois et des cigales qui se répondent dans la nuit l’envie et le besoin de peindre sont irrépressibles »
Exposition à L’ATRIUM
Salle « LA VERANDA » 1er étage
Du 03 au 29 mars 2014.
Tout public
Entrée gratuite.
Informations : 05. 96. 60. 68. 20.
Claude Barrère : 06. 96. 36. 38. 32.
Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret