— Par Isabelle Rey-Lefebvre —
C’est peu après minuit, dans la nuit de jeudi 23 à vendredi 24 mai, que Vincent Feltesse et Jérôme Guedj, députés PS, ont réussi à faire adopter par l’Assemblée nationale, avec l’appui du gouvernement et du parti centriste UDI, un amendement qui ouvre un nouveau droit aux lycéens. « Nous savons que 150 lycées, sur les 2 200 de France, n’envoient aucun élève en classes préparatoires, où il y a pourtant 7 000 places non pourvues. Nous voulons combattre l’autocensure qui fait que de bons lycéens ne s’autorisent pas à postuler à des cursus sélectifs et lutter contre la ségrégation sociale et spatiale », a plaidé M. Guedj.
La mesure consiste donc à demander aux recteurs d’académie, une fois les résultats du bac publiés, de vérifier que tous les élèves qui ont obtenu de bonnes notes ont bien bénéficié du droit d’accès à une formation où une sélection est opérée. Ce dispositif innovant devra être précisé par un décret qui fixera le pourcentage minimal de places réservées à ces élèves et le niveau des notes requis.
DÉBAT DÉJÀ ANCIEN
L’opposition a été un peu prise de court par cet amendement surprise : « C’est une fausse bonne idée, que vous nous présentez au milieu de la nuit« , a rétorqué Patrick Hetzel, député (UMP) d’Alsace, qui, tablette graphique en main, a rappelé que « même dans les lycées où il y a plus de 65 % d’élèves issus de milieu modeste, les 5 % en tête de classes sont des lycéens de milieu aisé. Vous allez ainsi renforcer la discrimination que vous croyez combattre« .
« Au contraire, ont répondu MM. Feltesse et Guedj, en ouvrant ce droit d’accès à tous, nous enrayerons le phénomène d’évitement des lycées ruraux, périphériques ou des zones urbaines sensibles. » « Nous remettons en route l’ascenseur social et, dans la mesure où ce nouveau droit s’applique dans tous les lycées de France, il n’y aura pas de stigmatisation comme l’effet ZEP« , renchérissait la députée (SRC) Marie-Françoise Bechtel, qui fut, entre 2000 et 2002, directrice de l’ENA.
A l’issue du vote, M. Feltesse confiait au Monde que cette mesure « est un débat déjà ancien, puisque le Parti socialiste, Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et François Hollande l’avaient incluse dans une proposition de loi déposée en 2005 ».
Un autre amendement, toujours présenté par M. Feltesse, aussi rapporteur de la loi, a été adopté, cette fois contre l’avis du gouvernement. Il met fin à la gratuité des études en classes préparatoires en demandant des droits d’inscription d’un montant symbolique (à titre d’exemple, les frais universitaires, en première année, s’élèvent à 181 euros).
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Le Monde.fr | 24.05.2013 à 08h48 • Mis à jour le 24.05.2013 à 14h55
http://www.lemonde.fr/enseignement-superieur/article/2013/05/24/classes-prepas-des-droits-d-inscription-et-un-droit-d-acces-pour-les-meilleurs-bacheliers_3416686_1473692.html