Les rock-stars ont le blues, les salles obscures et les musées broient du noir: mis à terre par le confinement, le monde de la culture ne devrait se relever que timidement en 2021. Passage en revue des différents secteurs en cinq points.
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L’envie de lire, et après ?
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Le confinement a donné envie de lire, mais le bilan n’est pas bon pour les libraires et les éditeurs. Après le printemps, catastrophique, de nombreux Français ont tenu à prouver leur attachement à leur librairie de proximité, mais ce rattrapage a bénéficié aux auteurs les plus connus. Les livres et éditeurs à faible exposition médiatique garderont un très mauvais souvenir de 2020.
La numérisation s’est accélérée: les libraires ont dû se plier, bon gré mal gré, au « click and collect » et certains lecteurs se sont mis au livre numérique ou audio. Selon la Fédération des éditeurs européens, « la hausse des ventes en ligne ne compense pas le manque à gagner en magasin ». La crise « a causé des dégâts graves pour le secteur » et fragilisé son « équilibre sain, mais délicat à tenir ».
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Les musiques actuelles ont le blues
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Côté musiques actuelles, aucune perspective de rémission. Les concerts debout sont toujours interdits et les grandes jauges bannies: petites salles dédiées comme grandes enceintes type Zenith restent donc fermées.
La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a encore refroidi l’atmosphère, en liant la reprise des concerts debout à un vaccin « largement diffusé dans le public ». Pour l’été, si des festivals de plein air comme We Love Green ou les Eurockéennes ont annoncé leurs têtes d’affiche (on retrouve Massive Attack pour ces deux rendez-vous), le Printemps de Bourges a d’ores et déjà renoncé à sa plus grande salle, le W (10.000 spectateurs), par prudence.
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Les musées à l’épreuve du numérique
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Musées et expositions ont évolué, avec un recours massif au numérique, pour garder le lien avec le public. TikTok vient de conclure des accords avec plusieurs musées. Mais le succès de toutes ces offres numériques s’est déjà un peu essoufflé lors du deuxième confinement, le public « virtuel » se lassant.
En 2021, un frein devrait être mis aux grandes expositions coûteuses, tandis que les collections permanentes pourraient être mieux mises en valeur.
Partout, il y a une prise de conscience de la difficulté de faire voyager les œuvres: transports bloqués, coûts additionnels, risque de circulation du virus, problèmes de conservation… Les musées veulent revenir à un rythme plus raisonnable d’expositions, lesquelles dureraient plus longtemps.
D’autant que le retour du public pourrait être très lent. Le Louvre ne prévoit pas de retour à la normale en termes d’affluence avant 2023.
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Cinéma ou canapé
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Des studios hollywoodiens aux salles du Quartier Latin, c’est le brouillard, et les projets des majors en font trembler plus d’un: la Warner, a annoncé aux États-Unis qu’elle sortirait désormais ses films, comme « Dune » ou « Matrix 4 », à la fois au cinéma et sur les plateformes, une révolution.
En France, plus personne n’ose parier sur une date de réouverture. Janvier, février, voire mars ? Distributeurs et exploitants espèrent que le public, lassé de regarder des films sur son canapé, reviendra en masse.
En salle, il devrait y avoir le choix, au risque de l’embouteillage, même si certains renonceront au grand écran au profit des plateformes. Des dizaines de films ont été repoussés, et des long-métrages français porteurs, du nouvel « OSS 117 » aux « Les Tuche 4 » en passant par « Kaamelot » sont attendus.
Plus largement, pour un secteur sous perfusion économique, le réveil pourrait être douloureux. « La crise sanitaire a précipité tous les problèmes: le rapport avec les plateformes, le financement, la chronologie des médias… », résume Eric Marti, dirigeant de Comscore France, société spécialisée dans l’analyse du box-office.
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Le spectacle vivant dans la tempête
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Ils ont fait, refait, défait leur programmation. Salles de concert, théâtres, maisons d’opéra et de danse, auront connu tour à tour fermetures, jauges réduites, couvre-feu puis nouvelles fermetures, et malgré les aides de l’Etat, la plupart tablent désormais sur des pertes à long terme.
« Il faut piloter dans la tempête, c’est un peu comme le Vendée Globe », témoigne le président de la Philharmonie de Paris, Laurent Bayle. Son établissement s’attend déjà à des recettes spectateurs divisées par deux pour les concerts, de janvier à juin 2021, et « une situation difficile à gérer jusqu’à l’été, avec des hauts et des bas ».
Sa stratégie ? « Ne pas mettre les deux pieds dans le même sabot », en développant encore davantage des innovations, comme par exemple la « captation visuelle ».
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Par François Becker, laTribune.fr, avec le service Culture, AFP