Jean-François Mary, président de la commission de classification, nous explique son fonctionnement.
« Il s’agit d’appliquer une loi. La représentation cinématographique est subordonnée à l’obtention d’un visa délivré par le ministère de la Culture. On rend un avis, puis il est soumis à la validation de la ministre. La commission doit concilier la liberté d’expression des artistes et la protection des mineurs.
On prend en compte le climat général du film, son identité, son effet traumatisant sur les enfants et les adolescents; on regarde s’il incite à des comportements dangereux, s’il respecte la dignité humaine. Le décret propose une série de visas possibles : pour tous, interdit aux moins de 12 ans, 16 ans, 18 ans et interdiction totale, disposition existante mais rarement appliquée. La commission peut assortir la mesure qu’elle recommande d’un avertissement, type ‘certaines images pouvant heurter le jeune public’.
Le classement X tombe en désuétude
Le classement X, qui s’applique aux longs métrages à caractère pornographique, tombe en désuétude : les sorties en salles sont quasi inexistantes. On s’est déjà retrouvé face à des scènes de sexe non simulé sans donner l’interdiction aux moins de 18 ans : le réalisateur et la nature du thème traité prouvaient que l’oeuvre n’était pas à caractère pornographique. Cette interdiction aux moins de 18 ans comporte des conséquences économiques graves, elle dissuade les exploitants et les chaînes de télévision
En ce qui concerne Nymphomaniac, on a deux films distincts. Le premier est le portrait psychologique d’une femme qui raconte son addiction, d’où l’interdiction aux moins de 12 ans. Le second comporte un grand nombre de séquences sado-masochistes, de la violence, et la sexualité devient l’instrument de manipulation des individus. Nous avons voté l’interdiction aux moins de 16 ans* et nous attendons la signature d’Aurélie Filippetti. »
S.B. – Le Journal du Dimanche
dimanche 26 janvier 2014
http://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/Interdiction-12-16-18-ans-mode-d-emploi-650305