Dans «Murmures à la jeunesse», essai d’une petite centaine de pages, l’ancienne ministre de la Justice affirme son opposition à cette mesure controversée, portée par le gouvernement qu’elle vient de quitter.
L’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira publie aux éditions Philippe Rey un livre, Murmures à la jeunesse, dans lequel elle critique l’extension de la déchéance de la nationalité qui l’a poussée à quitter la Place Vendôme, selon son éditeur. «Déchéance de nationalité : peut-être est-ce faire trop de bruit pour peu de chose ? Peut-être serait-il plus raisonnable de laisser passer ? Je ne suis sûre de rien, sauf de ne jamais trouver la paix si je m’avisais de bâillonner ma conscience», écrit Christiane Taubira dans une présentation de ce livre de 96 pages publiée sur le site internet des éditions Philippe Rey.
«L’absence totale d’efficacité, unanimement reconnue, suffit-elle pour renoncer à la déchéance ? Non, bien sûr». Mais «osons le dire : un pays doit être capable de se débrouiller avec ses nationaux. Que serait le monde si chaque pays expulsait ses nationaux de naissance considérés comme indésirables ? Faudrait-il imaginer une terre-déchetterie où ils seraient regroupés ? Quel aveu représente le fait qu’un pays n’ait les moyens ni de la coercition, ni de la persuasion envers l’un de ses ressortissants ? Quel message d’impuissance, réelle ou présumée, une nation enverrait-elle ainsi ? Oui, le principe est dur à entendre mais il est intangible», écrit-elle encore.
«Déchoir des terroristes, qui songerait à s’y opposer ? Binationaux ou non ! Mais quel effet sur les mêmes ? Ils ne meurent ni Français, ni binationaux, ils meurent en morceaux. D’ailleurs étaient-ils binationaux, les neuf qui ont semé la mort et la désolation dans Paris ce soir du 13 novembre ? Par contre, ils en ont tué, des binationaux : vingt-sept ! Trois fois plus qu’eux. Ne s’excluent-ils pas eux-mêmes de la communauté nationale ?», écrit également l’ancienne garde des Sceaux.
Christiane Taubira a quitté le ministère de la Justice mercredi, remplacée par Jean-Jacques Urvoas. Elle a donné une conférence vendredi à la New York Université (NYU). L’Assemblée nationale entame vendredi en séance l’examen de la réforme constitutionnelle voulue par François Hollande après les attentats de novembre.