— Le n° 321 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
La marche du 28 octobre, avec près de 2000 participant·e·s, n’a pas eu la puissance de celle du 27 février 2021. L’émotion suscitée par la menace de non-lieu de l’époque, a fait place au non-lieu réel, et à l’ouverture d’une nouvelle phase pour l’annulation en appel de celui-ci.
La force malgré tout, de la manifestation de samedi dernier, est la preuve que le mensonge du soi-disant caractère « définitif » du non-lieu, n’a pas trompé tout le monde. La poursuite du combat demande une conscience plus aiguë de la nécessité de se mobiliser dans la durée, avec une grande précision, sur les revendications, et les modalités de la lutte.
Les nombreux débats de la semaine ont rassemblé chaque fois plus d’une soixantaine de personnes, parfois nouvelles, autour d’un noyau infatigable, déterminé. Sur le campus, une initiative de dernière minute, a réuni une trentaine de présent·e·s, étudiants ou pas. Tout au long de la semaine, sur tous les sujets, même les plus avertis étaient surpris d’apprendre dans des débats animés, fournis et riches, qui ont permis d’aboutir à la déclaration finale qu’on lira ci–dessous.
Le caractère international que prend de plus en plus la mobilisation, a été symbolisé par la présence de camarades de Guadeloupe (de Vivre et de L’ANG). de Guyane (le député Jean–Victor Castor du MDES), d’Olivier Besancenot (NPA), de Fabien Roussel (PCF), d’un élu de Paris, d’une chercheuse canadienne, d’une militante menant la bataille auprès de l‘ONU sur ce dossier.
Nous reviendrons très vite sur les perspectives, après la réunion de bilan du vendredi 3 novembre. L’une des activités a d’ores et déjà commencé avec force : celle de la démarche de constitutions de partie civile au sein de la population dans le cadre de la procédure d’appel au pénal contre le non-lieu.
Déclaration du 28 octobre 2023
Au terme d’une semaine de mobilisation marquée par des débats fournis sur les différents aspects du dossier du chlordécone (santé, éducation, recherche scientifique, alimentation, agriculture et pêche, vérité et démarches judiciaires…), SIMENN MATINIK DOUBOUT GAOULÉ KONT CHLORDÉCONE se félicite du travail accompli et des perspectives dressées.
Plus que jamais, l’exigence du zéro chlordécone s’impose.
Même si le combat mené depuis des années a permis d’obtenir quelques modestes avancées, nous sommes encore loin de l’élimination du chlordécone de nos vies. Pendant toute la semaine, les revendications de vérité, de justice, de réparations, se sont exprimées sur tous les tons, y compris sur le plan artistique, avec la magnifique swaré kiltirel du mercredi 25 octobre.
SIMENN MATINIK DOUBOUT GAOULÉ KONT CHLORDÉCONE remercie chaleureusement les artistes et toutes les forces sociales, politiques, les municipalités et les élu·e·s ayant aidé et pris part à la mobilisation, ainsi que les soutiens reçus de Guadeloupe, de Guyane, de France. Le combat continue et nou pé ké ladjé !
Nous appelons la population à suivre l’exemple des 200 personnes déjà décidé de se porter partie civile dans le procès pénal.
Nous appelons toutes les victimes à nous rejoindre pour toutes les formes d’actions judiciaires qui se révèlent possibles, surtout après la reconnaissance par le tribunal de Paris des « négligences fautives » de l’État.
Nous renforcerons le combat pour l’internationalisation de notre revendication de justice et de réparations.
Dans ce cadre, nous mettons en place un comité de préparation du tribunal citoyen international contre le chlordécone et les autres pesticides, pour faire de nos territoires victimes d’un empoisonnement sans précédent par sa durée, sa gravité, son étendue, une des capitales mondiales du combat contre les écocides.
Nous prenons des dispositions pour poursuivre et achever le travail sur les revendications, permis par la publication d’un document à lire, contenant les plateformes des divers acteurs et actrices du combat.
Nous saisissons l’occasion offerte par les parlementaires dits ultramarins, à l’occasion de la semaine du contrôle parlementaire en fin novembre, pour faire entendre au plus haut niveau les résultats de nos travaux, en appelant l’opinion démocratique française à amplifier son mouvement de solidarité avec nos peuples pour la justice et les réparations.
Nous nous organisons pour le suivi jusqu’à satisfaction, des revendications qui deviennent de plus en plus celles de l’ensemble du peuple martiniquais.
C’est pourquoi nous affirmons notre volonté de renforcer la lutte par tous les moyens nécessaires et légitimes.
Fernand Mounto n’est plus
Engagé dès sa jeunesse dans l’anticolonialisme avec une forte préoccupation sociale et culturelle, Fernand Mounto a pu approfondir ces valeurs au sein du GRS qu’il a rejoint à la chaleur des débats passionnés de la communauté antillaise de l’université de Grenoble, où la pensée marxiste brillait de mille feux. Sa rigueur intellectuelle, sa sensibilité et son intelligence ont été précieuses au GRS, au sein duquel il avait gardé de solides amitiés.
Au rectorat, puis au Conseil général, ses qualités professionnelles et morales, son sens pédagogique, ont forcé le respect et suscité estime et admiration dans ses espaces de travail en rapport avec l’intérêt public.
Nos condoléances et nos meilleures pensées à tous les proches de notre regretté Fernand.