Des élus des Antilles ont qualifié mercredi 22 décembre «d’avancée» mais «encore incomplète», voire «insatisfaisante», la reconnaissance par l’État des cancers de la prostate comme une maladie professionnelle liée à l’exposition au pesticide utilisé pendant des décennies dans les bananeraies.
«C’est une avancée mais elle est encore incomplète», a affirmé à l’AFP le maire écologiste de Pointe-à-Pitre, Harry Durimel, qui mène depuis des années un combat pour la condamnation des responsables du scandale de la chlordécone, après la publication au Journal officiel d’un décret reconnaissant l’exposition au pesticide comme maladie professionnelle. «L’empoisonnement à la chlordécone n’est pas seulement le fait des professionnels de la banane, mais de l’ensemble des populations. Je rappelle que plus de 90% des Antillais sont contaminés», a-t-il précisé, rappelant que le pesticide a été utilisé pendant des décennies aux Antilles.
«Une petite avancée, mais insatisfaisante»
Olivier Serva, député de la majorité et président de la délégation Outre-mer à l’Assemblée nationale, a rappelé que le président de la République Emmanuel Macron avait «été le premier à reconnaître la responsabilité de l’État dans ce scandale, en septembre 2018». Il s’agit «d’une petite avancée, mais insatisfaisante», a-t-il ajouté, au regard des dispositions nécessaires pour bénéficier de l’indemnisation, qui entretiennent «le flou» sur les personnes éligibles et concernent un «spectre réduit».
En Martinique, Philippe Pierre-Charles, porte-parole d’un collectif d’associations engagées dans la lutte pour la reconnaissance des effets du chlordécone, a estimé que le «combat n’est pas achevé». «Il faut aussi considérer les autres pathologies qui sont liées au chlordécone et qui ne sont pas prises en compte comme l’endométriose ou le cancer du sein», a-t-il expliqué.
Le chlordécone a été autorisé entre 1972 et 1993 dans les bananeraies des Antilles et a infiltré les sols pour des centaines d’années, polluant eaux et productions agricoles, alors que sa toxicité et son pouvoir persistant dans l’environnement étaient connus depuis les années 1960. Le décret publié mercredi avait été annoncé à l’automne par le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie.
Source : Le Figaro avec AFP
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