— — Le n° 302 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —
« LPDM à voulu réunir les élus autour de son initiative, mais il n’y avait pas beaucoup d’élus » : Tel fut le titre du reportage de Martinique 1ère samedi dernier après la rencontre élus /mouvement social. Malgré l’intérêt indiscutable du reportage, tout dans le titre mérite correction.
Lyannaj pou dépolyé Matinik (LPDM) a, du début à la fin de la rencontre, expliqué que l’initiative de la nouvelle mobilisation en cours, doit être mise au crédit d’une organisation dépassant d’emblée le cadre de LPDM, et qui s’identifiera sous le nom de Simenn Matinik Doubout (gaoulé kont chlordécone).
Il ne s’agissait d’ailleurs pas de rassembler « autour de LPDM », mais de concrétiser une jonction entre mouvement social et activité des élu-e-s comme levier pour une levée en masse de la population. Quant au nombre, si on souhaitait davantage d’élu·e·s, on retiendra surtout la présence du rapporteur de la question à la CTM, d’un des 4 députés martiniquais, des maires des deux plus grandes villes de Martinique.
Cette représentativité donne du poids aux engagements pris, et explique la richesse de la réunion.
La semaine de mobilisation de début novembre est annoncée. La rencontre avec Lyannaj pou dépolyé Gwadloup est prévue dans l’action du 10 juin à Pointe–à–Pitre. La perspective de la conjonction avec les forces progressistes de France apparaît dans des rendez-vous dès la fin juin, et bien sûr après.
Les rencontres avec les municipalités commencent à se mettre en place.
Le piège d’une opposition entre la recherche d’un projet de loi programme pour la réparation du crime chlordécone négocié avec le gouvernement et celle d’une proposition de loi portée par des députés, devra être rapidement déminé. Il est salutaire que cela se discute clairement devant le mouvement social.
Le rôle du peuple dans cette nouvelle phase du combat a été souligné comme fondamental, et le premier geste concret pour accompagner la campagne publique sera la constituon en parties civiles d’un millier de personnes en coordination avec les avocats, et avec le soutien promis des collectivités.
Ce programme devra se décliner dans les jours et semaines qui viennent, et se construira avec toutes les forces volontaires. La ligne de l’action unitaire de masses est validée par les composantes de la mobilisation.
Le soir même, LPDM était invité à s’exprimer à Belle–Fontaine devant un public réuni par Péyi-a, un des partis membres de LPDM.
Voici venu le temps de passer à l’acte. Woulo pou nou tout!
Colonie ? Vous avez dit colonie ?
Quand la politique fournit une occasion de rire, on aurait tort de s’en priver, et tort aussi d’y perdre la tête. Rappelez–vous la scène ! Un député, haut en couleur et habile à dissimuler son macronisme originel derrière des gestes « symboliques forts », obtient une touchante unanimité à l’Assemblée nationale française (Pardon.. hexagonale !), en exigeant le remplacement dans tous les textes officiels du mot « métropole » par le mot Hexagone.
Premier sourire : on ne peut s’empêcher de penser à tous ces Français qui craignent de nous offenser gravement en se désignant comme la France, pour ne pas avoir l’air de nous laisser au dehors ! À tous ces Martiniquais ou Guadeloupéens qui ne cessent de nous parler de « la Métropole » pour ne pas eux–mêmes se mettre au dehors !
Une autre variante, plus couleur locale nostalgique, consistait à désigner poétiquement la France : Là-bas ! J’étais Là–bas ! Elle est partie Là-bas !
Nouveau sourire : Et si l’histoire et la géographie n’avaient pas donné à ce « doux pays » de leur enfance, sa forme anecdotiqement hexagonale ? Mi sé la Serva té ka-y mélé !
Poursuivons : depuis quand un pays est–il désigné par sa géométrie ? L’Italie ressemble à une botte. Voyez vous les Italiens modifier leurs textes administratifs en se baptisant « la botte » pour ne pas vexer les Siciliens ?
En réalité, tout le monde connaît le problème. Une métropole c’est soit une ville grande par son rayonnement au–delà de son périmètre, soit un pays qui a des colonies. Mais ni M.Serva, ni ses collègues députés, ne veulent dire l’évidence : la France est une métropole parce qu’elle a des colonies.
Il est logique de parler de la France comme la métropole si on désigne la Martinique, la Guadeloupe, etc. par leur vrai nom de dernières colonies de la France. Le refus du terme de métropole s’explique uniquement par le refus du terme de colonie qui désigne trop crûment la réalité ; certain·e·s. vont même à user de la variante « être hors du département ».
Là où nous rions franchement, c’est lorsque nous constatons toute l’énergie déployée non pour changer la chose, mais pour changer le mot qui la désigne. Mettre en difficulté les tenants du vieux langage colonial peut avoir un côté plaisant. Clouer le bec à un député français spontanément arrogant en lui balançant en pleine séance de l’Assemblée « toi, tu la fermes ! », ça nous a aussi détendu, venant du même député.
Mais poser le problème de nos rapports avec « la mère patrie » comme un problème colonial pur et simple, et surtout prendre les dispositions politiques pour appeler les masses à agir pour sortir de cet archaisme, est une toute autre affaire ! Une affaire qui, par les temps qui courent, peut bien coûter, on ne sait jamais, un poste de député. Et avec ça on ne joue pas. Quant à nous, gardons quand même le droit de rire un peu !
Léon Sainte Rose : complexité, …lucidité !
Hommage d’un de ses compagnons de route : Marcel Sellaye
Informé de l’aggravation de son état de santé, Le 28 mars dernier, à la Forêt Vatable, (Trois-Ilets) de façon prémonitoire, l’association (ad hoc) « an ti moman épi LÉON » avait tenu à lui rendre un hommage musical, en ignorant que ce serait le…tout dernier.
Et, ce jour-là, intercalés entre des notes de musique, des témoignages, brefs mais enrichissants, ont fusé de partout, au principal sur son passé de militant de l’OJAM, et du pédagogue, facteur de flûtes – soucieux de la transmission de l’héritage culturel.
Et, il a eu droit aussi, au cours de sa présence éphémère, à l’exécution, par un ensemble (ad hoc) composé de…15 « flûtes des mornes » au fameux « EL CONDOR PASA » (air péruvien et du patrimoine mondial ) ; air arrangé par LÉON et qui en …1980! était devenu, la vitrine du groupe ; quatuor de 4 flûtes des mornes…
Cependant, ce mardi 31 mai dernier, c’est devant et auprès de sa dépouille mortelle, que le public nombreux a pu entendre, ou à se rappeler, le plus complètement, son itinéraire politique et culturel, voire son cheminement spirituel et religieux. On s’est donc rendu compte que le nom LÉON SAINTE ROSE (la « chine » de son surnom) a parlé et parle encore à beaucoup de martiniquais·e·s, à plusieurs générations, et pas seulement à des musicien·e·s ou/et des militant·e·s anticolonialistes…
Nous retiendrons, précieusement, et ce jusqu’à sa mort, sa conscience aigüe des menaces et dangers réels qui pèsent sur l’existence même du Peuple martiniquais (« Fok sové péyi-a »), et pressentant une sorte de fétichisation (in ultime) de certains éléments potalan de notre patrimoine, que le Peuple ne doit pas demander à notre langue créole, à notre tambour, à notre flûte des mornes de faire le travail qu’il lui revient de faire : se mobiliser partout où son histoire dépend de lui… sans attendre un sauveur suprême !
De même qu’il est vain d’espérer une culture martiniquaise épanouie qui, reposant sur des structures coloniales ; qu’il n’a rien d’une justice sociale, si « lé gro tjaps pa ka péyé lenpô » ! Qu’une une vraie coopération avec les nations sœurs de la Caraïbe (clin d’oeil à son affection pour le peuple cubain, dont il épousa l’une des filles) exige que nous « pran kouron-la manmay-la » !
Nous renouvelons, à sa famille, à son épouse et à ses enfants, en France et à Cuba, nos sincères condoléances et notre fraternité !