— Par Florent Grabin, Président de P.U.M.A. —
La Chlordécone est une accusée qui se retrouve devant les Tribunaux Judicaires et médiatiques avec un chef d’accusation très ambigüe qui conduit à déduire que le moment est venu de laisser la place aux Historiens et non aux Juristes. Nous, PUMA, estimons que nous avons le devoir de participer à la construction de ces pages d’Histoire d’une molécule organochlorée que le regretté Pierre DAVIDAS (mort en 1999) a, en son temps, dénoncée avec fermeté et rigueur, en sa qualité de Membre fondateur de l’association écologique APPELS. Cette dernière étant la résultant d’une scission, avec pour Président Robert RANCIOT, premier Vice-Président Florent GRABIN, et Pierre DAVIDAS le Secrétaire Général.
C’est sans relâche que nous avons arpenté au péril de notre vie les champs de bananes pour informer les ouvriers sur la dangerosité des pesticides qu’ils utilisaient. Nous avons été rattrapés par la patrouille des récupérateurs et c’est sans vergogne qu’ils ont tenté de nous discréditer ; nous n’avions donc pas droit de cité dans la presse : seuls Antilla et le Naïf nous permettaient de publier nos articles. La mayonnaise prenant corps, le concours du premier à avoir dénoncé l’usage de ces produits a permis à nos politiciens d’en faire leur fonds de commerce, le tout dans une débandade permettant à l’État de manipuler l’opinion publique. À et la mort de Pierre DAVIDAS nous lui avons promis de poursuivre notre démarche en vue de protéger la population de cette mort à petite dose.
De cette récupération est sorti subrepticement un pamphlet truffé de fausses informations scientifiques et juridiques, ce qui a renforcé l’État dans la polarisation sur la Chlordécone en omettant les autres pesticides. Nous avons fait venir le Professeur en cancérologie Dominique BELPOMME pour diagnostiquer la Martinique et la Guadeloupe ; La remise de son rapport a déclenché le scandale sanitaire aux Antilles, car l’État a mobilisé de très nombreux services pour le discréditer. Mais la réalité est bel et bien là : il y a une grave pollution par cet organochloré qui est un perturbateur endocrinien.
Le premier acte juridique a été de porter une plainte en correctionnelle contre l’État, ce qui le 12 décembre 2003 priva les Députés suivants : M. Philippe EDMOND-MARIETTE, Mme Gabrielle LOUIS-CARABIN, MM. Joël BEAUGENDRE, Éric JALTON, Alfred MARIE-JEANNE, Alfred ALMONT et Louis-Joseph MANSCOUR de déposer une demande d’enquête parlementaire au motif qu’il existe une action au Tribunal contre l’État.
En application des articles 140 et suivants du règlement de l’Assemblée Nationale, il est créé une commission d’enquête de trente membres chargés :
– ‘’d’examiner le degré de pollution des sols et des rivières de Martinique et Guadeloupe par les pesticides et plus particulièrement par la chlordécone… ‘’
Comme on peut le constater, l’inexpérience et l’ambition d’un juriste autoproclamé qui entre la panade française et le calalou de chez nous a permis à l’État de gagner du temps sur ce difficile dossier. Selon différents conseillers juridiques de la place locale et nationale que nous consultons, le choix des Avocats qui s’occupent de cette affaire aboutira à une éventuelle prescription et à un possible non-lieu.
Certaines personnes s’indignent, à juste titre, de cette perspective. Oui !!! il faut s’indigner en se demandant pourquoi l’introduction tardive de ce recours ? Pourquoi incriminer ceux qui ont eu l’autorisation pour utiliser cette molécule ? Pourquoi l’État n’a-t-il pas donné suite à l’enquête parlementaire ‘’Chlordécone et Paraquat’’ du Député Serge LETCHIMY ? Pourquoi nos juristes n’ont pas pris en considération les révélations faites sous serment devant la Commission Parlementaire par l’agent de l’ARS, confirmant la présence de la Chlordécone dans l’Eau du robinet à qui sa hiérarchie avait demandé de ne pas rendre publique cette information ? Ces Avocats savent que la justice a ses règles et que la recevabilité du dossier dépend de sa présentation dans la forme qui ouvre la deuxième étape qui permet de plaider quant au fond.
Nous, PUMA, forts de notre accompagnement juridique et scientifique, avons fait le choix de la pression sur l’ensemble des acteurs intervenant dans la production agricole. Les résultats sont là : des sommes sont mises à disposition de nombreuses études. Toutefois, comme il fallait s’y attendre, la pollution intellectuelle est venue s’agréger à ce complexe dossier retardant les bonnes décisions.
Constatant que les Services de l’État s’obstinent à vouloir travailler uniquement sur la molécule Chlordécone, nous, PUMA, avons écrit à Monsieur le Préfet de la Martinique pour lui indiquer que nous refusons de participer ni à la co-construction des ‘’Plans Chlordécone’’, ni d’être caution de cette tromperie qui s’apparente à un mensonge d’État.
Les analyses de l’Eau du robinet chez le consommateur faites par l’ARS révèlent la présence d’un cocktail de pesticides. Alors comment comprendre que l’ARS refuse d’admettre les effets combinés de ces molécules sur la santé de notre population ? Aidé par notre culture du ‘‘fann tjou’’ il est très facile pour l’Etat de manipuler certains qui se contentent d’entendre que nous, PUMA, ne sommes pas des experts et racontons des ‘’marinades’’ !!!
Les anaphores de certains élus érigés en perroquets savants, lors de la plénière de la CTM du 13 avril 2022, font qu’ls ne sont pas rassurants et les Services de l’État vont inexorablement renforcer sa position qui consiste à diviser la population.
Nous, PUMA, persistons et signons : il faut impérativement utiliser les analyses de l’Eau de l’ARS en procédant à un examen scientifique des effets combinés de ces molécules dans les pathologies figurant dans le Registre des Cancers de la Martinique.
Armés des conclusions de ces analyses, nos dirigeants pourraient, Pour Une Martinique Autrement, ouvrir le dossier de l’empoisonnement de tous ceux qui ont vécu ces 50 dernières années chez nous et obtenir réparation totale : par la prise en charge de toute cette population et la réparation de toutes les canalisations. Ainsi nous aurons enfin une Eau propre à la consommation humaine.
Pour l’association écologique Pour Une Martinique Autrement
Le Président
Florent GRABIN