— Par G. Constantin —
La journée du mercredi 19 août 2020 est certainement à marquer d’une pierre « rouge-vert-noir »… Un collectif de Martiniquais éveillés s’est réveillé au matin d’une nouvelle ère. Il avait appelé le peuple martiniquais à venir soutenir certains des leurs face au palais de justice où se déroulait leur procès, suite à des accusations de rebellions contre les forces de l’ordre lors d’une manifestation contre le chlordécone devant un supermarché. Jusqu’à maintenant de telles initiatives débouchaient malheureusement sur un affrontement entre les forces de l’ordre et les manifestants,ayant comme conséquences inéluctables des débordements violents, de part et d’autre. Et surtout débouchaient sur un brouillage du message de fond et des revendications, perdus dans le tumulte des cris, des bombes lacrymogènes, des infos et « fake news », du parti pris, de la récupération, et pour aboutir au clivage de la société martiniquaise : nous n’étions plus pour les actions contre le chlordécone, mais pour ou contre les manifestations, les activistes, les violences, les jeunes, les forces de l’ordre, l’État… Etc. L’objectif premier noble et sérieux, le chlordécone, s’enfouissait alors inexorablement dans la terre martiniquaise.
Attitude plus audible
Un collectif de Martiniquais éveillés s’est réveillé au matin d’une nouvelle ère. Ils ont voulu et pu, toute une journée, manifester pacifiquement, sans provoquer, sans cracher, sans haine et agressivité, mais avec conviction et foi en leur mouvement. Et aussi surtout il ont pu soutenir,chanter, jouer du tambour, prendre la parole, informer et convaincre les Martiniquais en leur faisant entendre leurs arguments. Attitude qui à long terme sera certainement plus audible et plus productive.
Les autorités elles aussi ont leur contribution : les forces de l’ordre, présentes mais discrètes, pour éviter toutes provocations et réactions disproportionnées. Malheureusement, certains « activistes », dits dissidents, restent dans le logiciel de l’action violente, de la haine et de l’affrontement, (journée du samedi 05 septembre 2020).
Mais heureusement, un collectif de Martiniquais éveillés s’est réveillé au matin d’une nouvelle ère. Saurons-nous leur emboîter le pas et pour une fois faire vraiment peuple pour collectivement nous battre pour une bonne cause ? Cette noble et urgente cause qu’est la recherche de solutions à la problématique du chlordécone doit nous permettre, nous citoyens martiniquais de tous horizons, de démontrer notre capacité à nous rassembler et à travailler ensemble ; et ceci en dehors de tout clivage politique et social, de toute posture individualiste, de tous intérêts partisans et surtout de tous comportements haineux… à priori.
Il faut être réaliste, le traitement d’une telle problématique (voir sang contaminé, traitement de l’amiante, etc.) demande du temps, une volonté et une pugnacité durable, et surtout… une stratégie claire et efficace. Cela passera certainement par la constitution d’un organe dédié à ce combat, composé de Martiniquais experts et motivés, représentant les socio-professionnels, les politiques, les « collectifs », le monde agricole, des juristes… et ayant comme objectif commun et partagé de faire aboutir le dossier du chlordécone ; cet organe ou comité aura comme obligation de rendre régulièrement compte aux citoyens martiniquais des résultats de leurs actions..
Seule une telle démarche sera capable de rétablir cet élan collectif qui nous permettra, tous ensemble, de repousser les frontières du possible.
G. Constantin