— Éditorial du n° 195 de « Jik An Bout », journal du CNCP
A l’approche des dernières élections présidentielles françaises, Marine LEPEN et Emmanuel MACRON, ont tous deux brandi l’appât magique qui, selon eux, pourrait rallier des électeurs : « Nous augmenterons le Pouvoir d’achat !». Ils avaient bien conscience que, dans un contexte où tous les sondages annonçaient une forte abstention, les Français étaient préoccupés, plus que tout, par l’augmentation du coût de la vie, par l’impossibilité grandissante pour eux de payer leurs factures et, au bout du compte, par la dégradation de leurs conditions de vie. On aura constaté que, dans toutes les élections, les politiciens opportunistes en quête de mandat s’engagent à défendre ce fameux « pouvoir d’achat».
Dans le système capitaliste que les occidentaux ont pu imposer au niveau mondial, tout est soumis au règne de l’argent. La hausse des salaires et la diminution des prix se retrouvent très souvent au cœur des revendications populaires. La question du « pouvoir d’achat » est donc un enjeu important. Mais, quand des couches exploitées y voient l’espoir de disposer des moyens de mieux vivre, les intentions des représentants du système sont bien différentes. Il s’agit pour ces derniers d’entretenir l’illusion que par un tel biais, on pourrait réussir à améliorer ses conditions de vie.
1 – Les dessous idéologiques de la notion de « Pouvoir d’achat »
* En réalité, la notion de « pouvoir d’achat» fait partie de l’arsenal idéologique mis en place par les profiteurs du système afin de contenir les luttes populaires dans des ornières et d’assurer la pérennité de leur domination.
C‘est ainsi que leurs économistes, leurs journalistes, leurs politiques et leurs alliés sociaux-démocrates infiltrés dans le mouvement syndical sont mobilisés en permanence pour persuader les classes populaires que leur sort ne pourra être amélioré que lorsque « la croissance sera au rendez-vous », et « quand « l’augmentation du PIB le permettra ». Bref, il faudrait croire en la fable du « ruissellement » et ne pas s’attaquer au système. Eh bien ! L’histoire de la lutte des classes nous enseigne que Jamais les grands capitalistes et leurs multinationales n’ont invité les travailleurs à partager les profits astronomiques qu’ils engrangent en période de prospérité. Ce sont les mobilisations, les grèves, les occupations d’entreprises qui ont permis toutes les avancées sociales dont ceux-ci bénéficient, avancées qui sont, d’ailleurs, constamment remises en cause par les politiques ultralibérales, et cela, que la croissance, le PIB, le PNB soient forts ou pas.
En ce qui concerne le « pouvoir d’achat », les travailleurs le savent mieux que quiconque : les hausses de salaires qu’ils obtiennent péniblement par la lutte sont systématiquement annihilées par l’augmentation du coût de la vie. Cela d’autant plus que la destruction des services publics orchestrée par les gouvernements adeptes de l’ultralibéralisme contraint les populations à se rabattre sur le secteur privé. Or, en système dit libéral, les capitalistes sont entièrement libres de fixer les prix des marchandises et des services qu’ils mettent sur le marché ; ils investissent uniquement quand cela leur est profitable. Les couches populaires, ne disposant pas de revenus suffisants, sont alors privés d’accès à ce qui est indispensable à leur vie. Les quelques mesurettes démagogiques annoncées en période électorale (Chèque de 100 euros, ristourne sur le prix des carburants, etc) ne sont que de la poudre aux yeux. Les gouvernements, contrôlés par les capitalistes, n’imposeront jamais à ces derniers la fixation de prix équitables, pas plus qu’une juste répartition des richesses sociales.
* Derrière la notion de «pouvoir d’achat» se cache aussi un dangereux piège idéologique : Il consiste à ancrer dans les consciences l’idée que pour être heureux, il faut pouvoir acheter tout ce dont on a envie.
Personne ne pourra nier que le totalitarisme de la publicité attise des désirs incontrôlés de possession et pousse à la consommation de choses non essentielles à la vie (au détriment de la satisfaction des besoins vitaux). Cette incitation perverse nourrit « la société de consommation » avec toutes les conséquences désastreuses qu’a celle-ci, notamment sur la santé des personnes, sur le vivant et sur l’environnement.
2 – La condition indispensable au « vivre mieux » : changer de système !
Les ressources et les richesses actuellement disponibles sur terre ainsi que le haut niveau de développement atteint aujourd’hui par les technologies suffiraient très largement à assurer des conditions de vie dignes pour toutes les populations. Il est tout-à-fait possible de garantir des revenus correct à tous par un partage équitable des fruits du travail social. Il est tout-à-fait possible de mettre au service de tous des services publics gratuits et de qualité. Mais cela, les prédateurs impérialistes et les vampires capitalistes ne le permettront jamais, car leur opulence se nourrit de la misère des peuples.
Aussi, tournant le dos à l’Arlésienne du « pouvoir d’achat », c’est pour le « Pouvoir de vie » que nous devons nous battre. Ce pouvoir là, nous ne pourrons l’obtenir qu’en combattant pied à pied les politiques ultralibérales et en éradiquant le système capitaliste.