— Par Georges Erichot, secrétaire général du Parti communiste martiniquais (PCM) —
Jérôme Cahuzac, l’un des ministres les plus influents du gouvernement socialiste vient d’être emporté par un formidable scandale politico-financier qui ébranle jusqu’aux fondements mêmes de l’Etat. En effet, l’homme qui dirigeait l’administration fiscale et était chargé de lutter contre la fraude se trouvait être lui-même, depuis plus de vingt ans, un fraudeur qui a fini par avouer avoir organisé une évasion fiscale de grande ampleur en cachant des sommes énormes dans les paradis fiscaux, avec la complicité des banques.
De plus la grande presse internationale vient de révéler avec fracas des évasions fiscales considérables organisées par des banques (par exemple BNP Paribas, Crédit agricole), par des patrons d’entreprises et par des personnalités politiques vers des paradis fiscaux.
Ces nouveaux scandales financiers provoquent la colère et l’indignation. Ils alourdissent le discrédit qui pèse sur le gouvernement. Ils illustrent, une fois de plus, les liaisons dangereuses pour la démocratie de la proximité entre certains hommes politiques et la haute finance.
LA FINANCE AU COEUR DE LA CRISE
Le peuple est à juste titre pris d’écoeurement et de colère. Un vent de révolte souffle contre le fric, l’arrogance et le mensonge, contre une politique libérale, impitoyable avec les faibles et douce avec les puissances de l’argent. N’oublions pas que Jérôme Cahuzac est celui-là même qui affirmait avec toupet : « la lutte des classes, je n’y ai jamais cru » !
Il est devenu malheureusement l’emblème indigne d’une gauche convertie à la social-démocratie, qui a perdu toutes ses valeurs en se ralliant au néo-libéralisme capitaliste.
Ce que révèle l’affaire Cahuzac, c’est le conflit d’intérêts permanent entre les puissances de l’argent et l’ensemble du monde politique, Front national compris, à l’exception du Front de gauche et des communistes de France et de Martinique.
Or, tous les élus ne sont pas « pourris » . Il y a une majorité d’hommes et de femmes politiques de toutes tendances dévoués à la cause du peuple et désintéressés.
Ce qui enfonce la France et la Martinique dans une crise sans précédent, c’est précisément la politique de rigueur et d’austérité à perpétuité appliquée avec zèle par le gouvernement Hollande-Ayrault sur les injonctions de l’Europe de la Finance et du patronat du Medef. C’est aussi le mépris du peuple et le mensonge jusque dans les plus hautes sphères de l’Etat pour le contraindre à la résignation.
CHANGER DE POLITIQUE
Car le mensonge le plus grave de l’actuel gouvernement est qu’il n’y aurait pas d’alternative à l’austérité, à la casse des acquis sociaux (par exemple : loi ANI de flexibilité de l’emploi et allongement de la durée de cotisations pour les retraites) et au chômage massif.
La vérité, c’est le système de l’argent-roi érigé par une oligarchie illégitime en table de la loi de la réussite, de la compétitivité ou de la concurrence qui permet l’évasion fiscale, les paradis fiscaux, les spéculations en tout genre.
Oui il y a une alternative à l’austérité. Oui on peut changer de politique et relancer l’économie pour créer des richesses et de l’emploi. Oui on peut mettre au pas la Finance. On peut instaurer une République plus démocratique et sociale, reconnaissant pleinement le droit des peuples d’outre-mer à l’autodétermination et à diriger eux-mêmes leurs propres affaires.
Oui on peut mener en Martinique une autre politique de Développement endogène, durable et solidaire au service du peuple martiniquais, à la condition impérieuse de conquérir les leviers de décision indispensables.
Luttons à la fois contre ce capitalisme corrupteur et pour la Responsabilité martiniquaise pour dégager un avenir plus serein pour les Travailleurs et pour notre Pays.
Préparons une mobilisation massive et unitaire pour le 1er mai 2013!
18.04.2013