Exposition 24 avril - 01 septembre 2014, Jardins de l’ancien Hôtel de ville.
— Présentation —
Aimé Césaire, Pablo Neruda et Rabindranâth Tagore éclairent nos questionnements sur le projet humaniste contemporain, à l’heure où aucun espace culturel ou géographique ne peut s’arroger seul le droit de le définir.
L’exemplarité pionnière de leurs messages à conduit l’UNESCO à créer, en octobre 2010, le programme Tagore, Neruda, Césaire, Pour Un Universel réconcilié , pour cadre opérationnel interdisciplinaire et durable » sur cinq grands sujets convergents qui les mettent en résonance et éclairent nos questionnements actuels :
1- La poésie une force vitale
Poètes, avant tout, Césaire, Neruda, Tagore ont réussi à faire entendre puissamment la poésie comme le souffle d’un monde qui cherche à naître. Les réponses appartiennent aux poètes car la poésie nous vient, vitale, du fond des âges telle une communion primordiale par laquelle s’expriment les plus profondes aspirations humaines a l’élévation spirituelle, à l’interprétation du chaos et à la quête du sens. Célébrer le centenaire de Césaire ce pourrait être mieux lire et entendre la poésie, aller à la rencontre des langages qui traduisent sagesse, rêves et révoltes.Cela peut être de permettre à la création poétique et artistique de nourrir l’humanisme planétaire et la dimension spirituelle qui puisse rendre le développement matériel compatible avec les cycles du vivant, le souffle du sacré et l’étreinte de la fraternité.
2- Pour un nouveau pacte de sens entre l’homme et la nature
Bien avant que la question écologique et environnementale n’ait acquis la gravité qu’elle prend actuellement, Césaire, Neruda et Tagore ont appréhendé l’impératif d’accorder l’épanouissement matériel et collectif de l’espèce humaine avec la nature. Leurs messages pionniers nous rappellent que 1e respect et l’amour de l’homme pour la nature ont longtemps uni les sagesses humaines à I écoute de l’immensité du cosmos, du frisson de la feuille ou de la goutte d’eau.
La confrontation des trois Poètes avec l’imminence apocalyptique du séisme et l’expérience du tellurisme a façonné leur regard d’anticipation sur la fracture creusée entre l’humanité et la nature, sans l’engagement des relations sociales et des valeurs culturelles. Leurs interrogations ont questionné les logiques économiques, technologiques ou scientifiques et les dysfonctionnements environnementaux qui sévissent à l’échelle planétaire.
3 L’émancipation, contre l’aliénation et l’oppression : dans la réciprocité et le droit
Œuvrer à l’édification de l’universel réconcilié, c’est d’abord pour Césaire, Neruda et Tagore lutter contre l’oppression I aliénation, pour l’émancipation.
L’éradication de l’assujettissement dans la réciprocité, le droit et la paix partagée, voilà les objectifs convergents sur lesquels se sont engagées la réflexion etl’action qu ils ont menées pour la restauration de l’intégrité de la personne humaine. Leurs projets respectifs n’étaient pas de convoquer un tribunal de l’histoire mais d’oeuwe à l’abolition des servitudes sociales, politiques, morales ou intellectuelles qui nous menacent tous, opprimés et oppresseurs.
Objectifs cruciaux dans le contexte mondial actuel où urge la question que les trois poètes ont p.lacée au centre de leur engagement humaniste: Comment construire une société planétaire responsable, où chacun, émancipé de l’oppression et de l’aliénation, s’engage à partager avec l’autre un universel de droit, de dialogue et de sens ?
4- Le savoir, la science et l’éthique
Césaire, Neruda et Tagore ont salué la formidable explosion de connaissances qu’a représenté, au XlXe et au XXe siècle l’évolution de la science et des techniques, en considérant qu il s’agissait là d’une part primordiale, mais non exclusive, de l’aventure du savoir humain, qui doit se nourrir aussi de l’émotion, inséparable de la vie.
Mais leurs interprétations lucides de la formidable chance que représente le progrès scientifique et de la question des liens entre éthique, science et humanisme, indissociables des fondements de la solidarité effective de l’humanité, ont précédé les questionnements que suscitent les avancées scientifiques et technologiques sur l’homme, la société et la planète.
5- L’enjeu éducatif
Délibérément pédagogiques, les legs de Césaire, Neruda et Tagore s’attachent à définir la mission qui revient à l’éducation pour « bâtir dans l’esprit des hommes » un monde où soient – enfin – compatibles les urgences de l’universel et 1es exigences du particulier.
En ces débuts du XXle siècle, qui prétend être l’avènement de la « Société de la Connaissance », nous sommes tous virtuellement détenteurs de la plus formidable accumulation de savoirs de toute l’histoire de l’espèce humaine. Mais alors, comment éduquer pour réinventer l’Universel ? Face à la jungle des données, 1’enjeu est la sensibilisation aux valeurs de justice et de dialogue, l’apprentissage de la responsabilité, seuls garde-fous opposables aux multiples dangers de formatage des esprits, aux mille et une formes d’endoctrinement, de « dilution » ou » d’ensauvagement » ?
Comment l’éducation peut-elle partager, transmettre les contenus, les expériences et les valeurs du patrimoine inestimable mais fragile dont doit se nourrir l’Universel réconcilié ? Héritiers de Césaire, Neruda et Tagore, nous sommes armés pour questionner et mettre en œuvre une éducation responsable.