Célimène et le Cardinal : de Molière à Rampal

Le 17 & 18 avril au T.A.C. à 19 h 30

celimene_&_le_cardinal-400— Par Christian Antourel & Ysa de Saint-Auret —

Voici une œuvre crée en 1992. C’est une comédie romantique d’où le temps n’a pas effacé certains des traits de caractère et ce qui en fait un petit bijou de littérature c’est son style, l’intelligence des digressions, cocasse, émouvante et érotique ; le style Rampal, c’est ici l’ambigüité si plaisante, et merveilleuse à l’oreille à la lecture, de la ponctuation, des styles directs et indirects, des conditionnels et des futurs… à la manière de Molière. Et toujours l’humour, véritable garantie de son authenticité. Le tout en alexandrins, dans une fraicheur de langage et de ton actuels, par un auteur contemporain. Une gageure, un exploit !

L’atrabilaire amoureux, Misanthrope s’est achevé par la rupture d’Alceste et de Célimène. Après le refus de la jeune femme de se retirer du monde et de le suivre, Alceste s’isole dans la religion et devient un homme de pouvoir, un puisant cardinal. De son côté Célimène rompt avec la Cour et épouse un bourgeois dont elle à quatre enfants et se dit heureuse. Vingt ans ont passés, les deux amants se retrouvent. Alceste veut confesser  Célimène dont il doute de la vie bien rangée. Sous un prétexte fallacieux, il se rend chez elle pour, d’après lui, sauver Célimène, car il se dit hanté depuis des mois, par un rêve terrifiant qu’il prend pour un message du ciel et selon lequel Célimène court un danger mortel. L’affrontement est vif entre les anciens amants. « Les passions ne sont pas éteintes et brûlent chaque parole profanée, amour, rancœur, espoir, regret. Tout y est macéré dans vingt ans d’amertume. »

Avant-garde du féminisme et du libertinage.

On croit voir revivre la querelle « des Anciens et des Modernes » à plus de trois cent ans d’intervalle : les impératifs de la religion l’obscurantisme, contre l’esprit des lumières, la liberté de penser contre la tradition, le passé contre l’avenir. L’ordre établit par l’église et fondé sur le patriarcat irréductible, contre les propos avant-gardistes, les prémisses du féminisme, et du libertinage, la conscience que l’autre sexe existe à part entière, en tant qu’être humain tout simplement. Avec en filigrane que seul l’amour peut unir les irréconciliables. Célimène pratique une ironie percutante et tout en finesse face au cardinal empêtré dans ses préjugés de caste. C’est étonnant, bien vu et surtout fascinant. Servi par des acteurs emplie de justesse et d’allant, qui jouent, sans y paraitre le jeu de «  l’Amour et du Hasard » Vingt ans après les amants de Molière s’aiment-t-ils toujours ?

NOTRE AVIS
L’idée de prolonger Le Misanthrope est une trouvaille de valeur  une pépite qui mérite bien tout le succès que la pièce remporte Car au-delà du parti pris de la mentalité dominante symbolisé  par Alceste, l’auteur semble se ranger aux cotés de tous ceux qui subissent l’oppression, et cherchent à s’en libérer comme Célimène, chantre de la liberté d’être et de penser.

Pratique ;
Au Théâtre Aimé Césaire
Les jeudi 16, vendredi 17 et samedi 18 avril 2015
19H30
Tarifs : 20 et 15 euros
Une pièce de : Jacques Rampal
Mise en scène :Pascal Faber
Assisté de Bénédicte Bailby

Comédiens :
Gaëlle Billaut-Danno
Pierre Azema
Costumes : Nathalie Vignon
Lumières : Sébastien Lanoue
Réservation : 05 96 59 43 29.

Christian Antourel& Ysa de Saint-Auret

Texte paru
dans France-Antilles leMagazine.