Dans une tribune publiée sur franceinfo, l’organisme qui représente et défend les intérêts des peuples amérindien et bushinengé de Guyane met notamment en cause l’extractivisme.
Ce ne sont pas de simples feux, c’est l’œuvre du capitalisme », réagit dimanche 25 août le Grand conseil coutumier des peuples amérindiens et bushinengé, après les incendies qui ravagent la forêt amazonienne. Dans une tribune publiée sur franceinfo, le Grand conseil coutumier, qui a la responsabilité de représenter et de défendre les intérêts des peuples amérindien et bushinengé de Guyane, affirme que le feu « n’est pas le seul danger qui menace ou qui détruit l’Amazonie ». Il met en cause également l’extractivisme qui a « sa part de responsabilité ».
Le Grand conseil coutumier s’étonne ainsi du « positionnement » d’Emmanuel Macron qui dénonce « la destruction de l’Amazonie brésilienne ou bolivienne », alors que dans le même temps, le président français « attribue 360 000 hectares de forêt aux entreprises minières, en Guyane, en Amazonie française ».
Une critique de Jair Bolsonaro qualifié de « raciste »
Les signataires pointent également « une grande part de responsabilité » du président brésilien Jair Bolsonaro, « personnage profondément raciste ». Ils rappellent que le 12 avril 1998, le président brésilien déclarait : « Quel dommage que la cavalerie brésilienne ne se soit pas montrée aussi efficace que les Américains. Eux, ils ont exterminé leurs Indiens ». En revanche, ils ne veulent pas « personnifier » le problème qui est « politique et économique » et soutenu « par la majorité des dirigeants » de la planète.
Le Grand conseil coutumier réaffirme dans cette tribune publiée sur franceinfo, son combat pour la reconnaissance des droits des peuples autochtones. Dimanche, la ministre des Outre-mer Annick Girardin a signé, avec des élus de Guyane, une tribune dans le JDD pour réclamer la création d’un fonds international « contre les feux de forêt et pour le reboisement ». Le Grand conseil coutumier a refusé de signer le texte car il manque, selon lui, des engagements sur cette reconnaissance des droits des peuples autochtones. S’il note que le chef de l’État français s’est engagé à « associer les peuples autochtones », il souhaite que cela se traduise par le « renforcement du Grand conseil coutumier en instance décisionnaire avec de véritables moyens de fonctionnement ».
Le Grand conseil coutumier en appelle ainsi au gouvernement français pour que la France ratifie la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), relative aux peuples indigènes et tribaux, afin de reconnaître véritablement le droit des peuples autochtones. Adoptée en 1989, cette convention a été ratifiée par 23 états, dont 15 Sud-américains.
Une forêt « gérée par les peuples autochtones depuis des millénaires »
Les signataires du texte affirment enfin leur « solidarité avec les peuples directement touchés par ces incendies » et rappellent que « cette forêt est habitée et gérée raisonnablement par les peuples autochtones depuis des millénaires ». L’Amazonie est « le territoire ancestral des peuples amérindiens » et a servi « de refuge au moment de la rébellion face au système esclavagiste ». Le Grand conseil coutumier souligne enfin l’attachement « culturel, spirituel, économique » des peuples amérindien et bushinengé à cette forêt. « L’Amazonie est bien plus qu’une forêt, c’est notre ‘chez-nous’, elle est vivante et elle est en train de mourir, par l’action de l’homme », conclut la tribune.