La date de naissance de celui dont les chrétiens célèbrent l’avènement le 25 décembre fait l’objet dans cette communauté de polémiques depuis toujours. Les deux seuls textes qui font état d’une naissance « miraculeuse », à savoir les évangiles de Luc et Mathieu ne sont pas d’accord. Le premier de ces très proches disciples affirme que la naissance a eu lieu au moment où le gouverneur romain en Syrie ordonnait un recensement de la population à Bethléem en -6 avant JC. Pour Mathieu l’évènement aurait eu lieu sous le règne du roi de Judée Hérode le Grand, peu de temps avant sa mort survenue en -4 avant JC.
L’affaire se complique encore si l’on prend en compte l’annonce qui aurait été faite aux Rois Mages par le passage d’une comète ou plus surement une conjonction des planètes Saturne et Jupiter intervenue en -7 avant JC à la fin du mois de septembre selon les calculs des astronomes. La présence de bergers et de leurs troupeaux selon les Évangiles serait en accord avec cette date. Peu de chances en effet de voir ces ruminants pâturer en pleine nuit de décembre.
On peut donc éliminer l’année et le mois officiellement retenus, mais alors pourquoi ce choix du 25 décembre ?
A cette date correspond approximativement à un événement astronomique le solstice d’hiver, ce moment de l’année où la durée du jour cesse de raccourcir et recommence à croître. En hiver les jours rallongent et de tout temps les peuples ont célébré ce retour de la lumière tout comme est célébré son pendant au mois de juin le solstice d’été quand le soleil illumine le ciel le plus longtemps. Dans l’Égypte antique, le solstice d’été correspond à peu près au gonflement des eaux du Nil et marque le début de la nouvelle année. Plusieurs tribus amérindiennes célèbrent le solstice d’été par la danse du soleil. En Inde et en Asie du Sud-Est, le solstice d’hiver est à l’origine de nombreuses festivités locales. Dans la Rome antique il est accompagné de grandes réjouissances populaires, les Saturnales, au cours desquelles les barrières sociales disparaissent, comme pendant le Carnaval, des cadeaux sont échangés (les Sigillaires) et les maisons sont décorées de houx et de gui. Au IVème siècle, en 312, après que le christianisme soit devenu la religion officielle de l’Empire romain il a fallu composer avec les religions anciennes en choisissant de fêter la naissance de Jésus au solstice d’hiver. Lorsque Théodose Ier en 380, quand le rapport de force le lui permet, publie un édit ( dit édit de Thessalonique) qui interdit les cultes non-chrétiens, la seule fête qui subsiste dés lors, le Noël chrétien intégre de nombreux éléments païens issus des Saturnales. Noël ? Une fête païenne christianisée par opportunisme politique et par la force pour célébrer une date de naissance incertaine et très improbable!
Joyeux Noël tout de même !
M’A.