Par Florence Jany-Catrice
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La floraison de nouveaux indicateurs ouvre un débat bienvenu sur ce qu’est la richesse, là où nos sociétés ont confié à des chiffres prétendument neutres le soin de les piloter. Mais attention : il serait illusoire de tout vouloir mesurer, dangereux de donner un prix à tout (y compris, la destruction de l’écosystème) et fou de laisser les experts en décider seuls.
Qui décide de ce qui compte ? La question n’est pas récente. Elle était évoquée dès les années 1980 par Marilyn Waring, féministe néozélandaise. « Who’s counting ? » L’interrogation comportait deux facettes : « Qui est digne d’être compté ? » et « qui décide de ce qui compte ? » Portée dans le contexte d’un capitalisme déjà marqué par l’hégémonie de la quantification des faits économiques et sociaux, elle est aussi une invitation, traditionnelle en sciences sociales, à coupler l’analyse des idées (qu’est-ce qui compte, qu’est-ce qui a de la valeur ?) avec celle des institutions qui les promeuvent (qui est aux manettes des comptes ?).
Jusqu’aux années 1980, l’énoncé de ce qui a de la valeur était contenu dans les systèmes des comptes nationaux : a de la valeur ce qui est productif et est productif ce qui entre dans le périmètre des activités échangeables sur le marché.