Catégorie : Sociologie

Esclavage : une réparation par la transparence

— Par Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris. —

esclavage-300Est-il possible d’envisager des réparations financières pour les crimes commis lors de l’esclavage ? En décrétant que «l’histoire ne peut pas faire l’objet d’une transaction», François Hollande vient de répondre négativement à cette question, le 10 mai, lors de la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage. La formule est habile. Pourtant, si l’on regarde les choses de plus près, la question est plus complexe, et ne peut être évacuée aussi facilement. Christiane Taubira, qui est à l’origine de la loi de 2001 reconnaissant la traite négrière et l’esclavage comme crime contre l’humanité, et instituant la journée du 10 mai, a eu raison de corriger immédiatement le tir présidentiel, en évoquant dès le lendemain la nécessité de réfléchir à des formes de politique foncière et de redistribution des terres en faveur des descendants d’esclaves dans les territoires français d’outre-mer.

→   Lire Plus

Mali, la révolte des esclaves

— Par Boris Thiolay, ( envoyé spécial, Lepoint.fr) —

esclavage_maliDans un pays accablé de tant de maux, la tradition séculaire de l’esclavage, officiellement interdit, reste un fléau. Avec courage, une association lutte pour rendre la liberté à au moins 300 000 personnes et traîner leurs « maîtres » en justice. Un combat sans relâche.

Lentement, il égrène l’identité de ses protégés : « Akadaye ag Abdullahi, sa soeur Tattché, Tamezanat et ses trois enfants… » Sur la feuille dépliée avec soin figurent ainsi 25 noms de famille. Une trentaine de personnes en tout. Cette liste est un raccourci poignant du destin d’Intamat ag Ikadewan, un homme enjoué de 55 ans, issu de la communauté bellah, c’est-à-dire les esclaves noirs de clans touareg du nord du Mali. Les noms cités sont ceux d’anciens captifs qu’il a libérés, à lui seul, depuis plus de trente-cinq ans, dans les régions de Menaka et de Gao.  

→   Lire Plus

Sexes et races, deux réalités

—Par Nancy Huston et Michel Raymond —

evolution_darwinSciences humaines et sciences naturelles ne font pas bon ménage. Quand les biologistes s’aventurent dans les domaines de l’anthropologie et de la psychologie, ils extrapolent souvent abusivement des causes matérielles aux conséquences sociales. L’homme fait certes partie de la nature, mais les lois biologiques expliquent-elles tous les comportements ? L’hérédité est certes un facteur puissant, mais comment nier que l’histoire des sociétés comme celle des individus a un impact sur notre identité ? Les analyses sociobiologiques des arts et des cultures, à force de se croire capables de tout expliquer à leur aune, laissent souvent sceptique.

→   Lire Plus

Pour la réparation

esclavage-300
— Par Patrick Chamoiseau —
En matière de colonisation, de traite et d’esclavage,
la réparation relève d’une volonté d’aller au mieux-humain : une complexe totalité.
Dès lors, il faut la concevoir dans un écosystème  :
– Politique
– Législatif
– Foncier
– Éducationnel
– Scientifique
– Culturel
– Financier
– Psychologique
– Esthétique
– Artistique
– Symbolique
Son éthique déserte toute bonne ou toute mauvaise conscience, vengeance ou récrimination, pour s’inscrire dans la haute conscience. Elle demande, à qui en porterait la volonté étatique, la mise en place d’une instance de réflexion et de structuration.
L’écarter en s’effarouchant d’une indécence comptable
n’est qu’une manière caricaturale de ne rien entendre au concert obligé des mémoires.
Patrick CHAMOISEAU

→   Lire Plus

Code pénal : les députés introduisent un crime d’esclavage moderne

— Par AFP —
esclavage-_moderne

Le nouvel amendement PS a été adopté lors de l’examen d’un projet de loi transposant plusieurs directives européennes sur la justice.

Les députés ont adopté mardi un amendement PS créant un crime d’esclavage et de servitude punis de 15 ans de réclusion pour répondre aux formes d’esclavage moderne. Après avoir demandé le retrait de cet amendement et proposé un groupe de travail, la ministre de la Justice Christiane Taubira s’en est remise à la sagesse de l’Assemblée devant l’insistance des députés PS, soutenus par leurs collègues UMP. L’amendement a été adopté lors de l’examen d’un projet de loi transposant plusieurs directives européennes sur la justice, notamment la traite des êtres humains ou les abus sexuels envers les enfants.

Le Point.fr – Publié le 15/05/2013 à 20:11

→   Lire Plus

Conjurer ensemble l’esclavage et devenir réellement égaux

— Par Patrick Lozès (Fondateur et ancien président du Conseil représentatif des associations noires (CRAN)) —

lozesLe débat sur les réparations de l’esclavage rebondit sur le terrain judiciaire après la plainte envisagée contre la Caisse des dépôts et consignations. Cette initiative non concertée et juridiquement fragile répond à une stratégie de court-terme : celle du coup médiatique.

Cette action inquiète la société française, elle divise les descendants d’esclaves notamment parce que les nombreuses associations et personnalités qui s’invertissent depuis longtemps sur cette question ont été court-circuitées.

Le CRAN (Conseil représentatif des associations noires) a vocation à intervenir dans le débat sur les réparations, mais pourquoi le faire d’une manière durablement conflictuelle ?

→   Lire Plus

Quelles réparations pour l’esclavage ?

par Pierre-Louis Rolle

Entretien avec Lawrie Balfour professeur associé de Théorie Politique à l’Université de Virginie. Spécialiste des questions raciales en démocratie, elle a publié en 2011 Democracy’s Reconstruction Thinking Politically with W.E.B. Du Bois aux presses d’Oxford et prépare actuellement un ouvrage sur les réparations de l’esclavage et Jim Crow. Alors qu’en France le débat des réparations de la « Traite des Noirs » a été rouvert il y a quelques mois, nous lui avons posé quelques questions sur son passionnant projet :

Bully Pupit : Comment définissez-vous le concept de réparations ? Quelles pourraient en être les formes concrètes ?

Lawrie Balfour : Historiquement, l’idée de réparations était simplement ce qu’obtenait le vainqueur du perdant, lors d’une guerre. Le meilleur exemple serait les contreparties payées par l’Allemagne dans le cadre du Traité de Versailles, suivant sa défaite lors de la Première Guerre mondiale.

→   Lire Plus

La mémoire de l’esclavage troublée par l’appel à des réparations financières

—Par Elise Vincent
Depuis 2001, le 10 mai a été institué Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage. Vendredi 10 mai, le chef de l’Etat devait donc s’exprimer sur le sujet. Une manière de réparer symboliquement, comme chaque année, les horreurs de la traite négrière à laquelle la France a activement participé du milieu du XVIIe à la fin du XIXe siècle, en déportant plus d’un million d’Africains.

L’occasion, aussi, de répondre par la négative aux demandes de réparation financière pour des descendants d’esclaves, formulées depuis plusieurs mois par le Conseil représentatif des associations noires (CRAN). « L’histoire ne s’efface pas. On ne la gomme pas. Elle ne peut faire l’objet de transactions au terme d’une comptabilité qui serait en tout point impossible à établir », devait déclarer François Hollande.

→   Lire Plus

Réparations financières pour les descendants d’esclaves : le casse-tête des arbres généalogiques

— Par Elise Vincent —
A l’occasion de la Journée nationale de la commémoration de l’abolition de l’esclavage, le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a réitéré sa demande de réparation pour les descendants des victimes de la traite négrière, formulée depuis plusieurs mois. Il a prévu de déposer une plainte contre la Caisse des dépôts et consignations, accusée de s’être enrichie grâce à l’esclavage. Mais le combat du CRAN est loin de faire l’unanimité, notamment à cause de la complexité d’une telle indemnisation.

Lire : La mémoire de l’esclavage troublée par l’appel à des réparations financières

Patrick Grenier-Delassagne est l’exemple typique du métissage qui rend aujourd’hui particulièrement délicat à mettre en pratique le principe des réparations financières pour l’esclavage. A 52 ans, ce scénariste et romancier s’avoue très surpris par les revendications du CRAN auxquelles il a beaucoup réfléchit. Son arbre généalogique révèle à lui seul l’ampleur des difficultés.

M. Grenier-Delassagne est originaire par son père de l’île Saint-Vincent des Grenadines, qui fait partie d’une région des Petites Antilles, dans l’océan Atlantique, au large du continent américain. Cette île a connu, comme d’autres, les plantations sucrières et l’esclavage de façon massive entre le XVIIe et le XIXe siècle.

→   Lire Plus

Mariage pour tous : la démocratie laïque à l’épreuve

— Par Nadia Chonville, doctorante en sociologie à l’UAG, pour TERRA NOVA Martinique —

Au niveau national, abstraction faite des divergences essentielles qui persistent entre les soutiens et les détracteurs du texte, tous les points de vue ont eu l’occasion de s’exprimer au sujet du mariage pour tous, preuve de la bonne santé de notre démocratie. Cela n’a pas été le cas en Martinique, où les organisations militantes sont entravées par l’homophobie.

DÉBAT SUR LE MARIAGE POUR TOUS : VARIATIONS RÉGIONALES

La Martinique est située dans l’une des régions du monde les plus homophobes. Ainsi, à Sainte-Lucie et à la Dominique, les deux îles voisines, les relations sexuelles entre personnes du même sexe demeurent purement et simplement interdites par la loi. En Martinique, l’homosexualité ne peut être pénalement sanctionnée, mais sa désapprobation sociale est tout à fait comparable à celle que l’on peut observer dans les îles voisines. Elle contraint les victimes d’agressions à ne pas porter plainte. Elle enferme les Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels (LGBT) dans une vie régie par la loi du silence : l’homophobie latente et active ne leur laisse le choix qu’entre la clandestinité et l’exil.

→   Lire Plus

États-Unis : un bal de promo s’ouvre enfin aux Blancs et aux Noirs

— Par Nicoas Guégan —
Le lycée du comté de Wilcox vivait jusqu’alors au rythme de deux bals de promo : l’un pour les élèves blancs, l’autre pour les élèves noirs.

17 mai 1954, Washington DC, la Cour suprême des États-Unis met un terme à la ségrégation raciale qui règne encore dans certains établissements scolaires. Noirs et Blancs partagent dès lors les mêmes salles de classe. 27 avril 2013, comté de Wilcox, terre rurale de Géorgie, un groupe de lycéens organise son premier bal de fin de promo non ségrégationniste. Entre les deux dates, soixante ans se sont écoulés… Et un certain Barack Obama a été élu à la tête des États-Unis.

→   Lire Plus

Nos responsabilités face à ces monstres chimiques de nos pays devenus

— Par Jacky Dahomay —

Nous profitons de ce premier mai 2013 pour rédiger cette réflexion que nous livrons au débat.  Le grave problème que nous posons est celui-ci : comment nous, Antillais, avons-nous pu laisser ainsi se produire une telle catastrophe écologique et sanitaire sur des territoires légués par nos aïeux ? Les pratiques culturales à base de pesticides, notamment dans la banane, mais pas  seulement, ont donné la  situation dramatique d’aujourd’hui. Qui en est responsable ?

Les pêcheurs accusent l’Etat, et ils ont raison. L’Etat  savait que la chlordécone  était  un produit dangereux qui se mélangeait à d’autres produits nocifs déjà utilisés auparavant. Comment expliquer qu’il ait pu autoriser l’usage de ce produit  alors qu’il l’avait interdit, même tardivement,  sur le territoire français ? Il est clair que cela présuppose de la part de l’Etat une vision des peuples d’Outre-mer.

→   Lire Plus

Afghanistan : il exécute sa fille en public pour «sauver l’honneur» de sa famille

— LeParisien.fr avec l’AFP —

tchador-325

Halima est agenouillée, devant plus de 300 personnes au cœur du village isolé de Kookchaheel, au nord-ouest de l’Afghanistan. Agée d’une vingtaine d’années, elle porte un long tchador et attend son heure. Une prière funèbre est prononcée puis son père, placé cinq mètres derrière elle, tire trois balles avec une kalachnikov.
Elle s’effondre. Son frère vient pleurer sa mort brutale, devant la foule impassible.
Pour le tireur, sa fille avait déshonoré la famille en abandonnant son mari, tentant de fuir avec son cousin. L’histoire commençait à faire du bruit au village, il fallait rétablir l’ordre.

La scène filmée, personne arrêté
Selon l’organisation Amnesty International, cette exécution d’un autre temps a eu lieu le 22 avril dernier, plus de onze ans après la chute du régime intégriste des talibans, tristement célèbre pour ses exécutions publiques de femmes. Cette nouvelle affaire de «crime d’honneur» en Afghanistan suscite d’autant plus l’indignation que personne n’a jusqu’ici été arrêté. Pourtant, tout a été filmé.

Quelques jours auparavant, Halima s’était enfuie avec un cousin tandis que son mari et père de ses deux enfants se trouvait en Iran.

→   Lire Plus

En père et contre toutes

— Par Gaëlle Dupont

pere_filsEn ce début 2013 a eu lieu un événement inédit : le « printemps des pères ». Le 21 mars, à Caen, au Puy-en-Velay, ou encore à Ploufragan (Côtes d’Armor), des hommes sont montés sur des grues, des toits et des pylônes pour accrocher le plus haut possible leurs slogans : « Un père est aussi important qu’une mère » ou « Liberté, égalité, coparentalité ».

Le 15 février à Nantes, Serge Charnay avait inauguré ce mode d’action pour réclamer la garde de son fils. « Benoît, deux ans sans papa », affirmait la banderole de ce père qui est resté trois jours sur sa grue.

Que disent en substance ces hommes ? Que les pères sont malheureux. Qu’ils souhaitent être des pères modernes et s’investir auprès de leurs enfants, mais en sont empêchés par les femmes. La leur, en premier lieu, mais aussi les juges aux affaires familiales, en grande majorité de l’autre sexe.

TABLEAU TROMPEUR

Ils avancent une preuve de ce pouvoir jugé exorbitant : 75 % des enfants de divorcés vivent chez leur mère.

→   Lire Plus

Patrick Chamoiseau : « La radicalité est nécessaire »

— PAR JOSEPH CONFAVREUX —

chamoiseau L’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau juge un an de présidence Hollande, depuis son approche poétique de la politique, depuis son exigence de radicalité et depuis les Antilles, aussi éloignées de Paris que proches du « Tout-Monde ». Pour lui, « changer radicalement nos systèmes de représentations » constitue une exigence nécessaire mais « qui ne correspond plus aux temps politiques nationaux et aux petites conquêtes cycliques du pouvoir ».

Peu avant le 6 mai 2012, vous aviez expliqué qu’il était « indispensable que, d’une manière ou d’une autre, la gauche arrive au pouvoir. Pour des raisons de salubrité publique ». Comment jugez-vous, un an après, cette arrivée de la gauche aux commandes ?

Les choses sont infiniment difficiles. Cela confirme ce que nous savions déjà. Nous sommes dans un système d’oppression symbolique, quasi totalitaire, qui couvre l’ensemble de la planète.

→   Lire Plus

Avis de parution d’avril 2013

Sociologie

 Avis de parution

Avril 2013

CASQUETTES CONTRE KÉPIS
Enquête sur la police de rue et l’usage de la force dans les quartiers populaires
Manuel Boucher
Deux années que Manuel Boucher mènent en collaboration avec Mohamed Belqasmi et Eric Malière, une enquête de terrain sur le discernement policier dans plusieurs territoires stigmatisés comme « sensibles » par les forces de l’ordre à Paris, Saint-Denis et Marseille. L’originalité de cet ouvrage repose sur la prise en compte des représentations mutuelles de policiers et d’habitants. Dépassant les approches idéologiques de la question policière dans les quartiers populaires, il apporte des pistes de solutions pour combattre ce processus de défiance réciproque

(Coll. Recherche et transformation sociale, 44 euros, 456 p., avril 2013) EAN : 9782343006444
EAN PDF : 9782296534810  EAN ePUB : 9782336664491

LA CIVILISATION DU CLIC
La vie moderne sous l’emprise des nouveaux médias
Jean-Paul Lafrance
Préface de Sylviane Toporkoff
Les nouvelles technologies d’information et de communication ont changé l’homme dans son quotidien et dans ses comportements. Naître dans cette civilisation, c’est être toujours à un « clic » de l’énorme richesse contenue dans internet : c’est pouvoir joindre n’importe qui grâce à son smartphone, savoir en tous lieux et en tout temps où l’on se trouve, c’est se croire éternel et ignorer le risque de la mort parce ce que l’on peut toujours remettre à zéro les compteurs, comme dans les jeux vidéo.

→   Lire Plus

Génération Y… Les empêcheurs de travailler en rond

— Par Guillemette Faure —

C’est l’histoire de la directrice d’une agence de pub qui a voulu secouer un de ses salariés âgé de 28 ans pour qu’il accepte d’arriver au bureau avant 11 h 30 et qui s’est vu répondre : « C’est pas de ma faute, c’est mon biorythme. » C’est l’histoire de la responsable d’un magasin de luxe qui a trouvé son employé affalé dans un fauteuil en vente, un café à la main et a entendu : »Ben quoi, je suis en pause. » C’est l’histoire de la responsable des ressources humaines d’une grande entreprise de bâtiment à laquelle un jeune conducteur de travaux a demandé de cesser de prélever de sa paie les cotisations retraite, avec cet argument : « La retraite, ça ne m’intéresse pas. » Des anecdotes déversées par chariots dans les formations au « management intergénérationnel », voire plus explicitement intitulées « Apprendre à manager la génération Y ». Autrement dit, les moins de 30 ans (lire l’encadré).

« Comme dans « Super Nanny », les dirigeants font appel à des personnes extérieures pour élever leurs enfants », blague à moitié Christine Charlotin, du cabinet Openmind Conseil, qui intervient dans toutes sortes d’ entreprises, de Hermès à Eiffage.

→   Lire Plus

«Le recul des valeurs judéo-chrétiennes favorise le mensonge»

— Interview de Michel Fize, sociologue —

Comptes dissimulés de l’ex-ministre du Budget Jérome Cahuzac, mensonge et plagiats de Gilles Bernheim, le mensonge est-il devenu partie intégrante de la vie publique ? «Les tentations d’y recourir sont de plus en plus grandes», explique le sociologue Michel Fize au Figaro.

LE FIGARO – Pourquoi mentons-nous et qu’espèrons-nous en tirer?

Miche Fize – Il existe plusieurs types de mensonges. Nous mentons parfois par compassion, quand par exemple nous apprenons qu’un de nos proches est atteint d’une maladie incurable, nous pouvons être tenté de lui cacher la vérité. Nous pouvons aussi mentir par faiblesse, ou par simple souci de gagner du temps, quand la vérité parait trop longue ou trop compliqué à expliquer. Certains mentent aussi car ils ne peuvent pas faire autrement, comme certains voleurs sont amenés à le faire pour vivre: c’est le cas par exemple d’une personne sans aucune ressource qui enjolive son CV pour décrocher un poste. Mais la plupart du temps, nous mentons pour cacher des vérités qui pourraient nous causer des désagréments, pour éviter la sanction comme dans le cas de Jérome Cahuzac ou par intérêt dans le cas de Gilles Bernheim.

→   Lire Plus

Naître ou ne pas naître fille en Inde

— Par MARIO CIFALI Psychanalyste et écrivain —

Qu’il s’agisse du rejet des veuves ou de leur suicide, du mariage forcé des enfants, de l’infanticide ou du viol mortel, dans maintes situations les femmes indiennes sont brutalisées par une seule et même politique relationnelle.

A la différence de Montaigne, je ne peux soutenir : «Il n’y a rien de barbare et sauvage en cette nation, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage.» Connaître les us et coutumes d’un peuple ne signifie pas accepter ses violences. Où que ce soit, la barbarie n’est pas justifiable sous couvert de croyance. Entendre que la vie doit être martyrisée, parce qu’ainsi elle donne accès à la félicité de l’au-delà, glace le sang. «Souffre et meurs ici bas, tu bénéficieras des béatitudes de l’autre monde» : cette parole d’un traditionaliste indien en dit long. Elle appelle la réplique : «Pourquoi ne meurs-tu pas à l’instant ?» En Inde, l’esprit déifiant qui tourmente les hommes, les femmes et les enfants est souverain. En lui, un imaginaire, mâtiné de superstitions, décide des conduites des individus.

→   Lire Plus

L’inquiétante résurgence des théories de la race

— Par Bernadette Hétier et Pierre Mairat, coprésidents du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les peuples (MRAP). —

Bernadette Hétier et Pierre Mairat, coprésidents du Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les peuples (MRAP) mettent en exergue « la gangrène de la racialisation du discours qui affecte aussi certains secteurs communautaires, et c’est là un fait nouveau ». Ils en appellent « au législateur pour que la proposition de retirer le mot race de la Constitution soit retenue ».

 Leur tribune:

« Le racisme peut se définir par la multiplication de propos ou d’actes stigmatisant telle ou telle catégorie de la population, par des rapports de domination inscrits dans une histoire liée ou non à la colonisation, par la relégation sociale, les discriminations, par un statut de citoyen de seconde zone, par des contrôles policiers, etc.

Mais il peut s’exprimer aussi dans un corps de doctrine racial. Les théories racistes peuvent, selon les contextes, se propager à l’ensemble de la société et doivent être combattues et dénoncées clairement et fermement. Le combat du Mrap contre le discours racial d’extrême droite ou de droite extrême est connu.

→   Lire Plus

Que cache l’assistance sexuelle aux handicapés ?

Cette proposition renforce l’ordre établi 
par la domination masculine

— Par Anne-Cécile Mailfert 
et Julie Muret, porte-parole, 
et Claire Serre-Combe, 
militante d’Osez le féminisme. —

La société prend enfin conscience que les personnes handicapées, tout comme les valides, ont une sexualité et une vie affective. Mais le débat se focalise sur des cas individuels extrêmes, souvent des hommes, avec plusieurs handicaps physiques et/ou moteurs lourds, qui ne sont pas forcément représentatifs de la situation des personnes handicapées. Celui qu’on donne à voir en ce moment sur nos écrans de cinéma : The Session, de Ben Lewin, ou le documentaire Sexe, amour et handicap, de Jean-Michel Carré, ou encore Hasta la Vista, de Gilles De Schrijver, mettent en scène des personnages masculins lourdement handicapés, à la recherche d’une sexualité qu’ils estiment ne pouvoir trouver que dans le recours à une tierce personne, de préférence prostituée. Ils popularisent l’idée que la sexualité des personnes handicapées est forcément impossible autrement.

Cette sexualité est bien souvent taboue. Les professionnels se sentent mal à l’aise face à cette question, l’éducation à la sexualité est encore moins faite qu’ailleurs, les familles acceptent mal que leur enfant handicapé grandisse et s’émancipe également dans sa vie affective et sexuelle.

→   Lire Plus

La vraie Église des pauvres

 — Par Michael Löwy Sociologue franco-brésilien. Directeur de recherche émérite au CNRS. —

Le pape François entend être du côté des plus faibles. Née comme lui en Amérique du Sud, la théologie de la libération portait ce message. Fera-t-il le choix de s’en inspirer ?

Le premier pape latino-américain, François, semble vouloir se distinguer des idées et des pratiques de son prédécesseur, en se référant à saint François d’Assise et en mettant la pauvreté au centre de son pontificat. Pour être comme elle d’origine sud-américaine, est-il proche de la théologie de la libération ? Il est permis d’en douter…

Ce qu’on désigne habituellement par théologie de la libération – un corpus de textes produits depuis 1971 par des figures comme Gustavo Gutierrez, Hugo Assmann, Frei Betto, Leonardo Boff, Pablo Richard, Enrique Dussel, Jon Sobrino, Ignacio Ellacuria, pour ne citer que les plus connus – n’est que l’expression intellectuelle et spirituelle d’un vaste mouvement social, né au moins une dizaine d’années plus tôt, qui se manifeste à travers un réseau serré de pastorales populaires (de la terre, ouvrière, urbaine, indigène, de la femme), de communautés ecclésiales de base, de groupes de quartier, de commissions justice et paix, de formations de l’Action catholique, qui ont assumé de façon active l’option préférentielle pour les pauvres.

→   Lire Plus

L’islamisation est un mythe

— Par Raphaël Liogier (politologue) —

Contrairement aux apparences le débat autour de l’affaire dite Baby Loup relative au licenciement d’une employée de crèche ayant refusé de retirer son voile au travail, ne porte pas sur la défense de la laïcité. Si c’était le cas personne ne serait étonné que la Cours de cassation, sensée juger strictement en droit, ait cassé les décisions précédentes du juge du fond qui violait objectivement la liberté d’expression, en l’occurrence la liberté d’expression religieuse.

Rappelons qu’il s’agit en l’espèce d’un simple foulard, qui ne masque en rien le visage. Alors pourquoi un tel scandale presque unanimement reconnu, de droite à gauche, au point que le ministre de l’intérieur Manuel Vals sorte même de sa réserve en pleine séance du Parlement. Au point que l’on projette déjà une loi pour nous préserver du désastre, tandis qu’un sondage BVA affirme que plus de 80 % des français souhaiteraient une interdiction s’appliquant à l’ensemble des entreprises privées et des lieux accueillant le public.

Le débat est en réalité nourri par le sentiment de faire face à une catastrophe imminente qu’il faudrait à tout prix éviter, au prix même de la violation des droits de l’homme.

→   Lire Plus

Sociologie : les avis de parution de mars 2013

 

 

L’ÉCOLE ET LA FAMILLE DANS LES MILIEUX POPULAIRES AU BRÉSIL

Discours parental et apprentissages scolaires
Cristiane Regina Arns de Oliveira
Ce que pensent les parents de l’école et de l’impact de la réussite scolaire sur la qualité de vie future des individus joue-t-il un rôle sur la trajectoire scolaire des enfants ? Les propos de parents d’élèves en situation d’échec ou de réussite dans les milieux populaires d’une ville du sud au Brésil ont été recueillis puis comparés afin de faire émerger « le discours parental sur l’école ». Cet ouvrage dessine les contours du programme d’intervention Ciranda de Pais, mis en oeuvre avec succès au Brésil.(Coll. Recherches Amériques latines, 29 euros, 294 p., mars 2013) EAN : 9782336007052
EAN PDF : 9782296530461  EAN ePUB : 9782336660134

FRAGMENTS POUR UNE SOCIOLOGIE EXISTENTIELLE (TOME 1)
Théories et concepts
Marcel BOLLE DE BAL
Une sociologie existentielle ? Pour quoi faire ? Surtout pour aborder sociologiquement les dimensions cruciales de l’existence humaine : la naissance, la vie, les émotions, la croissance, l’amour, la mort… en étroite collaboration avec les sciences voisines que sont la psychologie et la philosophie.

→   Lire Plus

Les bons nègres de la manif pour tous, idiots utiles du racisme et de l’homophobie

 

La «Manif pour tous» défile aujourd’hui en Martinique & en Guadeloupe & demain à Paris contre le mariage pour tou/te/s. Cette organisation (la presse l’a démontré, notamment «Le Monde» & le «Canard enchaîné») n’est qu’un agglomérat de mouvements plus ou moins fictifs qui dissimulent en réalité l’église catholique + l’UMP + le FN + des organisations hostiles aux droits des femmes + des patrons fortunés (comme Claude Bébéar, président d’AXA).

 Plus le temps passe, plus ses affiches & slogans se font homophobes, nationalistes & racistes (prenant pour cible la «négresse» Christiane Taubira). Dans ce contexte, il est regrettable que des Français/es d’outre-mers se fassent les «bons nègres» d’un tel cartel & deviennent les «idiots utiles» d’organisations qui les méprisent & les discriminent à longueur d’année.

 La guadeloupéenne Gwladys Pallas, présidente régionale de la Fédération Total Respect / Tjenbé Rèd en Île-de-France, a déclaré : «Les cultures d’outre-mers doivent être respectées : personne n’a le droit de les instrumentaliser dans le sens de ses convictions personnelles & les Français/es d’outre-mers LGBT (lesbiennes, gaies, bi & trans) y ont toute leur place».

→   Lire Plus