Catégorie : Sociologie

Propos sur l’âge de la colère et sur l’âge de la régression*

Par André Lucèce

Il s’agit ici d’un point de vue, reposant toujours sur une analyse, concernant la polémique qui a émergé à propos de l’exposition d’art contemporain du Bénin qui s’est tenue à l’Habitation Clément. Certains propos énoncés sous le signe de la morale et de la radicalité me semblent éminemment discutables.

Je pars du principe que les sociétés démocratiques se protègent et se développent par tout ce qui fonde une société humaniste, c’est-à-dire tout ce que nous accumulons en connaissances, non seulement en savoir-faire, mais également par les capacités d’analyse que nous accumulons. Nous Martiniquais, nous avons eu la chance d’avoir des hommes remarquables, pour lesquels j’ai le plus grand respect pour les outils intellectuels qu’ils nous ont fournis et que nous avons utilisés pour progresser.

Parmi ces hommes, dont chacun a quelques noms en tête, il y en a qui se sont battus pour acquérir les droits sociaux, mais également pour nous faire acquérir des principes moraux et intellectuels.

Parmi ceux-ci, il y a notre compatriote Frantz Fanon, auquel j’ai consacré un livre intitulé Frantz Fanon et les Antilles, l’empreinte d’une pensée.

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Toni Negri, figure emblématique de l’extrême gauche italienne, meurt à 90 ans

Le décès de Toni Negri dans la nuit du 15 au 16 décembre 2023 à son domicile parisien marque la fin d’une époque, celle d’un intellectuel engagé et figure emblématique de l’extrême gauche italienne. Né le 1er août 1933 à Padoue, en Vénétie, Negri a laissé une empreinte indélébile sur la pensée révolutionnaire et la critique marxiste.

Dès sa jeunesse, Negri s’engage dans le mouvement ouvrier, mais son départ en 1956 témoigne de son rejet de l’influence soviétique sur ce mouvement. Les années 60 le voient devenir une figure clé de l’opéraïsme, un mouvement militant cherchant à insuffler la critique marxiste au cœur des usines et sur le terrain social. Toutefois, son parcours prend un tournant tragique en 1979 lorsqu’il est accusé, à tort, d’avoir participé au meurtre d’Aldo Moro. Cette accusation le conduit à quatre ans et demi d’incarcération préventive dans des prisons de haute sécurité, une épreuve qui forgera son engagement.

Élu député en 1983, sa fuite en France grâce à l’immunité parlementaire offre un répit temporaire à cette période tumultueuse. Ses quatorze années d’exil (1983-1997) sont marquées par un enseignement émérite à l’École normale supérieure, à l’université Paris-VIII, et au Collège international de philosophie.

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L’opéraïsme : entre théorie marxiste et praxis révolutionnaire

L’opéraïsme, parfois qualifié d’« ouvriérisme », émerge comme un courant marxiste italien dissident au début des années 1960. Son origine remonte à la revue Quaderni Rossi fondée en 1961 par le socialiste dissident Raniero Panzieri, avec des figures majeures telles que Mario Tronti, Alberto Asor Rosa, Romano Alquati et Toni Negri. Ensemble, ils créent la revue Classe Operaia en 1964, symbolisant leur engagement envers la classe ouvrière.

Ce mouvement trouve ses racines dans le contexte particulier de l’Italie des années 1960, marquée par des tensions croissantes entre les revendications ouvrières et la pratique des syndicats. L’opéraïsme émerge de l’« enquête ouvrière », une méthode de « sociologie militante » menée aux portes des usines au début des années 1960. Cette approche vise à critiquer le socialisme traditionnel et à identifier une nouvelle figure, l’« ouvrier-masse », éloignée du mouvement syndical conventionnel.

L’année 1964 marque un tournant théorique majeur avec la publication du texte de Mario Tronti, « Lénine en Angleterre », qui renverse la relation entre le développement des moyens de production et les luttes ouvrières. Selon Tronti, ce sont ces luttes qui impulsent le développement capitaliste.

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Plus aucun enfant à la rue !

À Emmanuel Macron, Monsieur le Président de la République

2 822 enfants, dont près de 700 de moins de 3 ans, sont refusés chaque soir par le 115. Privés d’un hébergement d’urgence, ils sont amenés, avec leurs parents, à passer la nuit à la rue, dans une voiture ou sous une tente.* Le soir, après l’école, ils n’ont aucun endroit où aller. 

Aujourd’hui en France, 2 822 enfants sont privés de conditions de vie dignes et sécurisantes. 

Ce chiffre représente une augmentation de 41% en seulement un an. Et pourtant, il  ne reflète que la partie émergée de l’iceberg. Il ne rend compte que des situations des enfants dont les parents ont réussi à joindre le 115, sans succès. 

Je préférerais avoir une maison, ce serait le plus meilleur” Yasmine, 6 ans

Je me couche par terre. Je fais des cauchemars qui sont très compliqués à avoir” Ange, 5 ans**

Entre la fermeture de places d’hébergement, l’inflation, le déficit de logements sociaux et l’intensification des expulsions des bidonvilles et squats, les chiffres explosent et la précarité s’intensifie. 

Si nous banalisons cette situation inacceptable, c’est une nouvelle digue morale qui s’effondre. 

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Mumia Abu Jamal en prison depuis 42 ans : son combat en documentaire

— Par Bruno Odent —

Arrêté il y a 42 ans, Mumia Abu Jamal, membre des Black Panthers et journaliste radio, a été condamné pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Son histoire et son combat pour la justice et la poursuite de son engagement de journaliste militant sont l’objet d’un documentaire, diffusé jeudi 14 décembre.

Obligé de poursuivre son combat, en dépit d’un état de santé qui se détériore, Mumia Abu Jamal a plus que jamais besoin de solidarité.

Depuis le 9 décembre 1981, il y a 42 ans, Mumia Abu Jamal vit derrière les barreaux, victime du système raciste des États-Unis, pour un crime qu’il n’a pas commis. Son histoire, son combat pour la justice et la poursuite de son engagement de journaliste militant sont l’objet d’un documentaire qui sera diffusé ce jeudi 14 décembre à 20 heures au Louxor, dans le 10e arrondissement de Paris (métro Barbès-Rochechouart).

Membre des Black Panthers et journaliste radio, Mumia complétait, au moment de son arrestation, ses modestes revenus en se faisant chauffeur de taxi la nuit. Au cours d’un de ses périples nocturnes, il intervient dans une altercation.

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Dans 40 des pays les plus riches du monde, plus d’un enfant sur cinq vit dans la pauvreté

La France, l’Islande, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni ont connu une forte augmentation de la pauvreté infantile entre 2014 et 2021, tandis que la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et la Slovénie ont enregistré les réductions les plus importantes, selon le dernier rapport de l’UNICEF.

Certains des pays les plus riches du monde ont connu une forte augmentation de la pauvreté infantile entre 2014 et 2021, selon les données publiées aujourd’hui par l’UNICEF Innocenti – Bureau mondial de la recherche et de la prospective.

Le « Rapport 18 : la pauvreté infantile au milieu de la richesse » – le dernier de la série portant sur le bien-être des enfants dans les pays de l’OCDE et de l’UE – révèle que la Pologne et la Slovénie obtiennent les meilleurs résultats en matière de lutte contre la pauvreté infantile, suivies de la Lettonie et de la République de Corée. En revanche, certains des pays les plus riches figurant dans le rapport se positionnent pratiquement au bas du classement des pays. Ainsi, la France, avec un taux de pauvreté infantile relativement élevé (19,9 % en moyenne sur la période 2019-2021) et en hausse, se positionne à la 33e position (sur 39 pays de l’Union européenne et de l’OCDE), dans le classement établi par l’UNICEF.

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Puis-je retirer mon nom à mon enfant ?

Le nom ne fait pas le parent… Séparé de la mère, Pierre nous explique ne plus avoir aucune autorité sur son fils adolescent, qu’il voit à l’occasion de son droit de visite et d’hébergement. Il voudrait que son fils ne porte plus son nom.

Enzo ne respecte aucune règle, parle mal à son père et rend la vie familiale très difficile. La seule solution serait, pour Pierre, d’être dégagé de toute obligation parentale à son égard. Pour cela, il voudrait qu’Enzo ne porte plus son nom.

 On vous répond :

Il ne suffit pas de changer le nom de l’enfant pour :

  • ne plus en avoir la garde ;
  • ne plus être son père ou sa mère ;
  • le déshériter.

Dès lors que la filiation est juridiquement établie, un lien de droit est créé entre le parent et l’enfant. Seule la mort y met fin.

La filiation produit un certain nombre d’effets relatifs à :

  • la transmission du nom de famille ;
  • l’autorité parentale et l’obligation de pourvoir à l’entretien et à l’éducation de l’enfant ;
  • l’obligation alimentaire ;
  • la transmission du patrimoine familial par succession.

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Un simulateur pour calculer les indemnités de licenciement

Vous souhaitez connaître le montant des indemnités de licenciement auxquelles vous avez droit ? Vous pouvez utiliser le simulateur mis en place sur le site Code du travail numérique.

Le simulateur de calcul des indemnités de licenciement permet aux salariés et aux entreprises de calculer les indemnités de licenciement dûes ou à verser.

L’outil développé par la Direction générale du travail est disponible sur le site Code du travail numérique depuis février 2023.

Il s’appuie désormais sur 47 conventions collectives. Il calcule à la fois l’indemnité légale de licenciement (correspondant au Code du travail) et l’indemnité conventionnelle (correspondant à la convention collective dont dépend votre entreprise). Le calcul prend notamment en compte deux informations importantes : l’ancienneté et le salaire de référence.

Le montant final proposé est celui qui correspond à l’indemnité la plus favorable pour le salarié.

Les étapes de la démarche

Vous serez guidé pas à pas au fil de la démarche et pourrez revenir en arrière si nécessaire.

Rendez-vous sur la page du simulateur et préparez les informations suivantes :

  • vos dates d’entrée et de sortie de l’entreprise ;
  • la date de notification du licenciement ;
  • le montant de vos salaires des 12 derniers mois.

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L’urgence d’une enquête internationale sur les atrocités sexuelles présumées du Hamas en Israël

Le viol comme arme de guerre ?

Les récentes attaques du Hamas en Israël ont plongé la région dans l’horreur, mais au-delà des pertes humaines et des destructions, des allégations choquantes de crimes sexuels émergent, laissant la communauté internationale consternée et appelant à une action immédiate.

Des témoignages poignants de survivants ont émergé lors d’une conférence à l’ONU à New York, où des enquêteurs ont présenté des récits déchirants de viols, de mutilations, et d’agressions sexuelles perpétrées par le Hamas sur des femmes et des hommes israéliens. La cheffe adjointe de l’unité 433, Yael Reichert, a souligné la nécessité cruciale d’une enquête approfondie et impartiale pour faire la lumière sur ces crimes odieux.

Les attaques du Hamas ont laissé des cicatrices profondes dans la société israélienne, mais c’est la cruauté des crimes sexuels qui a provoqué un tollé international. Les enquêteurs ont dû faire face à des défis considérables dans la collecte de preuves, notamment en raison du traitement initial des lieux des attaques comme des champs de bataille plutôt que des scènes de crime.

Un deuxième volet des allégations a été révélé avec la découverte de corps dénudés et des signes de violences sexuelles sur les dépouilles des victimes.

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Michel Sardaby, les notes éternelles d’un virtuose du jazz

Michel Sardaby, figure emblématique du jazz, a clos le chapitre de sa vie le 6 décembre 2023 à Paris, laissant derrière lui un héritage musical d’une richesse exceptionnelle. Né le 4 septembre 1935 à Fort-de-France, en Martinique, il a débuté sa passion pour le piano à l’âge précoce de cinq ans, guidé par son père, Bernard Sardaby, lui-même pianiste de renom au sein de la bourgeoisie locale. Affectionné sous le surnom affectueux de « Bèbène », Michel s’est rapidement démarqué en tant que prodige musical, jouant avec une maîtrise impressionnante du boogie-woogie, imprégné d’un sens aigu du rythme.

Après des études à l’école des arts appliqués et l’obtention de son diplôme à l’École Boulle, son cœur s’est résolument tourné vers la musique. Paris devint le théâtre de ses premières performances dans des clubs prestigieux tels que « La Cigale », où il partagea la scène avec des légendes du jazz comme Benny Waters, Dexter Gordon, et Kenny Clarke. Son implication dans l’enregistrement de « Tape for Billy » en 1967, aux côtés de maîtres tels que Duke Ellington, souligne l’ampleur de son influence.

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La Déclaration universelle des droits de l’Homme fête ses 75 ans

Dimanche 10 déceùbre de 17h à 20h au Téyat Otonom Mawon  Croix Mission Fort-de-France

Tout moun sé moun
Avec associations et artistes ensembe pour la liberté, la dignité, l’égalité et la justice.
Le 10 décembre 2023 marque le 75e anniversaire de l’un des engagements mondiaux les plus marquants : la Déclaration universelle des droits de l’homme, un document fondateur qui a proclamé les droits inaliénables de chaque individu en tant qu’être humain, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. Ce document fondateur traduit dans plus de 500 langues différentes continue d’être, pour chacun d’entre nous, une source d’inspiration pour promouvoir l’exercice universel des droits humains.

La Déclaration a été proclamée par l’Assemblée générale des Nations Unies à Paris le 10 décembre 1948 et énonce, pour la première fois, les droits fondamentaux qui doivent être universellement protégés.

Une initiative d’un an axée sur l’universalité, le progrès et l’engagement, aboutira à une manifestation de haut niveau en décembre 2023, qui annoncera les engagements mondiaux et les idées pour une vision de l’avenir des droits humains.

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Discriminations : Adoption d’une mesure controversée de testing par l’Assemblée Nationale

— Par M’A —

La proposition de loi adoptée par l’Assemblée nationale le 6 décembre représente une étape significative dans la lutte contre les discriminations, en mettant en avant des mesures concrètes visant particulièrement les pratiques discriminatoires à l’embauche. Porté par Marc Ferracci (Renaissance), le texte vise à systématiser l’utilisation de « tests individuels et statistiques » pour détecter et réprimer les discriminations au sein des entreprises et des administrations.
Le texte préconise la mise en place d’un service spécifique chargé de lutter contre les discriminations, placé sous l’autorité de la première ministre et intégré à la délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah). Ce service aurait pour mission d’accompagner les citoyens s’estimant discriminés en les aidant à rédiger des CV ou des dossiers, en ajustant certains éléments pour mettre en lumière d’éventuelles discriminations.
La législation propose deux types de tests distincts : les tests statistiques et les tests individuels. Les tests statistiques consisteraient à envoyer un nombre important de candidatures similaires à des employeurs en modifiant un critère de discrimination, sans utiliser ces candidatures fictives comme preuve juridique.

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À propos de la créolisation : Une vision universelle de la rencontre des cultures

La notion de créolisation, portée au cœur du débat politique par Jean-Luc Mélenchon, résonne comme une réponse novatrice aux discussions sur l’assimilation et l’identité culturelle. Pourtant, ce concept, développé par le poète et philosophe martiniquais Edouard Glissant, trouve ses racines dans l’histoire complexe des îles caribéennes et de la colonisation.

À l’origine, le terme « créole » émergeait lors de la colonisation des Caraïbes, où il distinguait ce qui était né localement de ce qui provenait de la métropole européenne. Il ne catégorisait pas seulement les Blancs nés sur place, mais également les Noirs, créant des hiérarchies sociales dans le contexte esclavagiste. Ce terme évolua au fil du temps, englobant non seulement des catégories de population mais aussi des processus culturels.

Le processus de créolisation, né du métissage forcé des populations, se manifesta notamment à travers la naissance du créole, une langue commune résultant du contact entre langues coloniales et autochtones. C’est au XIXe et au XXe siècle que le terme « créolisation » fut forgé pour décrire ces phénomènes de métissage et de création culturelle dans les sociétés esclavagistes.

Deux principales perspectives émergent dans la pensée de la créolisation : une considérant la créolisation comme un processus stabilisé formant une identité culturelle, tandis que l’autre la voit comme un mouvement perpétuel.

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Le cinquantenaire de l’UGTG

Le 2 décembre 1973 marque la naissance de l’Union Générale des Travailleurs de Guadeloupe (UGTG), une organisation syndicale fondée lors d’un congrès constitutif tenu dans la commune de Baie Mahault. À cette époque, la salle polyvalente réunissait une centaine de congressistes, majoritairement des ouvriers agricoles de la canne, ainsi que des représentants d’autres secteurs, y compris des ouvriers d’usine et des intellectuels révolutionnaires.

À ses débuts, l’UGTG comptait seulement deux syndicats sectoriels, l’Union des Travailleurs Agricoles (UTA) et le Syndicat des Ouvriers Industriels de l’usine de Gardel. Le premier conseil syndical, composé en grande partie d’ouvriers agricoles, avait pour mission de développer l’UGTG dans d’autres secteurs professionnels.

Robert Mornal, ouvrier industriel de l’usine de Gardel, a été élu Secrétaire Général lors de ce congrès fondateur, position qu’il a occupée jusqu’en 1982 avant de passer le relais à Ternisien Nomertin.

Depuis sa création, l’UGTG a maintenu son engagement en tant que syndicat de la classe ouvrière guadeloupéenne, ainsi que son implication dans la lutte pour la libération nationale de la Guadeloupe et la transformation sociale. Inspirée par les principes de l’UTA, l’UGTG a établi des méthodes de travail visant à guider militants et dirigeants dans leur pratique syndicale.

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Diaspora? Vous avez dit diaspora?

— Par Madinin’Art —

La diaspora, initialement liée à des peuples spécifiques tels que les Juifs, a évolué pour devenir un concept générique en sciences sociales. Ce concept désigne la dispersion d’une communauté ethnique à travers le monde, impliquant des liens culturels, religieux, économiques, et politiques entre ses membres dispersés. Historiquement, les diasporas grecques de l’Antiquité ont jeté les bases du concept, mais il a été adopté plus récemment pour décrire des phénomènes tels que la diaspora juive et, au XXe siècle, des communautés comme les diasporas russe, arménienne, irlandaise, kurde, et portugaise.

À l’échelle mondiale, les diasporas chinoise et indienne illustrent la puissance des réseaux transnationaux, tandis qu’en Europe, les diasporas turque et marocaine, issues de migrations économiques, entretiennent des réseaux complexes à l’intérieur de l’Union européenne. Cependant, c’est dans la réalité contemporaine, avec l’avènement des nouvelles technologies de communication, que la diaspora prend une nouvelle dimension. Les médias sociaux facilitent le maintien de liens forts entre les membres dispersés.

Aux Antilles, la diaspora revêt une importance particulière, reflétant les séquelles de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. La dispersion des populations caribéennes a créé une diaspora caribéenne influente, et les Antilles françaises, avec leur histoire complexe de migrations et de créolisation, montrent comment la diaspora peut être façonnée par des dynamiques historiques uniques.

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L’UNICEF France publie un rapport alarmant sur les droits de l’enfant dans les Outre-mer

L’UNICEF France publie un rapport intitulé « Grandir dans les Outre-mer : état des lieux des droits de l’enfant » et appelle les pouvoirs publics à des actions ambitieuses pour garantir de manière égale les droits de chaque enfant sur l’ensemble du territoire français.

Paris, le 20 novembre 2023 – Ce rapport, issu d’une analyse transverse des politiques publiques, d’une revue statistique et de témoignages inédits, dépeint la situation de quelque 1,2 million d’enfants et met en lumière l’écart frappant qui existe, entre l’Hexagone et les collectivités territoriales d’Outre-mer (CTOM)*, dans la mise en œuvre de leurs droits.

La pauvreté endémique responsable de conséquences multidimensionnelles

Alors qu’elles rassemblent seulement 3 % de la population nationale, les CTOM abritent 24 % des personnes concernées par une situation de grande pauvreté. A La Réunion, près de la moitié des enfants sont pauvres (46 %). Ce chiffre s’élève à 6 enfants sur 10 en Guyane et 8 sur 10 à Mayotte, tandis qu’il s’élève à 2 sur 10 dans l’Hexagone.

Derrière des paysages de carte postale, la pauvreté infantile entraîne des conséquences désastreuses sur les conditions de vie et le bien-être des enfants, notamment en termes de suivi de santé, de réussite scolaire ou d’accès à des services de protection.

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Discriminations en France : Un bilan nuancé entre progrès et défis persistants

L’Observatoire des inégalités a dévoilé mardi 28 novembre son rapport sur les discriminations en France, marquant une première dans le pays. Ce document inédit compile des données chiffrées sur vingt ans, fournissant un panorama détaillé des évolutions et des paradoxes de la société française. Alors que des progrès encourageants sont notés dans certaines sphères, les défis persistants, voire croissants, appellent à une réflexion approfondie et à des actions collectives.

Des progrès encourageants

L’un des aspects positifs soulignés par le rapport concerne le recul du racisme en France. Selon la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), 60% des Français déclarent aujourd’hui ne pas être du tout racistes, soit le double par rapport à deux décennies auparavant. Cette évolution positive est également observée du côté du sexisme, avec une diminution significative du nombre de personnes pensant que « les femmes devraient rester à la maison pour élever leurs enfants », passant de 40% à 20% en vingt ans, selon le ministère de la Solidarité. Parallèlement, l’homophobie régresse, avec 85% des personnes estimant que l’homosexualité est une manière légitime de vivre sa sexualité, une hausse de 18% par rapport à il y a vingt ans, selon l’Ifop.

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Évolution des modèles familiaux : La coparentalité, un nouveau paradigme

Mardi 28  novembre, de 17h à 18h30 : Rencontre autour de la co-parentalité. Bibliothèque municipale de Ducos

—Par Madinin’Art —

Les structures familiales traditionnelles évoluent à mesure que la société s’adapte à de nouvelles réalités. L’une de ces évolutions majeures est la montée de la coparentalité, un concept qui redéfinit la parentalité au-delà des schémas familiaux classiques. Examinons de plus près cette tendance sociétale.

La coparentalité : Un concept en pleine évolution

Apparue au XIXe siècle, la famille nucléaire, composée du père, de la mère et des enfants, a longtemps été le schéma dominant. Cependant, de nos jours, ce modèle est remis en question pour inclure les familles monoparentales, recomposées, et même homoparentales. Les termes évoluent pour refléter cette diversité, distinguant le parent biologique, le parent légal, la mère porteuse, le beau-parent, et désormais le parent social, introduit par le concept de coparentalité.

Étymologiquement, la coparentalité implique le partage des droits et des responsabilités des parents naturels, en particulier lorsqu’ils se séparent ou divorcent.

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Convoi des Matadors à Fodfwans

— Par Patrick Chamoiseau —

L’éclat des tissus,
des bijoux,
les poèmes ambigus de la coiffe,
la brillance sans-manman des chaussures,
les dièses de la démarche
étaient des proclamations d’humanité
que les maîtres esclavagistes et autres coloniaux
ne pouvaient même pas soupçonner.

Les orgueilleux agencements de toiles
soignaient l’immense blessure existentielle.

Sous la domination,
cette archive de la résistance féminine allait se voir progressivement folklorisé.
Ce matrimoine est à reconstruire.

La pauvreté des habits des hommes s’explique peut-être par le fait
que (même s’ils étaient tout autant soucieux de leur réhumanisation vestimentaire)
leur créativité de résistance se déversait plus intensément
du côté des contes, de la danse, de la musique…

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Photographies et messages sur un réseau social peuvent-ils constituer des preuves pour licencier un salarié ?

Un employeur peut utiliser des messages et des photographies issus d’un compte privé d’un réseau social d’un salarié comme moyen de preuve pour justifier son licenciement, c’est ce que vient de rappeler la Cour de cassation dans son arrêt du 4 octobre 2023.

Une infirmière travaillant au service d’accueil des urgences de nuit dans un hôpital est licenciée pour faute grave, pour y avoir consommé et introduit de l’alcool et pour avoir participé à une séance photo en maillot de bain pendant son service. L’employeur, pour justifier ce licenciement, s’est appuyé sur la production de messages et de photographies issus du groupe « Messenger » privé que cette infirmière utilisait avec certaines de ses collègues.

La salariée conteste ce licenciement au motif que les pièces produites par l’employeur relèvent de sa vie privée et qu’il s’agit de moyens de preuve illicites. La juridiction prud’hommale comme la cour d’appel la déboutent de sa demande. La cour d’appel considère que ses échanges sur les réseaux sociaux démontrent sa consommation d’alcool à des soirées organisées au sein du service et que les photographies, ayant été prises sur le lieu de travail à destination d’une ancienne collègue, relèvent de la sphère professionnelle, pouvant ainsi être légitimement produites aux débats.

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Le Semi-Marathon International de Fort-de-France 2023 : Un événement sportif devenu incontournable

Le dimanche 26 novembre 2023 marquera la 37e édition du Semi-Marathon International de Fort-de-France, une manifestation sportive unique en son genre en Outre-mer, homologuée par la Fédération Française d’Athlétisme (FFA). Organisée par la Ville de Fort-de-France, cette course hors stade est devenue un rendez-vous incontournable du calendrier sportif martiniquais.

Diversité et inclusion au cœur de l’événement

Le Semi-Marathon International de Fort-de-France se distingue par sa diversité, mêlant coureurs du dimanche, compétiteurs occasionnels et athlètes de niveau international. La particularité de cette édition 2023 réside dans son thème engageant : « Le Sport pour soigner. Nos pas soutiennent la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles. » La Marraine, Coralie Balmy, et le Parrain, Joël Jeannot, illustrent l’importance de la mobilisation sportive pour des causes sociales cruciales.

Un programme riche et inclusif

L’événement propose un programme varié s’étalant sur une semaine, avec des courses adaptées à tous les niveaux. Le « FOYAL CROSS KID » ouvre le bal pour les enfants dès 8 ans, suivi de la marche et des « ATELIERS DES SENIORS », mettant en lumière l’intergénérationnel.

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Hommage à Henri Bangou : un homme de conviction et de transformation

Henri Bangou, né le 15 juillet 1922 à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), est décédé le 21 novembre 2023 à l’âge de 101 ans. Homme politique français, médecin cardiologue de profession, il a marqué l’histoire de la Guadeloupe par son engagement politique, sa vision progressiste, et son rôle de maire de Pointe-à-Pitre pendant 46 ans.

Une enfance marquée par la séparation

Né dans une famille de la classe moyenne, la vie d’Henri Bangou a été marquée par la séparation de ses parents. Élevé par sa mère Andrée Bellevue et sa grand-mère paternelle en raison de la santé fragile de sa mère, il a hérité de valeurs socialistes et d’une forte influence catholique. Ces éléments ont façonné ses convictions et son engagement politique ultérieur.

Engagement et études en France

Après des études brillantes au lycée Carnot de Pointe-à-Pitre, Henri Bangou part en France pour poursuivre ses études. Initialement orienté vers la physique, il bifurque vers la philosophie à la Sorbonne, où il rencontre Marcelle Montauriol, une étudiante communiste en médecine qu’il épouse. Son engagement politique prend forme à Paris, où il milite activement au sein de plusieurs mouvements, notamment l’Association des étudiants guadeloupéens, l’UNEF, et le comité de liaison anticolonialiste.

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« La Collective des mères isolées » : Les familles monoparentales vivent souvent trop dans la précarité

— Collectif —

La Collective des Mères Isolées, association féministe née en mars 2020 à l’initiative de mères Montreuilloises, a pour vocation de porter la parole des mères isolées jusqu’alors invisibilisées et de favoriser l’épanouissement des foyers des mères isolées et leur empouvoirement.

Dans une tribune au « Monde », la Collective des mères isolées souligne à quel point les familles monoparentales vivent dans la précarité. Pour y remédier, elle demande la création d’un statut de parent isolé et avance dix propositions en vue de la reconnaissance des droits les plus fondamentaux en matière de santé, d’éducation, de culture et de logement.

Une famille monoparentale est deux fois plus exposée à la discrimination dans la recherche d’un logement qu’une famille biparentale, selon une enquête du Défenseur des droits. La monoparentalité est une question genrée, qui touche à 83,2 % des mères.

Aujourd’hui, 24,7 % des familles françaises sont des familles monoparentales, d’après l’Insee. De plus, 40,5 % d’entre elles vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ces mères isolées et leurs enfants sont-ils condamnés à la précarité ?

L’accès à la propriété est pour ces foyers monoparentaux une gageure.

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Peut-on se faire enterrer avec son animal de compagnie ?

Non, c’est interdit en France. Même si vous êtes fortement attaché à votre chien ou à votre chat, vous ne pouvez pas vous faire enterrer avec. La sépulture dans un cimetière communal est due aux seules personnes. Le maire ne peut pas y autoriser l’inhumation d’un animal ou de ses cendres.

L’interdiction de se faire inhumer avec son animal de compagnie se fonde sur la notion de dignité des morts (Conseil d’État, 17 avril 1963, Blois). Cette notion implique de séparer strictement les espaces dédiés à l’inhumation des hommes et des animaux de compagnie.

C’est une question régulièrement posée au ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, car il arrive que des maîtres passent outre la loi et déposent les cendres de l’animal sur le monument funéraire ou au moment de la mise en bière.

Interrogé récemment par un député sur une possible évolution de la réglementation, le ministre, dans sa réponse publiée le 12 septembre 2023, rappelle que le maire doit, en l’état du droit en vigueur, interdire l’inhumation d’un animal ou de ses cendres dans un cimetière communal.

Que faire alors quand son animal de compagnie décède ?

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À Mayotte, le nombre d’enfants étrangers placés en rétention est plus de 40 fois supérieur à celui de l’Hexagone

Depuis 2011, les associations œuvrant dans les centres de rétention administrative (CRA) alertent sur l’utilisation disproportionnée et souvent abusive de ces lieux, un constat persistant accentué par la situation critique à Mayotte.

Recours banalisé et conditions indignes

Le treizième rapport souligne la banalisation du recours à la rétention, caractérisée par des situations abusives et des conditions indignes. Le manque d’effectifs policiers génère des violences et des violations des droits des personnes retenues. Des placements en rétention s’effectuent sans examen approfondi des situations personnelles, conduisant à l’enfermement de personnes particulièrement vulnérables.

Durée de rétention allongée et droits bafoués

Les lois successives ont allongé la durée de rétention malgré des perspectives d’éloignement souvent inexistantes. En 2022, le ministre de l’Intérieur a opté pour un fonctionnement en pleine capacité des CRA, compromettant la sécurité des personnes retenues. Des droits sont fréquemment réduits ou ignorés, avec des audiences par visioconférence ou téléphone en violation des exigences légales.

Situation critique à Mayotte

En 2022, le CRA de Mayotte a accueilli 26 020 personnes, soit 63,5% des placements en rétention au niveau national. Les taux d’expulsion sont élevés (74% en 2022), et les éloignements se font rapidement.

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