Catégorie : Sociologie

Jeux de Sotchi 2014 : nous ne serons pas complices !

—Par Jean-Marie Brohm (Professeur émérite de sociologie à l’université Montpellier III) et Fabien Ollier (Directeur de la revue Quel Sport ?)—

flamme_olympiqueNul ne peut plus l’ignorer aujourd’hui, Vladimir Poutine organise les Jeux olympiques d’hiver dans la droite ligne de toutes les dictatures qui ont instrumentalisé les grandes manifestations sportives. Ses objectifs sont clairs : − Restriction des libertés civiles et contrôle militaro-policier des espaces publics et privés au nom de la « paix olympique ».
− Extension des zones d’influence géopolitique et économique grâce aux investissements olympiques pharaoniques.
− Médiatisation à haute dose du grand show sportif en tant qu’opération de propagande que le parcours de la flamme olympique a portée à son paroxysme.
− Endoctrinement et obnubilation nationalistes de la population par la promotion de champions d’État transformés en vitrines publicitaires.
− Durcissement autoritaire du pouvoir, des services de sécurité et des groupes supplétifs qui bafouent les libertés démocratiques élémentaires avec la complicité des partenaires économiques.

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Qui veut la mort de l’inspection du travail ?

—Par  Sylvie Denoyer (CGT), Florence Barral-Boutet (FO), Luc Raucy (SNU/FSU), Yves Sinigaglia (SUD)—

inspection_du_travailLe projet de loi « démocratie sociale » qui sera en discussion au Parlement en février comporte un cavalier législatif qui est une réforme dangereuse pour l’inspection du travail.
A travers le projet « Ministère fort », le gouvernement veut procéder à la plus vaste restructuration que l’inspection du travail a connue depuis des dizaines d’années. Ce projet fait peser de graves dangers sur son indépendance et son caractère généraliste. Il prévoit la disparition des sections d’inspection du travail actuelles et leur remplacement par des unités de contrôle (UC) réunissant entre 8 et 12 agents, avec à leur tête des Responsables, et la création de postes spécialisés sur des risques ou des secteurs particuliers (transport, agriculture, travail illégal, amiante, BTP…).

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16 pluviôse, an II : la Convention abolit l’esclavage dans les colonies

C’est le 4 février 1794 que la Première République abolit l’esclavage.

abolition-1794Le débat abolitionniste soulevé par les Lumières devait trouver son premier écho pendant la Révolution française.

Discours d’un des députés de Saint-Domingue, 
M. Louis-Pierre Dufay
Extraits sélectionnés par 
Rosa Moussaoui et Jérôme Skalski
Législateurs de la France, nous vous devons compte de la situation de Saint-Domingue. Le sang des Français a coulé. La torche de la guerre civile a été allumée à Saint-Domingue par les contre-révolutionnaires, ayant à leur tête Galbaud, le second et l’ami du perfide Dumouriez. (…)

Nous allons vous découvrir la plus atroce des trahisons, la plus infâme des coalitions. Vous serez touchés des maux que nous avons éprouvés, et en même temps étonnés que le reste de nos concitoyens ait échappé à tant de dangers. Je réclame votre attention.

Galbaud a voulu servir l’orgueil des Blancs, propriétaires comme lui, la plupart perdus de dettes avec l’air de l’opulence, ou dont les engagements égalaient les capitaux. Il a rallié à son parti tous ces fastueux indigents qui, trop connus des commerçants de France, et ne pouvant plus abuser de leur crédulité, voulaient depuis si longtemps amener leur indépendance de la France, ou au moins être indépendants de leurs créanciers.

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« La Porte » : à Dillon, la Simar rend hommage à Césaire, Allende & Néruda

allend_&_nerudaLa S.I.M.A.R. s’est engagée dans un processus d’amélioration du cadre de vie des habitants et d’embellissement de son patrimoine immobilier de Dillon en réalisant des travaux de résidentialisation dans le cadre du Programme de Développement et de Rénovation Urbain (PDRU) de la Ville de Fort-de-France. La S.I.MAR. a souhaité compléter ce programme important de travaux sur les espaces extérieurs de ses résidences par une intervention d’ordre culturel et esthétique liée à l’histoire de la Cité Dillon et à la dénomination de sa voie principale, l’Avenue Salvador Allende. L’idée de base étant de mettre en relation l’implication très forte dans l’évolution de la Cité Dillon de l’ancien Maire de Fort-de-France et poète Aimé Césaire, et sa décision de rendre hommage au Président Chilien Salvador Allende, symbole de courage et de résistance, en attribuant son nom à l’axe routier central de Dillon.

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Les grèves qui nous crèvent

— Par Nicole Sallaber —

pompisteCombien de temps encore les Martiniquais vont-ils supporter ces prises d’otages qui paralysent tout le pays ?
Quelques 70 gérants se battent pour leurs intérêts personnels et laissent 400 000 Martiniquais en panne sèche!
Nous entendons leurs revendications nébuleuses. La plus scandée, parce qu’elle veut toucher la sensibilité de la population pour la rallier à leur cause, est le futur pointage de leurs employés à Pôle Emploi à cause de la menace d’automatisation des pompes par Total.
Mais au lieu de vouloir sauver le bifteck de leurs salariés, les gérants ne veulent-ils pas plutôt sauver leur côte de bœuf ?
En réalité, Total, fin stratège de guerre, tire les ficelles et se planque derrière ses soldats-gérants qui ont eux aussi tout à gagner à contrer la décision du gouvernement quant à la transparence des prix et la diminution des marges.
Cette revendication de transparence des prix qui fut à l’ordre du jour durant la grève de 2009 n’a jamais abouti. Total et les gérants ont bénéficié d’un sursis de 5 ans! 5 ans supplémentaires à se gaver de nos euros.

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Rwanda : Alain et Dafroza Gauthier, chasseurs de génocidaires

rwanda_genocide-1Pour la première fois depuis le génocide des Tutsis il y a vingt ans, la justice française jugera l’un de ses auteurs présumés à partir de mardi prochain. L’aboutissement de plusieurs années de traque pour ce couple rémois qui a déposé près de vingt plaintes en France.

Pendant des années, les étés se sont ressemblé chez les Gauthier. Alain et Dafroza partaient de Reims avec leurs enfants sous le bras puis, une fois arrivés à Kigali, les trois petits étaient laissés chez les cousins. « Ils n’étaient pas malheureux avec leur famille, sourit Dafroza, aujourd’hui grand-mère. Et nous, on pouvait se consacrer entièrement à nos “délires”. » Peut-être faut-il être un peu délirant, en effet, pour passer ses étés à sillonner les collines du Rwanda à la recherche de rescapés ou d’anciens tueurs repentis. Enquêter, interroger, traduire. À chaque témoignage, replonger dans l’enfer. Puis, une fois de retour en France, poursuivre les tueurs. Confronter, vérifier, traquer. Réussir, enfin, à déposer plainte. Ne pas les laisser tranquilles, ces génocidaires qui, des années après avoir commis le pire des crimes, pensaient pouvoir tranquillement refaire leur vie en France.

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« Résistances, Rebellions, Révoltes et Révolutions, Océan Indien, Antilles, France (1750-­1850) »

Le Grand Séminaire d’Histoire des outre mers français (GSHOM)« Résistances, Rebellions, Révoltes et Révolutions, Océan Indien, Antilles, France (1750­1850) »

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GREHDIOM et CAGI-CRPLC (Université des Antilles et de la Guyane) IHRF (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), CRESOI (Université de La Réunion)

Ces dernières années ont vu les études sur la Révolution française se décentrer et prendre davantage en considération les événements qui dans l’Empire colonial français avaient constitué en soi une dynamique révolutionnaire, entraînant en retour dans la métropole un nouveau cycle de radicalisation. Ainsi les rapports entre la métropole et son empire ont pu être repensés dans une interaction féconde, donnant à comprendre la façon dont le débat sur les colonies, sur le statut des personnes, esclaves, libres de couleur, colons, marins et soldats, sur la politique extérieure de la France, se trouvaient au centre de la décennie 1789-1799. Créé à l’initiative de Sudel Fuma (CRESOI) en septembre 2011 lors du colloque organisé à La Sorbonne par L’Institut d’Histoire de la Révolution française, en partenariat avec l’Université des Antilles et de la Guyane (GREDHIOM et CAGI-CRPLC), « Les Colonies, la Révolution française, la loi »1, ce projet de recherche pluriannuel a pour ambition de travailler à dresser la typologie des formes, modalités et stratégies des résistances, soulèvements, révoltes, et révolutions de tous types qui ont pu dans l’espace de l’Outre-mer français incarner autant de formes de contestation face à des situations de domination coloniale diverses et variées.

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La philosophie du darwinisme neuronal

— Par Patrick Dupouey, philosophe. —
« Cette conviction d’être un soi, un centre de perceptions, d’états affectifs, de décisions, eh bien, ce sentiment 
est certainement une illusion. »
libre_arbitreLe libre arbitre et la science  du cerveau, de Michael S. Gazzaniga.  Éditions Odile Jacob, 2013, 264 pages, 28,90 euros. Rarement le cerveau aura autant mérité le statut d’objet philosophique que dans la présentation qu’en propose ce livre, dont l’auteur n’est pas lui-même philosophe mais chercheur en neuro-sciences. C’est le chemin qu’a pris, depuis un quart de siècle, ce qu’on appelle la « philosophie de l’esprit » : travailler à partir des données biologiques, dans leur prolongement, et non en se fiant à l’approche exclusivement introspective où l’idéalisme s’est enferré dans l’étude de la conscience.

Que la conscience soit un objet énigmatique, nul ne le nie. Mais c’est, pour les neurosciences et la philosophie de l’esprit, un choix raisonné de ne pas convertir cette énigme en mystère insondable. La réalité des progrès effectués atteste la légitimité de ce pari.

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« Le rapport entre liberté et numérique n’est pas technique, mais politique »

— Par Pierric Marissal —
espionageLancé[…] à l’initiative d’associations, de magistrats, d’avocats et de chercheurs, l’Observatoire des libertés et du numérique entend dénoncer les dérives de la surveillance massive de la population.

Écoutes massives, fichiers de citoyens tellement nombreux que plus personne ne peut les dénombrer, généralisation de l’identification biométrique… C’est à toutes ces atteintes aux libertés que souhaite s’attaquer l’Observatoire des libertés et du numérique (OLN) lancé aujourd’hui par un collectif d’associations et de syndicats (lire ci-dessous). En constatant que les révélations d’Edward Snowden n’avaient servi qu’à décomplexer l’exécutif français, Dominique Guibert, secrétaire général de la LDH, s’alarme : « Plutôt que de remettre en cause le traité transatlantique, le gouvernement fait voter la loi de programmation militaire qui fixe un cadre légal aux écoutes généralisées en France. »

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Tribune: l’héritage antisémite de Dieudonné

antisionismeQuel est l’intérêt pour les antisémites d’assimiler le peuple juif au sionisme?

—Par Jean-Paul Gautier, historien, spécialiste des extrêmes droites, coauteur de la Galaxie Dieudonné : pour en finir avec les impostures (Éditions Syllepse, 2011).—

« Derrière la forme apparemment politiquement correcte d’un antisionisme qui se veut fédérateur, Dieudonné développe, en fait, un antisémitisme de plus en plus marqué et virulent (les dernières attaques contre Patrick Cohen). La thématique antisioniste lui permet d’éviter les foudres de la justice qui, c’est bien connu, «est aux mains des juifs». Le monde tel qu’il le voit est un monde sur lequel les juifs règnent en maîtres sur la pensée et le discours. Un monde aux mains du « puissant lobby des youpins sionistes » (AFP, 4 juin 2009). Ainsi, il a accusé François Hollande lors de sa récente visite en Israël de «s’être prosterné devant ses maîtres».

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Mumia Abu Jamal : « Les couloirs de la mort doivent disparaître ! »

— Propos recueillis par Rodolf Etienne —

mumia_abu_jamal-325Mumia Abu Jamal est né le 24 avril 1954 à Philadelphie (Pennsylvanie), journaliste, écrivain et militant afro-américain. Il a été condamné en 1982 à la peine de mort pour le meurtre de Daniel Faulkner, un policier de Philadelphie. Une mobilisation internationale a eu lieu en faveur de sa libération. Il est devenu un symbole pour beaucoup d’opposants à la peine de mort.
Le 9 décembre dernier, pour marquer l’anniversaire de l’emprisonnement de Mumia Abu Jamal, une série de manifestations étaient réalisées dans le cadre d’une campagne intitulée « Bring Mumia Home – Ramenez Mumia à la maison » , lancé par plusieurs organisations de soutien à Mumia Abu Jamal. Dans leurs discours ces organisations déclarent : « Demandons au Ministre de la Justice, Eric Holder, de reconsidérer le dossier de Mumia Abu-Jamal et au Gouverneur Tom Corbett de procéder à sa libération immédiate en raison du fait que sa condamnation à mort a été jugée contraire à la loi en 2011 et qu’il est malgré tout condamné à la prison à vie pour le meurtre présumé du policier Daniel Faulkner en 1981 à Philadelphie ».

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Mayotte. Loin des yeux, loin des indignations de Manuel Valls

—Par Adrien Rouchaleou —

mosqueeC’est un scandale! La profanation 
d’une mosquée dans le département de Mayotte suscite peu de réactions en métropole.

Certaines personnes ont du mal à admettre que nous vivons au XXIe siècle. Ainsi en est-il de ce militaire de la marine française en mutation à Mayotte, de son épouse et de l’épouse d’un de ses collègues. Le 31 décembre dernier, ils passent ensemble le réveillon, dans le département français de l’océan Indien. La soirée rassemble principalement des militaires et des fonctionnaires de la police aux frontières. La nouvelle année semble avoir été particulièrement arrosée. Les convives s’amusent à se lancer des paris d’ivrognes. L’un d’entre eux ne sera pas simplement stupide, mais aussi particulièrement écœurant. La maîtresse de maison, épouse d’un sous-officier de la légion étrangère, leur confie la tête coupée d’un des deux porcelets qui composaient le repas. Leur mission, qui selon une source judiciaire « a fait beaucoup rire les convives » : aller déposer la tête de l’animal devant la mosquée du quartier de Dzaoudzi-Labattoir, en Petite-Terre.

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Ce que ne dit pas la polémique autour de Dieudonné

— Par  Guy Lubeth —
dieudo_reviso_luzJean Bricmont, dont Claude Morton nous a fait suivre l’interview postée sur Youtube, amalgame idéologie et histoire, principes formels et éthique de la discussion. Si on peut argumenter en faveur d’une éthique du tout-dire, on ne peut argumenter en faveur d’une indifférence à la souffrance historique d’autrui. S’il est justifiable de pouvoir se moquer de tout, il n’est pas souhaitable d’agresser autrui inutilement au nom de la liberté de se moquer. Car, ce faisant, on montre une indifférence envers le ressenti d’autrui, laissant libre court à cette haine irrationnelle latente qui nous habite tous. Et la haine est une passion et non un argument rationnel. Tout cela parait fort inquiétant. Défendre la liberté d’expression qu’on érige en principe absolu au-dessus de toute autre considération et qu’on assimile à une vertu républicaine cardinale, c’est de l’extrémisme, c’est de l’idéologie, c’est-à-dire un système d’idées purement formel qui exclue des éléments essentiels, tels que la compassion, de ce qu’être humain veut dire.
On ne peut donc appliquer un système d’idées, aussi exigeant soit-il en apparence, à des vécus de souffrance inouïe et à un projet mortifère que l’histoire n’arrive toujours pas à métaboliser, au point que nombreux sont ceux qui préfèrent sombrer dans la dénégation et nier que ces actes soient bien des crimes.

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Dieudonné, les nègres et le populisme métis.

— Par Jacky Dahomay —

dieudo_theatre_cabuDieudonné, maintenant, ça suffit ! En tant que nègre des Antilles (je ramasse ce mot « nègre » comme une pierre qu’on nous a jetée comme le dit Sartre dans Orphée noir), je ne peux supporter que Dieudonné puisse affirmer, comme on a pu l’entendre sur LCI, qu’il est un représentant des  nègres marrons et que c’est en cela qu’on lui en veut. C’est vraiment insulter la mémoire de nos aïeux ! Rappelons que les nègres marrons étaient les Noirs d’Amérique qui fuyaient leur condition d’esclaves et que c’est sur eux que s’est appuyé Dessalines pour vaincre les troupes de Napoléon et proclamer Haïti la première république noire en 1804. C’est où disait Césaire que la négritude se mit debout pour la première fois, le même Césaire qui aurait déclaré selon Frantz Fanon : « Quand tu entends parler du Juif tend l’oreille, c’est de toi que l’on parle ».

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Deux morts et six blessés dans une fusillade en Martinique

—AFP 13 janvier 2014—

la_mortLes faits se sont déroulés en pleine nuit à la sortie d’un restaurant de Sainte-Anne.

Deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années sont morts et six personnes ont été blessées lors d’une fusillade «entre bandes rivales», dans la nuit de dimanche à lundi, à la sortie d’un restaurant de plage en Martinique, selon les gendarmes. «C’est une bagarre qui a dégénéré entre deux bandes rivales», a déclaré à l’AFP le capitaine Noviant, commandant en second de la compagnie du sud du Marin.

La fusillade s’est produite à 1h40 au restaurant «Le Touloulou», situé sur la plage et jouxtant la plage du Club Méditerranée, à la Pointe du Marin, sur la commune de Sainte-Anne. Alertés pour une bagarre, les secours ont pris en charge à leur arrivée une première victime, défavorablement connue des autorités. Blessé par balles, le jeune homme est décédé quelques minutes après, durant son transfert vers le Centre hospitalier universitaire de Fort-de-France.

Le bilan s’est alourdi après la découverte sur place du corps d’une deuxième victime, âgée aussi d’une vingtaine d’années. Une troisième victime, d’abord donnée morte, est en réalité grièvement blessée et son pronostic vital est engagé.

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Le retour de Duvalier.

— Par Jacky Dahomay—
la_faucheuse-3Ce texte, sans doute noir, est l’expression d’une expérience personnelle, mais il  se veut un hommage à tous ceux qui sont morts sous les dictatures en Haïti

Je suis en train de déjeuner tranquillement, sous le regard envieux de mon chat, quand je reçois d’Haïti, un coup de fil de Sylvie Bajeux m’annonçant  la triste nouvelle : le premier janvier, date d’anniversaire de l’indépendance d’Haïti, le président Martely est venu à la célébration officielle aux Gonaïves accompagné de Jean-Claude Duvalier. Il y avait aussi un ancien  dictateur comme Prosper Avril ! Le président Martely a fait un appel solennel aux autres anciens dictateurs pour l’aider à consolider son pouvoir. Symboliquement, c’est lourd, trop lourd !
 De rage, j’envoie promener mon assiette de court-bouillon.  Mon chat bondit hors de la cuisine puis revient, sans doute attiré par les éclaboussures de poisson, mais suspend son geste félin en une interrogation muette en me fixant du regard, comme si son étonnement d’animal interrogeait ma propre humanité. Veut-il me signifier que la rage, en politique, est toujours impuissante ? Je reste donc debout mais ma tête vacille.

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« On n’éteint pas la haine par décret »

— Par Pascal Bruckner (Essayiste)—

antiracisme-325L’écrivain antillais Frantz Fanon aimait à rapporter les paroles de son professeur de philosophie : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Un antisémite était forcément un négrophobe, englobant l’un et l’autre dans une même animosité.

On sait qu’en France comme aux Etats-Unis Noirs et juifs ont partagé une même solidarité d’exclus : ils étaient ces invisibles de la société, bannis de l’espace public réservé aux seuls WASP (Blancs anglo-saxons protestants). Cette belle unité s’est fracassée : le juif n’est plus « le frère de malheur », selon Frantz Fanon, mais celui dont la tragédie, en l’occurrence la Shoah, ternit la mienne et m’empêche d’être son frère.

MÉMOIRES BLESSÉES EN CONCURRENCE

Il y a eu des génocides avant 1942 et toute l’histoire de l’humanité est l’histoire d’un crime contre l’humanité. Tout se passe comme si l’Holocauste avait ouvert un espace d’interprétation : dans un cas, c’est un événement ouvrant à l’intelligence des crimes de masse, et qui permet de regarder d’un autre œil l’extermination des Amérindiens, des Aborigènes australiens, des Arméniens, des Herrero en Namibie, les crimes du colonialisme et l’abomination de l’esclavage ; dans l’autre, une théologie négative qui fait des juifs et d’eux seuls les agents d’une élection maudite.

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Christiane Taubira condamne vivement le « pitoyable bouffon » Dieudonné

—Par LEXPRESS.fr, —

dieudon_bouffonLa ministre de la Justice Christiane Taubira publie un texte dans lequel elle s’attaque sans concession à Dieudonné et ses idées. Elle y privilégie la sanction à l’interdiction et appelle les citoyens à lutter.

Christiane Taubira mène une attaque en règle contre Dieudonné. Dans une tribune sur le Huffington Post publiée ce vendredi, la ministre de la Justice condamne les « pitreries obscènes d’un antisémite multirécidiviste », le « complice, après coup, de ce crime contre l’humanité » qu’est la Shoah, un « pitoyable bouffon ».

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Après la Marche pour l’égalité, en finir avec l’affichage cosmétique !

Quelle représentation républicaine pour la diversité en france ?
—Par Fatima Yadani, Maya Akkari, Mehdi Thomas Allal,—
marche_egaliteTrente ans jour pour jour après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, nous nous retrouvons toujours confrontés au même principe de discrimination dans le champ politique. Cette question, qui revient à chaque échéance électorale, nous ramène au difficile principe de réalité appliqué par les partis politiques, à leur incapacité à diversifier et rajeunir leur personnel et leurs candidats… Renforcer la République, c’est aussi faire en sorte que les élus représentent tous les citoyens dans toutes les composantes sociologiques de la société française. En ne considérant la diversité que comme une variable d’ajustement, permettant de foncer un peu les listes particulièrement en bas de celles-ci, les partis politiques reproduisent et perpétuent des inégalités inacceptables. À l’heure où il existe une défiance des quartiers populaires à l’égard des élites, où les extrémismes et communautarismes de tout poil ne cessent de grandir, la diversification du champ politique permettrait d’envoyer des signaux positifs à la population et non celui envoyé depuis de nombreuses années d’une caste repliée sur elle-même et qui ne se renouvelle qu’entre elle.

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Dieudonné fait ressurgir un antisémitisme postcolonial

— Par Jean-Loup Amselle (Anthropologue, professeur à l’EHESS) —

dieudonne_quenelle-325Même si des objectifs de stratégie politique personnelle, on peut l’estimer, ne sont pas absents de la campagne menée par Manuel Valls à l’encontre de Dieudonné, l’écho rencontré par celui qui n’est plus tant un comique qu’un homme politique, nécessite une analyse ne se contentant pas de reprendre les réflexions classiques sur l’antisémitisme français des années 1930.

En effet, la proximité de Dieudonné avec Jean-Marie Le Pen, et donc avec le vieil antisémitisme français, a obscurci la nouvelle configuration au sein de laquelle se déploie l’humour très spécial du locataire du Théâtre de la Main d’or.

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L’argent, le pape et le penseur du « Figaro »

—- Par  Delfeil de Ton —

Comme François avait l’air de s’en prendre aux riches, il fallait bien que quelqu’un les rassure. M. de Kerdrel s’est dévoué.

le_pape_francoisIl en lâche de belles, le nouveau pape. Il passe au Vatican pour le comble de l’original et beaucoup s’y demandent s’il ne va pas carrément reprendre les idées de Jésus-Christ. Faut-il s’en réjouir, faut-il en avoir peur, dans la chrétienté les grands esprits s’interrogent. M. de Kerdrel est de ceux-là. Vous ne savez pas qui est M. de Kerdrel ? Un penseur du «Figaro». La définition devrait vous suffire. Dernier fleuron d’une longue lignée.

L’autre matin, 4 décembre, il entretenait son lecteur de la parole du pape sur la finance. On voyait bien, à le lire, qu’il se sent en devoir de rassurer. Un autre penseur, mais du bord opposé, n’a-t-il pas prétendu que la religion était l’opium du peuple ? Le mot est resté, contenant de la vérité. M. de Kerdrel ne souhaitant pas que cette drogue vienne à être boudée, encore convenait-il que son lecteur, et les lecteurs de ses frères penseurs de France, n’éprouvent pas de la défiance à l’écoute de ce pape au langage si particulier.

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La citoyenneté en Guadeloupe.

— Par Jacky Dahomay —

citoyenneteINTRODUCTION.
Si la citoyenneté est un processus inscrivant le sujet dans un système juridico-politique de droits et de devoirs défini par la loi et assuré par l’Etat, il est clair que le rapport à la loi, décrit par de nombreux observateurs comme étant chez nous très particulier, comme si l’instance même de la loi était mal  intégrée, rend du même coup la citoyenneté dans nos pays hautement problématique.
De plus, si la citoyenneté –et cela depuis Rousseau- établit une distinction entre le peuple réel (communauté historiquement constituée dans ses caractéristiques anthropologiques ou culturelles) et le peuple politique (communauté de citoyens fondée sur un contrat ou une volonté générale et unie par un système de droits positifs unifiés), il est aussi clair qu’une communauté issue de l’esclavage et de la colonisation connaît sinon un effacement du moins une intégration problématique comme ne cesse de l’exprimer l’insistance d’une quête identitaire et les exigences politiques des nationalistes antillais.
Mais ce qui vient compliquer les choses c’est que l’exercice de la citoyenneté est en crise dans les pays dits démocratiques et cela  pour au moins deux  raisons : 1) Si jusqu’ici la citoyenneté s’exerçait dans un territoire défini, en un cadre national –précisément celui de l’Etat-nation- de nos jours des instances juridiques internationales établissent des  lois qui contraignent les Etats mais aussi les citoyens.

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Réponse à Tony sur l’intégration de la loi.

— Par Jacky Dahomay —

la_loi-2Mon cher Tony,

Dans un mèl très bref tu dis que je n’aurais pas dû avancer l’idée que l’instance de la loi est mal intégrée. Cela signifierait selon toi qu’il y aurait une bonne manière d’intégrer la loi et qu’en Guadeloupe ce serait une mauvaise manière qui dominerait. En ce sens, je ferais une distinction entre bonne intégration et mauvaise intégration qui serait selon toi inacceptable. Il se pourrait que l’expression « intégration de la loi » soit confuse de ma part. J’explicite donc ce que je voudrais désigner par cette appellation.

J’entends par intégration de la loi l’intériorisation par le sujet de l’instance d’interdiction que comporte la loi. On pense inévitablement à Freud et à sa théorie du surmoi comme lieu d’un « tribunal intérieur ». Autrement dit, le sujet, par une série de stades de son évolution psychique, finit par intégrer par exemple l’interdit de l’inceste. Intégrer en ce sens signifie intérioriser ce qui ne venait pas de nous, ce qui comportait donc toute une dimension d’extériorité. C’est toute la complexité de l’éducation. Dans ce registre psychique, il est vrai qu’il est difficile de parler de bonne ou de mauvaise intégration car le résultat est l’existence des névroses.

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Un monument pour les Réunionnais.

Par Patrick Singaïny.—

phare_reunion-325

 Le phare est un terme qui désigne un guide lumineux pour les voyageurs ou les visiteurs. Placé en apposition (exemple : projet-phare), le mot désigne un modèle.

  Eriger le phare de Sainte-Suzanne1 en modèle, en s’appuyant sur sa fonction première, est au cœur de cette appropriation artistique. Si le phare de Sainte-Suzanne guide le voyageur à plusieurs kilomètres au large, son éclairage, selon moi, peut se mettre au service de celui qui vit à terre en lui permettant de devenir un guide lumineux pour et en lui-même.

 

 Jusqu’ici, quand la lumière du phare éclairait du côté de la zone terrestre, son rayon éblouissant rencontrait un adhésif opaque de couleur blanche destiné à empêcher que le voisinage soit gêné par son éclat. Aujourd’hui, en lieu et place de l’adhésif, c’est le drapeau de La Réunion2 qui remplace ce cache vierge de couleurs. Ainsi, quand le phare indique à ceux du large la meilleure voie, il fait de même à ceux qui, à terre, se tournent vers lui.

 Mon appareillage artistique, inspiré par ce que j’ai appelé une esthétique du futur antérieur3, se double d’un habillage lumineux de la partie inférieure du monument historique : trois projecteurs diffusent continuellement les couleurs du drapeau national.

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Un monde à venir.

— Par Françoise Vergès—

drapeau_reunionSuffit-il d’un drapeau pour ancrer le sentiment d’appartenance à une terre, ses langues, ses croyances, ses musiques, ses cultures, ses combats ? Pour que ce sentiment d’appartenance se traduise par le désir d’en faire une terre où il fasse bon habiter ? En faire une terre à protéger, à défendre, à cultiver, à valoriser ?

Une installation sur le phare de Sainte-Suzanne se veut porteuse de cette possibilité. Revêtu des couleurs du drapeau réunionnais et des couleurs de la République, le phare se ferait le messager d’une société dont la pluralité a été forgée dans les conflits, les tensions, les inégalités et c’est justement pour cela que sa pluralité est une richesse. Un phare ? Oui, car il est dans cet espace charnière, l’espace du rivage par où l’étranger à l’île débarque et jette son premier regard sur cette terre qui deviendra la sienne. Car tous lui furent étrangers. C’est cela sa force, d’avoir été peuplée de femmes et d’hommes venus de civilisations différentes et qui ont su trouver ce qui pouvait les réunir, l’amour de cette terre, de la langue qui s’y est forgée, des cultures et des mémoires vivantes qui l’habitent.

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