Catégorie : Sociologie

Féministes, donc contre la pénalisation des clients

— Par le collectif «8 mars pour toutes» —

prostitutionA l’heure où le gouvernement socialiste veut faire voter une loi de pénalisation des clients des prostituéEs, nous affirmons que la question n’est pas de prendre parti contre ou en faveur de l’abolition de la prostitution mais qu’il est nécessaire de prendre parti en tant que féministes. Parce que vouloir «abolir» la prostitution sans exiger, au préalable et avec le même aplomb, l’abolition de la pauvreté, de l’exploitation et du pillage du Sud par le Nord est au mieux une naïveté, au pire, une imposture. Or, ce gouvernement n’est pas naïf.

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Dépossession démocratique et stratégies citoyennes

—Par Stanislas D’ORNANO, docteur en sciences politiques, professeur de sciences économiques et sociales (*).—

fouleMéditant sur l’irrésistible tendance à la concentration du pouvoir financier cinq années après la crise des subprimes, le journaliste Nick Dunbar observait que si certains animaux dominants comme le requin, le rat, la guêpe survivront à l’espèce humaine, après avoir survécu aux météorites et aux extinctions massives, Goldman Sachs était probablement l’un de ces animaux  (1). À court terme, le « remplacement » en 2012 de M. Papandréou, qui avait eu l’outrecuidance de songer à soumettre à référendum un plan européen d’austérité, par M. Papademos, ancien conseiller de la banque d’affaires, illustre bien le mécanisme de cette puissance tranquille. Cette radicale remise en cause du principe démocratique défini par Spinoza comme « l’union des hommes en un tout qui a un droit souverain collectif sur tout ce qui est en son pouvoir » (2) amène simultanément deux questions. Au-delà d’un constat d’une « dé-démocratisation » (3) coextensive à l’ultralibéralisme, le libéralisme politique, trésor commun à la gauche et à la droite démocratiques, est-il nécessairement imbriqué dans le libéralisme économique ?

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L’avenir de la démocratie ne se joue plus seulement à l’intérieur des États-nations

—Par Catherine Colliot-Thélène, ProfesseurE de philosophie à l’Université de Rennes-I.—

etats_nations-2Les historiens du futur qui se pencheront sur les premières décennies du XXIe siècle, y verront-ils un chapitre nouveau de l’histoire des progrès de la démocratie ? Cela n’a aujourd’hui rien d’évident. Certes, cet événement fascinant que l’on a nommé le « printemps arabe » a montré que le temps des révolutions démocratiques n’était pas définitivement révolu. Des régimes autoritaires et corrompus ont été balayés par des insurrections populaires. Entre l’insurrection et l’institution de régimes démocratiques, le chemin n’est cependant pas direct, l’exemple de la Révolution française l’atteste, qui nous incite à ne pas désespérer de l’issue de ces récentes révolutions.

La pérennité des institutions démocratiques elles-mêmes n’est jamais définitivement assurée, comme l’histoire du XXe siècle l’a suffisamment prouvé. L’inquiétude monte aujourd’hui en Europe quant à l’avenir de la démocratie. À la différence des années vingt du siècle dernier, le noyau de ce que la théorie politique nomme de ce terme, à savoir les procédures de constitution et de contrôle des pouvoirs politiques (libertés d’expression et d’association, élection des représentants du « peuple souverain » par le suffrage universel, séparation des pouvoirs) n’est pas sérieusement contesté.

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« Se murer dans le silence c’est se suicider »

Lettre ouverte aux intellectuels de la Guadeloupe

— Par Alex LOLLIA, Professeur de philosophie, membre fondateur de la Centrale des Travailleurs Unis. —

ctuMesdames, Messieurs,
Honorables intellectuels,

Vous n’avez reçu de mandat de personne et le statut dont vous bénéficiez ne vous a été accordé par aucune autorité officielle. Vous êtes, donc, les plus démunis des hommes. Mais, vous êtes aussi les mieux armés puisque le souci de la liberté, de la clarté, de la rigueur et de l’honnêteté intellectuelle constitue, en principe, votre marque distinctive.

Je prends, alors, le risque de m’adresser à vous.

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CENTRAFRIQUE. 6.000 enfants soldats, le pays « au bord du génocide »

— Par Le NouvelObs & AFP —
enfant_soldatIls sont en première ligne, alors que le pays s’enfonce dans le chaos. Près de 6.000 enfants ont été enrôlés dans des milices combattant en République centrafricaine, a déclaré vendredi 22 novembre à Genève un haut-responsable de l’ONU, dénonçant la spirale de la violence dans ce pays.

« Grosso modo, on parle aujourd’hui de 5.000 à 6.000 enfants, ce qui représente un quasi-doublement de notre estimation précédente », qui était de 3.500 enfants en mars dernier, a déclaré Souleymane Diabate, représentant de l’Unicef en République centrafricaine.

L’agence des Nations unies pour l’enfance a dénoncé régulièrement l’enrôlement des enfants dans les rangs des groupes armés de ce pays dévasté par la guerre civile.

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La Martinique a perdu un grand ami, l’humanité a perdu une grande figure

— Par le CNCP —

internationalisteHOMMAGE A ALAIN PLENEL
Alain PLENEL s’est physiquement éteint le 18 novembre. En venant l’an dernier fêter ses 90 ans dans notre pays, tenait-il à nous rappeler avant de s’en aller qu’il était notre frère ? L’accueil chaleureux et massif qu’il a reçu à cette occasion a  montré la reconnaissance de notre peuple envers ce grand Français internationaliste et humaniste.
Nous n’avons pas oublié que, nommé Vice-recteur en 1955, il a refusé de jouer le rôle de relais que le colonialisme confiait aux fonctionnaires Français. Il a multiplié la création d’école et  travaillé à réaliser des programmes prenant en compte notre réalité. Il a dénoncé la politique coloniale et la répression meurtrière qui a frappé la jeunesse martiniquaise en Décembre 1959.  Rappelé en France par les autorités, il a été refoulé, manu militari de notre pays, alors qu’il  tentait d’y venir à titre privé en 1963. Alain PLENEL a été révoqué après qu’invité à un colloque en Algérie, il eut répondu à une interview d’un journal Algérien. Ce n’est qu’en 1982 que ses droits lui seront reconnus.

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Christiane Taubira, la force du symbole

— Par Serge Letchimy —

taubira_n&bLes racistes ne s’y sont pas trompés : Christiane Taubira est de fait un symbole. Le propre des symboles est de capter les projections négatives, individuelles ou collectives, qui émergent des crises. Ce qui est injurié à travers elle ce sont les frustrations, douleurs, souffrances et impossibles, que la situation économique, sociale et sociétale, suscite en France. Cette réception est d’autant plus forte que ce symbole identifié par ces esprits malades se trouve au cœur de l’allégorie républicaine : la Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, garante des libertés, de la fraternité et de l’égalité pour tous, se trouve porteuse d’une différence visible. Dans une communauté traditionnelle, mono ethnique, mono religieuse, mono historique, le symbole concentre, rassure, exclue la différence. Ici, cet inattendu symbole proclame une constellation de différences : femme, noire, venue d’une périphérie, esprit rebelle, identité créole, mentalité progressiste, ouverte aux transformations du monde… Le symbole soudain bouscule, proclame une impérieuse diversité : les racistes n’en peuvent plus.

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Allen Iverson, symbole de la condition des basketteurs noirs de NBA

— Par Rue 89 Sports —

allen_iversonAllen Iverson, joueur le plus spectaculaire de la NBA il y a une dizaine d’années, a pris sa retraite dans l’anonymat. Le sport spectacle n’a pas aidé cet individu fragile à sortir de sa condition précaire
Allen Iverson, star de la NBA au tournant du millénaire – MVP en 2001 –, a annoncé le 1er novembre l’arrêt de sa carrière de basketteur. Si l’on s’y intéresse ici, ce n’est pas seulement parce qu’il a été le plus spectaculaire de sa génération, le trait d’union entre les ères Jordan et Bryant.

Iverson a eu durant ses 14 années sur les parquets de la NBA l’image d’un enfant terrible. Présenté très jeune comme une future icône, sa carrière a été bien moins riche en succès – une présence en finale NBA – que prévue. Il a aussi connu toutes sorte de déboires judiciaires et financiers. Comment, un individu promis à une carrière exceptionnelle en vient-il à se perdre, se mettre en danger pour finalement annoncer sa retraite dans un relatif anonymat ?

Allen Iverson a grandi dans en Virginie, ancien Etat sudiste, où les séquelles de la ségrégation raciale sont encore très présentes.

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Patrick Chamoiseau : « Les racistes n’ont plus de refuge »

christiane_taubiraLa ministre de la justice, Christiane Taubira, a été victime d’insultes racistes à répétitions. Ces attaques n’ont pas suscité, dans un premier temps, d’émotion particulière dans la classe politique. Assiste-t-on à une libération et une banalisation de la parole discriminatoire ? L’écrivain Patrick Chamoiseau, prix Goncourt 1992, s’inquiète de cette prégnance du discours d’extrême-droite. Mais le Martiniquais voit également dans cette outrance verbale, cet accès réactionnaire une raison d’espérer.

La ministre de la justice, Christiane Taubira, provoque dans une partie de l’opinion publique une violence qui dépasse le cadre de ses idées politiques ou la simple opposition aux réformes qu’elle porte. Pourquoi ?

Christiane Taubira est une belle figure progressiste qui s’est retrouvée au cœur d’évolutions mémorielles ou sociétales majeures telles que la reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité, le mariage pour tous, ou alors les mutations de l’idée d’emprisonnement et de sanction. Ce sont des domaines qui heurtent des sensibilités effrayées par les complexifications en cours dans nos imaginaires. Nous sommes désormais des sociétés d’individus forcés de déterminer leur échelle de principes en relation ouverte avec les autres individus, de manière autonome, singulière, sans le diktat d’une quelconque communauté.

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Le racisme est le propre de l’homme

— Par Tahar Ben Jelloun (écrivain) —

homme_dragonLe racisme est le propre de l’homme. C’est ainsi, il vaut mieux le savoir et faire en sorte qu’il ne progresse pas et qu’il soit combattu par la loi. Mais cela ne suffit pas. Il faut éduquer, démonter ses mécanismes, démontrer l’absurdité de ses bases et rester vigilant.

La société française est perçue ces derniers temps comme lieu d’un racisme virulent, mais au fond elle n’est pas plus raciste qu’une autre. Le rejet de l’étranger, du différent, de celui qui est considéré comme une menace pour la sécurité est un réflexe universel et n’épargne aucune société.

Le racisme peut dans certains cas se focaliser sur une communauté, mais cela ne veut pas dire qu’il ménage les autres. Autrement dit il n’y a pas de discrimination dans l’exercice de la haine. Tout le monde y passe.

Ainsi quand en France des voix se sont élevées pour évoquer  » un racisme anti-blancs « , j’aurais aimé les rassurer : quand on est rongé par le racisme, on n’aime personne. Une fois c’est le juif qu’on persécute, une autre c’est le Noir, une autre c’est l’Arabe et selon l’époque et le lieu où l’on se trouve c’est aussi le blanc qui est visé.

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Instrumentaliser les enfants, c’est mettre en péril leurs droits

— Par Sophie Elizéon, déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer —

marionnettesA quelques jours du 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, il me parait opportun de rappeler les valeurs qui ont poussé la France à ratifier la convention internationale des droits de l’enfant moins d’un an après son adoption par l’ONU en 1989.
Ces valeurs humanistes se retrouvent dans les droits fondamentaux qui sont reconnus aux enfants du fait de leur manque de maturité physique et intellectuelle, et que les adultes se doivent de garantir. Dès lors, le rôle des adultes et des autorités est de protéger les enfants tant sur le plan sanitaire que social et juridique afin de préserver leurs droits à : la survie ; un développement dans toute la mesure du possible ; être protégé contre les influences nocives, les mauvais traitements et l’exploitation ; participer à part entière à la vie familiale, culturelle et sociale. Comment alors ne pas être scandalisé et alarmé par le triste spectacle d’enfants mis sur le devant de la scène par leurs parents pour insulter une ministre ?

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Vision orwellienne

— Par François Taillandier —
pub_cibleUn texte de l’écrivain allemand Hans Magnus Enzensberger, intitulé le Terrorisme publicitaire, a été récemment publié par le Monde (1). Il s’agit d’un large panorama qui commence avec la bonne vieille « réclame » d’antan (née au cours du XIXe siècle) et s’achève avec les stratégies publicitaires les plus invisibles et les plus affûtées de l’Internet et des réseaux sociaux. Ce n’est pas une simple tribune, c’est un texte magnifique, une vision orwellienne. Je citerai quelques lignes qui me semblent cerner de façon décisive l’empire de la pub : « Ce que cela implique comme conséquences politiques et sociopsychologiques n’a été jusqu’à présent qu’insuffisamment exploré. Une armée d’universitaires-consultants, de sociologues et de spécialistes en études de marché, qui se mit au service des industries concernées, s’est chargée de ne pas le faire. Dans une économie de la captation de l’attention, il ne doit qu’en tout dernier lieu être question d’élucider le monde dans lequel on vit. » Ce qui est important est l’affirmation « s’est chargée de ne pas le faire ». La méconnaissance confiée aux experts… et confortablement rémunérée !

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Chère Christiane Taubira,

—Par Christine ANGOT Ecrivaine —

christiane_taubiraJe viens de lire votre interview dans Libération (du 06 novembre), tout ce que vous dites est vrai, juste, ce n’est pas de ça que je veux parler, je veux vous parler de la fin de votre interview, on vous demande : «Avez-vous été déçue par la faiblesse des réactions qui ont suivi les attaques dont vous avez été victime ?» Entre crochets, il y a d’abord écrit : «soupir». Vous poussez donc un soupir puis vous répondez. Vous parlez des messages de soutien qui vous ont été adressés à titre personnel, vous expliquez que c’est gentil mais que ce n’est pas le propos, et vous avez raison. Vous parlez de l’analyse de l’historien Pascal Blanchard, que vous dites juste mais qui n’est pas une alerte, et vous avez aussi raison. Vous dites que des consciences françaises pourraient dire que les injures racistes dont vous avez fait l’objet ne sont pas périphériques mais sont «une alarme», ne sont plus un signe mais une alarme, un signal d’alarme, dites-vous, car quelque chose dans notre société se «délabre», c’est votre mot, se dégrade, fout le camp, pourrit, est sale, est crade, est dégueulasse, est nul, est fini, est foutu, et vous avez raison.

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Insultes envers Taubira : «C’est un racisme pur et dur, un racisme de peau»

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L’historien Pascal Blanchard revient sur les attaques dont la ministre est victime.

Des cris de singe, des bananes brandies, des dessins de guenon. «Je n’ai rien à dire à des personnes qui profèrent de telles paroles, qui sont je le rappelle, un délit.» Hier encore, interpellée sur les insultes racistes qu’elle essuie régulièrement, Christiane Taubira a rappelé sa ligne : ne pas surréagir sur les attaques à sa personne, mais s’inquiéter des paroles racistes proférées avec une impunité de plus en plus grande. Pascal Blanchard est historien, il a notamment codirigé la France noire en 2011 et la France arabo-orientale, qui vient de sortir aux Editions La Découverte.

Christiane Taubira est la cible d’insultes racistes de plus en plus brutales. Pourquoi ?
L’erreur serait de penser que cette brutalité n’existait pas avant. En réalité ce qui était invisible est rendu visible, un interdit a sauté. Des mots qui étaient il y a peu de l’ordre du scandale ou de l’interdit surgissent sur la scène publique : lors de manifestations ou dans les reportages télévisés. Ce qu’on entendait jusqu’alors dans les stades de foot – des cris de singe à l’entrée des joueurs sur le terrain, des phrases comme «il y a trop de Noirs dans l’équipe de France» – est dit désormais tout à fait ouvertement contre une ministre.

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« La France raciste est de retour »

— Par Harry Roselmack (Journaliste) —

contre_racismeDepuis longtemps, la France joue au bras de fer. Sa République contre sa société. Ses idéaux face à son quotidien. Deux forces opposées, en équilibre précaire, comme ces poignées de mains tenues en équerre par des biceps gonflés à bloc. La République, née de la révolution contre les privilèges, s’est dotée d’un triptyque impossible pour tordre le bras à la nature même des hommes : liberté, égalité, fraternité pour en finir avec la division, le rapport de force, l’assujettissement de l’autre. C’était sans compter l’homme derrière le citoyen. Cet insoumis refuse tous les diktats, et surtout ceux qui ambitionnent d’imposer de bons sentiments. Jamais, ni sous la terreur du Comité de salut public de ses débuts sanglants, ni après la tentative de Mai 68, la République ne parvint à l’égalité, la liberté et la fraternité.

Il y a pourtant une chose que la République a su créer : un sentiment d’appartenance et d’attachement national chez des gens de classes sociales différentes, de cultures différentes, de couleurs différentes. Je me vois peu, mais je ne me vois pas Noir.

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Quand Flaubert défend les Roms

flaubertIl les appelait les Bohémiens. C’étaient les Roms de son époque, pas mieux aimés ni mieux accueillis qu’aujourd’hui.

En ces temps de démantèlement de campements et de retours au pays (on ne les ramène toutefois pas jusqu’en Inde), la lettre envoyée par l’auteur de «Madame Bovary» à George Sand en juin 1867 résonne étrangement.

« Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de Bohémiens qui s’étaient établis à Rouen.  Voilà la troisième fois que j’en vois et toujours avec un nouveau plaisir. L’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons.

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Bourdieu au miroir de Manet

Comment rompre avec l’académisme ? Qu’est-ce qu’une révolution en art ? Le sociologue a cherché des réponses lors de ses cours au Collège de France, de 1998 à 2000

— Par Roger Chartier historien, professeur au Collège de France —

manet_-execution_maximilienEn 2001, un an avant sa mort, Pierre Bourdieu conclut son enseignement au Collège de France par une  » esquisse d’auto-analyse « . Dans ce texte, pour éviter les pièges de l’illusion biographique, il appliqua à lui-même les catégories d’analyse qu’il avait mobilisées pour comprendre les autres, et en particulier Edouard Manet (1832-1883) auquel il avait consacré les cours des deux années précédentes (en librairie le 7 novembre). Entre la réflexivité de l' » auto-analyse  » et l’étude de la révolution symbolique opérée par le peintre, la différence semble évidente. Pourtant, ne peut-on pas penser, avec Pascale Casanova, l’une des responsables de cette édition, que les cours sur Manet sont déjà un essai d' » autoportrait  » par délégation ? Non pas que Bourdieu se compare à l’artiste qu’il admirait tant mais, peut-être, parce qu’il reconnaissait quelque chose de la tâche qu’il s’était donnée dans le geste d’un peintre qui retourna contre le système académique la maîtrise qu’il en avait acquise.

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Thierry Dol : « Ça a été très difficile »

Les quatre otages n’étaient pas détenus dans les mêmes conditions, a indiqué le ministre des Affaires étrangères

— Source AFP —
thierry_dol-2L’ex-otage français Thierry Dol a déclaré mardi que ses trois années de captivité aux mains d’Aqmi ont été très difficiles mais qu’il s’agissait d’une « épreuve de la vie ». Thierry Dol, 32 ans, qui s’exprimait à Niamey après trois années de séquestration dans le Sahel par al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), était vêtu d’un habit vert pâle et d’un turban bleu-mauve, et portait une barbe noire fournie.

« Cela fait trois ans qu’ils sont otages et le cauchemar est fini », a déclaré le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, précisant que les quatre hommes avaient été conduits dans une villa où ils allaient se changer et passer la nuit, avant de rentrer en France mercredi.

L’annonce mardi de la libération de quatre otages français du Niger a été accueillie avec une joie immense par leurs familles et saluée par la classe politique, tandis que certains proches des autres otages encore retenus au Sahel manifestaient leur angoisse et leur frustration.

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Le terrorisme publicitaire

— Par Hans Magnus Enzensberger (Poète, écrivain, traducteur et journaliste) —

pubElle fut toujours bruyante. Aujourd’hui, on peut encore entendre, sur un certain nombre de marchés, la voix des camelots. Elle est agaçante, mais inoffensive. Lorsque la révolution industrielle lança le coup d’envoi de la consommation de masse, la réclame passa au régime industriel. Dans les milieux qui se prenaient pour l’élite, on tint longtemps pour vulgaire de se vanter soi-même, ou de vanter ses produits. Le fait que le secteur ait rebaptisé son activité « publicité » n’a pas amélioré sa réputation.

Des natures moins snobs participent aujourd’hui comme jadis à des jeux-concours, échangent des bons de réduction et comparent remises et promotions-bonnes affaires. Comment peut-on parler avec autant de bonhomie du terrorisme de la publicité ? N’est-on pas trop optimiste ? Et en quoi le tam-tam du camelot a-t-il absolument à voir avec la politique ?

Même si la clientèle ingénue ne veut rien en savoir, il est un fait : la politique s’est très vite emparée de la publicité –− l’inverse étant tout aussi vrai. La publicité est devenue, au plus tard à partir des années 1920, une force politique.

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Achille Mbembe : « Face au nègre, la raison perd la raison »

L’historien et philosophe camerounais publie « Critique de la raison nègre », dans lequel il propose notamment d’en finir avec la notion de race. Interview.

achille_mbembeNé au Cameroun, Achille Mbembe enseigne l’histoire et les sciences politiques à l’université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud et à Harvard aux États-Unis. De passage en France, où il a fait ses études, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Critique de la raison nègre (La découverte), il réagit à l’actualité des flux migratoires en Europe. Son essai lumineux décode en effet magistralement ces forces obscures qui, entre crise et repli, traversent aujourd’hui nos sociétés mouvantes.

Le Point.fr : Dans votre dernier livre, vous insistez sur le fait que l’Europe n’est plus au centre du monde, et pourtant elle attire encore une immigration qui fait l’actualité…

Achille Mbembe : L’Europe entre dans une phase où il sera de plus en plus clair qu’elle ne formera plus jamais une société homogène et qu’elle devra conjuguer son identité sur le mode de la multiplicité. Elle doit faire face à cette mosaïque alors même qu’elle n’est plus le centre de gravité du monde.

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Appel au boycott de la République Dominicaine !

PROTESTATION DE L’ASSOCIATION HAITIENNE DES CINEASTES (AHC) CONTRE LA DECISION DE LA COUR CONSTITUTIONELLE DE LA REP. DOMINICAINE, PRIVANT TOUS LES CITOYENS DOMINICAINS D’ORIGINE HAITIENNE DE LEUR NATIONALITE.

boycott_rep_dom-2Nous, cinéastes, artistes, hommes et femmes de culture d’Haïti et du monde, sommes particulièrement sensibles aux souffrances de nos frères et sœurs sous quelque latitude qu’ils se trouvent.
La décision 168-13 de la Cour Constitutionnelle de la République Dominicaine privant de leur nationalité tous les citoyens dominicains d’origine haïtienne, nés après 1929, interpelle notre conscience et nous oblige à élever nos voix pour protester contre cette mesure aux conséquences incalculables pour environ 300.000 citoyens dominicains de race noire.
En effet, ce qui pourrait paraître comme un  acte démentiel de temps révolus, vient de s’accomplir en violation de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui stipule en son article 15 que tout individu a droit à une nationalité et que nul ne peut être privé de sa nationalité.
Cet acte de la Cour Constitutionnelle, nous rappelle les mesures qui ont précédé le génocide, en 1937 des 30.000 Haïtiens massacrés par le dictateur fasciste, Rafael Leonidas Trujillo, émule d’Hitler.

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La gauche passe le cœur à droite et la France perd son âme républicaine.

— Par Jacky Dahomay —

national_populismeLes faits sont là et on ne peut  que les constater. Selon les derniers sondages, 45% des électeurs de gauche sont pour la suppression du droit du sol. L’écrasante majorité soutient la politique de Valls. Ce qui restait au PS de protestation conte cette droitisation (Harlem Désir en tête) rentre dans les rangs. A Marseille, Patrick Mennucci traite Samia Ghali d’ « Arabe ». A droite, des dirigeants de l’UMP proposent de supprimer le droit du sol, principe fondamental de la république française. Hier sur LCP, un dirigeant de ce parti affirme en toute tranquillité qu’enseigner « nos ancêtres les gaulois » était la meilleure façon d’intégrer les  indigènes. Cela ne choque plus grand monde. Il  faut donc se rendre à l’évidence : s’il  y a toujours  existé en France une opinion xénophobe et raciste, celle-ci était tout de même contrôlée par quelques principes républicains. Aujourd’hui, les  digues ont sauté.  Le national populisme triomphe dans  l’Hexagone. Tout est désormais possible.
Mais c’est toute l’Europe qui est gagnée par le nationalisme populiste. On découvre en Grèce une enfant blonde  aux yeux bleus et on décide qu’en  raison de son phénotype, elle ne peut être enfant de Roms.

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La société de précarisation

— Par  Cynthia Fleury —

sans_travail-360C’était en 1986, et déjà Ulrich Beck parlait de paupérisation civilisationnelle en expliquant que la dynamique historique ne serait pas celle de la sécurisation pour tous, mais bien plutôt de la démocratisation du risque. Certes, les clivages entre précaires et ceux qui ne le sont pas sont toujours présents, mais l’émergence des risques systémiques, invisibles, radioactifs, cumulatifs, a brisé la ligne de partage. « Ce que nous a appris la contamination radioactive, c’est que c’en est fini de l’autre, fini de nos précieuses possibilités de distanciation. On peut exclure la misère, on ne peut plus exclure les dangers de l’ère nucléaire. C’est là leur nouvelle force culturelle et politique. Leur pouvoir est le pouvoir du danger qui abolit toutes les zones de protection et toutes les différenciations de l’âge moderne. » La société du risque mondialisée, c’est cela : le « big business » de notre insécurisation, réelle ou supposée. Il n’est pas impossible que l’enseignement du risque systémique nous fasse entrevoir les vieilles réalités sociales (comme la migration de la misère) comme désormais inextricables. « La France doit prendre sa part de la misère du monde, mais n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde », dit un ministre de l’Intérieur, citant un ancien premier ministre.

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L’économie sociale a son magazine

socialter

— Par Camille Neveux —

LA VIE EN NUMÉRIQUE – Chaque semaine, Camille Neveux, journaliste au service Economie du JDD, décrypte le monde des nouvelles technologies et leurs usages. Cette semaine : vous aimez l’innovation, le financement  participatif, l’économie du partage? Rencontre avec Olivier Cohen de Timary, jeune patron de Socialter, le premier « magazine de l’économie nouvelle génération », en kiosque depuis une semaine.

On peut avoir 27 ans, être un « digital native » et marteler dur comme fer que « la presse papier a de l’avenir ». On peut avoir 27 ans, être diplômé de Sciences-Po, avoir déjà fait le tour du monde, travaillé pendant deux ans chez Merrill Lynch… et lancer un magazine sur « l’économie sociale » en neuf mois. Il suffit de s’appeler Olivier Cohen de Timary.

L’aventure commence lors d’un long voyage en Amérique du Sud et en Asie « à la rencontre des nouveaux acteurs de entreprenariat social », avec son ami Alban Leveau-Vallier, dans le cadre d’un projet de fin d’études. « On faisait des articles et des vidéos sur les personnes que l’on rencontrait, explique le jeune homme, veste bleu marine et sac sur le dos.

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Journée internationale du créole le dimanche 27 octobre 2013

L’association « Tous créoles ! » présentera à la distillerie Trois-Rivières une conférence-débat de Bernard LECLAIRE* sur le thème :
« Le créole est-il une langue en exil dans son propre chez-soi ? Non… L’exemple de Marie-Galante »

creole-325Ce titre assez vaste permet de parler du créole d’avant – celui d’aujourd’hui et bien sûr du créole à venir ! Que serait une langue sans la perception de ceux qui l’utilisent ? Nous sommes tous « créoles » mais comment vit-on cet état d’être ?
Un aperçu de Marie-Galante serait d’une poétique nouvelle ! A suivre… !
Effectivement, Marie-Galante est l’île la plus africaine de la Caraïbe pour ne pas dire la plus Congolaise exactement ! Cela vient de son histoire ! On affectionne le « parlé créole » et de génération en génération il n’y a jamais eu de problème pour les échanges en créole! Il s’agit-là, d’une profonde attirance sinon un profond atavisme que de vouloir se dire les choses dans la langue vernaculaire ! La grande évolution que nous notons, est depuis, la stabilisation d’un « écrit » du créole, ce qui est une grande avancée pour sa reconnaissance et son développement !

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