Catégorie : Sociologie

Les propres de l’homme : autour de « Masculinités », de Raewyn Connell

— Par Jean-Louis Jeannelle —
masculinites-400Les opposants au mariage pour tous s’étaient fixé pour mission la défense d’un ordre « naturel » entre les sexes : inviter hommes et femmes à reconnaître leur complémentarité avait pour effet de les renvoyer à leurs différences, supposées immuables. Fallait-il comprendre qu’il existe une « nature » masculine ? Ouvrons le Dictionnaire des sexualités, dirigé par Janine Mossuz-Lavau, à l’entrée « masculinité » : « Historiquement était dévolu à l’homme ce qui relève de l’extériorité : l’initiative, l’action, la réalisation. Sur le plan de la personnalité, la fermeté, la maîtrise de soi, le contrôle des émotions. Revenait à la femme ce qui relève de l’intériorité et appartient à la sensibilité ».

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Détounements de fonds à LADOM

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M. Le Métayer directeur administratif de Ladom, l’agence de l’Outre-mer pour la mobilité dont le siège est à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), s’est présenté au commissariat de Saint-Denis pour dénoncer les détournements de fonds publics qu’il aurait lui-même organisés à son profit. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête et l’a mis en examen pour « abus de confiance » et « faux et usage de faux ». Il a été placé sous contrôle judiciaire. Le procédé utilisé, là encore est celui des fausses factures. L’enquête n’en est qu’à ses début mais d’ors et déjà des détournements avoisinant les 270 000 euros ont été mis en évidence par les services de la BRDA (Brigade de Répression de la Délinquance Astucieuse). Comme directeur administratif, M. Le Métayer signait des chèques à son ordre au prétexte d’avance de trésorerie et qu’il « justifiait » au moment de l’établissement du compte d’exploitation générale par des fausses factures soi-disant afférentes à des travaux réalisés dans un immeuble de Ladom à Paris.
LADOM, sous tutelle des ministères des Outre-mer et du Budget, est chargée d’assurer la « continuité territoriale » avec l’hexagone, en prenant en charge par exemple le financement des des des déplacements d’étudiants ou de personnes en formation depuis l’Outre-mer.

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RFI ouvre un « Club » dans un camp de réfugiés

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La radio RFI implante pour la première fois un de ses clubs dans un camp de réfugiés, en cette Journée mondiale qui leur est consacrée.

Dans le camp de Molé, en République Démocratique du Congo, des milliers de Centrafricains ont fui leur pays depuis le début de la crise. […]

À seulement 35 kilomètres au sud de Bangui, la capitale centrafricaine, se situe le camp de Molé, au cœur de la brousse. C’est là, en République Démocratique du Congo, que des milliers de Centrafricains ont trouvé refuge depuis le début des affrontements entre Séléka et anti-Balaka  Créé en Juin 2013, le camp a doublé de volume en décembre, en passant de 4 000 à 8 000 personnes. Il en compte aujourd’hui 12 000, essentiellement des jeunes de moins de 20 ans

Fidèles auditeurs de la radio mondiale RFI en Centrafrique, les réfugiés ont demandé auprès du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) la création d’un Club, comme il en existe déjà à Bangui

Des regroupements spontanés d’auditeurs

C’est ainsi que fonctionnent ces Clubs, toujours par regroupements spontanés d’auditeurs et ce, depuis 1995.

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Rébellion dans les salons de beauté afro de l’est parisien

— Par AFP —

beaute_noire-2Un vent de révolte souffle sur le quartier parisien de Château d’Eau, sorte de Mecque des salons de beauté pour femmes noires, où les salariées, souvent sans-papiers, commencent à protester contre leurs employeurs, peu regardants sur les règles du Droit.

«Madame, une manucure? des tresses, des mèches?» Le conflit social n’a pas encore débordé sur les trottoirs, où les rabatteurs continuent d’alpaguer les passantes pour les attirer chez «Afro King», «Suprême White» ou encore «Dallas Afro Beauté».

Depuis une quinzaine d’années, le boulevard de Strasbourg et les rues adjacentes se sont spécialisés dans la beauté pour femmes noires, comblant le vide laissé par la fermeture des activités de fourrure et en s’appuyant sur une tradition ancienne de perruquerie

Environ 150 salons se partagent une clientèle venue de toute l’Ile-de-France grâce à la proximité des gares du Nord et de l’Est  Y règne une spécialisation des tâches: des Africaines coiffent, des Chinoises font les ongles et les sourcils.

«Beaucoup de boutiques ne respectent pas les règles», souligne le maire PS de l’arrondissement (10e) Rémi Féraud, en évoquant des nuisances sur la voie publique, du travail au noir, l’embauche de sans-papiers et une «exploitation des salariés».

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« L’élite renvoie les nouveaux venus à leur pedigree »

Jules Naudet : Entrer dans l’élite. Parcours de réussite en France, aux États-Unis et en Inde (PUF)

— Par Jacques Minier —

reussite_socialePour de nombreux sociologues, le désir de mobilité et d’ascension sociale tiendrait aujourd’hui lieu d’« ontologie de l’homme moderne », certains suggérant même que le projet d’ascension sociale se serait imposé comme une alternative à la lutte des classes. Jules Naudet a étudié les parcours de près de 160 personnes dans trois pays très différents : l’Inde, les États-Unis et la France et cette comparaison fait clairement ressortir les particularités propres à chacune des sociétés à cet égard. Il a observé dans les récits de vie de ces nouvelles élites et les « identités narratives » qui s’y déploient, la manière dont celles-ci cherchent à réduire la tension qui existe entre leur milieu d’origine et leur milieu d’arrivée et comment elles parviennent avec plus ou moins de bonheur à s’intégrer sans pour autant renier ou « trahir » leurs origines Les trois pays étudiés offrent de ce point de vue des modèles presque opposés : l’Inde, avec son système de castes, même atténué aujourd’hui, apparaît comme l’archétype de la société fermée où les statuts sociaux sont assignés bien qu’une certaine mobilité sociale y reste possible.

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Un débarquement américain qui n’eut pas lieu

—Par Robert Mardochée —

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La France vaincue était occupée par l’armée allemande. Le Maréchal Pétain, installé à Vichy, était à la tête de ce qui restait de la France Libre. La Martinique, colonie française, vivait dans une semi-indépendance. Les communications maritimes avec la Mère Patrie étaient réduites. Les navires de commerce français n’osaient guère s’aventurer sur l’ Atlantique fréquenté par de nombreux sous-marins allemands. Nous vivions des heures sombres. Plus de pain dans les boulangeries, la plupart des produits de première nécessité manquait Tout était rationné dans les commerces où les gens faisaient de longues queues. Les pétroliers étaient rares. L’Amiral Robert était le maître incontesté de île de la Martinique. Il avait pour mission de protéger notre colonie d’une agression américaine . Toute la réserve d’or de la France était gardée en lieu sûr par les militaires français.
Chaque matin, je me rendais à l’école de garçons du Gros-Morne. Cette grande école avait été amputée des cours complémentaires supprimés par décret gouvernemental. Nous travaillions dans des conditions épouvantables.

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« Tous créoles » et « Le sanglot de l’homme noir » : une lettre de Silyane Larcher à Roland Sabra

plume_courrierCher Monsieur,

Je me permets de vous écrire après avoir été informée du fait que vous avez évoqué sur votre site ma présence lors de la conférence d’A. Mabanckou, ainsi que mes nom et titre supposé. Votre manière de présenter les choses, pour le moins maladroite (pour ne pas dire davantage…), laisse à penser que je me serais présentée sous un titre qui ne serait pas nécessairement le mien : « une jeune femme, se déclarant politologue »… Puisque vous étiez à la conférence, n’avez-vous pas entendu que j’ai indiqué, précisément afin d’éviter tout malentendu, mon rattachement institutionnel ?? Étonnamment, le premier concerné, c’est-à-dire A. Mabanckou, n’a pas douté de la manière dont je me suis présentée… Peut-être avez-vous tellement pris l’habitude d’observer l’esbroufe et parfois l’imposture à laquelle se livrent, hélas !, tant de Martiniquais que vous n’avez pas jugé utile de procéder à une simple recherche sur Google avant de prendre la plume de façon si cavalière ?

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« Tous créoles » organise un débat difficile mais salutaire

— Par Roland Sabra —

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Autour du livre « Le Sanglot de l’Homme Noir » d’Alain Mabanckou

La conférence d’Alain Mabanckou qu’il avait intitulée «  Pour en finir avec le sanglot de l’homme noir » et qui s’est tenue le 14juin à l’hôtel Batelière a été animée. Le conférencier dans une logique d’échange courtois a rappelé qu’il avait écrit son livre pour le premier de ses fils né à Paris et qui n’était jamais allé en Afrique. Il voulait l’amener à réfléchir sur une identité construite dans l’autonomie et non assujettie aux discours des autres. Il l’invitait, entre autres thématiques, à s’interroger sur la participation des africains à la traite négrière. Toute une partie des contresens qui ont accompagné la parution du livre tient à l’oubli de ce destinataire initial. Ce livre était donc destiné aux africains. « Un livre destiné surtout et avant tout aux noirs d’Afrique.» dira-t-il. C’est un peu comme les histoires juives, elles n’ont pas du tout le même sens quand elle sont racontées par des juifs à la sortie de la synagogue ou par des antisémites dans une cellule du FN.

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Allo, allo! La métropole ?

Tribune

— Par Nicole Sallaber —
allo_metropole-2La France a connu la Révolution française, la fin de l’Esclavage et Mai 68. L’Homme a donc la capacité de s’exprimer lorsque les limites de sa patience et de sa dignité sont atteintes.
Mais il semblerait que les grands soulèvements qui ont marqué l’Histoire soient terminés!
Que l’on soit département d’outremer ou continental, la France n’a-t-elle pas le devoir de gérer tout son territoire en appliquant sa devise : Liberté, Égalité, Fraternité ?
Chaque département ayant ses spécificités, c’est donc à l’État français de se donner les moyens de compenser les différences de logistique tout en préservant les différences spécifiques de chacun.
Mais la France s’est toujours désintéressée de ses Outremers les laissant s’embourber dans leur isolement.
Et alors qu’elle ne sait gérer qu’à moitié ses territoires lointains, elle décide d’en rajouter un autre : Mayotte!

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Le monde de la bande dessinée en ébullition

dessinateurs748 auteurs de bande dessinée ont adressé une lettre ouverte à la Ministre de la Culture dans laquelle ils dénoncent une réforme injuste pour leur retraite. Nous en publions des extraits ainsi que la liste de quelques-uns des principaux signataires.
« Depuis des années, sans bruit, sans révolte, nous survivons par passion pour notre métier, pour nos histoires et ceux qui les lisent, mais aujourd’hui, nous voyons notre fin approcher et nous refusons de nous y résigner. En mars dernier, à l’occasion du Salon du Livre de Paris, le Conseil Permanent des Écrivains avait tiré la sonnette d’alarme, exposant de nombreux motifs d’inquiétude sur l’avenir immédiat de notre profession. À cela s’ajoute la paupérisation croissante qui frappe les auteurs, que ce soit au travers
des baisses d’avances ou de pourcentages, ou par l’apparition de formules numériques illimitées qui ne rémunéreront personne, sinon les diffuseurs.

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Brésiliens, renversez la Coupe du monde

— par Jérôme Latta —
fifa_world_cupe_2014Suscitant quelque scandale, le président de l’UEFA Michel Platini, candidat à la présidence de la FIFA avait donc, il y a quelques semaines, appelé les Brésiliens à « se calmer » et à « attendre un mois » avant de revendiquer, réinterprétant à sa façon la notion de trêve olympique. L’irritation du dirigeant trahissait certainement autant son inconcevable désinvolture que la crainte de ses pairs de voir leur événement « gâché ». Pourtant, que craignent-ils? La probabilité d’une situation si insurrectionnelle qu’elle compromettrait le déroulement du tournoi reste improbable à ce jour: s’ils ont peur, c’est évidemment pour eux-mêmes.

LA FIFA DANS UNE POSITION INTENABLE

Dans les jours qui précèdent une Coupe du monde, il est d’usage de s’interroger sur les forces en présence, sur les potentiels vainqueurs, sur les joueurs que le tournoi glorifiera. Cette fois l’incertitude porte aussi sur la tenue de l’événement lui-même, sur ce qui va se passer autour de lui – au-delà de l’enceinte de stades et des « fanzones ». Nous voici à la veille du Mondial le plus incertain de l’histoire, et pas pour des raisons sportives.

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Un sommet sans précédent sur le viol en temps de guerre

— Par AFP —
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blobul1ePlus de cent pays se réunissent à Londres sous l’égide d’Angelina Jolie et de William Hague pour sensibiliser à ce mal souvent dissimulé dans les conflits.

L’actrice Angelina Jolie et le chef de la diplomatie britannique William Hague ouvrent mardi à Londres un sommet « sans précédent » sur les violences sexuelles pendant les conflits et l’utilisation du viol comme « arme de guerre ». La star d’Hollywood, ambassadrice de bonne volonté du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, et le ministre britannique vont présider jusqu’à vendredi le plus grand événement jamais consacré au sujet. Il réunit des délégations de plus de cent pays, représentants gouvernementaux, ONG, religieux, experts militaires et juridiques, associations humanitaires et membres de la société civile.

Seront présents 48 ministres des Affaires étrangères, mais aussi ceux qui étaient et continuent à être en première ligne : des victimes, des témoins et des acteurs sur le terrain, tel le gynécologue-obstétricien congolais Denis Mukwege, qui soigne les femmes violées en République démocratique du Congo (RDC).

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Le destin hors du commun du docteur Hippolyte Morestin

— Par Xavier Chevallier —

hippolyte_morestin-3Un an après le centenaire de la naissance du plus illustre des Martiniquais, on commémore le centenaire du début de la Grande Guerre. Cela est l’occasion de nous rappeler qu’une autre personnalité originaire de Basse-Pointe, le Dr Hippolyte Morestin (1869-1919), s’illustra en soignant les soldats français grièvement blessés au visage, les « Gueules cassées ».

La Martinique dans la tourmente de la Grande Guerre

 La Grande Guerre fut un conflit d’une ampleur sans précédent en raison du nombre de belligérants – pays et empires- impliqués, des moyens matériels et humains mis en œuvre, de l’étendue des régions touchées, des destructions occasionnées et du nombre très élevé de victimes : plus de 8 millions de morts et environ 20 millions de blessés. La Martinique, bien que située à 7 000 km des combats qui se déroulèrent principalement sur le continent européen, ne fut pas épargnée par cette grande tragédie du début du 20ème siècle qui bouleversa à jamais l’ordre du monde. En effet 8 788 de ses ressortissants furent envoyés au front, parmi lesquels, officiellement 1 876 sont « morts pour la France » soit un homme sur 5.

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Colloque en mémoire de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions

Thème : « Le racisme est soluble dans l’encre noire » ( S. Dracius)

— Par Robert Sae —
savoir_c_pouvoirAtelier 2 : « Savoir c’est pouvoir ! » ou l’absolue nécessité de Culture et Connaissances en lutte contre l’aliénation, en vue d’une réparation.

SAVOIR ET AGIR !
Nous sommes à un moment de l’histoire humaine où la mainmise des maîtres sur le savoir devient de plus en plus difficile. Le rang et la notoriété de ceux d’en haut ne suffisent plus à rendre crédibles leurs préceptes, leurs analyses et leurs déclarations. Rien ne peut occulter les inégalités criantes, les drames sociaux, les catastrophes environnementales enfantées par le système. Aucun écran ne peut masquer les travers de leur dite démocratie  pas plus que les contradictions entre les valeurs affichées et les pratiques barbares développées au plan international. Il n’est plus possible à aucun pays dominant ni à aucune caste au pouvoir de désinformer, de conditionner et de museler impunément l’opinion.

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FRÈRES D’ARMES : Ils se sont battus pour la France depuis plus d’un siècle…

Par Rachid Bouchareb et Pascal Blanchard

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À l’initiative du ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, ce programme est parti d’un constat simple : comment valoriser ces récits incroyables issus de nos diversités dans les commémorations à venir ? Rappelons-nous… en juillet 1913, la République rendait hommage à Longchamp aux combattants maghrébins et afro-caribéens de ses armées et en octobre 1943, le premier département français (la Corse) était libéré par l’Armée d’Afrique et par les Goumiers marocains. Ce double anniversaire en 2013 est le point de départ de notre plongée commune dans l’Histoire, dans ce passé oublié. En 2014, nous souhaitons rendre hommage, en lien avec tous les ministères concernés, à un « cycle mémoriel » unique en son genre : 50 récits des quatre coins du monde, 50 portraits avec le regard des historiens et des archives inédites, une réalisation puissante et 50 voix-commentaires de personnalités pour rendre attractifs ces récits pour le grand public. Des films courts sont le meilleur des vecteurs pour toucher et sensibiliser un large public à des combattants venus du bout du monde pour défendre les valeurs de la République et des idéaux de la Liberté.

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Les trois diables du populisme

— Par Edouar de Lépine —

trois_diables-1Le 150e anniversaire de l’Abolition avait donné lieu à de grandioses manifestations, aussi bien du côté des anciennes colonies françaises qu’à l’initiative du Parlement et du gouvernement socialiste de Lionel Jospin. J’ai commis à cette occasion un petit ouvrage de vulgarisation des connaissances disponibles à l’époque, Dix semaines qui ébranlèrent la Martinique. (Maisonneuve Larose-Servédit, Paris 1999) Télécharger ici : Epilogue de « Dix demaines qui ébranlèrent la Martinique »

« Il reste à espérer, écrivais-je alors, que le cent cinquantième anniversaire aura suffisamment titillé la curiosité intellectuelle de nos chercheurs et de nos étudiants pour donner un nouvel élan à la recherche même limitée à la Martinique. »

Le bon sens n’est pas la chose la mieux partagée dans notre société

S’il est vrai que quelques ouvrages ont paru depuis qui ont parfois renouvelé notre approche de l’esclavage et de son abolition, il n’est pas sûr que nous ayons réussi à clarifier autant qu’il est souhaitable, la question des rapports avec l’ancienne puissance coloniale qui ont été largement déterminés par les circonstances de l’abolition dans notre pays, ni celle des relations entre descendants des maîtres et descendants des esclaves.

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17 mai 1954, la fin de la ségrégation scolaire aux États-Unis –

— Par Christophe Deroubaix —

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Il y a soixante ans, le mouvement des droits civiques remportait une victoire historique avec un arrêt de la Cour suprême qui ordonnait la déségrégation dans les écoles publiques. Le début d’une décennie de luttes qui débouchèrent sur le vote de la loi sur les droits civiques en 1964.
C’était un temps où la Cour suprême des États-Unis faisait déjà la pluie et le beau temps mais elle y faisait plutôt le beau temps. C’était un matin de printemps des « fifties », le 17 mai 1954 pour être exact. La plus haute juridiction du pays avait à juger une affaire opposant Linda Brown au bureau de l’éducation.

La première est une élève noire, habitante de Topeka, au Kansas. En 1951, sa famille veut l’inscrire à l’école la plus proche du domicile : une école blanche alors que l’établissement réservé aux Noirs est distant de plus d’un kilomètre. Inscription refusée. Le père de Linda porte l’affaire en justice. La loi de l’État du Kansas autorise le principe des écoles séparées dans les villes de plus de 15 000 habitants, mais seulement pour le cycle primaire.

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« Participation directe de la France au génocide des Tutsi du Rwanda : vous avez dit absurde ? »

— Par Bruno Boudiguet et Serge Farnel. —

bisesero-1Bernard-Henri Lévy a, dans un récent « bloc-notes » paru dans Le Point, tenu à réagir à la polémique récente sur le rôle de la France au Rwanda il y a vingt ans : « Tout ce faisceau d’erreurs et de fautes ne fait pas une ’’participation’’ au génocide. Et on ne peut évidemment pas dire que l’armée française ait eu une implication ’’militaire’’ dans les tueries. Mais que la France ait eu une responsabilité politique et morale dans cet enchaînement de monstruosités hélas prévisibles, c’est l’évidence. » Ces paroles font directement écho à celles du chef de l’État rwandais Paul Kagame qui, peu avant la vingtième commémoration du génocide perpétré contre les Tutsis, fustigeait dans les colonnes de Jeune Afrique « le rôle direct de la Belgique et de la France dans la préparation politique du génocide et la participation de cette dernière à son exécution même. » Il ajoutait : « Interrogez les rescapés du massacre de Bisesero en juin 1994 et ils vous diront ce que les soldats français de l’opération Turquoise y ont fait.

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Universelle « Marseillaise »

— Par Edgar Morin (Sociologue et philosophe) —

marseillaiseLa Marseillaise, que l’on chante désormais dans une étonnante unanimité, des communistes aux lepenistes, vient d’être brutalement mais justement secouée. Cela ne vient pas de la ministre Christiane Taubira, qui a préféré commémorer l’esclavage en se recueillant plutôt qu’en chantant l’hymne qui a accompagné toutes les aventures de la France une bonne part du XIXe siècle, mais aussi les cruelles expéditions coloniales, couvrant d’un voile glorieux les méfaits de la colonisation. Cela vient de l’acteur Lambert Wilson, qui, à la suite des remous anti-taubiresques causés par la droite, s’est soudain senti honteux des paroles – racistes, dit-il abusivement –, en fait sanguinaires et vengeresses, du 1er couplet, que l’on chante en ignorant les autres. Comme ce couplet apparaît révoltant et absurde si on le place dans notre conjoncture actuellement pacifique, j’ai voulu expliquer pourquoi il me paraît important de l’assumer quand même.

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Christiane Taubira face à la droite et l’extrême droite

Honteux procès en "francité"

— Par Jean-Loup Amselle, anthropologue —

taubira_n&bLes reproches faits récemment par la droite et l’extrême droite à Christiane Taubira, garde des sceaux, de ne pas avoir chanté La Marseillaise lors de la commémoration de l’abolition de l’esclavage le 10 mai, renvoient à un vieux débat sur le récit national.

A la lumière de cette controverse, il apparaît que ce qui est reproché à notre garde des sceaux, c’est à la fois d’avoir fracturé le récit national en ayant œuvré en faveur de l’édiction d’une loi mémorielle sur l’esclavage, et donc d’avoir mis en exergue l’existence d’un sous-groupe de descendants d’esclaves au sein de la République française. Celle-ci, conçue comme une et indivisible, n’admet en effet en son sein que des citoyens vus comme des individus identiques. La ministre a en outre aggravé son cas en omettant d’entonner l’hymne national, en assimilant cette pratique à du  » karaoké d’estrade  » et en avouant qu’elle n’en connaissait pas toutes les paroles. A la différence de Benoît Hamon, notre ministre de l’éducation nationale, qui avoue lui aussi ne pas avoir chanté La Marseillaise à cette occasion, Christiane Taubira est donc dans le viseur de la droite et de l’extrême droite, qui la suspectent à double titre de ne pas être pleinement française.

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Musique, société et pouvoir dans les Antilles de colonisation française

Café-débat le jeudi 15 mai 2014 à 19 heures à la Casa del tango

— Présentation par Bernard Camier, ethnomusicologue —
cafe_social_club_tangoAux Antilles de colonisation française la musique et le pouvoir ont eu des relations complexes dont l’histoire n’a souvent retenu que des schémas simplificateurs. Partant de la situation caractéristique du XVIIIème siècle on peut mettre en évidence la diversité des relations entre musique et pouvoir colonial. Mais la période de racisation du XIXème qui lui succède occulte cette richesse pour lui substituer une image durable d’immobilisme. La conception d’une histoire figée prévaudra jusqu’au XXème siècle. Faisant le ménage dans la musicologie d’inspiration néocolonialiste il paraît possible désormais d’envisager une analyse radicale de la fonction sociale de la musique dans les sociétés créoles de colonisation française, à partir d’outils théoriques actuels, c’est du moins l’ambition que cet exposé s’attachera à rendre crédible.

Autres informations:
Les médias ont diffusé l’information selon laquelle l’épandage aérien aurait été interdit pas le Conseil d’Etat annulant ainsi le texte ministériel sur l’épandage signé le 23 décembre dernier. C’est une belle victoire pour toutes les associations s’étant opposés à la pratique de l’épandage aérien et surtout pour des associations comme Envie santé et l’Asfa de Béatrice Ibéné.

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La gauche contre elle-même

Le succès du livre de Thomas Piketty révèle le renoncement théorique des progressistes en France comme aux Etats-Unis

— Par Didier Eribon* —
diplomeIl n’est pas très original, j’en ai conscience, de s’inquiéter de l’état dans lequel se trouvent aujourd’hui la gauche et la pensée de gauche, pour autant qu’il soit possible de distinguer ces deux registres. Mais dans la mesure où la gauche politique semble s’enfoncer dans les abîmes d’un désastre qui s’annonce historique, on peut comprendre que ceux qui croient encore aux vertus d’une démarche de transformation sociale cherchent à rattacher le peu d’espoir qui leur reste à tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à une contribution progressiste à la réflexion théorique.

La tentation est grande, dans un tel contexte, de prendre pour d’extraordinaires avancées progressistes ce que, en d’autres temps, on aurait considéré comme des concessions destinées à sauver le système, et même d’aller jusqu’à sentir un souffle  » révolutionnaire  » dans ce qu’il conviendrait d’interpréter comme un aboutissement et un réaménagement de ce qu’a produit la  » révolution conservatrice  » depuis le début des années 1980.

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Esclavage. Quels lieux pour la mémoire du crime ?

10 mai journée de l'Abolition

— Par Adrien Rouchaleou —

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Un seul mémorial [dans l’hexagone] est consacré aux traites et aux esclavages. Outre-mer, des projets se montent avec un autre angle.

Le seul, en effet. Car cet épisode du passé de la France, malgré l’importance qu’il aura revêtue dans la constitution de ce qu’est aujourd’hui la nation française, semble encore brûler les yeux de nombre de dirigeants politiques qui préfèrent en détourner le regard.

Certes Nantes ne pouvait dénier longtemps son triste rang de premier port négrier de France. Mais il est à noter qu’elle s’est penchée beaucoup plus tôt que les autres villes esclavagistes sur son passé. Bien avant la loi Taubira reconnaissant les traites et les esclavages comme crime contre l’humanité (2001), c’est à l’occasion du 150e anniversaire de la seconde abolition, en 1998, que le conseil municipal de la cité ligérienne prend la décision d’ériger un monument aux victimes. Confié à l’artiste polonais Krzysztof Wodiczko et à l’architecte Julian Bonder, il aura tout de même fallu du temps pour arriver jusqu’à sa livraison en mars 2012.
Aucun lieu de mémoire spécifique n’existe à Bordeaux

Maire durant toute cette période, Jean-Marc Ayrault fait de ce mémorial « un projet politique » comme il l’écrivait alors : « Assumer un tel passé, sans esprit de repentance, permet aujourd’hui de mener nos combats les yeux grands ouverts. 

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Football libéral ou keynésien ?

Le plus beau but était une passe, Jean-Claude Michéa, Climats, 146 p., 15 euros.

— Par Régis Soubrouillard, Marianne
le_+_beau_butIl a longtemps été de bon ton de dénoncer le football comme un « opium du peuple », opiacé anesthésiant de masses populaires (des « beaufs » évidemment) pas très éveillées, tout juste bonnes à crier et lever les bras à chaque rencontre entre un ballon en cuir et un filet. C’était notamment la thèse un peu mécanique de quelques sociologues ayant leurs entrées au Monde diplomatique. Non que l’exaltation sur commande de foules enfermées dans une enceinte n’ait pas un aspect terrifiant. Mais comme le rappelle Jean-Claude Michéa dans son dernier livre Le plus beau but était une passe, ce sport fascinant, parce que fondé sur « l’exclusion métaphysique de la main », fut le premier sport moderne dont les masses ouvrières britanniques se soient appropriées l’essentiel de la pratique sur fond de luttes sociales comme la conquête, par exemple, de la liberté du samedi après-midi.

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Contrôles au faciès : les Français dénoncent l’immobilisme du gouvernement

Selon un sondage publié vendredi, les contrôles d'identité abusifs visent plus les descendants d'étrangers que le reste de la population.

—Selon AFP —
Pour 60 % des Français, le gouvernement n’a pas pris de mesures concrètes contre les contrôles d’identité abusifs qui, selon un sondage publié vendredi, visent plus les descendants d’étrangers que le reste de la population. Près de deux tiers des Français jugent que « les gendarmes et les policiers se livrent à des contrôles au faciès » et 67 % estiment « nécessaire » de prendre des mesures contre ces pratiques, selon cette étude OpinionWay pour Human Rights Watch (HRW), Graines de France et Open Society Justice Initiative.

Mais 60 % des sondés pensent que le gouvernement actuel n’a pas pris de mesures concrètes, et même parmi les 40 % plus positifs, 57 % jugent que les mesures prises sont insuffisantes. Lors de sa campagne présidentielle, François Hollande avait annoncé qu’il lutterait contre le « délit de faciès » lors des contrôles, qui complique les relations entre la police et la population, notamment dans les quartiers sensibles.

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