Catégorie : Sociologie

Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

— Par Sonya Faure —

Connu pour son œuvre sur l’identité comme «Peau noire, masques blancs», l’intellectuel anticolonialiste était aussi un des précurseurs de l’ethnopsychiatrie. Un éclairage essentiel sur les rapports entre colon et colonisé. Des textes inédits publiés par La Découverte.

Jean Khalfa : «Fanon analyse le système colonial comme un internement»

Frantz Fanon naît il y a quatre-vingt-dix ans en Martinique, et meurt trente-six années plus tard d’une leucémie, à Washington. Trente-six ans seulement, et Fanon a eu le temps de s’engager contre le nazisme au sein d’un bataillon de la France libre, pour l’humanisation des hôpitaux psychiatriques ou pour l’indépendance de l’Algérie – il rejoint le FLN en 1954. Trente-six ans et beaucoup de textes devenus cultes pour ce psychiatre, figure de la décolonisation. Paru en 1961, les Damnés de la terre devient vite la bible révolutionnaire des luttes anticoloniales et du mouvement pour les droits civiques. Dans les années 80, c’est Peau noire, masques blancs (1952) qui alimente les cultural studies qui questionnent les identités et les représentations raciales. Fanon était, avant tout, lu et célébré dans les pays anglo-saxons.

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Solidarité. Au tribunal pour avoir aidé deux exilés

— Par Emilien Urbach —

solidairesUne citoyenne solidaire des réfugiés bloqués à la frontière franco-italienne comparaît aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Grasse pour avoir transporté dans son véhicule deux jeunes Érythréens. Des militants venus de toute la France viennent témoigner de leur solidarité.

Elle a voulu aider deux jeunes réfugiés. Elle doit en répondre devant la justice ! À 72 ans, Claire, maître de conférences à la retraite, comparaît aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Grasse. Sa faute ? Avoir transporté dans son véhicule deux jeunes Érythréens, de la gare de Nice jusqu’à celle d’Antibes (Alpes-Maritimes), afin qu’ils puissent prendre le train. Un geste anodin qui lui vaut d’être poursuivie pour, selon l’acte d’accusation, avoir « facilité, par aide directe ou indirecte, l’entrée irrégulière, la circulation irrégulière, le séjour irrégulier de deux étrangers en France »… En clair, d’être un passeur.

L’affaire s’est déroulée le 13 juillet dernier. Avec une vingtaine d’autres personnes, Claire, qui milite à Habitat et citoyenneté, une association d’aide aux migrants en situation précaire, est venue à la gare de Nice prêter main-forte. Et constater surtout les irrégularités commises par les forces de l’ordre à l’encontre des réfugiés, depuis la fermeture de la frontière franco-italienne, le 9 juin.

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« Pour sauver Mumia, une mobilisation politique et diplomatique »

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Le juge fédéral, Robert Mariani, en charge du recours présenté par la défense de Mumia, a décidé de convoquer les parties en cause à une audition élargie et publique. A cette occasion, seront notamment entendus: Mumia en personne (par téléphone), les responsables de la prison et des médecins experts à la demande des avocats de Mumia. Le juge a également ordonné à l’administration pénitentiaire de produire tous les dossiers médicaux concernant les examens et les soins dont Mumia a bénéficié ces derniers mois.L’administration devra ainsi justifier publiquement pourquoi elle s’oppose au traitement urgent dont Mumia a besoin pour mettre sa vie hors de danger.

Une victoire juridique de Mumia serait aussi une victoire pour les 10.000 autres prisonniers de Pennsylvanie atteints du virus de l’hépatite C, certains d’entre eux ayant également déposé un recours collectif en justice.

A l’évidence, cette audience capitale n’aurait jamais été imaginable sans la mobilisation de la famille et des soutiens à Mumia, tant aux Etats-Unis qu’au plan international, à l’exemple des 30.000 cartes-pétitions adressées par les soutiens français au Gouverneur de Pennsylvanie.

Les soutiens à Mumia de New-York et de Philadelphie appellent, le jour de l’audience (18 décembre), à un rassemblement devant le tribunal fédéral de Scranton.

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Cycle de conférences Caraïbes (décembre 2015 – mai 2016)

Premier invité – Matthew J. Smith, University of the West Indies, Mona, Kingston le 18 décembre

conf_matthew_j_smithCoordonné par Manuel Covo et Romy Sánchez ce cycle de conférences porte sur l’histoire régionale de la Caraïbe, et ce dans un temps long qui enjambe la frontière entre période moderne et période contemporaine. Il s’agit de remettre en cause les multiples fragmentations imposées par des lectures insulaires, coloniales ou nationales d’un espace aux dimensions variables dans le temps. La Caraïbe questionne la frontière entre Amérique du Nord et Amérique du Sud et invite à s’affranchir d’historiographies surdéterminées par les aires linguistiques (anglophone, hispanophone, francophone etc.). Une série de rencontres entre chercheurs venus de tous horizons permettra d’aborder ces questions de multiples points de vue.

La première séance aura lieu le vendredi 18 décembre de 14h-17h – Salle Lombard 96 Bd Raspail, Paris 6e

Invité

Matthew J. Smith, professeur d’Histoire de la Caraïbe, University of the West Indies, Mona Kingston – Jamaïque

« No Direction Home: Exile and Politics in Late Nineteenth Century Haiti »

Discutante : Audrey Celestine, Maître de conférences à l’Université Lille 3 – Laboratoire Cecille

Cette première séance du Cycle Caraïbes sera l’occasion d’aborder la question de la place des migrations et des diasporas dans la fabrique de la région.

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Qu’est ce qui rend les couples plus solides ?

— Par Lucile Quillet —
vieuix_coupleAu moment d’emménager ensemble, on mise sur la raison et les sentiments. Puis viennent la stupeur et les tremblements. Parfois trop rapide, trop chaotique, la vie à deux est toujours un apprentissage. Mais des décennies de vie conjugale passées à la moulinette de l’analyse permettent de tirer bien des enseignements. L’Insee vient de publier de nouveaux chiffres sur le couple et la famille. Bilan : les couples se mettent toujours autant en ménage mais ils le font plus tard. Alors que 63% des femmes de 25 ans vivaient en couple en 1990, elles n’étaient plus que 52% en 2011. En 2013, 87% des 36-45 ans avaient déjà vécu en couple avant leurs 35 ans, soit autant que la génération précédente (les 56-65 ans).

En revanche, le risque de rupture lors des quatre premières années de cohabitation est beaucoup plus fort qu’avant : alors que 9% des 56-65 ans ont mis fin à leur première expérience de vie à deux au bout de cinq ans, le taux d’échec grimpe à 30% pour la génération des 26-35 ans.

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Couples et familles dans les départements d’outre-mer

 — Une étude de l’INSSE par Marceline Bodier, Guillemette Buisson, Aude Lapinte, Isabelle Robert-Bobée —

famille_antillesUne fécondité qui s’est rapprochée de celle de la métropole
En 2013, dans les DOM, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) s’élève à 2,4 enfants par femme(figure 1), soit une fécondité légèrement plus élevée qu’en France métropolitaine (2,0). Il existe des écarts importants entre les départements ultramarins : très élevé en Guyane (3,5), il est inférieur à celui de la France métropolitaine en Martinique (1,9). À Mayotte en 2012, cet indicateur était plus élevé que celui de la Guyane, avec 4,1 enfants par femme [Balicchi et al ., 2014].

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« Ne déshumanisons pas l’ennemi »

— Par Tzvetan Todorov —

ennemi_humainAu cours de mon enfance et adolescence en Bulgarie, pays qui appartenait alors au « camp communiste », soumis donc à un régime totalitaire, la notion d’« ennemi » était l’une des plus nécessaires et des plus usitées. Elle permettait d’expliquer l’énorme décalage entre la société idéale, où devaient régner la prospérité et le bonheur, et la terne réalité dans laquelle nous étions plongés. Si les choses ne marchaient pas aussi bien que promis, c’était la faute des ennemis. Ceux-ci étaient de deux grandes espèces. Il y avait d’abord un ennemi lointain et collectif, ce que nous appelions « l’impérialisme anglo-américain » (une formule figée), responsable de ce qui n’allait pas bien dans le vaste monde. A côté de lui apparaissait un ennemi proche, pourvu d’un visage individuel et identifié au sein d’institutions familières : l’école où l’on étudiait, l’entreprise où l’on travaillait, les organisations dont on faisait partie. La personne désignée comme ennemi avait des raisons d’être inquiète : une fois que lui était collée cette étiquette infamante, elle pouvait perdre son emploi, son inscription scolaire, le droit d’habiter telle ville, autant de mesures qui pouvaient être suivies par l’enfermement en prison ou plutôt en camp de redressement, une institution dont la Bulgarie d’alors était généreusement pourvue.

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Tous Créoles ! En avant pour une créolité dynamique

— Par Rodolf Etienne, Journaliste – Auteur, Traducteur —
tous_creoles_caEn 2007, en Martinique, une nouvelle association créole voyait le jour. Depuis, à travers une multitude de manifestations, en Martinique comme à Paris, la structure a trouvé sa juste place dans le paysage local et national autour de l’identité créole antillaise.
Rodolf Etienne, Journaliste – Auteur, Traducteur

L’association Tous Créoles ! n’a jamais dévié de son premier objectif : intégrer toutes les composantes de la société civile martiniquaise autour d’un concept commun, la créolité. Ils étaient une soixantaine, issus de toutes les composantes de la communauté créole antillaise, Noirs, Mulâtres, Indiens, Chinois, Békés, Syro-libanais, mais aussi Métropolitains et Africains a adopté la créolité comme démarche de vie et de pensée. Ils se réunirent donc pour donner du sens à leur crédo: “Mieux Vivre ensemble!”. Le but était dès lors clair: contribuer à l’édification d’une communauté créole apaisée, solidaire et affranchie de tout sectarisme. Autre aspect non négligeable de la philosophie prônée par les membres fondateurs de l’association Tous Créoles!: contribuer de façon vigilante et par tous les moyens à la défense des droits de l’Homme, à la lutte contre toute expression ou manifestation de racisme, de xénophobie ou de discrimination de tous ordres.

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La sociologie excuse-t-elle les terroristes ?

— Par Xavier Molénat —

Au Sénat, le jeudi 26 novembre, le sénateur communiste Christian Favier a demandé à Manuel Valls quelles politiques publiques il comptait mettre en œuvre après les attentats du 13 novembre « pour que toute la jeunesse, sans discrimination ni stigmatisation, puisse redonner sens à sa vie, reprendre confiance en son avenir et renouer avec l’espoir d’une vie meilleure ». Ce à quoi le Premier ministre a répondu qu’il fallait bien entendu « mener une lutte implacable contre [la] radicalisation ». Il a cependant ajouté sur un ton véhément, reprenant des propos qu’il avait déjà tenu la veille à l’Assemblée nationale : « Mais moi je vous le dis : j’en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses et des explications culturelles ou sociologiques à ce qu’il s’est passé » (à 4’40 dans l’extrait audio ci-dessous).

Une rhétorique vieille de 15 ans en France
Le propos n’a, hélas, rien d’original. Voilà plus de quinze ans que revient régulièrement dans la bouche des responsables politiques et de certains journalistes l’argument selon lequel la sociologie – et les sciences sociales en général – « excuseraient » les comportements les moins acceptables en mettant en évidence le poids des déterminismes sociaux, tendant à nier par là le fait que les individus sont responsables de leurs actions.

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L’appel des 58: «Nous manifesterons pendant l’état d’urgence»

— Par Les invités de Mediapart —

liberte_expressionA l’initiative de Noël Mamère, Jean-Baptiste Eyraud et Olivier Besancenot, 58 personnalités de différents mouvements, artistes, intellectuels, députés et responsables politiques lancent un appel pour la liberté de manifester, contre la criminalisation des mouvements sociaux et en solidarité avec les manifestantEs poursuiviEs.
L’interdiction de manifester met en cause  la liberté d’expression, d’opinion, et fait le jeu des ennemis de la démocratie et de la liberté. Suite à la manifestation de solidarité avec les migrantEs de dimanche 22 novembre à Paris, 58 personnes ont été identifiées par la police. Il leur est reproché « la violation de l’arrêté d’interdiction de manifester ». Moins de 48h plus tard, des forces de police ont été mobilisées pour amener à leur domicile des convocations et mener les auditions. Les poursuites sont lancées.
Notre meilleure arme face aux terroristes et aux désordres du monde c’est de nous réunir, nous parler, nous rassembler et manifester nos opinions. Voilà ce que Daesh et d’autres veulent interdire. Voilà ce que nous défendons.
Nous déclarons que nous avons manifesté ou que nous manifesterons pendant l’état d’urgence.

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Nous ne céderons pas !

ligue_droits_homme« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux. »
Benjamin Franklin

Appel unitaire

Ceux qui, au nom de Daech, ont fait subir à Paris et à Saint-Denis un moment d’inhumanité absolue ne nous feront pas céder. Rien ne peut justifier ces assassinats, ici ou ailleurs. Chacune des victimes vit en nous parce que nous appartenons à la même humanité. Notre solidarité à leur égard et à l’égard de leurs familles est totale. Ce crime est immense mais c’est en continuant à vivre librement et fraternellement que notre réponse sera à la hauteur.

Nous ne sommes pas naïfs : nous savons que ces actes de terrorisme appellent des réponses à la mesure du danger qu’ils représentent. Comme nous savons que le rôle des forces de l’ordre et de la justice est essentiel pour protéger nos libertés. Mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir aux réponses que notre société doit apporter à ces actes et à celles déjà mises en œuvre⋅

C’est la démocratie qui est mise à mal quand le Parlement est appelé à délibérer d’un jour à l’autre, sous la pression de l’émotion et les assauts de démagogie de responsables politiques qui cultivent la peur⋅

Après la prorogation de l’état d’urgence et l’extension des pouvoirs de police, d’autres mesures sont encore annoncées par le président de la République.

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Dieudonné condamné à deux mois de prison ferme par la justice belge

— Par Elzie Obiang —

dieudo_senti_movaiL’humoriste était poursuivi pour des propos jugés antisémites tenus lors d’un spectacle à Herstal, en Belgique, en 2012.

Un nouveau tourment judiciaire pour Dieudonné M’bala M’bala. , le tribunal correctionnel de Liège (Belgique) a condamné mercredi l’humoriste à deux mois de prison ferme et 9000 euros d’amende pour incitation à la haine. Il était poursuivi pour des propos tenus le 14 Mars 2012 lors d’un spectacle dans la ville de Herstal. La représentation, organisée par le comité des jeunes du Bressoux-Droixhe, comptait 1100 spectateurs devant lequel l’artiste aurait tenu des propos racistes, xénophobes et homophobes.

Le tribunal a considéré mercredi que «toute les infractions reprochées à Dieudonné sont établies: à la fois l’incitation à la haine, la diffusion de propos haineux mais aussi l’infraction de négationnisme», a souligné Maître Éric Lemmens, qui représentaient les organisations juives de Belgiques.

Le jugement décrit le spectacle de Dieudonné comme étant «un catalogue de clichés antisémites». Et considère qu’il a clairement appelé au génocide notamment lorsqu’il invite les chrétiens et les musulmans à «s’unir pour tuer les juifs». En plus de la sentence, le polémiste doit également prendre à ses frais la publication de sa condamnation dans deux quotidiens francophones belges Le Soir et La Libre Belgique.

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« Les arts et la culture éclairent face à l’obscurantisme »

— Par Sylivie Robert, sénatrice —

obscurantismeDepuis les attentats du vendredi 13 novembre, les artistes sont mobilisés pour rendre hommage aux victimes, pour certaines attaquées en plein concert au Bataclan. Lorsque la culture est attaquée, la culture répond. Pour[…] la sénatrice Sylvie Robert, l’art est au coeur de la question.

Le vendredi 13 novembre, l’obscurantisme, la folie meurtrière ont assassiné des innocents, des innocents qui allaient écouter de la musique, qui allaient au stade, qui flânaient aux terrasses des bistrots parisiens. En un mot, la barbarie s’est attaquée aveuglément à notre instinct de bonheur, à cet art de vivre qui est le nôtre, à notre culture qui témoigne de notre insatiable passion pour la vie.

Pourquoi l’artiste est-il souvent le premier visé par les totalitarismes? Parce qu’il dérange. Parce qu’il s’échappe de ce qui est, parce qu’il dénonce parfois subrepticement ou avec fracas, parce qu’il refuse de se conformer, parce qu’il nous oblige à questionner le monde sensible, à réfléchir sur nous-mêmes et à confronter nos pensées, nos visions, nos êtres.

En ce sens, la création est aussi un acte de révolte, qui demeure, par essence, opposé à tout immobilisme.

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La présence des crèches dans les mairies est incompatible avec la laïcité

L’Association des Maires de France demande une loi sur les crèches dans les mairies.

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—Par Eugénie Bastié , AFP, AP, Reuters Agences —

Dans un vade-mecum publié mercredi, l’association des Maires de France considère que la présence de crèches en mairies n’est pas « compatible avec la laïcité » et « demande une « clarification législative ».

Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, l’association des maires de France (AMF) avait décidé de plancher sur la laïcité. Crèches, cantines, sorties scolaires, signes religieux, égalité filles-garçons, toutes les questions sont abordées dans un guide de «bonne conduite laïque» publié mercredi à destination des élus locaux et censé les aider à affronter «la laïcité au quotidien».

«La laïcité a subi un certain nombre de reculs ces dernières années et les maires sont les premiers confrontés au problème», fait valoir l’association. «C’est en effet à nous, élus de proximité, de porter la laïcité, qui est à la fois une condition du vivre-ensemble et un puissant facteur d’émancipation de l’être humain», écrivent François Baroin (Les Républicains) et André Laignel (PS), président et premier vice-président de l’AMF, dans leur présentation.

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« 63 % des habitants de l’Outre-mer nous sont favorables »

— Propos recueillis par Rodolf Etienne —
louis_georges_tinEn novembre 2005, le paysage associatif des noirs en France voyait la création du CRAN (le Conseil Représentatif des Associations Noires de France).
Depuis lors, l’association n’a cessé de bousculer les habitudes et les routines, en posant à la France des questions nouvelles concernant les Noirs de France, les statistiques ethniques, les attestations de contrôle pour lutter contre le délit de faciès, le vote obligatoire, les réparations liées à l’esclavage et à la colonisation, les actions de groupe contre les discriminations etc…
Retour sur dix ans d’actions concrètes avec le président Louis-Georges Tin.
R.E : Le CRAN fêtera en novembre prochain ses dix ans d’activité. Pouvez-vous revenir, dans les grandes lignes, sur quelques-unes des actions menées par l’association ?
L.-G.T : Depuis 2005, nous avons mené plusieurs grandes campagnes. Sur la question noire, évidemment, sur les statistiques ethniques, sur les actions de groupe contre les discriminations, et sur les réparations relatives à l’esclavage et à la colonisation. Par ailleurs, nous avons développé notre action à l’international, et nous avons désormais des antennes aux Etats-Unis, au Brésil, au Maroc, au Sénégal, au Bénin, au Gabon, au Congo, etc.

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Carnets de doutes. 1

— Par Ali Babar Kenjah —

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.Ah, Sidrach, comment ne pas douter ? Douter qu’un jour les hommes s’érigent en humanité, avec les femmes et tous les autres ; douter du monde qui se réchauffe, d’une république qui nous les chauffe, de Vigipirate qui s’est raté… Douter de la réponse à la question « Le doute est-il permis ? »… Qui ne voit toute certitude dorénavant sertie d’arrogance ? Qui ne sent le vide et la brume profonde qui s’avancent vers nous ? Qui ne perçoit avec angoisse ce vent étrange souffler, une à une, nos bougies colorées, comme de vulgaires vies mitraillées à l’apéro d’une fête mais c’est la scène d’une tragédie où, crêpés de noir, les sourires se figent car on y meurt en vérité…
La Guerre des Nations
Que vise la haine de Daech ? La tolérance, la différence, la rencontre et toutes les métamorphoses qu’elle féconde, la poésie. De qui Daech est-il l’ennemi ? De la Diversité, du Tout-Monde des cultures fraternisant, de la jeunesse belle et rebelle, des jeunes femmes libres et qui dansent. Non pas l’adversaire des sociétés closes sur elles-mêmes mais leur paroxysme ; non pas assassin des pouvoirs oppressants mais leur blessante caricature.

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La condamnation de Dieudonné était justifiée, affirme la CEDH

dieudo_senti_movaiLa condamnation en France du polémiste Dieudonné à 10 000 euros d’amende pour une mise en scène jugée antisémite, en décembre 2008 au Zénith de Paris, était entièrement justifiée, a estimé mardi 10 novembre la Cour européenne des droits de l’homme.

La juridiction du Conseil de l’Europe déclare irrecevable la plainte de Dieudonné M’Bala M’Bala, en estimant qu’il tente de « détourner » le droit à la liberté d’expression en l’invoquant « à des fins contraires au texte et à l’esprit de la Convention [européenne des droits de l’homme] qui, si elles étaient admises, contribueraient à la destruction des droits et libertés garantis par la Convention ».

La décision d’irrecevabilité est, par nature, définitive. La condamnation contestée concernait une mise en scène et des propos tenus lors d’un spectacle au cours duquel Dieudonné avait fait monter sur scène l’historien négationniste Robert Faurisson, auquel un individu déguisé en déporté juif avait remis le « prix de l’insolence et de l’infréquentabilité ».

Dieudonné à été condamné à sept reprises pour injure ou provocation antisémite. Il a notamment été condamné à deux mois de prison avec sursis le 18 mars 2015 pour apologie d’actes de terrorisme en raison d’un message posté sur internet après les attentats djihadistes qui ont fait 17 morts début janvier en France.

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Pour une approche girardienne de l’homo œconomicus

— André Orléan —

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Parmi les nombreux travaux qu’a suscités la réflexion girardienne, La violence de la monnaie1 occupe une place à part par le choix d’un domaine d’investigation, l’économie monétaire et financière, très éloigné des terrains privilégiés par René Girard pour construire sa pensée : l’anthropologie, l’analyse des religions ou les études littéraires. Cette étrangeté a d’abord été ressentie par les économistes eux-mêmes lorsqu’ils se sont trouvés confrontés à une approche élaborée hors des traditions de leur discipline. Ce sentiment a été encore avivé par le fait que le projet de La violence de la monnaie allait bien au-delà d’une critique locale de la théorie économique pour ambitionner rien de moins que sa radicale refondation sur la base des concepts girardiens. Cela n’a pas manqué de susciter, chez certains, un rejet à la mesure de l’ambition affichée : « Mais en quoi les analyses littéraires ou anthropologiques de René Girard concernent-elles les faits financiers ou monétaires ? » Il s’agit bien là de la question fondamentale.

Pour y répondre, commençons par souligner un point essentiel : il n’est pas de théorie économique sans hypothèses sur la nature humaine.

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Les enfants non religieux sont plus altruistes que ceux élevés dans une famille de croyants

— Par Hervé Morin —

atheismeCertains observateurs attentifs de l’actualité des derniers millénaires l’avaient déjà noté : la religion n’est pas toujours un gage de concorde et de fraternité. Une étude publiée jeudi 5 novembre dans la revue Current Biology suggère que le mode de transmission des valeurs et des pratiques religieuses d’une génération à l’autre risque de faire perdurer cette situation. Menée dans six pays auprès de 1 170 enfants de cinq à douze ans, elle montre que l’altruisme n’est pas la chose la mieux partagée chez ceux issus de familles pratiquant une religion. Ils présenteraient aussi une prédilection pour l’application de châtiments plus sévères que les rejetons de familles se définissant comme « non religieuses ».

Conduite au Canada, en Chine, en Jordanie, en Turquie, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud, cette étude dirigée par Jean Decety (Département de psychologie de l’université de Chicago) avait pour objectif de mesurer si la religion, ainsi qu’on le croit fréquemment, renforce les comportements dits « prosociaux ».

L’enquête est financée par une bourse de la Fondation américaine John Templeton. D’inspiration chrétienne, celle-ci avait en 2007 remis son prix (mieux doté que le Nobel) au philosophe canadien Charles Taylor, qui défend l’idée selon laquelle les sociétés laïques occidentales ne sont pas aptes à satisfaire la quête humaine de sens.

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Mort de René Girard, théoricien du « désir mimétique »

rene_girardLe philosophe et académicien français René Girard, éminent théoricien surnommé « le nouveau Darwin des sciences humaines », est décédé mercredi à l’âge de 91 ans aux Etats-Unis, a annoncé l’université de Stanford où il a longtemps enseigné.

« Le professeur français renommé de Stanford, l’un des 40 immortels de la prestigieuse Académie française, est décédé à son domicile de Stanford mercredi des suites d’une longue maladie », a indiqué l’université californienne dans un communiqué.

Largement traduite, souvent admirée hors de son pays, comme aux Etats-Unis ou en Italie, l’oeuvre de René Girard reste assez mal connue du grand public en France. « Pour un intellectuel qui a longtemps été considéré comme un auteur à contre-courant et atypique, l’élection à l’Académie est une forme de reconnaissance », déclarait-il au quotidien La Croix le 15 décembre 2005, jour de sa réception à l’Académie française.

« Je peux dire sans exagération que, pendant un demi-siècle, la seule institution française qui m’ait persuadé que je n’étais pas oublié en France, dans mon propre pays, en tant que chercheur et en tant que penseur, c’est l’Académie française », avait-il expliqué ce jour-là dans son discours devant les Immortels.

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Tartuffe en gospel singer?

— Par Roland Sabra —

gospelLa demande de réservation de la salle Aimé Césaire du Tropiques-Atrium avait été faite de façon orale en juin 2015 auprès de Steeve Zebina, renouvelée au téléphone en juillet et août 2015 auprès de Bernard Lagier puis par un mail privé le 17 septembre auquel il fût répondu le jour même que les dates des 13 et 14 novembre étaient retenues sous réserves d’identification précise de la demande. Le 12 octobre 2015, tout juste un mois avant les concerts, Daniel Robin, en tant que «simple bénévole» de l’Association Caribbean Gospel Festival mais par ailleurs Deuxième Vice-Président du Conseil Régional, Vice-Président de la commission des affaires financières et du budget, Président de la commission Éducation, Formation Professionnelle, Président du Centre caribéen des Arts et Directeur Général de Madiana, etc. dévoile le projet et se présente comme le seul interlocuteur et le garant financier des événements. Il s’agit bien de deux concerts de l’Association Caribbean Gospel Festival présidée par Jocelyne GOMA dont le site qu’elle dirige avec son pasteur de mari précise : « Après avoir commencé une carrière dans le commerce international, elle se consacre pleinement à sa vocation de pasteur aux cotés de son mari avec qui elle fonde le Centre du Réveil Chrétien, le Gospel Festival de Paris et le Caribbean Gospel Festival.

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Halloween, une fête pour «tromper notre ennui»

— Par Noémie Halioua —
halloweenINTERVIEW – Pour le philosophe Damien Le Guay, auteur de La face cachée d’Halloween, la fête anglo-saxonne a perdu en France son aspect familial et «bon enfant» pour ne devenir qu’un prétexte commercial.

Comment expliquez-vous le fait qu’Halloween connaisse aussi peu de popularité en France par rapport aux pays anglo-saxons?

Damien LE GUAY. – Cela a débuté en 1997, les promoteurs d’Halloween français ont insistés sur les éléments comme les vampires ou les fantômes qui entretiennent les peurs pour des raisons commerciales. Cela pour vendre des masques, des déguisements, des chapeaux pointus et des maquillages. D’autre part, ceux-ci ont mis de côté l’aspect familial et «bon enfant» de cette fête, comme cela est le cas aux État-Unis.

À partir de 2005, ce qui devait être un «relais» de consommation festive entre septembre et Noël, est devenu anxiogène. Pourquoi rajouter de la peur à un monde de plus en plus inquiétant? Pourquoi favoriser la laideur alors que les enfants ont tant besoin d’apprendre les valeurs de bienveillance pour favoriser le vivre-ensemble? Pourquoi, quand les écoliers sont confrontés à tant de risques dans leur apprentissage (harcèlement entre enfants, violence scolaire, mise en difficulté pour l’acquisition des savoirs fondamentaux, programmes télévisuels de plus en plus trash…) en rajouter?

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Le « dico » historique de la liberté

— Par Chloé Maurel, historienne —

dico_libertesProposer une histoire de la liberté sous la forme d’un abécédaire : c’est le pari d’une équipe de chercheurs de l’université de Strasbourg. Le lecteur se promène de l’Antiquité au siècle des Lumières en passant par notre modernité.

Cet épais dictionnaire, fruit du travail collectif de l’équipe de recherche en sciences historiques de l’université de Strasbourg, revisite la notion de liberté, qui, comme les auteurs l’analysent, remonte à l’Antiquité, a été réélaborée au Moyen Âge (où elle est synonyme de privilèges), avant d’avoir été repensée par les philosophes des Lumières.

Observant que peu d’ouvrages jusqu’à présent ont osé se lancer dans une « histoire de la liberté », ils entendent combler un vide et ont réalisé une somme rassemblant des entrées couvrant une large période historique et une vaste étendue géographique. Ainsi ils présentent, dans un langage clair et concis, à destination du grand public, des entrées sur des épisodes de l’histoire des siècles passés, comme la fameuse guerre des Paysans, cette série d’insurrections paysannes qui a déchiré l’Allemagne au début du XVIe siècle, ou sur les luttes des anti-esclavagistes, mais aussi sur des événements plus récents, comme les combats de la France libre et de la Résistance.

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« Writing on the wall » : Mumia Abu Jamal parle au monde

— Par Rodolf Etienne —
writing_on_the_wallGrâce au soutien de Johanna Fernandez(*), qui depuis de nombreuses années rend visite à Mumia Abu Jamal, un nouvelle ouvrage vient compléter la liste déjà longue que constitue les essais, articles et autres commentaires publiés par Mumia Abu Jamal, depuis le couloir de la mort ou la prison, plus simplement.
Cela fait fait des décennies que Mumia Abu Jamal écrit depuis les couloirs de la mort et la prison. Ses thèmes : l’injustice, le racisme et la lutte pour un monde meilleur. Writing on the wall, qui vient juste d’être publié, réunit plus d’une centaine de textes inédits. Johanna Fernandez est étudiante lorsqu’elle entend pour la première fois parler du cas Mumia, lors d’une manifestation de rue. Issue de l’immigration dominicaine, ses parents ayant fui la dictature de Trujillo, Fernandez a grandi dans le Bronx et n’est pas insensible aux problèmes de la communauté afro-américaine. Elle verra en Mumia Abu Jamal « le Che des temps modernes » à un moment où la justice, elle, ne voit en lui qu’un simple meurtrier. Elle va franchir le pas et se décider à rendre visite à Mumia Abu Jamal en prison.

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Quid de la Charte européenne des langues régionales ?

— Par Rodolf Etienne —

Adoptée en 1992 sous l’égide du Conseil de l’Europe, la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires prévoit la protection et la promotion des langues régionales et minoritaires historiques.

La Charte européenne des langues régionales et minoritaires a toujours été claire sur ces objectifs. D’emblée, elle s’est affirmée par son souci de maintenir et de développer les traditions et le patrimoine culturels européens et par son respect du droit imprescriptible, universellement reconnu de pratiquer une langue régionale ou minoritaire dans la vie privée et publique : enseignement, justice, autorités administratives et services publics, médias, activités et équipements culturels, vie économique et sociale, échanges transfrontaliers. Une Charte donc qui a une résonnance toute particulière pour nos cultures composites, régionales et minoritaires. Entrée en vigueur le 1er mars 1998, cette Charte fut ratifiée par 25 États, dont la France qui la signa en 1999. Seulement, depuis, rien, ou si peu. Tant et si bien, qu’en France, la dite Charte n’a toujours pas été ratifié. La France qui, pour le coup, se retrouve confuse derrière sa propre Constitution et amalgamée dans un vibrant dilemme d’interprétation.

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