Catégorie : Sociologie

Il y a t-il un espoir pour Mumia Abu Jamal ?

Un nouveau procureur a été élu à Philadelphie. Un évènement qui soulève un immense espoir de justice équitable.

Aux États-Unis les Procureurs sont le plus souvent élus par les citoyens de leurs Etats. Larry Krasner vient d’accéder au poste de Procureur en chef de Philadelphie (Etat de Pennsylvanie), en remportant magistralement l’élection avec près de 150.000 voix (75% des suffrages exprimés) face à son opposante qui, elle, n’a recueilli que 50.000 voix, et ce, malgré le soutien du parti du Président Trump, du puissant syndicat de la police (FOP) ennemi déclaré de Mumia Abu Jamal et du plus important journal de la ville (The Philadelphia Inquirer).
Larry Krasner était le candidat du parti démocrate succédant à un procureur du même parti (Seth Williams, ce corrompu qui a condamné Mumia et que l’on venait de condamner à cinq ans de prison et incarcéré pour il y a quelques semaines).
Mais Larry Krasner est connu pour être un homme intègre. C’est la diversité de ses soutiens qui ont mobilisé les électeurs : notamment de nombreux syndicats, associations féministes, de défense des droits humains, des homosexuels, des handicapés, organisations des droits des migrants, des militants pour la paix, des activistes contre la peine de mort, des mouvements sociaux comme Occupy Philly et progressistes comme Black Lives Matters.

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Penser le présent

— Par Serge Harpin, sociolinguiste et philosophe —

Il est toujours affligeant de voir des jeunes reprendre à leur compte les erreurs et les errements conceptuels de leurs ainés. L’argument du « génocide » avancé lors de la récente affaire de la mutation de l’ex proviseur du Lycée agricole de Croix-Rivail est une de ces sempiternelles sottises qui a pris d’autant plus de relief que celui qui le reprenait est, outre sa relative jeunesse, Président d’une association écologique influente.

La paternité de la formule revient à A. CESAIRE. L’intention à l’origine était polémique. Il s’agissait de dénoncer la décision d’installation en Guyane par le gouvernement de V. Giscard-d’Estaing, à la fin des années 1970, de réfugiés Hmong fuyant le communisme. Il faut dire que le geste humanitaire masquait une politique technocratique et autoritaire de peuplement échafaudée à Paris : sa finalité et ses contours restaient peu clairs pour les principaux concernés, les guyanais. Le poète voulait frapper les esprits. Il s’est laissé alors emporter par la charge émotive du mot « génocide » qu’il sur-dramatisa en y ajoutant un élément censé être de spécification: « par substitution »… Il posait ainsi un modèle discursif  où le refoulé de l’esclavage et la mauvaise conscience européenne recouvraient la réalité des faits.

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Outre-mer: vers une refonte des aides publiques

La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, a annoncé samedi qu’elle allait conduire « une revue en profondeur » des dispositifs d’aides publiques à l’économie des Outre-mer, à périmètre budgétaire « constant a minima », lors de la 6e Journée Outre-mer Développement à Paris. « Les aides économiques pour l’Outre-mer ne sont pas lisibles », a souligné Annick Girardin à l’ouverture de ce grand rassemblement de l’économie ultramarine.

Elle a par exemple critiqué la « TVA non perçue et récupérable », une aide directe à l’investissement qui « n’est pas visible et compréhensible par tous » mais qui représente « près de 100 M d’euros par an ». Elle a aussi évoqué le Crédit d’impôt compétitivité emploi (Cice), dispositif qui va disparaître au 1er janvier 2019 mais doit être remplacé en Outre-mer par un autre outil, à définir.

« L’ambition de ce gouvernement, c’est d’accompagner avec une revue de toutes les aides, d’accompagner mieux et plus les entreprises dans leur projet et leurs initiatives », a-t-elle affirmé, assurant que cette « revue » se ferait « à périmètre constant a minima, c’est l’accord que j’ai du premier ministre ».

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Théâtre : la mort de Robert Hirsch

Le comédien était âgé de 92 ans. Amoureux du théâtre, membre de la Comédie-Française, il avait reçu un molière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.

Il était l’un des derniers monstres sacrés du théâtre français. Robert Hirsch est décédé jeudi à 92 ans à Paris, a annoncé le producteur de ses pièces, Francis Nani, directeur du théâtre du Palais-Royal. Le comédien, qui disait ne jamais vouloir prendre sa retraite et avoir le théâtre pour «  religion  », était encore à l’affiche ces dernières années de pièces à succès comme Le Père de Florian Zeller, après 65 ans de carrière, dont un quart à la Comédie-Française. Il avait d’ailleurs reçu un molière en 2014 pour cette pièce après avoir reçu en 1992 un molière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Une chute à son domicile
Robert Hirsch était hospitalisé depuis 48 heures après une chute à son domicile et son cœur «  fragile a probablement lâché  », a indiqué Jeoffrey Bourdenet, comédien et metteur en scène, qui était à ses côtés. Il disait avoir « horreur des vacances » et « haïr la retraite ».

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La mort de l’ethnologue et anthropologue Françoise Héritier

Le jury du prix Femina lui avait remis la semaine dernière un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. Elle était âgée de 84 ans.
 
Professeur honoraire au Collège de France où elle a succédé à Claude Lévi-Strauss, elle avait inauguré la chaire «  d’étude comparée des sociétés africaines  ». Elle a également dirigé le Laboratoire d’anthropologie sociale travaillant toute sa vie sur la construction de la hiérarchie entre le masculin et le féminin. Elle a été membre du Conseil consultatif national d’éthique et présidente du Conseil national du sida. Le jury (exclusivement féminin) du prix Femina lui avait remis la semaine dernière un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre. Elle venait de publier Au gré des jours, où elle se confiait et faisait partager, selon son éditeur, «  son amour des mots et son goût de vivre  ».
«  Françoise Héritier, que j’aimais tant, nous a quittés cette nuit. Au-delà de ma tristesse, je garderai en mémoire le souvenir d’une femme d’exception : grande intellectuelle, mais sensible, modeste et profonde. Elle était une amie. Elle était et restera un modèle  », déclare l’éditrice Odile Jacob sur son compte Twitter.

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Peut-on dissocier la parole de celui qui la porte?

— Par Patrick Singaïny* —

Oui si l’on croit aux idées, non si l’on croit à la pensée.
Quand Edgar Morin confronte sa pensée à celle d’un autre, confronte-t-il seulement ses théories à celles de l’autre? Non, il cherche autre chose puisque cette rencontre ne changera rien à l’intégrité des deux réflexions mises en confrontation, mais peut donner lieu à celui qui les distingue l’occasion de créer des liens ou des passerelles personnels. Là est le bienfait d’une telle démarche : le lecteur est celui qui est invité à s’ouvrir à des horizons inattendus.
Mais qu’est-ce donc une pensée? Tout d’abord, elle ne se limite ni à des idées, ni à des théories fussent-elles empreintes d’infinies nuances. La pensée naît d’un esprit grâce auquel, si il ne s’était pas exprimé encore une fois, une certaine vision du monde du moment-et-de-toujours aurait été ressentie comme tronquée.
Il y a donc un fossé entre celui qui porte le monde dans sa main avec humilité et gravité et celui qui le perçoit par clivages, c’est-à-dire via les idées ou les théories qui sont d’une grande labilité.

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Guadeloupe. Inquiétudes après la découverte de singes verts

Deux « singes verts » ont été aperçus à plusieurs reprises en Guadeloupe, dans la commune des Abymes (Grande-Terre), où ils font l’objet de recherches pour éviter la reproduction de cette espèce potentiellement invasive et dangereuse.

En Guadeloupe, deux singes de l’espèce chlorocebus, pesant 4 à 6 kg avec un pelage verdâtre, ont été signalés aux autorités depuis « déjà plusieurs semaines » dans une zone boisée près d’habitations, après le passage des ouragans Irma et Maria, en septembre, a indiqué David Rozet, chef du service mixte de la police de l’environnement de Guadeloupe.

Ces singes originaires d’Afrique, introduits par l’homme dans les Petites Antilles, sont déjà devenus envahissants sur l’île de Saint-Kitts ou encore à Saint-Martin, d’où ils auraient pu être amenés vers la Guadeloupe par un particulier. Une cage aurait pu se briser pendant le passage des ouragans Irma ou Maria.

Mais les différentes tentatives pour les attraper ont échoué jusque-là.

Des riverains « inquiets »

C’est avec la publication d’une vidéo de riverains « inquiets », publiée sur le site de Radio Caraïbes International début novembre, que le grand public a appris leur présence incongrue dans l’archipel.

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Les quatre soldats martiniquais de Boutigny

— Sabine Andrivon-Milton, historienne —

Durant la guerre 1939-1945, en juin 1940, quatre soldats martiniquais furent tués par les Allemands dans un village dénommé Boutigny (Seine-et-Marne). Il s’agiss ait de :
– Frédéric Joseph Philibert né à Rivière-Pilote le 27 mars 1911, soldat de 2ème classe dans le 3 ème régiment d’infanterie coloniale, matricule 33 0)
– Maurille Ernest Himmer né le 13 septembre 1913 à Trinité, appartenant au 152ème régiment d’infanterie coloniale, 6ème compagnie (classe 1933, matricule 1533).
– Appolinaire André Eniona né le 23 juillet 1914 aux Anses-d’Arlet appartenant au 3ème régiment d’infanterie alpine (classe 193 4, matricule 2 0 85).
– Clair Negrobar. né le 30 septembre 1915 à Sainte Marie, sergent dans le 3ème régiment d’infanterie alpine (classe 1935, matricule 1620). Il était marié et père de trois enfants.
Leurs corps furent retrouvés cote à cote criblés de balles. Ils furent enterrés sur place le 18 juin 1940 par 2 habitants de la commune puis le 16 juin 1942, leurs dépouilles furent transférées dans le cimetière de Boutigny après le service religieux organisé dans l’église Saint-Médard.
Selon le journal Le Publicateur, « a population était venue très nombreuse manifester sa sympathie et remplacer les familles absentes » .

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Claire Hédon. « La société ne veut pas voir les pauvres, ils dérangent »

— Entretien réalisé par Ixchel Delaporte —

L’association ATD Quart-monde fête ses 60 ans Place de la République, à Paris, où elle présentera les nombreuses actions qu’elle mène tout au long de l’année. Un travail indispensable pour tenter de changer le regard de la société sur la pauvreté explique Claire Hédon, présidente d’ATD-Quart Monde.
Quel message souhaitez-vous faire passer à l’occasion de cet anniversaire ?
Claire Hédon. La société doit faire reconnaître et faire respecter l’égale dignité de tous. Nous considérons la misère comme une violation des droits de l’homme. Notre but est de montrer avec une multitude d’initiatives que chacun peut s’engager à son niveau. La bataille se joue aussi sur le plan des idées et sur l’opinion publique. Hélas, ce regard devient de plus en plus dur, de plus en plus culpabilisant. Ces deux jours de débats ont pour but d’affirmer l’indivisibilité des droits. Si l’on n’agit pas sur l’ensemble de ces droits (logement, santé, travail, éducation), on n’aura pas de politique de lutte efficace contre la pauvreté.

Vous vous battez contre la pauvreté. Le gouvernement n’a pas fait d’annonces à ce sujet.

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Pour l’éloge de Sœur Rose…

— Par Roland Tell —

Dans la chronique des jours du passé, lorsqu’il faut revivre le « temps de l’Amiral Robert », le souvenir de Soeur Rose paraît toujours aussi frais, au point d’être dressé dans l’esprit, tel un monument à sa gloire.
Condamné à une fin donnée, dès l’âge de six ans, à l’hôpital de Trinité, le triste augure de mort a moqué ses présages, puisque les soins continus de Soeur Rose ont guéri l’enfant malade pour de longs âges encore. Qu’avait-il dans les poumons, pour se trouver, tout seul en 1942, dans cette maison d’amour, à l’hôpital de Trinité, où régnait Soeur Rose, originaire du Québec ? Certes, il faut revenir à ce temps de faiblesses pulmonaires et de crachements de sang, pour dire, une dernière fois, la somme de biens prodigués par Soeur Rose, par ses prières répétées, par ses médicaments, ses potions vinaigrées, ses ventouses aux aspirations de pieuvre, ses frictions adoucissantes.
Aux temps passés de l’Amiral Robert, à l’hôpital de Trinité, une dévotion d’enfant de six ans se dirigeait progressivement vers une sainte visible – merveilleuse vision sur laquelle se fixaient continûment ses yeux exorbités de fièvre, en ce temps, jamais en repos, de sa cruelle maladie.

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Après sa Une sur Tariq Ramadan, Charlie Hebdo sous le feu des menaces

Depuis mercredi, le journal satirique e Hebdo est de nouveau violemment attaqué et menacé sur les réseaux sociaux pour sa Une sur l’islamologue Tariq Ramadan.
« J’espère que vous allez encore mourir ! », « …venez pas pleurer quand y’aura vos corps en morceaux »… Des messages comme ceux-ci on en compte des dizaines, voire des centaines sur les réseaux sociaux depuis mercredi et la sortie de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Ce dernier a fait sa Une du 1er novembre avec une caricature de Tariq Ramadan. On y voit l’islamologue, accusé par plusieurs femmes de viol, représenté avec un immense sexe en érection qui déclare « Je suis le 6e pilier de l’islam » accompagné d’une étiquette « viol ».

Il n’en fallait pas plus pour que des torrents de violence se déchaînent contre l’hebdomadaire satirique, beaucoup de réactions provenant de membres de la communauté musulmane qui y voient un affront contre l’islam. Pour beaucoup, l’hebdomadaire fait de l’islam une obsession alors qu’entre 2005 et 2015 seulement 38 unes sur 523 mettaient la religion en première place· Seulement sept concernaient l’islam et 21 le christianisme (source : Le Monde

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« Mon quotidien est proche de celui d’un médecin » : à quoi ressemble le métier d’exorciste ?

— Par Lison Verriez —

Les yeux déments et le visage en sang, une petite fille éructe des insultes à un prêtre, se déplace à quatre pattes, crache du sang et vomit de la bile. Qui n’a pas tremblé devant la vision de Regan MacNeil, cette petite-fille possédée par le démon dans le film L’Exorciste de William Friedkin ? Un spectacle terrifiant, pourtant loin de la réalité rencontrée par les prêtres exorcistes. Certains ont accepté de raconter leur quotidien à franceinfo.

Loin de l’image du prêtre en croisade contre les démons, armé d’un crucifix, d’une Bible et d’eau bénite, « mon quotidien ressemble plutôt à celui d’un médecin », constate Georges Berson, l’un des deux prêtres exorcistes exerçant en Ile-de-France. Difficile d’imaginer les prêtres de L’Exorciste passer la journée au téléphone, à convenir de rendez-vous dans un bureau de la paroisse. Le tout, entouré d’une équipe de fidèles et de sœurs, chargée d’écouter et organiser les rencontres.

Et pourtant… « L’exorciste qui travaille seul ? Non, ça n’existe pas. C’est fait au grand jour, en équipe et c’est gratuit », explique un jeune prêtre exorciste fraîchement nommé, qui a souhaité garder l’anonymat.

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« Viens chez moi, j’habite chez un fantôme » : enquête sur les maisons hantées

— Par Marie-Adélaïde Scigacz —
Du Nord à la Bretagne, j’ai passé quelques jours et quelques nuits avec des victimes de phénomènes étranges et des « enquêteurs du paranormal » qui tentent de les aider. Et, oui, il m’est arrivé de claquer des dents.
« Ils se prennent en photo devant, comme si c’était le château de Dracula »

«Hé, je sais ! On devrait ouvrir une buvette devant chez eux ! On se ferait pas mal d’argent. » A l’entrée d’un bistrot vide, tout près de la place où se dresse un modeste monument aux morts, deux hommes plaisantent. L’un d’eux vit à 500 m de là, tout près de « la » maison hantée de Villers-Outréaux (Nord). La scène se déroule début septembre. Au cœur de l’été indien, la petite ville de quelque 2 150 âmes, première étape de mon enquête, commence à se lasser de voir journalistes et curieux se presser dans ses rues paisibles pour « la voir ».

« Vous savez où se trouve la maison ? » demande-t-on désormais, en baissant la vitre de notre voiture.

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Le choix délicat des musiques au crématorium

— Par Thierry Dubillot —

La musique accompagne tous les moments de la vie, mais aussi celui de la mort. Au moment de l’ultime au revoir, tous les styles de morceaux sont diffusés. Pas seulement les classiques.

Choisir une musique pour une cérémonie au crématorium n’est pas un acte anodin. Généralement ce sont les familles qui apportent des chansons et morceaux appréciés par le défunt. Fabrice, maître de cérémonie au crématorium de La Roche-sur-Yon en Vendée depuis onze ans, a entendu de tout.

Lire aussi : Crémation : ce qui se passe derrière la vitre

Quatre temps

Pour bien comprendre, quatre temps composent une cérémonie au crématorium. L’entrée de la famille, qui se retrouve autour du cercueil ; le recueillement, quand le maître de cérémonie invite les personnes présentes à penser au défunt ; le geste d’hommage, durant lequel les personnes présentes s’approchent du cercueil et enfin la fermeture des portes, où le cercueil disparaît à la vue de tous.

Quatre temps, quatre morceaux de musique. « Si les familles n’ont rien prévu, nous pouvons proposer de la musique classique, qui convient dans ces circonstances, comme l’Adagio d’Albinoni ou l’Ave Maria de Gounod, commente Fabrice.

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Les cimetières sont des lieux laïcs

Il y a lieu de distinguer l’espace public et l’espace privé qui se résume aux concessions. Sur les pierres tombales de celles-ci :

– les emblèmes ou signes religieux peuvent y être apposés comme les croix, statuettes, autres (article L2223-12 du code général des collectivités territoriales),

– les plaques, épitaphes et inscriptions autres que la plaque disons d’état-civil du ou des défunts (nom, prénom, dates de naissance et de décès), doivent faire l’objet d’une autorisation du maire (article R2223-8 du code général des collectivités territoriales). En général, les maires accordent cette autorisation, après s’être assurés l’absence de trouble public et le respect dû aux lieux.

Dans l’espace public du cimetière, passages inter-tombes compris, tous signes, emblèmes et statues sont interdits par l’article 28 de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat. Alors pourquoi, il en existe dans tous les cimetières ? Parce qu’ils ont été implantés avant l’application de la loi de 1905 ou font l’objet de tolérance des élus locaux au nom des traditions et du laxisme.

On l’oublie mais les cimetières sont des lieux laïcs depuis la loi du 14 novembre 1881 codifiée aux articles L2213-7 et L2213-9 du code général des collectivités territoriales.

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« L’art humain est le petit-fils de Dieu » ( Citation de Dante )

Par Roalnd Tell —

La Martinique aime-t-elle l’art ? Le Conservatoire des Arts attend toujours sa deuxième pierre, quelque part à Fort-de-France. Hélas, il en va ici différemment de ce qui est à créer, et de ce qui est l’action de créer ! Voilà près de trente ans, que le projet en question attend de venir à l’existence. Si l’art relève du faire, la politique ne relève guère de l’agir. Aujourd’hui, à la Martinique, ne se nourrit-elle pas uniquement de projets, sans jamais produire d’œuvre propre ? Alors, le Conservatoire des Arts continue d’habiter dans l’esprit collectif, tel un mirage, auquel se livrent, d’année en année, les artistes martiniquais. Tout cela est vrai pour la peinture, la sculpture, l’architecture, mais aussi, en général, pour la culture et l’histoire. Où se trouve ici, pays natal du chantre de la négritude, quelque Mémorial Act, susceptible de rendre témoignage de notre mémoire collective ?

Aucune oeuvre de maçonnerie, aucun marbre de haute postérité, parfois même aucune statue, ne veillent aujourd’hui sur les heures et sur les temps de notre vie humaine. Comment questionner l’histoire, autrement que dans les livres ?

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Bordeaux dans les méandres de son passé négrier.

La polémique resurgit régulièrement. Une statue qu’on déboulonne, une enseigne qu’on retire, un nom de rue qu’on interroge… Et de part et d’autre de l’Atlantique, la question de la mémoire de l’esclavage et du commerce triangulaire toujours vive et encombrante. À Bordeaux, qui a bâti sa richesse sur le négoce avec les Antilles, cette histoire a encore bien du mal à s’afficher dans l’espace public. Et les liens entre la municipalité et les fortunes locales n’arrangent rien.

Hugues Martin bout rien que d’y penser.  » J’en ai plus que des boutons.  » Onze ans que ça gratte. À l’époque du  » scandale « , survenu le 10 mai 2006, première Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage, il est maire de Bordeaux par intérim – condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, Alain Juppé a posé ses casseroles au Québec. À ce titre, c’est à lui, l’ex-premier adjoint, qu’incombe la tâche d’organiser les célébrations. Hugues Martin a rendez-vous avec l’Histoire. Ce n’est pas tous les jours, alors autant faire les choses bien. Il commande une plaque dont le texte indique sobrement que  » la Ville de Bordeaux honore la mémoire des esclaves africains déportés aux Amériques au mépris de toute humanité « .

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« Les sensibilités religieuses blessées », un ouvrage de Jeanne Favret-Saada

Depuis la parution des Versets sataniques de Salman Rushdie en 1988, nous nous sommes habitués aux accusations islamiques de blasphème contre des productions artistiques, ainsi qu’aux redoutables mobilisations qui les accompagnent. Or elles ont été préparées, dans l’Europe et les États-Unis des années 1960 à 1988, par celles de dévots du christianisme (dont parfois leurs Eglises) contre des films dont ils voulaient empêcher la sortie. Ils en ont successivement visé quatre, qui font aujourd’hui partie du répertoire international : Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot (Jacques Rivette, 1966) et Je vous salue, Marie (Jean-Luc Godard, 1985) ; Monty Python : La vie de Brian (1979) ; et La Dernière tentation du Christ (Martin Scorsese, 1988).
En se fondant notamment sur des archives inédites, ’Jeanne Favret-Saada propose une suite de récits qui relatent les ennuis de chacun d’entre eux, et la modification progressive de l’accusation de « blasphème » en une « atteinte aux sensibilités religieuses blessées ». Ce sont autant de romans vrais, qui retracent à eux tous un moment unique de l’histoire de la liberté d’expression.
EAN : 9782213671093
EAN numérique : 9782213673172
Code article : 3634953
Sciences humaines
Parution : 06/09/2017
544pages
Format :153 x 235 mm

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Colombie, un long chemin vers la paix

Pour le respect des droits des femmes, des jeunes et des enfants à Buenaventura

Le 26 octobre 2017 – Alors que les accords de paix doivent instaurer un climat de sécurité et d’inclusion des populations défavorisées, les violences sexuelles, la discrimination, la précarité économique, l’absence d’accès aux soins et à l’éducation continuent d’être des réalités pour les femmes, les jeunes et les enfants de Buenaventura. Pour faire connaitre cette situation à la communauté internationale, Terre des Hommes France, Terre des Hommes Suisse et leur partenaire colombien Taller Abierto publient un rapport intitulé « Colombie, un long chemin vers la paix – Pour le respect des droits des femmes, des jeunes et des enfants à Buenaventura ». L’objectif est de sensibiliser l’opinion publique et d’obtenir le soutien des institutions européennes et de la communauté internationale, pour faire pression sur leur gouvernement afin qu’il leur assure un quotidien libre de violence et mette en œuvre des solutions concrètes pour leur assurer une vie digne.

BUENAVENTURA, NOUVELLE CAPITALE DE LA TERREUR

Récemment qualifiée de « nouvelle capitale de la terreur », la ville de Buenaventura est aujourd’hui considérée comme une des villes les plus dangereuses de Colombie, dans laquelle la population civile est prise en otage par des groupes armés, dans un contexte socio-politique très complexe qui engendre une violence extrême.

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Amazonie : les tribus aiguisent leurs flèches contre les envahisseurs

—Par Sebastian Smith —

On les voit apparaître en silence, surgissant de nulle part: une douzaine de silhouettes mi-nues, en long pagne rouge vermillon, qui se mettent en travers de la route de terre. Ce sont les Waiapi, une tribu de la forêt amazonienne qui craint désormais une invasion des compagnies minières internationales.

Ces Indiens à la peau recouverte de pigment rouge et noir, qui amènent les journalistes de l’AFP jusqu’à un hameau de cabanes en chaume de palme caché dans les feuillages, jurent de défendre leur territoire jusqu’à la mort.

Au cas où l’on douterait de leur détermination, ils brandissent des arcs longs de deux mètres et des flèches.

« Nous continuerons de nous battre », dit Tapayona Waiapi, 36 ans, dans le hameau appelé Pinoty. « Quand les compagnies arriveront, on continuera de résister », insiste-t-il. « Si le gouvernement brésilien envoie des soldats pour tuer des gens, nous résisterons jusqu’au dernier. »

La réserve des Indiens Waiapi est située dans une forêt tropicale près du fleuve Amazone, au sein d’une zone protégée appelée Renca et grande comme la Suisse.

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Le retour à Soline

— Par Roland Tell —

Comment faire neuf quand on est vieux, si ce n’est qu’en retrouvant, par le passé, le sang brûlant du garçonnet de sept ans ? Il s’agit donc de regarder en son passé, dans les carêmes ensoleillés de l’enfance, entre Bellevue et Bois-Lézard. A Soline, précisément, où gisent tous les trésors des jours de bonheur, dans les sources secrètes, au fond de soi-même !

C’est ainsi faire retour à la vie infiniment profonde, ménagée par notre mère, qui nous apprenait, jour après jour, à regarder et à aimer la nature vivante autour de nous. Car Soline portait en elle-même sa signification entière, telle une réalité en chacun de nous, une merveilleuse vision sur laquelle, dès le lever, nos yeux restaient fixés : jardins de fleurs, arbres fruitiers en abondance, cocotiers, arbres à pain, poulaillers, clapiers à lapins, parcs à cochons, grand bassin d’eau douce en plein air !

Un sentiment de bien-être se dégageait de l’ensemble, dans le paysage, la composition des lieux de vie, la couleur des jours. D’où une impression d’harmonisation, résonnant au mieux dans l’émotion et la subjectivité de chacun.

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Pourquoi es-tu parti avec ma sérénité ?

— Par Pierre Pastel, Sociologue/Psychothérapeute —

Je suis à l’école, je te vois.

La maîtresse, le maître est entrain de faire sa leçon, je n’entends rien,

J’ai un vide en moi, je te vois.

Je suis à la maison, tu n’es pas là, je joue, je te vois.

J’essaie de faire mes devoirs scolaires, ma tête est vide, je te vois.

Tu es à la maison, ce n’est pas toi que je vois, je te vois.

Pourquoi es-tu parti avec ma sérénité ?

Je suis adolescent, je ne sais pas qui je suis, je te vois.

Je suis avec mes camarades, je te vois.

Je suis gentil avec eux, je te vois.

Je suis méchant avec eux, je te vois.

Ils me regardent, je te vois.

Je suis seul avec moi, je te vois.

Pourquoi donc es-tu parti avec ma sérénité ?

Je suis un adulte maintenant, je te vois.

Je te vois de plus en plus.

Je suis au travail, face à mes collègues, je te vois.

Je change souvent de travail, je te vois.

Pourquoi es-tu parti avec ma sérénité ?

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L’idéologie

— Par François Taillandier, écrivain —

Écouter les mots par François Taillandier. Je voudrais rappeler une différence, trop négligée, entre deux notions : les idées et les idéologies.

Je voudrais rappeler une différence, trop négligée, entre deux notions : les idées et les idéologies. Les idées tiennent compte d’une réalité ; on peut les argumenter, les vérifier, les contester, les rectifier. L’idéologie, en revanche, oublie ou masque la réalité. Louis Althusser la définissait comme étant « un rapport imaginaire à un rapport réel ». Exemple classique : le patron dit que l’entreprise est une famille, et qu’il est le père de ses employés. Vision idyllique, dont il a intérêt à convaincre tout le monde. Mais c’est tout bonnement faux, ce n’est pas une famille et il n’est pas le père. C’est tout ce qu’on peut en dire.

Lorsque des syndicats et des salariés manifestent contre les nouvelles lois sur le travail, ils ont pour cela des motifs et des arguments, ils font valoir les conséquences jugées néfastes de ces lois. On est au niveau des idées.

À l’inverse, quand Jean-Luc Mélenchon clame que c’est « la rue qui a chassé les rois et abattu les nazis », on entre dans l’idéologie.

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« Désobéir » de Frédéric Gros

Ce monde va de travers, à tel point que lui désobéir devrait être une urgence partagée et brûlante. Dans cet essai intempestif, Frédéric Gros réinterroge les racines de l’obéissance politique. Conformisme social, soumission économique, respect des autorités, consentement républicain ? C’est en repérant les styles d’obéissance qu’on se donne les moyens d’étudier, d’inventer, de provoquer de nouvelles formes de désobéissance : la dissidence civique, la transgression lyrique… Rien ne doit aller de soi : ni les certitudes apprises, ni les conventions sociales, ni les injustices économiques, ni les convictions morales.

La pensée philosophique, en même temps qu’elle nous enjoint de ne jamais céder aux évidences et aux généralités, nous fait retrouver le sens de la responsabilité politique. À l’heure où les décisions des experts se présentent comme le résultat de statistiques glacées et de calculs anonymes, désobéir devient une affirmation d’humanité.

Philosopher, c’est désobéir. Ce livre en appelle à la démocratie critique et à la résistance éthique.

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Kaoutar Harchi : « La langue française est à la fois un lieu d’oppression et un outil d’émancipation »

— Entretien réalisé par Mehdi Fikri —

La sociologue dresse un portrait critique de la France littéraire, en racontant les luttes d’écrivains algériens dits francophones, pris entre désir de reconnaissance parisienne et engagement dans les combats décoloniaux.

Dans son essai, Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne (1), Kaoutar Harchi, sociologue et chercheuse au Cerlis (université Paris-Descartes), a retracé les parcours de cinq écrivains algériens (Kateb Yacine, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Kamel Daoud et Boualem Sansal). Décrivant les difficultés et les épreuves qu’ils ont dû traverser pour accéder à une reconnaissance littéraire qui demeure ambivalente, elle définit les contours d’un régime de domination s’exerçant sur les écrivains étrangers, en France.

L’étude des modalités de la domination porte souvent sur le champ économique et social. Pourquoi avez-vous choisi de centrer votre attention sur le champ littéraire ?

Kaoutar Harchi Communément, nous percevons l’art comme une pratique autonome, libre et libératrice. C’est aller un peu trop vite en besogne… Cette vision, typiquement romantique, sous-entend que le champ artistique échapperait à ce qui fonde le monde social, soit la lutte, le rapport de forces.

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