Catégorie : Sociologie

Après sa Une sur Tariq Ramadan, Charlie Hebdo sous le feu des menaces

Depuis mercredi, le journal satirique e Hebdo est de nouveau violemment attaqué et menacé sur les réseaux sociaux pour sa Une sur l’islamologue Tariq Ramadan.
« J’espère que vous allez encore mourir ! », « …venez pas pleurer quand y’aura vos corps en morceaux »… Des messages comme ceux-ci on en compte des dizaines, voire des centaines sur les réseaux sociaux depuis mercredi et la sortie de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Ce dernier a fait sa Une du 1er novembre avec une caricature de Tariq Ramadan. On y voit l’islamologue, accusé par plusieurs femmes de viol, représenté avec un immense sexe en érection qui déclare « Je suis le 6e pilier de l’islam » accompagné d’une étiquette « viol ».

Il n’en fallait pas plus pour que des torrents de violence se déchaînent contre l’hebdomadaire satirique, beaucoup de réactions provenant de membres de la communauté musulmane qui y voient un affront contre l’islam. Pour beaucoup, l’hebdomadaire fait de l’islam une obsession alors qu’entre 2005 et 2015 seulement 38 unes sur 523 mettaient la religion en première place· Seulement sept concernaient l’islam et 21 le christianisme (source : Le Monde

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« Mon quotidien est proche de celui d’un médecin » : à quoi ressemble le métier d’exorciste ?

— Par Lison Verriez —

Les yeux déments et le visage en sang, une petite fille éructe des insultes à un prêtre, se déplace à quatre pattes, crache du sang et vomit de la bile. Qui n’a pas tremblé devant la vision de Regan MacNeil, cette petite-fille possédée par le démon dans le film L’Exorciste de William Friedkin ? Un spectacle terrifiant, pourtant loin de la réalité rencontrée par les prêtres exorcistes. Certains ont accepté de raconter leur quotidien à franceinfo.

Loin de l’image du prêtre en croisade contre les démons, armé d’un crucifix, d’une Bible et d’eau bénite, « mon quotidien ressemble plutôt à celui d’un médecin », constate Georges Berson, l’un des deux prêtres exorcistes exerçant en Ile-de-France. Difficile d’imaginer les prêtres de L’Exorciste passer la journée au téléphone, à convenir de rendez-vous dans un bureau de la paroisse. Le tout, entouré d’une équipe de fidèles et de sœurs, chargée d’écouter et organiser les rencontres.

Et pourtant… « L’exorciste qui travaille seul ? Non, ça n’existe pas. C’est fait au grand jour, en équipe et c’est gratuit », explique un jeune prêtre exorciste fraîchement nommé, qui a souhaité garder l’anonymat.

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« Viens chez moi, j’habite chez un fantôme » : enquête sur les maisons hantées

— Par Marie-Adélaïde Scigacz —
Du Nord à la Bretagne, j’ai passé quelques jours et quelques nuits avec des victimes de phénomènes étranges et des « enquêteurs du paranormal » qui tentent de les aider. Et, oui, il m’est arrivé de claquer des dents.
« Ils se prennent en photo devant, comme si c’était le château de Dracula »

«Hé, je sais ! On devrait ouvrir une buvette devant chez eux ! On se ferait pas mal d’argent. » A l’entrée d’un bistrot vide, tout près de la place où se dresse un modeste monument aux morts, deux hommes plaisantent. L’un d’eux vit à 500 m de là, tout près de « la » maison hantée de Villers-Outréaux (Nord). La scène se déroule début septembre. Au cœur de l’été indien, la petite ville de quelque 2 150 âmes, première étape de mon enquête, commence à se lasser de voir journalistes et curieux se presser dans ses rues paisibles pour « la voir ».

« Vous savez où se trouve la maison ? » demande-t-on désormais, en baissant la vitre de notre voiture.

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Le choix délicat des musiques au crématorium

— Par Thierry Dubillot —

La musique accompagne tous les moments de la vie, mais aussi celui de la mort. Au moment de l’ultime au revoir, tous les styles de morceaux sont diffusés. Pas seulement les classiques.

Choisir une musique pour une cérémonie au crématorium n’est pas un acte anodin. Généralement ce sont les familles qui apportent des chansons et morceaux appréciés par le défunt. Fabrice, maître de cérémonie au crématorium de La Roche-sur-Yon en Vendée depuis onze ans, a entendu de tout.

Lire aussi : Crémation : ce qui se passe derrière la vitre

Quatre temps

Pour bien comprendre, quatre temps composent une cérémonie au crématorium. L’entrée de la famille, qui se retrouve autour du cercueil ; le recueillement, quand le maître de cérémonie invite les personnes présentes à penser au défunt ; le geste d’hommage, durant lequel les personnes présentes s’approchent du cercueil et enfin la fermeture des portes, où le cercueil disparaît à la vue de tous.

Quatre temps, quatre morceaux de musique. « Si les familles n’ont rien prévu, nous pouvons proposer de la musique classique, qui convient dans ces circonstances, comme l’Adagio d’Albinoni ou l’Ave Maria de Gounod, commente Fabrice.

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Les cimetières sont des lieux laïcs

Il y a lieu de distinguer l’espace public et l’espace privé qui se résume aux concessions. Sur les pierres tombales de celles-ci :

– les emblèmes ou signes religieux peuvent y être apposés comme les croix, statuettes, autres (article L2223-12 du code général des collectivités territoriales),

– les plaques, épitaphes et inscriptions autres que la plaque disons d’état-civil du ou des défunts (nom, prénom, dates de naissance et de décès), doivent faire l’objet d’une autorisation du maire (article R2223-8 du code général des collectivités territoriales). En général, les maires accordent cette autorisation, après s’être assurés l’absence de trouble public et le respect dû aux lieux.

Dans l’espace public du cimetière, passages inter-tombes compris, tous signes, emblèmes et statues sont interdits par l’article 28 de la loi de 1905 de séparation des Eglises et de l’Etat. Alors pourquoi, il en existe dans tous les cimetières ? Parce qu’ils ont été implantés avant l’application de la loi de 1905 ou font l’objet de tolérance des élus locaux au nom des traditions et du laxisme.

On l’oublie mais les cimetières sont des lieux laïcs depuis la loi du 14 novembre 1881 codifiée aux articles L2213-7 et L2213-9 du code général des collectivités territoriales.

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« L’art humain est le petit-fils de Dieu » ( Citation de Dante )

Par Roalnd Tell —

La Martinique aime-t-elle l’art ? Le Conservatoire des Arts attend toujours sa deuxième pierre, quelque part à Fort-de-France. Hélas, il en va ici différemment de ce qui est à créer, et de ce qui est l’action de créer ! Voilà près de trente ans, que le projet en question attend de venir à l’existence. Si l’art relève du faire, la politique ne relève guère de l’agir. Aujourd’hui, à la Martinique, ne se nourrit-elle pas uniquement de projets, sans jamais produire d’œuvre propre ? Alors, le Conservatoire des Arts continue d’habiter dans l’esprit collectif, tel un mirage, auquel se livrent, d’année en année, les artistes martiniquais. Tout cela est vrai pour la peinture, la sculpture, l’architecture, mais aussi, en général, pour la culture et l’histoire. Où se trouve ici, pays natal du chantre de la négritude, quelque Mémorial Act, susceptible de rendre témoignage de notre mémoire collective ?

Aucune oeuvre de maçonnerie, aucun marbre de haute postérité, parfois même aucune statue, ne veillent aujourd’hui sur les heures et sur les temps de notre vie humaine. Comment questionner l’histoire, autrement que dans les livres ?

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Bordeaux dans les méandres de son passé négrier.

La polémique resurgit régulièrement. Une statue qu’on déboulonne, une enseigne qu’on retire, un nom de rue qu’on interroge… Et de part et d’autre de l’Atlantique, la question de la mémoire de l’esclavage et du commerce triangulaire toujours vive et encombrante. À Bordeaux, qui a bâti sa richesse sur le négoce avec les Antilles, cette histoire a encore bien du mal à s’afficher dans l’espace public. Et les liens entre la municipalité et les fortunes locales n’arrangent rien.

Hugues Martin bout rien que d’y penser.  » J’en ai plus que des boutons.  » Onze ans que ça gratte. À l’époque du  » scandale « , survenu le 10 mai 2006, première Journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage, il est maire de Bordeaux par intérim – condamné dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, Alain Juppé a posé ses casseroles au Québec. À ce titre, c’est à lui, l’ex-premier adjoint, qu’incombe la tâche d’organiser les célébrations. Hugues Martin a rendez-vous avec l’Histoire. Ce n’est pas tous les jours, alors autant faire les choses bien. Il commande une plaque dont le texte indique sobrement que  » la Ville de Bordeaux honore la mémoire des esclaves africains déportés aux Amériques au mépris de toute humanité « .

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« Les sensibilités religieuses blessées », un ouvrage de Jeanne Favret-Saada

Depuis la parution des Versets sataniques de Salman Rushdie en 1988, nous nous sommes habitués aux accusations islamiques de blasphème contre des productions artistiques, ainsi qu’aux redoutables mobilisations qui les accompagnent. Or elles ont été préparées, dans l’Europe et les États-Unis des années 1960 à 1988, par celles de dévots du christianisme (dont parfois leurs Eglises) contre des films dont ils voulaient empêcher la sortie. Ils en ont successivement visé quatre, qui font aujourd’hui partie du répertoire international : Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot (Jacques Rivette, 1966) et Je vous salue, Marie (Jean-Luc Godard, 1985) ; Monty Python : La vie de Brian (1979) ; et La Dernière tentation du Christ (Martin Scorsese, 1988).
En se fondant notamment sur des archives inédites, ’Jeanne Favret-Saada propose une suite de récits qui relatent les ennuis de chacun d’entre eux, et la modification progressive de l’accusation de « blasphème » en une « atteinte aux sensibilités religieuses blessées ». Ce sont autant de romans vrais, qui retracent à eux tous un moment unique de l’histoire de la liberté d’expression.
EAN : 9782213671093
EAN numérique : 9782213673172
Code article : 3634953
Sciences humaines
Parution : 06/09/2017
544pages
Format :153 x 235 mm

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Colombie, un long chemin vers la paix

Pour le respect des droits des femmes, des jeunes et des enfants à Buenaventura

Le 26 octobre 2017 – Alors que les accords de paix doivent instaurer un climat de sécurité et d’inclusion des populations défavorisées, les violences sexuelles, la discrimination, la précarité économique, l’absence d’accès aux soins et à l’éducation continuent d’être des réalités pour les femmes, les jeunes et les enfants de Buenaventura. Pour faire connaitre cette situation à la communauté internationale, Terre des Hommes France, Terre des Hommes Suisse et leur partenaire colombien Taller Abierto publient un rapport intitulé « Colombie, un long chemin vers la paix – Pour le respect des droits des femmes, des jeunes et des enfants à Buenaventura ». L’objectif est de sensibiliser l’opinion publique et d’obtenir le soutien des institutions européennes et de la communauté internationale, pour faire pression sur leur gouvernement afin qu’il leur assure un quotidien libre de violence et mette en œuvre des solutions concrètes pour leur assurer une vie digne.

BUENAVENTURA, NOUVELLE CAPITALE DE LA TERREUR

Récemment qualifiée de « nouvelle capitale de la terreur », la ville de Buenaventura est aujourd’hui considérée comme une des villes les plus dangereuses de Colombie, dans laquelle la population civile est prise en otage par des groupes armés, dans un contexte socio-politique très complexe qui engendre une violence extrême.

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Amazonie : les tribus aiguisent leurs flèches contre les envahisseurs

—Par Sebastian Smith —

On les voit apparaître en silence, surgissant de nulle part: une douzaine de silhouettes mi-nues, en long pagne rouge vermillon, qui se mettent en travers de la route de terre. Ce sont les Waiapi, une tribu de la forêt amazonienne qui craint désormais une invasion des compagnies minières internationales.

Ces Indiens à la peau recouverte de pigment rouge et noir, qui amènent les journalistes de l’AFP jusqu’à un hameau de cabanes en chaume de palme caché dans les feuillages, jurent de défendre leur territoire jusqu’à la mort.

Au cas où l’on douterait de leur détermination, ils brandissent des arcs longs de deux mètres et des flèches.

« Nous continuerons de nous battre », dit Tapayona Waiapi, 36 ans, dans le hameau appelé Pinoty. « Quand les compagnies arriveront, on continuera de résister », insiste-t-il. « Si le gouvernement brésilien envoie des soldats pour tuer des gens, nous résisterons jusqu’au dernier. »

La réserve des Indiens Waiapi est située dans une forêt tropicale près du fleuve Amazone, au sein d’une zone protégée appelée Renca et grande comme la Suisse.

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Le retour à Soline

— Par Roland Tell —

Comment faire neuf quand on est vieux, si ce n’est qu’en retrouvant, par le passé, le sang brûlant du garçonnet de sept ans ? Il s’agit donc de regarder en son passé, dans les carêmes ensoleillés de l’enfance, entre Bellevue et Bois-Lézard. A Soline, précisément, où gisent tous les trésors des jours de bonheur, dans les sources secrètes, au fond de soi-même !

C’est ainsi faire retour à la vie infiniment profonde, ménagée par notre mère, qui nous apprenait, jour après jour, à regarder et à aimer la nature vivante autour de nous. Car Soline portait en elle-même sa signification entière, telle une réalité en chacun de nous, une merveilleuse vision sur laquelle, dès le lever, nos yeux restaient fixés : jardins de fleurs, arbres fruitiers en abondance, cocotiers, arbres à pain, poulaillers, clapiers à lapins, parcs à cochons, grand bassin d’eau douce en plein air !

Un sentiment de bien-être se dégageait de l’ensemble, dans le paysage, la composition des lieux de vie, la couleur des jours. D’où une impression d’harmonisation, résonnant au mieux dans l’émotion et la subjectivité de chacun.

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Pourquoi es-tu parti avec ma sérénité ?

— Par Pierre Pastel, Sociologue/Psychothérapeute —

Je suis à l’école, je te vois.

La maîtresse, le maître est entrain de faire sa leçon, je n’entends rien,

J’ai un vide en moi, je te vois.

Je suis à la maison, tu n’es pas là, je joue, je te vois.

J’essaie de faire mes devoirs scolaires, ma tête est vide, je te vois.

Tu es à la maison, ce n’est pas toi que je vois, je te vois.

Pourquoi es-tu parti avec ma sérénité ?

Je suis adolescent, je ne sais pas qui je suis, je te vois.

Je suis avec mes camarades, je te vois.

Je suis gentil avec eux, je te vois.

Je suis méchant avec eux, je te vois.

Ils me regardent, je te vois.

Je suis seul avec moi, je te vois.

Pourquoi donc es-tu parti avec ma sérénité ?

Je suis un adulte maintenant, je te vois.

Je te vois de plus en plus.

Je suis au travail, face à mes collègues, je te vois.

Je change souvent de travail, je te vois.

Pourquoi es-tu parti avec ma sérénité ?

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L’idéologie

— Par François Taillandier, écrivain —

Écouter les mots par François Taillandier. Je voudrais rappeler une différence, trop négligée, entre deux notions : les idées et les idéologies.

Je voudrais rappeler une différence, trop négligée, entre deux notions : les idées et les idéologies. Les idées tiennent compte d’une réalité ; on peut les argumenter, les vérifier, les contester, les rectifier. L’idéologie, en revanche, oublie ou masque la réalité. Louis Althusser la définissait comme étant « un rapport imaginaire à un rapport réel ». Exemple classique : le patron dit que l’entreprise est une famille, et qu’il est le père de ses employés. Vision idyllique, dont il a intérêt à convaincre tout le monde. Mais c’est tout bonnement faux, ce n’est pas une famille et il n’est pas le père. C’est tout ce qu’on peut en dire.

Lorsque des syndicats et des salariés manifestent contre les nouvelles lois sur le travail, ils ont pour cela des motifs et des arguments, ils font valoir les conséquences jugées néfastes de ces lois. On est au niveau des idées.

À l’inverse, quand Jean-Luc Mélenchon clame que c’est « la rue qui a chassé les rois et abattu les nazis », on entre dans l’idéologie.

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« Désobéir » de Frédéric Gros

Ce monde va de travers, à tel point que lui désobéir devrait être une urgence partagée et brûlante. Dans cet essai intempestif, Frédéric Gros réinterroge les racines de l’obéissance politique. Conformisme social, soumission économique, respect des autorités, consentement républicain ? C’est en repérant les styles d’obéissance qu’on se donne les moyens d’étudier, d’inventer, de provoquer de nouvelles formes de désobéissance : la dissidence civique, la transgression lyrique… Rien ne doit aller de soi : ni les certitudes apprises, ni les conventions sociales, ni les injustices économiques, ni les convictions morales.

La pensée philosophique, en même temps qu’elle nous enjoint de ne jamais céder aux évidences et aux généralités, nous fait retrouver le sens de la responsabilité politique. À l’heure où les décisions des experts se présentent comme le résultat de statistiques glacées et de calculs anonymes, désobéir devient une affirmation d’humanité.

Philosopher, c’est désobéir. Ce livre en appelle à la démocratie critique et à la résistance éthique.

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Kaoutar Harchi : « La langue française est à la fois un lieu d’oppression et un outil d’émancipation »

— Entretien réalisé par Mehdi Fikri —

La sociologue dresse un portrait critique de la France littéraire, en racontant les luttes d’écrivains algériens dits francophones, pris entre désir de reconnaissance parisienne et engagement dans les combats décoloniaux.

Dans son essai, Je n’ai qu’une langue et ce n’est pas la mienne (1), Kaoutar Harchi, sociologue et chercheuse au Cerlis (université Paris-Descartes), a retracé les parcours de cinq écrivains algériens (Kateb Yacine, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Kamel Daoud et Boualem Sansal). Décrivant les difficultés et les épreuves qu’ils ont dû traverser pour accéder à une reconnaissance littéraire qui demeure ambivalente, elle définit les contours d’un régime de domination s’exerçant sur les écrivains étrangers, en France.

L’étude des modalités de la domination porte souvent sur le champ économique et social. Pourquoi avez-vous choisi de centrer votre attention sur le champ littéraire ?

Kaoutar Harchi Communément, nous percevons l’art comme une pratique autonome, libre et libératrice. C’est aller un peu trop vite en besogne… Cette vision, typiquement romantique, sous-entend que le champ artistique échapperait à ce qui fonde le monde social, soit la lutte, le rapport de forces.

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Hugo, Dean, Matthew, Irma, Maria : de l’opportunité d’une réflexion et de choix courageux

Dans l’œil du cyclone

Par Yves Untel Pastel, ethnologue, poète et auteur-compositeur —

Le 5 et 6 septembre 2017, dans la triste continuité des épisodes cycloniques, l’ouragan Irma s’abat sur la Caraïbe. Après avoir quasiment effacé l’île de Barbuda, il rase Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Encore une fois toute la zone caraïbe solidaire dans l’inquiétude est plongée dans une extrême désolation. Mais rappelons-nous de tristes mémoires, que le 4 octobre 2016 l’Ouragan Matthew dévastait Haïti, Cuba le 4 octobre puis les Bahamas, avec un bilan humain catastrophique pour Haïti. La reconstruction annoncée à Haïti qui a mobilisé un vaste appel de fond à l’échelle internationale demeure anecdotique en regard des moyens effectivement collectés. En août 2007, en Martinique, la rude épreuve de Dean détruit l’économie bananière et montre une fois de plus la fragilité de nos assises économiques structurelles. Nous nous souvenons encore avec sidération que le 16 et 17 septembre 1989, le cyclone Hugo avait lui aussi principalement terrassé la Guadeloupe pour ce qui est des îles sous législation française. Dernier en date, sur les pas d’Irma, moins traumatisant peut-être, puisque les populations étaient restées sur le qui-vive, Maria nous laisse aussi son cortège de dégâts.

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Manifeste pour un nouveau média citoyen

Dans une tribune au « Monde », un collectif de personnalités politiques, de la société civile et du spectacle, parmi lesquelles Josiane Balasko, Pierre Joxe ou Eva Joly appelle à la création d’un média alternatif éloigné du modèle économique et idéologique dominant.

Tribune. Quand l’information et la culture sont trop souvent traitées comme des marchandises, quel rôle les citoyens peuvent-ils encore jouer pour faire vivre le pluralisme et le débat ? Cette question appelle une réponse qui ne saurait attendre.

Un peu partout, des millions de gens s’investissent et agissent sur leur quotidien sans attendre le bon vouloir des pouvoirs publics et à contre-courant des puissances industrielles ou financières. Economie sociale et solidaire, écologie, humanitaire, progrès scientifique ou avancées technologiques – des millions de gens mettent désormais leurs moyens et leur volonté au service de projets alternatifs. Par leur succès et leur envergure, ces projets prouvent une chose simple : il est possible de faire autrement et dès maintenant.

Aussi, à l’image de ces citoyens qui se sont, par exemple, organisés pour produire et commercialiser des aliments biologiques dans le respect de l’environnement, de la santé publique et de la dignité des producteurs, nous, signataires de ce manifeste, considérons qu’il est possible d’intervenir dans le domaine de l’information et de la culture.

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Les contrats aidés : un « pis-aller » tant que…

— Par Danielle Laport, Sociologue du travail —

La Martinique s’est mobilisée pour exiger le rétablissement des contrats aidés. Cette revendication pourrait sembler grotesque au regard du caractère singulier de ces contrats : précarité et salaire peu attractif. Si la précarité est avérée, contrat allant de 6 mois à 24 mois et dans certains cas jusqu’à 60 mois, la réalité du salaire l’est moins puisque rien n’interdit qu’un contrat aidé soit à temps plein et rémunéré au niveau du SMIC, comme la grande majorité des contrats de droit commun. Actuellement la quasi-totalité des contrats aidés sont à temps partiel et conduit de ce fait à un salaire proportionnel au temps de travail réel. Ce n’est pas une exception puisque le temps partiel est également utilisé dans certains secteurs d’activité (le commerce par exemple) dans le cadre de contrat de droit commun. Aussi, le montant du salaire pour les contrats aidés ne peut-il aucunement être un argument en soi pour rejeter cette forme de contrat. La question des salaires est plus globale.

La problématique des contrats aidés est bien plus complexe que cela.

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La cicatrice dorée du vase japonais

— Par Alain Nicolas —

La fiction réparatrice d’Émilie Notéris. S’appuyant sur une démarche venue des « queer studies », Émilie Notéris travaille sur le matériau des séries et films de science-fiction pour proposer une autre approche de l’imaginaire social.

Il est une confusion à éviter sur le titre de cet essai : le mot « réparatrice » ne doit pas faire croire qu’il s’agit d’une nouvelle reprise du thème de la fiction comme pratique de consolation d’une identité aliénée, où, pour employer un mot à la mode, de « reconstruction » d’une personnalité traumatisée. La fiction comme pansement n’est pas le sujet d’Émilie Notéris(*), qui situe son propos, à partir des « Cultural Studies », plus précisément des études queer qui visent à « déjouer les genres de nos imaginaires ».

S’inspirant de la théoricienne queer américaine Eve Kosofski Sedgwick, elle propose de passer de la fiction paranoïaque à la fiction réparatrice. La première construit un bunker où se mettre à l’abri du pire, toujours certain. Pour la seconde ce qui est fragile peut casser, et l’on peut vivre avec.

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« Je suis noire, pas « black »

Refus du passé colonial, gêne des antiracistes… En France, on a du mal avec le mot « noir ».

— Par Jadine Labbé Pacheco —
Oumou, 20 ans, a un joli visage aux traits fins. D’origine sénégalaise et mauritanienne, la jeune femme est mannequin. Sa famille vit en France depuis deux générations.
C’est en mettant un pied dans l’univers de la mode qu’elle est confrontée pour la première fois au terme « black ». Dans son entourage proche, personne ne l’emploie. Elle rectifie :
« Je suis noire, pas black. »
Elle l’a entendu depuis, « des centaines de fois ».
« Souvent, pendant des castings, on me dit qu’on recherche des Blacks ou qu’au contraire je suis trop black. Ils pensent bien faire. »
Patiente, Oumou répond toujours poliment qu’elle est noire. Pas « black ». Elle reçoit des excuses à chaque fois.

« Il y a des Noirs en France »

Pour Louis-George Tin, ancien élève de l’Ecole normale supérieure (ENS), professeur de littérature à l’université d’Orléans et président du Conseil représentatif des associations noires de France (Cran), il subsiste un malaise autour du terme « noir ».

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La SAA de Martinique au 24ème Salon et Congrès de Généalogie

Du 8 au 10 septembre 2017 au Havre

La SAA (Société des Amis des Archives) de Martinique (soutenue par la CTM, la DAC Martinique et des partenaires privés) accompagnée des associations de généalogie du Robert, du François, de Sainte-Marie, du Marigot, du Lamentin et de Fort-de-France, a le plaisir de vous annoncer sa présence sur le XXIVème Salon et Congrès de Généalogie, qui se déroulera au Havre du 8 au 10 septembre 2017 au Carré des Docks.

L’année 2017 est symbolique pour la ville du Havre puisqu’elle marque le 500ème anniversaire de sa fondation. Le Salon sera un des temps forts des nombreuses manifestations qui animeront la ville durant toute cette année. Le Groupement Généalogique du Havre et de Seine-Maritime, organisateur de cet événement, a décidé cette année de mettre à l’honneur les Outre-Mer.

Pourquoi les Outre-Mer ?

Le choix s’imposait par rapport au passé de la ville et au thème retenu « de la fondation à la reconstruction » Le passé havrais est marqué par la participation au projet colonial dans ses aspects commerciaux et stratégiques, avec notamment la déportation des Africains de part et d’autre de l’Océan Atlantique ou de l’Océan Indien.

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Héros postcoloniaux

— Par Joël Des Rosiers —

Pour moitié sont morts mes amis.
Je t’en ferai de nouveaux, dit la terre.
Non, rends-les moi, comme ils étaient, plutôt,
Avec leurs fautes et tout le reste, je pleurais.
Sea Canes(1), Dereck Walcott

J’écris cet hommage pour saluer la mémoire de deux penseurs qui viennent de disparaître. Et aussi pour vaincre l’immense peine qui m’étreint chaque fois qu’il y a à l’œuvre le rappel de l’enfance. Je ne raconterai pas ce que je sais de Bernard Labrousse ou de Maximilien Laroche. Mais ce que leur disparition laisse en moi d’humanités contuses. Si le premier est de ma génération, cela signifie-t-il que je sois moi-même en sursis et que désormais la mort puisse frapper sans préavis comme un huissier, un de ces jours insaisissables où s’éteint la lumière du jour ? Mon métier m’a appris au cours d’une longue fréquentation à côtoyer la mort, la fin irréfutable tant qu’elle n’est pas encore là, la grande amie, l’ennemie intime. Laroche m’avait dit un jour que les médecins regardent les hommes avec les deux yeux : l’un regarde la vie, l’autre la mort.

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Rebondissements dans le procès de Mumia Abu Jamal!

Informations importantes communiquées par le Comité « Libérons Mumia »

Le Bureau du procureur de Philadelphie, Seith Williams, s’obstine toujours – et pour cause – à ne pas fournir tous les documents prouvant l’implication permanente du juge Castille dans les procédures judiciaires ayant abouti à la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal.

Le 28 avril le juge Tucker de la Cour de Common Pleas de Philadelphie a ordonné au Bureau du procureur de Philadelphie de fournir tous les documents sur l’ancien procureur de Philadelphie Ron Castille prouvant ses implications dans la condamnation à mort de Mumia Abu-Jamal.

Le 30 mai dernier le Bureau du procureur n’avait toujours pas obtempéré à l’injonction du juge, ne fournissant que des documents déjà rendus publics.

Ce jugement fait suite à une décision de la Cour Suprême des Etats-Unis faisant jurisprudence (Williams v. Pennsylvania) qui statue qu’un juge doit se démettre des dossiers dans lesquels il a précédemment été partie prenante. Ronald Castille était l’adjoint du procureur lors du procès d’Abu-Jamal en 1982 et procureur de Philadelphie quand ses appels ont été rejetés en 1988.

Les avocats d’Abu-Jamal ont par deux fois déjà demandé à Castille de se récuser quand les recours d’Abu-Jamal ont été déposés en appel.

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« Amitiés créoles »

— Par Patrick Singaïny, essayiste —

La dernière fois que j’ai échangé avec mon ami Roger de Jaham, c’était en février dernier, à La Réunion, où je suis retourné vivre en 2009, après 10 années passées en Martinique. Il n’était plus chef d’entreprises, je n’étais plus journaliste pour l’hebdomadaire Antilla. Il se rendait régulièrement dans l’Océan Indien, et nous trouvions toujours un moment pour savourer un repas au cours duquel nous confrontions nos points de vue et analyses, à travers différents sujets.

Le ton était toujours très amical et enjoué. Habituellement, il commençait par me raconter longuement et avec plaisir ce que j’étais supposé avoir raté des dernières nouvelles martiniquaises. Puis il se mettait dans la peau du président de l’association « Tous Créoles » auquel j’avais consacré un article dès sa création, dont les propos de l’époque étaient partagés entre vifs enthousiasme et petits doutes. Février dernier à la fin d’un long petit-déjeuner pendant lequel nous nous étions réjouis des changements profonds dans le cours de nos vies respectives, l’ami a voulu s’adresser davantage à l’essayiste. Roger de Jaham disait préférer une bonne conversation avec un spécialiste plutôt que la lecture de son livre.

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Bill Cosby reste une idole déchue malgré l’absence de condamnation

— AFP —

Pionnier des Noirs à la télévision, humoriste adulé, incarnation du père idéal, Bill Cosby fut tout cela avant de devenir un paria accusé par des dizaines de femmes. L’annulation de son procès samedi ne devrait néanmoins pas redorer son image.
Jusqu’à sa chute brutale et son inculpation fin 2015, il avait gagné sa place au panthéon de la télévision américaine pour avoir notamment contribué à y faire tomber les barrières raciales.
Il fut ainsi le premier acteur noir à tenir un rôle principal dans une série à succès, « I Spy », et à décrocher un Emmy Award du meilleur premier rôle dramatique, en 1966, en plein mouvement des droits civiques.
Mais plus encore qu’à la télévision, c’est dans les salles de spectacle que Bill Cosby a commencé à imprimer sa marque sur la culture américaine.
Ses « one-man shows » ont marqué plusieurs générations d’humoristes, Jerry Seinfeld en tête, par sa capacité à emmener son auditoire dans son univers, tout en utilisant un langage dépourvu de toute vulgarité.
Lors de son procès, c’est un vieil homme fatigué, de près de 80 ans, qui s’est présenté chaque jour à l’audience avec une canne, se disant aujourd’hui aveugle.

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