Catégorie : Sociologie

Grenoble et l’esclavage antillais, pour une lecture décoloniale de l’Histoire locale

— Par Ali Babar Kenjah —

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Voici la tranquilité assurée pour nos îles, tant pour la traite que pour la liberté des nègres il n’y aura de changements que dans l’Administration et la Justice. Nous avons envoyé à l’Assemblée Nationale notre lettre d’adhésion, au nombre de douze habitants de St-Domingue qui sommes à Grenoble, pour la remercier du décret favorable
qu’elle a rendu pour nos îles.
Antoine Dolle, dit L’Américain (3 avril 1790)

Abandonnez les colonies, au moment où vos établissements sont fondés sur leur possession, et la langueur succède à l’activité, la misère à l’abondance : une foule d’ouvriers, de citoyens utiles et laborieux passent subitement d’un état aisé à la situation la plus déplorable ; enfin, l’agriculture et les finances sont bientôt frappées du désastre n’éprouvent le commerce et les manufactures.
Antoine Barnave, (mars 1790)

 

La colonialité dans l’imaginaire des villes des France

La déconstruction des formes de domination qui accablent la société contemporaine impose à la pensée de prendre la mesure exacte du moment décolonial qui s’affirme chaque jour davantage comme le moment d’une convergence ; convergence théorique, qui pose la colonialité historique de l’État français comme matrice de ses pratiques sécuritaires contemporaines et comme noeud indéfectible de son alliance impériale avec la fraction mondialisée de la bourgeoisie nationale.

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Le décret du 27 avril 1848 abolit l’esclavage dans les colonies et les possessions françaises

 2018 : 170ème anniversaire de l’abolition

L’histoire retient le nom de Victor Schoelcher, mais de nombreux auteurs ou philosophes des Lumières se réclamaient de l’ anti-esclavagisme, et l’abolition en France est issue d’un long processus qui demanda une petite centaine d’année. Influencée d’une part par l’abolition maîtrisée dans les colonies britanniques et profitant de la « révolution » de 1848 pour enfin appliquer les textes de 1791 et de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’état français abolit l’esclavage le 27 avril 1848.

Décret relatif à l’abolition de l’esclavage dans les colonies et les possessions françaises
du 27 avril 1848

Au nom du Peuple français.
Le Gouvernement provisoire,

Considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; qu’en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; qu’il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité.

Considérant que si des mesures effectives ne suivaient pas de très près la proclamation déjà faite du principe de l’abolition, il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables désordres,

Décrète :

Art.

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« Les routes de l’esclavage » : questions à Catherine Coquery-Vidrovitch

Alors que se profile le 10 mai prochain la « Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions », et le discours du Président de la République le 27 avril à la Sorbonne, l’histoire de l’esclavage va bénéficier d’une forte visibilité avec la sortie simultanée d’un livre et d’une collection de documentaires, tous deux intitulés Les routes de l’esclavage. Catherine Coquery-Vidrovitch, historienne spécialiste de l’Afrique et professeure émérite de l’université Paris Diderot-Paris VII, a participé en qualité de conseillère scientifique à la série documentaire qui sera diffusée à partir du 2 mai 2018 sur Arte. Dans un entretien avec le Groupe de recherche Achac, elle explique comment cette collaboration féconde avec les auteurs des films, Daniel Cattier, Juan Gélas et Fanny Glissant, a nourri le projet de son livre Les routes de l’esclavage, paru aux éditions Albin Michel.

Quelle a été votre approche pour produire cette vaste synthèse sur l’histoire de l’esclavage, qui traverse les siècles et les continents ?

La réalisatrice Fanny Glissant (petite nièce d’Édouard) a eu l’idée de ses quatre  films pour Arte sur ce sujet en lisant l’ouvrage que j’ai écrit en collaboration avec Éric Mesnard sur Être esclave, d’Afrique en Amérique (La Découverte, 2013).

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17 avril : anniversaires

Bonjour Aimé Césaire, Salut Henri Mangattale (Dudule).

Votre souvenir est plus qu’Image.

Votre souvenir est Respect et Admiration.

Votre souvenir est Peine de Savoir

Que vous n’êtes plus là pour Penser et

Agir avec nous.

Votre absence allonge notre Détresse.

Merci. Vous nous avez aidés à ouvrir les Yeux.

… Pour VOIR !!!

 

 

Lucien Cidalise Montaise

Diamant le 17 Avril 2018 (Toutes les années)

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Mort de Milos Forman

Milos Forman, réalisateur de Vol au-dessus d’un nid de coucou et d’Amadeus, est mort. Le cinéaste d’origine tchèque, devenu américain dans les années 1970, avait 86 ans.
 Milos Forman a, toute sa vie, filmé les rebelles : Jack Nicholson révolutionnant un hôpital psychiatrique dans Vol au-dessus d’un nid de coucou. Devant sa caméra, même Mozart était un rebelle : Amadeus, grand succès public de 1984 lui valut huit oscars dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.

Fils d’un professeur juif et d’une mère protestante, tous deux morts à Auschwitz, Milos Forman entre, à la fin des années 1950, à l’école de cinéma de Prague. Ses premiers films, des comédies comme Les Amours d’une blonde ou Au feu les pompiers rompent avec l’académisme de la production communiste.

Deux fois oscar du meilleur réalisateur à Hollywood

Espoir du cinéma tchèque, Forman est à Paris en août 1968 quand l’intervention soviétique met fin au Printemps de Prague. Devenu réfugié politique, il s’installe aux Etats-Unis, où son style puissant et précis, mettant les acteurs en valeur lui vaut les honneurs. Oscar du meilleur réalisateur à 43 ans pour Vol au-dessus d’un nid de coucou, triomphe public pour la comédie musicale Hair, huit oscars pour Amadeus et un ours d’or à Berlin pour son portrait du magnat de la presse pornographique Larry Flynt.

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Troubles de voisinage : les nuisances peuvent aussi être visuelles

Des encombrants entreposés dans un jardin à la vue des voisins peuvent constituer un trouble anormal de voisinage. C’est ce que rappelle une décision de la Cour de cassation du 8 mars 2018.

À la demande de leurs voisins, les propriétaires d’un pavillon ont été condamnés sur ce fondement pour avoir entreposé sur leur propriété, en divers endroits, de nombreux encombrants, tels que WC, fauteuil en skaï, carcasse de réfrigérateur, banquette déchirée, bouteille de gaz, ou encore rouleau de grillage.

La justice a en effet considéré que la vue sur ces divers « objets » constituait un trouble de voisinage ouvrant droit à réparation.

Au même titre que des nuisances sonores ou olfactives, des nuisances visuelles peuvent parfois être considérées comme des troubles anormaux de voisinage. Ainsi, la Cour de cassation a déjà jugé qu’une clôture constituée de vieux sommiers métalliques rouillés pouvait causer un « préjudice esthétique incontestable » au voisinage.

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Méditation cosmique sur une plage de Martinique

— Par Michel Pennetier —

La plage de Schoelcher eut finalement ma préférence. Derrière moi à droite l’église sur la colline, les petites maisons du bourg, un café qui avait installé sa terrasse sur la plage, je n’avais que quelques pas à faire pour aller boire un planteur entre deux baignades. Devant moi la mer, le mouvement régulier des vagues, les teintes bleutées de l’eau qui au loin se confondaient avec le ciel où vagabondaient les formes changeantes de quelques nuages semblables à mes rêveries.

Mais je n’en restais pas là. Deux activités alternaient, se jeter dans l’eau et nager un petit quart d’heure ou se plonger dans un livre intitulé «  Forme et origine de l’univers, regards philosophiques sur la cosmologie ». Les deux se complétaient merveilleusement et faisaient de moi enfin un corps-esprit parfaitement unifié. Deleuze, commentant Spinoza, fait de la nage une activité qui correspond bien à ce qu’est la vie. Si nous ne savons pas nager, ou mal, nous luttons contre la vague, nous nous débattons désespérément et la vague nous renverse. Nager, c’est s’unir à l’eau, se servir de son énergie.

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L’Ours POP est parti pour une longue hibernation.

— Par Gabriel Jean-Marie, secrétaire national du SMPE —
C’est avec une grande tristesse que nous avons appris le décès dans la journée du mardi 3 avril 2018 de René Achéen, surnommé Renato par ses amis. Il avait 71 ans.
Professeur d’histoire et de géographie, il était un amoureux de l’Amérique Centrale et du Sud. Il a exercé au Chili, en Colombie et au Mexique. Revenu en Martinique, il a exercé la fonction de chef d’établissement (principal au collège Ernest Renan, là où se trouve actuellement la Cour d’appel de Fort de France). Il a ensuite rejoint le rectorat où il a été un proche collaborateur des différents recteurs, notamment en qualité de directeur de cabinet. Passionné par son environnement géographique, il a été un farouche partisan du développement des relations entre la Martinique et les autres pays de la région (caraïbe, Amérique). L’Association Inter-caraïbe d’échanges (INTERCA) a ainsi pu compter sur le soutien de René Achéen et tiré profit de ses réseaux. Il a ensuite occupé la fonction de Délégué Académique aux relations internationales et à la coopération (Daric) au rectorat de Martinique.

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Le chanteur Jacques Higelin est mort

— Par Lorenzo Clément avec AFP —

Le chanteur Jacques Higelin, un des pionniers du rock français, est décédé vendredi matin à Paris à l’âge de 77 ans, a annoncé sa famille.

Jacques Higelin, est l’auteur-compositeuir d’une vingtaine d’albums et quelques chansons inoubliables, parmi lesquelles « Pars », « Champagne » ou encore « Tombé du ciel ». Il est le père de trois enfants artistes, le chanteur Arthur H, la chanteuse Izia Higelin, et le réalisateur Kên Higelin.

Artiste attachant aux airs d’éternel adolescent, cet « enchanteur », auteur, compositeur et interprète, a rassemblé un public de fidèles autour de ses chansons et de ses concerts incarnés, durant desquels il improvisait sans relâche, passait du piano à l’accordéon ou la guitare et apostrophait les spectateurs Homme de coups de gueule et de coups de coeur, toujours révolté, Higelin évoque dans certaines de ses chansons la société, les sans-papiers ou les difficultés économiques, et s’engage à plusieurs reprises aux côtés des sans domicile fixe. Alternant ballades aériennes, rock énergique et envolées lyriques, jonglant avec le texte en amoureux des mots. Né le 18 octobre 1940 à Brou-sur-Chantereine (Seine-et-Marne), d’une mère belge et d’un père alsacien, Jacques Higelin quitte l’école à 14 ans.

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Jou tala… (Rip Rénato…)

— Par Daniel M. Berté —

Lalin, entjèt kon an tatjèt adan an finèt nèf, pa lévé
pou ba maléré an soufrans an ti dousin klerté…
An frè tonbé…
Jou movèzté…

Van lalizé fèmen djòl-i kon lanmen boug chis kon an mel
ki pa lé ba’y an sikdòj ajijéwè an akakwèl…
An frè péd zel…
Jou mòwtel…

Latè fann kon zékal tòti, piébwa pèd fèy, Zandoli rantré majòl-yo
èk arété pran glisad anlè fèy koko…
An frè pèd mo…
Jou bobo…

La riviè pèd fwa, pèd fòs, pèd dlo, èk tout krapolad tjannsé
ek fèmen djòl-yo di, a klé
An frè pèd pié…
Jou krazé…

Soley fann tèt Laviya ki fini fè djòlfò
An dènié laronn-a, i kapoté majò….
An frè mò…
Jou lanmò…

Piébwa ek zannimo, Lalin, Solèy, Latè,
Lalizé, Lariviè, ek tout moun an doulè…
An frè atè…
Jou malè…

Sé plis ki an tjè félé, plis ki an konba pèdi
Sé an vré bondamézanmi…
An frè pati…
Jou modi…

Jou tala, an frè spiriten ladjé-nou ek foukan o péyi san chapo
Eya!… Eya !… Eya ! pou Rénato …
An frè anlè do…
Jou pléré gro dlo…

Daniel M.

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Jazz et franc-maçonnerie, le lien fraternel

— Par Corinne Binesti —

Le jazz, qui a fêté son centenaire en 2017, est devenu patrimoine mondial de l’Unesco. S’il continue d’être joué partout sur la planète, ses créateurs étaient pour la plupart membres de la franc-maçonnerie. Celle-ci joua un rôle majeur dans l’émancipation du peuple noir américain et du jazz en particulier.

Duke Ellington, Louis Armstrong, William Count Basie, Cab Galloway,
Nat « King » Cole, Oscar Peterson, Lionel Hampton … Tous ces grands jazzmen ont été adeptes de la franc-maçonnerie américaine Prince Hall, du nom d’un esclave affranchi.

« Prince Hall et quatorze autres esclaves afro-américains furent initiés à la franc-maçonnerie le 6 mars 1775 par le général Gage, explique Yves Rodde-Migdal, pianiste, franc-maçon au Grand Orient de France et auteur du livre Jazz et Franc-Maçonnerie, une histoire occultée. Le paradoxe est que ce général avait été nommé par la couronne d’Angleterre pour réprimer les révoltes des insurgés américains qui combattaient les forces anglaises ».

Si cette franc-maçonnerie s’élabore dans une société marquée par des siècles d’esclavages et de ségrégation, elle contribue largement à la libération de nombreux esclaves.

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Mauritanie: 10 et 20 ans de prison pour esclavage

Trois personnes ont été condamnées cette semaine en Mauritanie à des peines de 10 et 20 ans de prison ferme pour pratiques esclavagistes, a appris l’AFP aujourd’hui de sources concordantes. Les ONG de défense des droits de l’Homme accusent la Mauritanie de « déni » et de « censure » face à la persistance de cette pratique, officiellement abolie en 1981. La Mauritanie s’est cependant dotée en décembre 2015 de trois tribunaux spécialisés dans les affaires d’esclavage, à Nouakchott, Nouadhibou (nord-ouest) et Néma (sud-est). Ce dernier avait prononcé une première condamnation en mai 2016, à l’encontre de deux hommes, qui avaient écopé de cinq ans de prison ferme.

Dans deux affaires distinctes, le tribunal de Nouadhibou a condamné mercredi une femme à dix ans de prison pour esclavage de trois soeurs, et à vingt ans un père, décédé avant le jugement, et son fils, a indiqué à l’AFP une source judiciaire. Dans cette seconde affaire, « le père Saleck Ould Oumar et son fils qui n’a pas assisté au jugement ont été condamnés par contumace pour avoir réduit en esclaves la famille Joumaa, de quatre membres, dont deux enfants », a précisé la même source.

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Thuram doute de la Fifa après les cris de singe

L’ex-international français Lilian Thuram a estimé jeudi auprès de l’AFP que la «réelle volonté de la Fifa» de résoudre le problème du racisme «se vérifiera par un arrêt de match», à la suite des cris de singe lors du match amical Russie-France (1-3), mardi dans le pays-hôte du Mondial-2018.

«Le plus important, c’est de remercier les photographes et les téléspectateurs qui ont dénoncé ces actes. Mais si cela arrive pendant la Coupe du monde, est-ce que l’arbitre va arrêter le match? J’ai des gros doutes. La réelle volonté de la Fifa se vérifiera par un arrêt de match», a dit le champion du monde 1998 et d’Europe 2000, joueur le plus capé de l’équipe de France (142 sélections).

«Y a-t-il une réelle volonté de la Fifa, de la Fédération russe et de la société en général de résoudre ce problème ? Comment expliquer que les choses ne changent pas radicalement? Depuis combien de temps on parle de racisme dans les stades? Quand est-ce qu’un arbitre a arrêté un match ou que tous les joueurs sont sortis du terrain quand il y a eu des manifestations de racisme?»,

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Hommage à Sœur Eulalie Roseaulin, auteure de : « Des fleurs pour mon Époux »

— Par Pierre Pastel —

Pierre Pastel, sociologue et psychothérapeute propose  un texte publié en 2008 (dans la revue Alizés) et qui a pour titre : Le BEAU1.

A partir de quelques exemples délicats, j’invite, subtilement, à être attentifs à ce qui nous ramène à nos profondeurs, à ce qui nous étonne agréablement, nous édifie intérieurement et qui nous pousse, parfois à notre insu, à soigner nos relations à nous- mêmes, aux choses et aux autres.

En filigrane, et à l’occasion du cent quarantième anniversaire du Couvent Notre Dame De La Délivrande du Morne Rouge en Martinique 2, il mettait en lumière la genèse de (et) l’œuvre de picturale de Sœur Eulalie Roseaulin qui vient de nous quitter ce dimanche 25 mars 2018 à l’âge de 97 ans.

 

LE BEAU

Le BEAU. Il est partout au rendez-vous de notre vie, il est souvent là où on ne l’attend pas. Il nous surprend, nous émeut ! Mais le voyons-nous, le reconnaissons-nous toujours ?

Nos interprétations quant à sa manifestation, ici ou là, dans notre présent, sont comme nos goûts et nos couleurs.

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Rompre avec la foi en l’inévitabilité historique du libéralisme

— Par Pierre Bourdieu —

Je suis ici pour dire notre soutien à tous ceux qui luttent, depuis trois -semaines, contre la destruction d’une civilisation, associée à l’existence du service public, celle de l’égalité républicaine des droits, droits à l’éducation, à la santé, à la culture, à la recherche, à l’art, et, par-dessus tout, au travail. Je suis ici pour dire que nous comprenons ce mouvement profond, c’est-à-dire à la fois le désespoir et les espoirs qui s’y -expriment, et que nous ressentons aussi ; pour dire que nous ne comprenons pas (ou que nous ne comprenons que trop) ceux qui ne le comprennent pas, tel ce philosophe qui, dans Le Journal du -dimanche du 10 décembre, découvre avec stupéfaction  » le gouffre entre la compréhension rationnelle du monde « , incarnée selon lui par Juppé – il le dit en toutes lettres –,  » et le désir profond des gens « .

Cette opposition entre la vision à long terme de  » l’élite  » éclairée et les pulsions à courte vue du peuple ou de ses représentants est typique de la pensée réactionnaire de tous les temps et de tous les pays ; mais elle prend aujourd’hui une forme nouvelle, avec la noblesse d’Etat qui puise la conviction de sa légitimité dans le titre scolaire et dans l’autorité de la science, économique notamment : pour ces nouveaux gouvernants de droit divin, non seulement la raison et la -modernité, mais aussi le mouvement, le changement, sont du côté des gouvernants, ministres, patrons ou  » experts  » ; la déraison et l’archaïsme, l’inertie et le conservatisme du côté du peuple, des syndicats, des intellectuels critiques.

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Une trop brève histoire du temps…

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Tu ne pouvais pas marcher, pas même bouger dans ton fauteuil roulant
mais ton rêve était aussi vaste que l’Univers…
Tu nous le faisais partager,
nous entraînant jusqu’aux confins du cosmos et de l’espace-temps,
à cet “horizon des événements” de trous noirs, là où personne ne s’était aventuré auparavant,
de ta voix informatisée au timbre métallique un peu monocorde de cyborg.
Mais ton intelligence n’était certes pas artificielle !
Un des plus grands penseurs scientifiques de l’humanité depuis Albert Einstein s’en est allé…
Ton étoile a filé dans les cieux, implosant en supernova, fusionnant avec ce cosmos où en esprit tu aimais tant te promener de ton vivant.
Poussière d’étoile, tu es retourné poussière d’étoile…
Merci encore pour tous ces voyages et, pour le dernier, bonne route sur la voie lactée, Monsieur Stephen Hawking !

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Lilyan Kesteloot n’est plus, elle était une spécialiste de Césaire

— Par Yves-Léopold Monthieux —

La presse martiniquaise a salué la mort du professeur d’origine belge, Lilyan Kesteloot, l’une des meilleures analystes de l’œuvre de Césaire. Cette circonstance me conduit à proposer, en vue de sa re-publication, la chronique que les travaux de cette universitaire ainsi que ceux de David Alliot m’avaient inspirée, en 2013, année où Aimé Césaire aurait eu 100 ans. Pour qui veut comprendre l’œuvre du nègre fondamental, la lecture des analyses de ces 2 spécialistes paraît indispensable.

Pourquoi nous ne connaissons pas Césaire ?

Antilla vient de publier des documents jusqu’alors inconnus en Martinique. L’hebdo est allé chercher à l’étranger, où l’on dit que Césaire est mieux connu que chez lui, deux des meilleurs spécialistes du poète et de l’homme politique : David Alliot, écrivain, et Lilyan Kesteloot, universitaire et chercheur. On le voit, les meilleurs spécialistes du poète martiniquais ne sont pas des Martiniquais. Ainsi, j’avais été frappé de constater, lors des obsèques de Césaire, que la conduite de la partie culturelle de la cérémonie fût confiée à des intellectuels de Guadeloupe, un pays que le défunt a peu connu.

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« En Afrique, l’héritage esclavagiste est loin d’être soldé »

— Par Ibrahima Thioub —

Tribune. Pour l’historien sénégalais Ibrahima Thioub, la vente aux enchères de migrants subsahariens en Libye éclaire d’un jour nouveau les traites du passé.

 Il y a de cela dix-sept ans, à l’occasion du quatrième congrès de l’Association des historiens africains, à Bamako, j’exposais pour la première fois mes idées sur les lectures africaines de la traite des Africains mis en captivité et destinés à une migration forcée outre-Atlantique. A l’époque, jeune historien d’une innocente naïveté, je m’aventurais sur le sujet à partir d’une tentative d’analyse critique des lectures africaines des traites esclavagistes et de l’esclavage, que je prenais pour un objet de réflexion comme un autre, sans en mesurer toute la charge mémorielle et donc émotionnelle.

Je soutenais alors que les élites politiques et marchandes africaines et leurs Etats n’avaient pas subi en victimes amorphes la traite atlantique. J’avançais qu’ils avaient eu leur propre agenda en prenant part à la mise en œuvre du système de violence producteur des captifs exportés aux Amériques. Il me semblait alors dévalorisant pour l’Afrique et contraire à la vérité historique de penser que les Européens sont venus, pour ainsi dire, razzier les captifs dans les villages sans la participation active de certains segments des sociétés africaines.

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Carême : Moïse à jeûné mais ni Jésus ni ses disciples…

Le nom carême provient de la contraction du mot latin quadragesima, qui signifie « quarantième ». On appelle aussi le carême la Sainte Quarantaine. La durée de quarante jours commémore à la fois les quarante jours et quarante nuits du jeûne de Moïse avant la remise des Tables de la Loi et les quarante jours de la tentation du Christ dans le désert entre son baptême et le début de sa vie publique, lors desquels il fut tenté par Satan, d’après les Évangiles synoptiques.

La pratique du carême remonte au IVe siècle. Les jours qui ont précédé la pâque et la mort de Jésus, ni Jésus ni ses disciples n’ont jeûné. Les récits des Évangiles indiquent qu’à Béthanie, seulement quelques jours avant sa mort, ses disciples et lui se sont rendus chez des gens, où ils ont pris des repas. Jésus a en outre mangé le repas de la Pâque la nuit précédant sa mort. — Matthieu 26:6, 7 ; Luc 22:15 ; Jean 12:2. C’est durant le Concile de Laodicée (348? – 381?) que fut prescrite la xérophagie, c’est-à-dire l’usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps qui correspondait au carême.

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Léon Laurent Valère nous a quittés, il était un juste

— Par Yves-Léopold Monthieux —
C’était à la fin des années 1970, à Fort-de-France, près de la Savane, un vendredi soir de campagne électorale. Les briseurs de conférences venaient d’être empêchés de gravir l’escalier qui conduisait au micro de Maître Valère, candidat à une élection à Fort-de-France. Celui-ci s’exprimait au premier étage de la Rotonde. J’ai retenu la phrase qu’il avait alors prononcée : « nous ne nous arrêterons pas à ces trublions qui ne comprendront jamais que la politique est une affaire d’adultes ». Ses réactions aux coups qu’il recevait n’allaient pas au-delà des répliques de ce genre et du ton modéré de l’homme politique pour qui l’élégance d’esprit était l’arme préférée. Le lundi suivant, au matin, une nuée de tracts envahissait les rues de la ville avec, écrit en gros caractères : « Valère, le candidat de la violence ». C’est comme le voleur qui crie « au voleur ! ». Toute la campagne se poursuivit sur ce ton. Cette injustice et les suivantes, plus généralement le traitement politique dont il fut la victime, ont participé de mes premières indignations politiques.
J’avais apprécié le talent de l’avocat, l’élégance de l’intellectuel, le panache de celui qui osait affronter Césaire et, bien entendu, le discours percutant quoique modéré de l’homme politique.

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Les aveux sans fin de la chair

— Entretien réalisé par Nicolas Dutent —

Rencontre avec Frédéric Gros, philosophe et préfacier du dernier volume de l’Histoire de la sexualité de Michel Foucault.

Quelle place occupe les Aveux de la chair au sein de l’œuvre de Michel Foucault et de l’Histoire de la sexualité en particulier ?

FRÉDÉRIC GROS On parle ici d’une étude très importante, érudite et passionnante, sur le christianisme des premiers siècles de notre ère à travers le filtre de la sexualité. Les livres de Foucault jusque-là publiés avaient porté essentiellement soit sur la modernité occidentale (XVIe-XIXe siècles) quand il s’agissait d’entreprendre une archéologie des discours (les sciences humaines) ou une généalogie des pouvoirs (la discipline normalisante), soit sur l’expérience antique des plaisirs. C’est le premier livre de Foucault consacré entièrement aux doctrines (à propos du mariage, de la virginité, du péché de luxure), aux rituels, aux pratiques (baptême, pénitence) tels que les Pères chrétiens des premiers siècles les ont élaborés. Cet ouvrage vient donc compléter l’étude de la sexualité ancienne en donnant toute sa place à l’Antiquité chrétienne. L’examen de cette part chrétienne est particulièrement décisif pour Foucault parce que, autant l’expérience grecque est éloignée de la nôtre, autant au contraire notre expérience contemporaine d’être des « sujets de désir » prend ses coordonnées fondamentales et secrètes dans des pratiques de soi élaborées dans les premiers monastères chrétiens ou des dissertations sur la sexualité d’Adam.

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Camille ALEXANDRE, l’expression populaire du sport

— Par Guy Flandrina —

À ses débuts journalistiques Camille ALEXANDRE sera d’abord critiqué, chahuté…

Ses expressions imagées et issues d’un parler populaire font les beaux jours des moqueurs.

L’homme n’en aura cure !

Tenace et travailleur, il s’investit pleinement dans son métier. Journaliste passionné, il est sur tous les terrains. Il évolue dans toutes les sphères sportives.

Ses progrès sont incontestables ! Son nom devient quasiment un synonyme du journalisme sportif martiniquais.

Son savoir encyclopédique des événements sportifs, dans de multiples disciplines, émerveille plus d’un.

Il devient alors, de la bouche de certains de ses détracteurs de naguère : « notre Camille national ».

Sans doute l’église pour assister à ses funérailles sera­-t­elle « pleine comme un vol vacances »…

A sa famille, singulièrement à son épouse Hélène, à mes confrères de Martinique 1ère et à tous ceux qui l’ont connu et apprécié, j’adresse mes très sincères condoléances.

Guy FLANDRINA

 

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Claude Dauphin : « Musique et liberté au siècle des Lumières »

— Propos recueillis par Robert Berrouët-Oriol —

Le musicologue Claude Dauphin vit et travaille à Montréal. Auteur du livre de référence « Histoire du style musical d’Haïti » (Éditions Mémoire d’encrier, 2014), il vient de faire paraître à Paris, aux Éditions L’Harmattan, « Musique et liberté au siècle des Lumières ». Notre collaborateur Robert Berrouët-Oriol l’a rencontré pour une entrevue exclusive au National. 

Le National (LN) : Voulez-vous, Claude Dauphin, pour les lecteurs du National, situer votre parcours de musicologue (formation, principales publications, enseignement universitaire) ?

Claude Dauphin (CD) : Tout d’abord, un amical bonjour au lectorat du National qui me fait l’honneur de s’intéresser à mes récentes publications dans le domaine de la musicologie. Ma formation en musicologie s’est déroulée dans les années 1970-1980. Commencée à l’Université du Québec à Montréal, je l’ai poursuivie à l’Université de Montréal (maîtrise) et achevée à l’Académie Liszt (Université de Budapest) en Hongrie, par un doctorat. À sa suite, j’ai accédé à un poste de professeur à l’Université du Québec à Montréal, en 1988, tout en contribuant à différents enseignements ou directions de recherche dans le réseau universitaire français.

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In Memoriam : Rachel Beauvoir, la reine-soleil couchée

— Par Joël Des Rosiers —

« Et les chiens se taisaient » – Aimé Césaire

La mort de Rachel Beauvoir est une blessure. Nous dînions en famille, il y a quelques jours, dans le jardin édénique à l’ombre des grands arbres sacrés qui relient la terre au ciel. Les neuf chiens, un peu agités, aboyaient sans cesse jusqu’à ce qu’ils eurent fini par se résigner à notre présence. Dehors, les stridences des klaxons d’un « blocus » routier interminable qui nous avait retenus plusieurs heures dans la poussière, à hauteur de Mariani, se heurtaient aux hautes murailles barbelées de la propriété. Et Nirva, l’illustre servante, qui apparaissait et disparaissait comme dans le poème de Perse, jetait un voile de pudeur et d’irréalité sur cette rencontre qui allait devenir à notre insu un dîner d’adieu.

Lorsque je lui ai annoncé la mort de Rachel Beauvoir qui nous avait accueillis en compagnie de son mari avec une délicieuse hospitalité, ma fille Inès qui du haut de ses cinq ans possède le don des langues m’a demandé si les neuf chiens avaient pleuré.

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LDH Guadeloupe soutient « EnVie-Santé »

Dans un texte daté du 7 décembre 2007, rendu public (Journaux et Radios), dont le titre était « Droits de l’homme – Santé – Démocratie », nous abordions diverses questions dont celle de la pollution de nos sols et de nos eaux par le Chlordécone. Précisément sur ce sujet, nous écrivions ceci : « Les droits de l’homme ne sont pas seulement des droits qui s’appuient sur de grands principes immatériels d’ordre philosophique comme ceux que l’on peut lire sur le fronton des édifices publics, « Liberté, Égalité, Fraternité » et qui s’opposent au racisme et à la xénophobie ou, encore, qui constituent le socle des institutions politiques, République, Démocratie. Ce sont aussi des droits très concrets tels que le droit de respirer un air pur, le droit de boire une eau non polluée, le droit de manger des produits agricoles non contaminés, le droit à la santé. Aussi, la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) suit-elle avec beaucoup d’attention l’évolution du dossier de la pollution de nos sols par le Chlordécone. Outre la question de santé publique qui concerne tout le monde, la LDH Guadeloupe se soucie du devenir des agriculteurs qui se retrouvent, sur ces terres contaminées, avec des contraintes parfois insurmontables.

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