Catégorie : Sociologie

Philippe Descola : « La nature, ça n’existe pas »

L’anthropologue Philippe Descola nous a fait reconsidérer l’idée de nature. Sa pensée a profondément influencé l’écologie, et dessine la voie d’une nouvelle relation entre les humains et le monde dans lequel ils sont plongés. Reporterre a conversé avec lui : voici son interview, à écouter en podcast et/ou à lire.

Philippe Descola est titulaire de la chaire d’Anthropologie de la nature au Collège de France et directeur du Laboratoire d’anthropologie sociale (ENS/EHESS). Il est l’auteur des Lances du crépuscules (Plon, 1993) et de Par delà nature et culture (Gallimard, 2005).

Écoutez l’émission, enregistrée au Ground Control, à Paris     • Lien du podcast ici

Reporterre – Philippe Descola, vous êtes un penseur ‘cardinal’ dans l’évolution de la pensée écologique depuis 20 à 30 ans. Jeune étudiant, dans les années 1970, vous êtes parti au fin fond de l’Amazonie, entre l’Equateur et le Pérou, à la découverte des Achuars. Vous y avez passé deux à trois ans en immersion et plus tard plusieurs séjours. Comment avez-vous vécu chez ce peuple, que s’est-il passé ?

Philippe Descola – Je suis parti parce que j’avais de l’intérêt pour la façon dont les sociétés entretiennent des liens de diverses sortes avec leur environnement.

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La grève de Février 1900

Vendredi 7 février 2020 – 19 H : Représentation théâtre amateur. Terrain de l’Usine – François Municipalité du François

Samedi 15 février 2020 – 19 H : Swaré bèlè Salle des fêtes du François AM 4

Télécharger le dossier de la CTM, transmis par Marie-Hélène Léotin

Il y a 120 ans, la Martinique était touchée par le premier mouvement de grève générale dans le pays. Il s’agissait d’une grève des ouvriers de la canne, principale force productive à cette époque. Après la lutte des esclaves pour la liberté en mai 1848, la lutte des paysans pauvres pour la terre et la dignité en septembre 1870, la classe ouvrière martiniquaise entamait la longue lutte pour l’amélioration de ses conditions de travail.
Tous les gros centres sucriers ont été touchés. Cette grève fut marquée par l’épisode tragique de la fusillade du François qui eut un retentissement international. Le dirigeant russe Lénine eut l’occasion d’évoquer «La Martinique, le pays des vaillants ouvriers du François».

LA CRISE SUCRIEREE
La grève de février 1900 se situe dans le contexte de crise sucrière de la fin du XIXe siècle.

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« Le mythe de la virilité », un essai d’Olivia Gazalé

Et si, comme les femmes, les hommes étaient depuis toujours victimes du mythe de la virilité ? De la préhistoire à l’époque contemporaine, une passionnante histoire du féminin et du masculin qui réinterprète de façon originale le thème de la guerre des sexes. Pour asseoir sa domination sur le sexe féminin, l’homme a, dès les origines de la civilisation, théorisé sa supériorité en construisant le mythe de la virilité. Un discours fondateur qui n’a pas seulement postulé l’infériorité essentielle de la femme, mais aussi celle de l’autre homme (l’étranger, le « sous-homme », le « pédéraste »…). Historiquement, ce mythe a ainsi légitimé la minoration de la femme et l’oppression de l’homme par l’homme. Depuis un siècle, ce modèle de la toute-puissance guerrière, politique et sexuelle est en pleine déconstruction, au point que certains esprits nostalgiques déplorent une « crise de la virilité ». Les masculinistes accusent le féminisme d’avoir privé l’homme de sa souveraineté naturelle. Que leur répondre ? Que le malaise masculin est, certes, une réalité, massive et douloureuse, mais que l’émancipation des femmes n’en est pas la cause.

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L’affaire Mila, une défaite pour la République

— Par Razika Adnani. Philosophe, islamologue(*) —

Mila, une jeune fille de 16 ans, a été harcelée par des menaces de violences et de mort parce qu’elle a critiqué l’islam. C’est inacceptable mais aussi très inquiétant. Les jeunes qui ont proféré ces menaces sont des Français. De jeunes Français pensent donc que l’islam, leur religion, prime sur les valeurs et les lois de la République qui garantissent la liberté de s’exprimer et de blasphémer. En appelant à la violence et au meurtre, ils veulent se faire justice eux-mêmes et ainsi se substituer au droit. Le problème est plus grave encore étant donné que des non musulmans trouvent que Mila mérite ce qui lui arrive, car elle a provoqué par ses propos. De plus en plus la provocation revient dans les discours pour justifier les agressions et les violences. Ainsi, certains trouvent normal que la liberté de s’exprimer soit bafouée ou que les individus se substituent à la justice et que chacun punisse lui-même celui qu’il estime lui causer du mal. Voilà pourquoi cette affaire n’est pas seulement une menace contre Mila, elle est également une menace contre la République.

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« France-Antilles », seul quotidien des Antilles et de Guyane, en liquidation judiciaire

Le journal régional est mis en redressement judiciaire, sans capacité à exercer ses activités.
Les salariés du groupe avaient cependant toujours un petit espoir vendredi 24 janvier, avant que la décision ne tombe, même s’ils étaient inquiets en cas de reprise : « Si l’activité se poursuit, au 1er février on va partir sur un contenu totalement nouveau sur lequel nous n’avons pas discuté, nous n’avons pas travaillé sur ce projet », comme l’expliquait au site d’outre-mer La 1ere, Mélinda Boulai, du Syndicat national des journalistes.

Le groupe France-Antilles était en redressement judiciaire depuis le 25 juin 2019. Le tribunal de commerce avait laissé jusqu’à mercredi soir (heure de la Martinique) à l’actionnaire pour fournir « les éléments complémentaires liés au bouclage financier » de son offre de reprise, présenté le 14 janvier dernier.
« Un cataclysme social »

Mais AJR Participations (société de Aude Jacques-Ruettard, petite-fille de Robert Hersant, l’actionnaire majoritaire du journal), n’aurait pas réussi à boucler son plan de financement, alors qu’il avait fait une offre de reprise à hauteur de 7 millions d’euros, prévoyant de conserver 125 postes sur les 235 du groupe, avec la parution d’un trihebdomadaire en Guadeloupe et en Martinique et une version numérique en Guyane.

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Le Boucanier, Hachoir Lugubre à Kakos.

— Par Pierre Pastel, Sociologue / Psychothérapeute.—

« Nous proposons, par ce texte, une lecture pour le moins originale de la société, à la fois française et mondiale, dans laquelle nous sommes tous  appelés à évoluer en tant qu’individu et en tant que groupe. Chacun fera son idée et son décryptage ».

Cent ans pour…

Le Boucanier hennit, ses leptoméninges1 sont sectionnées. Il court, il court après l’arachnoïde2 et la pie-mère3.

Lobotomisé4, l’âme vidée, à leur recherche, il erre de rameaux en bronches, de bronches en bronchiectasie5.

Nerveux, il ne parvient pas à les attraper ; il s’acharne donc sur les kakos6 ou ce qu’il croit être des kakos. Kakos pour kakos au pays des moins que rien, ce n’est que viande et os sans science à son humble conscience.

S’il rit d’avoir déjà terrassé de nombreux groins, hautain, il ne s’aperçoit même pas de son arrogance. Il veut béquer encore et encore. Il bèque, il bèque alors, sans parvenir à assouvir sa faim de goule.

« Ô temps7 complice des joies que tu me procures à voir croupir ces « planétophages » 8 gangréneux, préserve-moi l’existence jusqu’à deux cent cinquante ans dans l’eau tant agréable de ma mission de sauveur, le temps de les assécher jusqu’à poussière ».

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Pierre Singaravélou « La décolonisation commence au premier jour de la colonisation »

« Décolonisations » série documentaire  à voir en replay sur Arte

— Par Sophie Joubert —

Historien et professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne et au King’s College, Pierre Singaravélou est l’auteur, avec Karim Miské et Marc Ball, de la série documentaire « Décolonisations », diffusée sur Arte. Un point de vue neuf qui tisse un récit global et donne de nouvelles clés d’explication.

Votre série documentaire change radicalement de perspective en adoptant le point de vue des colonisés…

Avec les deux réalisateurs, Karim Miské et Marc Ball, nous avons tout simplement essayé de changer de « sujet ». Jusqu’à aujourd’hui, l’histoire de la colonisation et de la décolonisation a été presque exclusivement appréhendée du point de vue des Européens ; les populations autochtones étant considérées comme de simples agents ou victimes passives de la domination étrangère. Il fallait restituer à ces « sujets indigènes » leur capacité d’action. Cela supposait d’abandonner les pronoms « ils » et « eux », qui pendant des décennies ont essentialisé des millions d’individus pour retrouver le « je » et le « nous » de ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour leur liberté.

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La galette des rois est attendue par tous les gourmands. Quelle est son origine? Que représente la fève? Quand la mange-t-on?

Qu’on préfère la galette à la frangipane ou la couronne briochée aux fruits confits, janvier est le mois de la galette des rois. Mais quels symboles se cachent derrière ? D’où vient cette tradition ? Et quid de la fève ? Nadine Cretin, historienne des fêtes spécialisée en anthropologie religieuse (et auteure de nombreux livres), nous aide à découvrir ce qui se cache derrière la pâtisserie.

Le 1er dimanche ou le 6 janvier ?

« Jusque dans les années 1960, l’Épiphanie (nom grec qui signifie apparition) était un jour férié qui tombait le 6 janvier. Le partage du gâteau était souvent célébré le 5 au soir. Mais le Vatican II (1962-1965) a décidé que l’Épiphanie serait célébrée le premier dimanche suivant le 1er janvier. De nombreux pays cependant ont conservé la date originelle du 6 janvier, comme la Pologne. En fait, c’est le partage du gâteau qui est traditionnel. Et il se fait plusieurs fois dans le mois ! »

Religieux ou pas ?

« Le partage de la galette n’a rien à voir avec la religion. Cela faisait partie des célébrations autour du solstice d’hiver, propice aux divinations.

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En Guadeloupe, la mémoire de l’esclavage

— Par Pascal Charrier —

L’emploi massif d’une main-d’œuvre asservie a laissé de nombreux vestiges sur l’archipel antillais. Alors que l’oubli a longtemps été de mise, les collectivités territoriales valorisent le patrimoine laissé par cette histoire douloureuse.

De ce promontoire dressé au-dessus de Basse-Terre, la préfecture de la Guadeloupe, la vue est imprenable sur l’océan Atlantique. Les Français y avaient bâti un premier fortin dès le XVIIe siècle pour défendre leur possession face aux appétits anglais. Le conseil départemental, aujourd’hui propriétaire de ces 5 hectares entourés d’épais remparts, va y inaugurer en 2020 une œuvre conçue pour magnifier « l’esprit de résistance et de résilience » des Guadeloupéens.

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Autour de l’affaire Matzneff, l’affrontement de deux époques

Paris – Il y a ceux qui découvrent les faits, abasourdis, et ceux qui savaient sans trop voir le mal: les révélations d’une éditrice racontant sa relation sous emprise, alors qu’elle avait 14 ans, avec l’écrivain Gabriel Matzneff, font s’entrechoquer deux époques et deux regards sur la pédophilie.

Le goût autoproclamé de l’écrivain de 83 ans pour les « moins de 16 ans » et pour le tourisme sexuel avec de jeunes garçons en Asie avait jusqu’ici très peu fait ciller. La sortie, prévue jeudi, du livre « Le Consentement » de Vanessa Springora, 47 ans, semble être en train de changer la donne. 

Apportant son « soutien » à « toutes les victimes » de l’écrivain, le ministre de la Culture Franck Riester a ainsi rappelé samedi que « l’aura littéraire n’est pas une garantie d’impunité« . 

Autre signe de cette bascule: la séquence où Bernard Pivot interviewe Gabriel Matzneff est devenue virale (près de 900.000 vues) et fait scandale, près de trente ans après sa diffusion. Il y est interrogé de manière badine sur ses conquêtes sexuelles. A l’exception de l’écrivain québécoise Denise Bombardier, lui lançant qu’il aurait « des comptes à rendre à la justice« , personne ne réagit. 

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« La censure se communautarise »

La philosophe Carole Talon-Hugon dénonce un « tournant moralisateur dans l’art » et un nouveau type de censure qui s’exprime par la pétition ou par les tribunes.

— Propos recueillis par Thomas Mahler —
2019 resterera-t-elle comme une année sombre pour la liberté d’expression dans le domaine artistique ? Cette année, un film, J’accuse, a été déprogrammé de plusieurs salles publiques du fait d’accusation de viols contre son réalisateur. Une mise en scène des Suppliantes d’Eschyle n’a pu être joué à la Sorbonne pour cause d’un anachronique « blackface ». Une pétition a exigé le retrait d’une fresque d’Hervé Di Rosa au Palais-Bourbon alors que celle-ci célèbre pourtant l’abolition de l’esclavage. Spécialiste d’esthétique, la philosophe Carole Talon-Hugon a publié aux PUF un livre passionnant, L’Art sous contrôle, où elle analyse comment les artistes, après des décennies de transgression, sont devenus obsédés par la morale, et comment est apparu un nouveau type de censure émanant non de l’État, mais de groupes communautaires. Nous précisons que cet entretien a été réalisé avant le déclenchement de l’affaire Matzneff.

La philosophe Carole Talon-Hugon. Le Point : Le J’accuse de Polanski retiré de plusieurs écrans, l’affaire des Suppliantes d’Eschyle à la Sorbonne, une pétition contre la fresque de Di Rosa au Palais-Bourbon… 2019 a-t-elle été une année noire pour la liberté d’expression dans le domaine artistique ?

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Caprice (à Alain Caprice)

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

Ta vie n’en fut pas un !
Car toujours tu as su,
fait c’que tu as voulu :
photo, peinture et poésie,
touche-à-tout de génie…

Ton art, pas un non plus !
Car il a défendu
contre injustices, abus
tout ce que tu étais :
noir, fier et Antillais
profondément humain…

La muse par nature
est femme capricieuse !
C’est sans doute pourquoi
tant elle t’inspira
poétiques paroles,
reflets d’âme créole,
sonnant puissantes et vraies !

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Journée internationale des personnes migrantes

« Les migrations favorisent la croissance économique, le dynamisme des sociétés et la tolérance. Elles offrent une chance à des millions de personnes en quête d’une vie meilleure, et profitent aussi bien aux communautés d’origine et qu’à celles de destination. » — António Guterres, Secrétaire général de l’ONU
La Journée internationale des personnes migrantes est l’occasion de dissiper les préjugés et de sensibiliser l’opinion à leurs contributions dans les domaines économique, culturel et social, au profit tant de leur pays d’origine que de leur pays de destination.

Les migrations sont une réalité incontournable. De nombreuses raisons amènent les gens à se déplacer – que ce soit pour étudier à l’étranger, rejoindre des membres de la famille, chercher un emploi ou des moyens de subsistance, ou assurer un meilleur avenir à leurs enfants. D’autres quittent leur pays pour fuir la criminalité, la violence, les conflits, la persécution, l’insécurité, la discrimination, les catastrophes naturelles et la dégradation de l’environnement, ou encore la pauvreté.

La plupart passent d’un pays en développement à un autre ou quittent un pays en développement pour un pays développé.

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Concurrence des mémoires : position du CNMHE du 4 juin 2019

Le Comité national pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage (CNMHE) s’oppose à toute forme de concurrence des mémoires des crimes contre l’humanité.

La notion de crime contre l’humanité est affirmée dans le décret d’abolition de l’esclavage, le 27 avril 1848 qui qualifie l’esclavage comme un « attentat à la dignité humaine ». Le fait de posséder des esclaves est alors puni de la peine de déchéance de la citoyenneté. Ces dispositions législatives ont été oubliées et la loi Taubira a remis en avant ce concept en 2001. Le procès de Nuremberg a qualifié de crime contre l’humanité, « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation, et tout autre acte inhumain inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux et organisés en exécution d’un plan concerté à l’encontre d’un groupe de population civile ».
L’esclavage colonial et les entreprises d’extermination nazies ont été commis dans des contextes historiques, politiques, juridiques, sociaux, économiques et idéologiques très différents. Vouloir les hiérarchiser relève de l’ignorance.

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« Le pouvoir sur scènes » de Georges Balandier

Pas de pouvoir sans  sa théâtralisation

— Par André Akoun —
L’ouvrage que nous donne Georges Balandier a deux intérêts : un intérêt théorique nous rappelant, à propos du pouvoir, que les faits sociaux ne sont. jamais des faits de nature, c’est-à-dire de simples rapports de force, mais des faits de communication et de langage, . des faits symboliques ; un intérêt conjoncturel,’ en nous rappelant, en cette période de campagne électorale (mais y a-t-il des périodes hors campagne électorale dans nos sociétés) ? le lien qui unit intimement pouvoir et spectacle.
Le livre veut montrer qu’il n’y a pas de pouvoir — jamais et nulle part — qui n’implique une théâtralisation, une mise en scène, un apparat ; qu’il n’y a pas de pouvoir nu et muet. Mais il -faut aller plus loin et’ refuser ce qu’une tradition politique veut croire : le pouvoir ne se réduit jamais au rapport de domination entre dominants et assujettis. Le « théâtre » qui l’accompagne n’est jamais un habit qui s’ajoute à la réalité du pouvoir pour la dissimuler. L’effet de pouvoir résulte de la théâtralisation elle-même.

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C’est un petit retraité de 63 ans qui s’adresse à vous…

— Par Jean-Jacques Rey —

Depuis trente ans au moins, il y en a qui nous rebattent les oreilles avec le fait (statistique) que nous vivons de plus en plus vieux et qu’en conséquence, « inévitablement », il faudra augmenter la durée et les montants de cotisations; reculer -encore- l’âge légal de départ à la retraite (jusqu’à 70 ans pour certains !) diminuer le taux des pensions, etc.

Mais ces oiseaux de malheur oublient soigneusement de reconnaître que beaucoup d’entre nous ne vivons pas assez longtemps (quand ce n’est mourir avant !) pour profiter significativement de notre retraite, notamment dans les catégories sociales, modestes : avec de fréquents revenus minables et métiers ingrats et/ou pénibles ; sans parler des situations de détresse et des exclus de toutes sortes : je rappelle quand même qu’un quart grosso modo de la population française est maintenant en-dessous du seuil de pauvreté…

La vision de société de ces esprits chagrins qui veulent tout soumettre à leur économisme, même les rouages de la Vie sur Terre, est catastrophique. Elle découle de valeurs bourgeoises qui se sont imposées au fil des siècles en modèle par défaut, au prix souvent de méthodes extrêmement brutales comme « l’industrialisation » de l’esclavage : véritable origine de la mondialisation économique, affublée du manteau « libéral », quant à lui étiqueté de préférence en langue occidentale… Tout ça : tout ce tralala savant, pour justifier de bas instincts et du vice (comme l’exploitation éhontée de sociétés humaines, entières, à l’échelle d’un continent) etc.

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« Primitivismes; une invention moderne « 

— Par Philippe Dagen —

Dans un moment où l’histoire des cultures est en cours de réécriture et ne peut plus être réduite à la chronique des avant-gardes occidentales, et alors que les études postcoloniales ont plusieurs décennies d’ancienneté, une notion est demeurée jusqu’ici à l’abri de toute révision critique : primitivisme. Le mot est d’usage courant dans la langue de l’histoire de l’art autant que dans celle de la critique et du marché de l’art actuel. La notion dont il est dérivé, primitif, ne saurait plus être employée. Mais primitivisme résiste, fort de l’autorité qu’acheva de lui conférer une exposition célèbre du MoMA de New-York en 1984 et les noms de ses plus fameux artistes – Gauguin, Matisse, Picasso, Kirchner, Nolde, Kandinsky, Klee, Miró, Giacometti, etc. – et de ses plus illustres écrivains – Jarry, Apollinaire, Cendrars, Tzara, Breton, Éluard, etc. Aussi est-il nécessaire de mettre à nu tout ce qu’il contient de sous-entendus et de stéréotypes depuis que primitif, dans le dernier tiers du XIXe siècle, est une notion centrale de la pensée occidentale. Premier constat flagrant : le colonialisme des puissances européennes, avec ce qu’il suppose de racisme et de conquêtes, est la condition nécessaire du développement de l’ethnologie, de l’anthropologie et des musées.

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Guadeloupe: quatre lycéens mis examen pour viol en réunion

Deux d’entre eux sont aussi poursuivis pour « diffusion d’image de mineure à caractère pornographique aggravée par l’utilisation d’un réseau social »

Quatre lycéens de 16 ans, scolarisés à Capesterre Belle-Eau, en Guadeloupe, ont été mis en examen samedi pour viol en réunion d’une camarade, et une information judiciaire a été ouverte, a-t-on appris lundi auprès du parquet, confirmant une information de médias locaux.

Les quatre mis en cause seront poursuivis pour «viol en réunion» et aussi pour deux d’entre eux, pour «diffusion d’image de mineure à caractère pornographique aggravée par l’utlisation d’un réseau social, en l’occurrence WhatsApp», sur lequel ont été diffusées les images d’un rapport sexuel, a précisé Michael Ohayon, procureur adjoint de la République de Pointe-à-Pitre.

Les faits se seraient déroulés en trois temps, les 10 et 17 octobre et le 5 novembre, toujours dans une école désaffectée du bourg de Capesterre-Belle-Eau.

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Un visiteur à la Martinique

— Par Michel Pennetier —

Pour la troisième fois depuis une dizaine d’années, je suis en visite à la Martinique , invité par un ami de longue date qui vit depuis une vingtaine d’années sur ce territoire. L’envie d’écrire un compte-rendu naît de mon impression d’avoir cette fois franchi un pas de plus dans la connaissance de la vie sur cette île et de son passé. C’est un regard nécessairement extérieur, mais emprunt du désir de s’approcher de l’altérité et comme le dit E.Glissant d’entrer dans le processus de la RELATION. Je présenterai d’abord les deux protagonistes de ce séjour et l’amitié qui les lie, ce qui constitue les conditions de ma rencontre avec la Martinique puis j’évoquerai en quatre petits tableaux ce qui m’a permis d’approfondir mon regard.

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Station Vito aéroport : on a frôlé, une fois de plus, une grave catastrophe.

— Par Alphonse Dégras de la CGTM —

Ce samedi vers 17h30, les employés de la station Vito Aeroport ont une nouvelle fois été témoins d’un accident au sein même de la station.

Deux voitures sont entrées en collision dans l’un des couloirs de ravitaillement de la station-service. Pas de blessés grave, des véhicules accidentés et des employés qui ne cessent de compter les accidents sur leur lieu de travail.
« Ça commence à bien faire »: C’est en ces termes qu’a réagi, avec une colère contenue et en employant un langage châtié, une cheffe d’équipe de la SESA/Station-service VITO de l’aéroport après le nouvel accident qui a eu lieu dans cette station le 30 novembre 2019.
Rappelons qu’en juillet 2017, un jeune homme de 21 ans y a perdu la vie alors qu’il était à son poste de travail. Et en août 2019, deux nouveaux accidents ont à nouveau fait la une de l’actualité. Ce 30 novembre 2019, ce nouvel accident vient allonger cette liste déjà trop longue à notre goût.
La CGTM PP alerte à nouveau les pouvoirs publics : Maire du Lamentin, l’Etat (DEAL), la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM), ainsi que le Président du Conseil de surveillance de la SAMAC, et les propriétaire et gérant de cette station.

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Exigeons la création d’un Musée dédié à l’Esclavage colonial en Martinique

— Par Sylvère Farraudière —

A cette question, posée à Monsieur Alfred MARIE-JEANNE, Président du Conseil Exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, il m’a été fait une réponse évasive, le 22 juillet 2019. Je réitère donc ma demande à Monsieur Alfred MARIE-JEANNE, en sa qualité de Président du Conseil Exécutif de la CTM, selon l’article 72-1 de la Constitution, et souhaite avoir en même temps les réponses aux questions que sa réponse du 22 juillet 2019 soulève.

Pourquoi ce musée n’existe-t-il pas déjà, même à l’état de projet, alors que la Martinique affiche une activité muséale prospère et de qualité, à raison d’un musée par semestre ; alors que la CTM annonce avec vigueur et véhémence la création imminente à Fort-de-France, d’un musée déjà financé, dédié aux Arts contemporains ? Qui refuse le Musée dédié à l’Esclavage colonial en Martinique ? La Martinique a supporté l’Esclavage colonial, sur son sol pendant plus de deux siècles sans discontinuer ; et le colonialisme, un siècle de plus ; pourquoi la Martinique ne serait-elle pas capable de supporter, sur son sol, aujourd’hui, un Musée nommément dédié à l’Esclavage ?

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Nom de famille, de naissance, d’usage, patronymique, marital, quelles différences ?

Nom de famille, nom de naissance, nom patronymique, nom d’usage, nom de « jeune fille » ou encore nom marital : existe-t-il vraiment une différence entre tous ces termes ?

Oui et non répond Service-public.fr dans sa fiche concernant le nom de famille, le nom patronymique, le nom d’usage et le nom marital .

En effet, le nom de famille, le nom de naissance et le nom patronymique ont la même signification : il s’agit du nom inscrit sur votre acte de naissance.

Par contre, le nom d’usage est un nom utilisé dans la vie quotidienne. Il ne remplace pas votre nom de famille qui reste le seul nom mentionné sur vos actes d’état-civil.

Quant au nom marital, il s’agit en fait du nom de votre époux ou de votre épouse que vous décidez de prendre comme nom d’usage.

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Quand 2019 se penche sur le cas de Gauguin le « pédophile »

— Par Louis Nadau —  

Alors que la National Gallery de Londres consacre une exposition aux portraits de Paul Gauguin, le « New York Times » a publié ce lundi 18 novembre un article invitant à revoir l’héritage du peintre à l’aune de ses relations avec des Polynésiennes de 13 et 14 ans.

« Is It Time Gauguin Got Canceled ?« . C’est le titre provocateur de l’article publié ce lundi 18 novembre dans le New York Times émettant l’hypothèse, comme diraient des Twittos, qu’on « supprime » purement et simplement l’œuvre du peintre. « Pourquoi Gauguin est-il problématique ? » serait certainement un bon équivalent de ce titre dans ceux des médias français qui adhèrent au révisionnisme anachronique. Alors que la National Gallery de Londres consacre une exposition aux portraits de Paul Gauguin jusqu’au 26 janvier, le quotidien américain met ainsi en scène un débat appelant à revoir l’œuvre de l’artiste, débarqué à Tahiti en 1891, à l’aune de ses relations avec des Polynésiennes de 13 et 14 ans et, surtout, des normes sociales du XIXe siècle. « A une époque de sensibilité publique accrue aux questions de genre, de race et de colonialisme, les musées ont à réévaluer son héritage« , assène l’auteure de l’article, Farah Nayeri.

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Résister à « l’esclavage par ascendance » dans le sud-ouest du Mali

« Je ne suis pas votre escalave ». Ces mots peuvent suffire à déchaîner la haine et la violence dans certains villages de la région de Kayes, dans le sud-ouest du Mali, où « l’esclavage par ascendance » continue de se pratiquer, et condamne des personnes à être considérées inférieures par d’autres. Mais ils sont de plus en plus à s’opposer à cette tradition. Nous sommes allés à leur rencontre.

L’esclavage a été officiellement aboli au Mali en 1905, pendant la période coloniale, et la Constitution malienne déclare que tous les Maliens naissent libres et égaux. Mais dans certains villages du nord de la région de Kayes, les descendants d’esclaves sont toujours confrontés à une forme de discrimination particulière.

Des sociétés traditionnelles comme celles des Soninkés, des Malinkés ou des Peuls sont divisées en castes : les « nobles », les artisans, les griots – et les « esclaves », ou « descendants d’esclaves ». Dans certains villages soninkés, les prétendus « esclaves » ne peuvent pas devenir maire ou même participer aux assemblées, et ne peuvent pas se marier avec des membres d’une autre caste.

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Les maires pourront mettre des amendes pour « constructions illicites » sur des terrains privés

Lors de l’examen du texte à l’Assemblée, les députés ont épargné les sans-abri des sanctions prises par les élus locaux.

Les députés ont achevé, tard dans la nuit du 21 au 22 novembre, l’examen du projet de loi engagement dans la vie locale et proximité de l’action publique, réservant à la fin des débats trois articles sur des points sensibles.

L’article 14 permet aux maires d’imposer une amende administrative de 200 euros par jour, dans la limite de 25 000 euros, aux « constructions, aménagements, installations ou travaux » illicites sur des terrains privés. Les associations qui défendent le droit au logement ont tout de suite alerté le ministre du logement, Julien Denormandie, et Sébastien Lecornu, ministre chargé des collectivités territoriales, du risque de pénaliser des habitants ayant installé une caravane, un mobile home, une yourte sur leur terrain, en contradiction avec les règles d’urbanisme.[…]

Sébastien Lecornu a affirmé qu’il n’y avait aucun risque de sanctionner des personnes sans abri, le texte ne s’intéressant qu’aux cas de « méconnaissance des dispositions d’un permis de construire, de démolir ou d’aménager », rejetant les demandes des députés communistes et La France insoumise (LFI) qui souhaitaient le retrait de cet article.[…]

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