Catégorie : Sociologie

Marches vers Compostelle, astrologie 2.0, yoga : le renouveau de la croyance au XXIème siècle

Malgré le confinement ce mois d’avril sera très religieux, entre les pâques juive, catholique et orthodoxe, ainsi que le ramadan pour les musulmans. Des siècles de matérialisme n’ont pas fait disparaître un besoin qui apparait fondamental à l’être humain. Mais quand chacun a sa croyance, finit-on par croire n’importe quoi ?

Nous habitant depuis la nuit des temps, plus ou moins consciemment, la croyance ne peut être ignorée, « même par le plus sceptique des sceptiques ou le plus fort des esprits forts », assure le philosophe des sciences Claude Debru dans un dialogue avec le psychanalyste Frédéric-Pierre Isoz : Pourquoi croyons-nous ? Partageant le constat d’une « dimension fondamentale de l’être humain », ils nous ramènent à cette question intemporelle se posant dans la singularité de ce début de millénaire. Une époque désorientée où Nous ne savons plus croire, alerte Camille Riquier, l’auteur des Mémoires d’un imbécile, qui nous voit disposés à croire n’importe comment après des siècles de méfiance dictée par une raison devenue moins convaincante. S’en suivrait « une crise de la vérité » dans laquelle toutes les croyances deviennent possible.

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Propositions pour un retour sur Terre

— Par Dominique Bourg, Philippe Desbrosses, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Xavier Ricard-Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton —

Penser écologiquement et socialement le monde de demain, celui de l’après Covid-19, préoccupe et nourrit de nombreuses réflexions. Afin de nourrir le débat, nous republions ici en intégralité les Propositions pour un retour sur Terre proposées par Dominique Bourg, Philippe Desbrosses, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Xavier Ricard-Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton et mises en ligne d’abord sur le site La Pensée Écologique.

La pandémie du Covid-19, et plus précisément la façon dont un grand nombre de pays tentent d’y répondre, peuvent nous permettre d’analyser la donne plus générale qui nous échoit. L’enjeu est une véritable bascule de civilisation avec un socle commun, consensuel, à partir duquel l’adversité démocratique – le jeu majorité et opposition – peut à nouveau se déployer et s’exprimer. Quel est ce socle commun ? De quelle bascule s’agit-il ?

La pandémie : une conséquence de notre rapport au vivant

Ce que tout le monde pensait impossible, un arrêt partiel des économies, s’est imposé à la quasi-totalité des nations sur Terre.

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Sowé Gwadloup, avant tout

Dans ce contexte où la pandémie du Covid-19 met en extrême danger le monde, et la Guadeloupe dans le monde ; au-delà de la peur bien compréhensible et du besoin sécuritaire du plus grand nombre, il faut s’exprimer. Réfléchir et agir par soi-même, sans s’en remettre à la seule parole présidentielle française.

Nous, KSG (Kolèktif pou Sové Gwadloup) ce qui nous importe avant tout, dans l’immédiat, c’est que la pandémie du Covid-19 fasse le moins de victimes possible en Guadeloupe. Aujourd’hui, en dépit des atermoiements coupables de l’Etat français quand le danger était déjà fortement présent, tout le monde s’accorde sur le confinement massif et les gestes barrières pour diminuer la circulation du virus.

Cependant, loin de se laisser complètement infantiliser par les sermons étatiques, la Société Civile organise les solidarités nécessaires pour que notre peuple puisse être soigné dans la dignité avec ses propres ressources humaines et se nourrir de ce que notre terre peut fournir. Honneur et respect aux soignants, aux agriculteurs, aux commerçants de proximité et à tous ces travailleurs qui, dans la situation actuelle de confinement, permettent d’assurer au plus grand nombre une vie à peu près supportable !

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L’écrivain chilien Luis Sepulveda est mort en Espagne du Covid-19

L’écrivain chilien engagé Luis Sepulveda, forcé à l’exil sous la dictature d’Augusto Pinochet, est mort à 70 ans en Espagne du Covid-19, a annoncé jeudi sa maison d’édition.

“L’écrivain Luis Sepulveda est mort à Oviedo. L’équipe de Tusquets Editores regrette profondément sa perte”, a écrit le groupe éditorial espagnol dans un communiqué.

L’auteur était hospitalisé depuis fin février à Oviedo, dans la région des Asturies (nord) où il résidait. Il avait développé les symptômes de la maladie au retour d’un festival littéraire au Portugal.

“Le personnel soignant a tout fait pour lui sauver la vie mais il n’a pas surmonté la maladie. Mes plus sincères condoléances à sa femme et à sa famille”, a assuré sur Twitter le président de la région des Asturies, Adrian Barbon.

Né en octobre 1949 à Ovalle, au nord de la capitale chilienne Santiago, l’auteur avait milité très jeune dans les jeunesses communistes puis dans une branche du Parti socialiste. Ce qui lui avait valu d’être arrêté en 1973 par le régime du général Augusto Pinochet.

Emprisonné pendant deux ans et demi, il avait finalement vu sa peine commuée en exil et avait quitté en 1977 le Chili où il n’est jamais revenu s’installer.

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Les Afro-Américains, principales victimes du Covid-19 aux États-Unis

Aux États-Unis, les Afro-Américains sont particulièrement touchés par le nouveau coronavirus. Dans plusieurs États, ils sont surreprésentés parmi les victimes.

— Par Laura Mousset —

Alors qu’aux États-Unis, plus de 23 500 personnes sont décédées du Covid-19, les Afro-Américains apparaissent comme une des catégories de la population les plus touchées par le nouveau coronavirus. Dans certains États, ils sont largement surreprésentés parmi les victimes.

Selon les statistiques fournies par l’agence de santé publique de l’Illinois, les Noirs représentent 40 % des décès dus au Covid-19, alors qu’ils sont moins de 15 % de la population dans cet État. Même constat dans le Michigan ou encore en Louisiane, où 60 % des près de 900 morts sont afro-américains.

Seules les données d’une quinzaine d’États ont été publiées pour le moment, mais Donald Trump a reconnu des disparités raciales parmi les victimes du Covid-19. « Il y a un vrai problème et il apparaît très fortement dans nos données sur la communauté afro-américaine, a déclaré le président américain le 7 avril. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour relever ce défi, c’est un énorme défi.

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Le ras le bol du confinement… surtout chez les bac +5

— Par Chloé Morin—

Encore un mois de confinement vient d’annoncer le président de la République. Les Français n’en pouvaient déjà plus. Enfin, surtout les plus diplômés enseigne avec surprise une étude des politologues du Cevipof. Les plus modestes – qui sacralisent moins la liberté d’aller et venir – se montrent plus consentants.

Le 11 mai. Une date répétée, martelée, comme destinée à se graver dans nos mémoires. Emmanuel Macron, le sait, les Français s’impatientent, et fixer une échéance le propulse au rang de Libérateur d’un pays confiné. Seulement, et il le sait aussi, les Français ne sont pas égaux devant le « restez chez vous ». Beaucoup d’articles, de tribunes et d’interviews soulignent que ce sont avant tout les conditions sociales qui rendent le confinement difficile à respecter. Une étude du CEVIPOF va plus loin, affine en quelque sorte l’analyse du « ras le bol » : la problématique du consentement se pose en des termes totalement opposés à celle de la capacité physique des uns et des autres à respecter le confinement.

Derrière une approbation globalement majoritaire, bien qu’en baisse entre le 16 mars et le 1er avril, de la mesure de confinement, se trouvent en particulier des divergences de consentement selon le niveau de diplôme.

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Mort de la cinéaste panafricaniste Sarah Maldoror du Covid-19

Sarah Maldoror s’est éteinte lundi 13 avril 2020 à Paris, des suites du coronavirus, à l’âge de 90 ans. Cinéaste, elle a réalisé de nombreux films sur l’histoire de l’Afrique et elle a participé aux luttes des indépendances sur le continent africain, notamment en Algérie, en Guinée et Guinée-Bissau.

Sarah Maldoror naît en 1929 dans le Gers (sud-ouest de la France), d’un père guadeloupéen et d’une mère métropolitaine. La jeune Sarah Ducados, comme indique son nom de baptême, grandit à Toulouse. Très tôt, elle se passionne pour le théâtre. Installée à Paris, elle intègre une École de théâtre et après avoir lu Les Chants de Maldoror du Comte de Lautréamont, elle adopte le nom de « Maldoror », en hommage à l’écrivain.

Une femme de théâtre

Sarah Maldoror est souvent engagée pour interpréter de petits rôles et prend conscience des difficultés que rencontrent les comédiens noirs dans le milieu. En 1956, avec trois de ses amis – la chanteuse haïtienne Toto Bissainthe, l’Ivoirien Timité Bassori et le Sénégalais Ababacar Samb -, elle crée la Compagnie africaine d’art dramatique Les Griots. La troupe, composée d’acteurs africains et caribéens, interprète des pièces comme La Tragédie du Roi Christophe d’Aimé Césaire, Les nègres de Jean Genet, ou encore No Exit de l’écrivain Jean-Paul Sartre.

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Depuis la peste noire, les hommes bouleversent les rites funéraires lors des épidémies

— Par Anne Chemin —

Afflux de cadavres, crainte de la contamination : les crises épidémiques ont toujours bouleversé les funérailles, comme c’est le cas encore pour le Covid-19.

L’épidémie, peu à peu, dicte sa loi. Elle nous confine à l’intérieur de nos domiciles, elle empêche nos enfants d’aller à l’école et elle bouleverse déjà les hommages funéraires que nous rendons à nos défunts. Dans un avis consacré à la « prise en charge du corps d’un patient, cas probable ou confirmé Covid-19 », le Haut Conseil de la santé publique a en effet indiqué, le 24 mars, que « les pratiques culturelles et sociales autour du corps d’une personne décédée, notamment en ce qui concerne la toilette rituelle », doivent désormais respecter strictement les règles d’hygiène qui s’imposent d’ores et déjà aux vivants.

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Mort de Bill Withers, le soleil de la soul s’est définitivement couché

— Par Jean Talabot —
Créateur des tubes interplanétaires Ain’t no sunshine ou Just the Two of Us, la légende s’est éteinte à l’âge de 81 ans.

Un soleil de la soul s’en est allé. Bill Withers est mort lundi 30 mars à Los Angeles de complications cardiaques. Il avait à 81 ans. Auteur des titres à succès Ain’t no Sunshine, Lovely Day, ou Just the Two of Us (avec le saxophoniste Grover Washington Jr), il restera comme l’un des artistes phare de la musique soul des années 1970. Il est aussi l’un des plus repris.

Si Bill Withers s’était retiré du monde musical au milieu des années 1980 après avoir remporté trois Grammy Awards, sa musique, elle, est restée toujours aussi présente sur les ondes, lors des meetings, rassemblements, mariages… Sa mort intervient en pleine crise sanitaire, alors que le public n’avait pas hésité à reprendre à toutes les sauces Lean On Me, un autre de ses tubes incontournables, pour supporter le confinement.

«Nous sommes dévastés par la perte de notre mari et père bien-aimé et dévoué. Un homme solitaire avec un cœur voué à se connecter au monde en général, grâce à sa poésie et sa musique, il a parlé honnêtement aux gens et les a connectés les uns aux autres», a indiqué la famille de l’artiste dans un communiqué.

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Décès d’Osange Silou-Kieffer, « encyclopédie du cinéma antillais et africain »

—  Publié le 1 avril 2020 à 14h10, par Louis Otvas, sur « Outre-mer la 1ère »  —

C’est une grande dame qui a oeuvré pour le cinéma ultramarin qui vient de s’éteindre. La journaliste Osange Silou-Kieffer, née en Guadeloupe, est morte mercredi 1er avril, à Paris. Elle avait 73 ans.

Osange Silou-Kieffer s’est éteinte dans la nuit du 31 mars au 1er avril. Malade depuis plusieurs mois, elle était âgée de 73 ans.

Pour Firmine Richard, Osange Silou-Kieffer « c’était l’encyclopédie du cinéma antillais et africain. C’est comme si je perdais ma mère pour la seconde fois. Ma seule consolation est de me dire qu’elle connaissait bien Manu Dibango et qu’il saura l’accueillir », soupire la comédienne.

« Irremplaçable »

Car dans le petit milieu du cinéma ultramarin, tout le monde connaissait cette Guadeloupéenne, journaliste, productrice, toujours disponible et« irremplaçable dans le domaine dans  lequel elle évoluait », juge Marijosé Alie. « C’était une soeur d’une extrême solidité intellectuelle et morale et d’une extraordinaire générosité. Elle voyait tout le temps ce qu’elle pouvait faire pour les autres ».

A tel point que la phrase qu’elle a le plus entendue est : « Osange que penses-tu de mon scénario? 

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Coronavirus, faire face à l’urgence et passer à une autre phase

— Par André Lucrèce & Louis-Félix Ozier-Lafontaine, sociologues —
Nos observations et réflexions nous conduisent à penser que nous sommes passés aujourd’hui à une autre phase de l’épidémie qui affecte notre peuple. Les contaminations au coronavirus ne sont plus exogènes, c’est-à-dire contactés par des personnes venues de l’extérieur (touristes, croisiéristes, visiteurs occasionnels). Aujourd’hui, avec le développement du virus dans notre pays, elles sont endogènes : ce sont des Martiniquais qui contaminent d’autres martiniquais. Le virus Covid-19 est extrêmement contagieux et la contamination gagne chaque jour du terrain dans notre pays.
Ce qui se vit dans la phase dans laquelle nous sommes dorénavant, c’est le danger d’un nombre massif de contaminations et en conséquence un nombre important de décès concernant notre peuple. On doit donc comprendre que le confinement n’est pas une punition, mais un moyen de protection. C’est une question de vie ou de mort dans un contexte sanitaire déjà éprouvé par les empoisonnements massifs, notamment par le chlordécone.
Que chacun en prenne conscience : l’illusion de pérennité ne garantit en rien la survie. Partout, le caractère inédit et cruel de cette crise sanitaire, ainsi que leurs conséquences sur la vie quotidienne posent individuellement et collectivement de multiples problèmes idéologiques et philosophiques.

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Collectif français « Libérons Mumia! »

Communiqué: Le rassemblement mensuel place de la Concorde à Paris pour la libération de Mumia est annulé.
Monde

Diffusion aux soutiens à Mumia Abu-Jamal

En raison de l’interdiction de se déplacer et de se réunir sur la voie publique (mesures de confinement obligatoires suite à la pandémie CORONAVIRUS) le rassemblement mensuel place de la Concorde à Paris pour la libération de Mumia est annulé.

Ce rassemblement initialement prévu le mercredi 1er avril à proximité de l’ambassade des Etats-Unis n’aura donc pas lieu. Sachez qu’aux Etats-Unis la situation sanitaire se dégrade au fil des jours sans que l’autorité fédérale en prenne toute la mesure, laissant les Etats se débrouiller pour faire face à la pandémie. Ainsi, après la Californie et New York, la Pennsylvanie a décidé le confinement général, ce que Trump refuse en minimisant la gravité de la crise. Par contre tous les Etats s’accordent pour suspendre le droit de visite des familles des prisonniers ! En France aussi mais à la différence que – face à plusieurs mutineries et par crainte du pire en raison de la surpopulation carcérale (70.000 personnes enfermées et confinées pour 61.000 places) – le gouvernement a pris la décision de libérer 5.000 détenus, notamment ceux dont le reliquat de peine est inférieur à deux mois.

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Le saxophoniste Manu Dibango est mort des suites du Covid-19

Les hommages se multiplient en Martinique et dans le monde.

Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus.

Âgé de 86 ans, ce musicien de légende, auteur de « Soul Makossa », avait été testé positif au Covid-19 et était hospitalisé près de Paris. Manu Dibango « est décédé au petit matin, dans un hôpital de la région parisienne », a annoncé Thierry Durepaire, gérant des éditions musicales du ponte de la musique world, à l’AFP. 

Ses fans l’appelaient « Papa Manu », « Le Doyen » ou simplement « Manu ». Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus. Les mots se voulaient rassurants (« Il se repose et récupère dans la sérénité »). Manu Dibango, saxophoniste et vétéran des musiciens africains en France est mort mardi 24 mars, a annoncé sa famille. Il avait 86 ans.

« Chers parents, chers amis, chers fans,

Une voix s’élève au lointain…

C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du Covid-19.

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L’ abbé Jean-Pierre Moussa : modèle noir et abolitionniste

 —Par Jean-Durosier Desrivières, Université des Antilles, Chargé de ressources documentaires et scientifiques —

 Au Mémorial Acte de Pointe-à-Pitre (en Guadeloupe), s’affichait du 14 septembre au 29 décembre 2019 : « Le modèle noir, de Géricault à Picasso ». Cette exposition temporaire jouait les prolongations quand, le dimanche 5 janvier 2020, notre regard s’est confronté aux diverses œuvres représentées. Le portrait de l’abbé Jean-Pierre Moussa, peint par Pierre-Roch Vigneron en 1847, a beaucoup attisé notre curiosité. Plus qu’un modèle noir, l’histoire de ce personnage controversé, qui a dit la messe à Fontainebleau, devant le roi Louis-Philippe 1er, qui s’est engagé auprès de Victor Schoelcher dans la lutte pour l’abolition de l’esclavage, qui s’est mis à dos une bonne partie du clergé catholique en suscitant des remous jusqu’au Vatican, qui termine son ministère en Haïti, en jouissant parfois des bonnes grâces de l’Empereur Soulouque 1er et de son épouse Adélina, cette histoire mérite un sérieux détour…

Saint-Louis – Paris, aller – retour

Jean-Pierre Moussa, d’après plusieurs sources croisées, serait né en 1814, à Saint-Louis du Sénégal, mais ailleurs on évoque l’année 1815. Celui dont le nom – Moussa – semble signifier Moïse en wolof, pousse ses premiers cris sur une terre où la colonisation française, assez vieille déjà, commençait à se consolider avec l’établissement des premières missions de l’église catholique.

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Dans les anciens ports négriers, la politique mémorielle balbutie

— Par Lucie Delaporte —
Bordeaux, La Rochelle et Le Havre ont, dans le sillage de Nantes, tiré leurs richesses du commerce triangulaire. Dans ces villes, ce passé reste encore largement occulté et les élus comme la plupart des candidats aux municipales semblent peu enclins à raviver cette douloureuse mémoire.

Malgré les bourrasques de vents contre lesquelles l’architecture d’Auguste Perret n’offre que peu d’abris, une vingtaine de personnes se sont réunies devant l’hôtel de ville du Havre pour écouter cet après-midi-là Karfa Diallo.

« Nous sommes ici, devant ce lieu symbolique à la veille des élections municipales, parce que nous pensons que c’est un moment important pour faire prendre conscience aux élus d’événements qu’ils ignorent souvent », commence l’intellectuel franco-sénégalais, qui rappelle que Le Havre a été l’un des principaux ports négriers de France. Ce qu’ici, hormis une petite plaque commémorative sur l’esplanade Guynemer, rien ne vient rappeler.

Organisée par l’association Mémoires et partages, qu’il a fondée, la visite emmène ce jour-là dans différents endroits emblématiques du commerce triangulaire auquel s’est livrée la ville entre le XVIIe et le XIXe siècle.

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Le micro-trottoir, entre non-information et désinformation

Journal de France Inter mardi matin 22 février 2020. On nous apprend que depuis la veille il est demandé aux écoliers revenant d’un séjour en Italie du nord de ne pas aller à l’école. Pour analyser cette nouvelle importante France Inter va interroger … un écolier. Ce faisant France Inter pousse à son paroxysme l’usage du micro-trottoir, qu’elle présente comme un procédé journalistique informatif mais qui n’est qu’une pratique paresseuse et qui peut frôler la manipulation.

Sur un sujet aussi sérieux que l’épidémie de Coronavirus nous aurions pu entendre les explications d’un représentant des pouvoirs publics détaillant les ressorts de la décision et les modalités de sa mise en œuvre. Nous aurions pu écouter avec intérêt l’avis d’un spécialiste des épidémies commentant l’efficacité de cette mesure, la comparant avec d’autres mesures possibles et envisageant quelques projections sur la diffusion de la maladie.

Rien de tout cela.

On nous propose un « reportage » « sur le terrain », voire « au cœur de l’affaire », c’est-à-dire auprès d’un écolier concerné. Nous sommes effectivement avides de savoir s’il est content ou non de ne pas aller à l’école et si ses parents pourront l’aider à faire ses devoirs.

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Antilles, Guyane, les routes de la cocaïne s’intensifient

— Texte par :Arnaud Jouve —
Pour répondre au marché de la cocaïne en France, dans un contexte de très forte production par les pays producteurs, les Antilles et la Guyane sont devenues des plateformes de transit de plus en plus sollicitées par les trafiquants. Le 1 pour 1 aux Antilles et la multiplication des mules au départ de Cayenne sont devenus des axes prioritaires de la lutte sur le trafic de drogue transatlantique par le nouvel Office anti-stupéfiant (Ofast). Entretien.

L’Office anti-stupéfiant (Ofast), qui était l’une des grandes mesures annoncées par le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner le 17 septembre 2019 dans le cadre de l’annonce du plan national de lutte contre les stupéfiants, est opérationnel depuis le début de l’année. Elle se substitue à l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris) et à la Mission de lutte anti-drogue (Milad) et devient le chef de file unique de la lutte anti-drogues en coordonnant le travail des policiers, des gendarmes, des douaniers, des magistrats, des militaires des trois armées et des diplomates. L’Ofast, qui dispose de quelque 150 hommes et femmes et de 16 antennes en métropole et outre-mer, est dirigé par un haut responsable de la police nationale, le commissaire divisionnaire Stéphanie Cherbonnier, secondé par un magistrat, le procureur Samuel Vuelta Simon et par Jean-Philippe Reiland, colonel de gendarmerie.

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Histoire et usages politiques de l’esclavage

Comment restituer l’expérience de l’esclavage alors que si peu d’archives sont disponibles pour en témoigner directement ? Du fait de la condition des esclaves, les récits biographiques comme celui de Solomon Northup que Steve McQueen a adapté au cinéma dans « Twelve Years A slave » sont rarissimes. Esclavages et post-esclavages est le titre d’une nouvelle revue qui paraît en libre accès sur la plateforme Openedition. Au sommaire de ce premier numéro des contributions qui couvrent cette histoire aussi bien au Mexique, qu’au Chili, en Haïti, au Cameroun, qui traitent de la question des droits de la diaspora des travailleurs indiens et s’emparent d’un des points de vive discussion entre ceux qui élaborent cette histoire : comment restituer l’expérience des esclaves eux-mêmes alors que si peu d’archives sont à disposition qui en témoignent directement ? 

Une revue pluridisciplinaire

_Esclavages et post-esclavage_s promet de relater la vitalité des recherches en cours en affirmant que la notion de post-esclavage répond à un effacement contraint de cette histoire : puisque les esclaves étaient désormais libres, il n’était plus souhaitable d’en parler après l’abolition.

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Exhiber son sexe est-il un geste politique ?

— par Marie Piccoli-Wentzo —
Benjamin Griveaux a renoncé la semaine dernière à sa participation aux élections municipales de Paris en raison de la diffusion sur les réseaux sociaux d’une vidéo et de photos à caractère sexuel. L’incident n’est pas nouveau et plusieurs hommes politiques ont déjà subi les mêmes déboires : en 2011, l’Américain Anthony Weiner est contraint de démissionner du Congrès pour avoir publié sur son compte Twitter une photo de lui dénudé, puis en 2017, il est condamné à de la prison ferme pour avoir envoyé d’autres photos de son sexe à plusieurs jeunes femmes dont l’une seulement âgée de 15 ans Aujourd’hui connue par l’anglicisme « sexting », cette pratique n’est pourtant pas nouvelle.

Montrer sa force de frappe

Au XVIe siècle, le peintre florentin Bronzino exécute une commande passée par l’amiral de Gênes, Andrea Doria. Le condottiere vient alors de repousser les forces navales ottomanes, et c’est pourquoi il demande à être immortalisé sous les traits du Dieu de la mer Neptune. Bronzino s’exécute et peint l’amiral génois à mi-corps, muni du triton et posant fièrement devant un mât et une voile.

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« Les gens de l’or », ouvrage de Baj-Michèle Strobel

Une véritable « pépite » !

— Par Scarlett Jésus —

J’ai rencontré Baj en 1994 et fut l’une des toutes premières à lire les Gens de l’or, publié alors, en 1998, par les éditions Ibis Rouge. Cette lecture m’avait laissé perplexe : avais-je affaire à un ouvrage d’ethnologie ou à un journal de voyage ?

Quelques vingt ans plus tard, à la relecture de l’ouvrage paru aujourd’hui aux éditions Plon, dans la collection « Terre humaine », c’est paradoxalement ce questionnement relatif au genre qui me séduit. L’auteure, une ethnologue se dit « libre de toute attache académique », refusant « les codes convenus de l’académisme néo ou ancien ». Et c’est cette liberté prise à l’égard d’une démarche scientifique qui lui fait préférer une approche poétique pour parvenir à la connaissance de ces « gens ». Consciente de ce marronnage hors des sentiers battus et répondant aux critiques qui ont pu lui être faites, elle cite à l’appui de l’Avant-Propos de 1998, une phrase d’Edouard Glissant, tirée de L’intention poétique, dans laquelle ce dernier dit haïr l’ethnographie « chaque fois que s’achevant ailleurs, elle ne fertilise pas le vœu dramatique de la relation ».

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« Pourquoi interroger la race au théâtre ? »

— Par Sylvie Chalaye —

Sylvie Chalaye, anthropologue et historienne, codirectrice de l’Institut de recherche en études théâtrales de l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle (France) est spécialiste des arts du spectacle et des représentions du monde noir dans les sociétés occidentales. À l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Race et théâtre. Un impensé politique (Actes Sud-Papiers, 15 janvier 2020), l’auteure interroge la persistance d’une distribution stéréotypée des rôles en fonction de la couleur de peau. Elle a également publié « Cirques, scènes et café-théâtre ou le mélange des genres (1850-1930) », in Exhibitions. L’invention du sauvage, Arles/Paris, Actes Sud/Musée du quai Branly, 2011, Culture(s) noire(s) en France : la scène et les images, Africultures, n°92-93, 2013 ainsi que Sexualités, identités et codirigécorps colonisés (CNRS Éditions, 2020)

Le monde du théâtre est loin d’être représentatif de la diversité chromatique de la société française. Alors que les médias, la publicité, la mode sont aujourd’hui soucieux de se faire le reflet de la diversité des consommateurs, le milieu théâtral tente d’expliquer ce manque par la rareté des personnages noirs au répertoire. Mais que connaît-on de la carnation des personnages ?

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« L’église catholique aux Antilles françaises de Christophe Colomb à nos jours », par Emmanuel Jos

De la catholicisation à l’évangélisation

Cet ouvrage montre comment, sous l’Ancien régime, le pouvoir colonial s’est servi de l’Eglise catholique pour cautionner la conquête de nouveaux territoires, le sort fait aux Caraïbes, la traite négrière et l’esclavage des « Noirs ». Il présente la façon dont les membres du clergé se sont situés et comment le processus de catholicisation a été mis en œuvre en Guadeloupe et en Martinique. Il aborde ensuite le positionnement de l’Eglise aux Antilles françaises, entre 1789 et 1945. Il évoque la création des évêchés, les positions papales ou le sort réservé aux prêtres dissidents.
Enfin, est abordée l’évangélisation de la fin du XXe siècle.

Emmanuel Jos est docteur d’Etat en droit international du développement et professeur honoraire des universités en droit public. Il a été doyen de la faculté de droit et d’économie de la Martinique et directeur du Centre de recherche sur les pouvoirs locaux dans la Caraïbe. Il a exercé le ministère presbytéral en Martinique entre 1971 et 1978, après des études de philosophie et de théologie.

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Davi Kopenawa, chaman et chef indigène : « Les Blancs détruisent l’Amazonie parce qu’ils ne savent pas rêver »

— Propos recueillis par Nicolas Bourcier —
Alors que s’ouvre à la Fondation Cartier la rétrospective de la photographe Claudia Andujar, qui a consacré son œuvre à la défense du peuple Yanomami, au Brésil, le leader indigène alerte sur les nouvelles menaces.

Entretien. Il a l’autorité naturelle d’un pape ou d’un prince, en beaucoup plus simple. A 54 ans, silhouette bonhomme, mains costaudes, Davi Kopenawa, chaman et leader du peuple indigène yanomami du Brésil, est un homme en colère. Face à la destruction de la forêt et à l’avancée meurtrière sur ses terres des trafiquants de bois et autres « garimpeiros », les orpailleurs clandestins, il sonne l’alarme aux quatre coins du monde.

En décembre 2019, à Stockholm, il a reçu le Right Livelihood Award, connu comme le « prix Nobel alternatif ». A la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, le 30 janvier, il a ouvert la formidable rétrospective consacrée à la photographe Claudia Andujar aux côtés de l’artiste-activiste et de l’anthropologue Bruce Albert.

Lire la critique : Avec ses photographies, Claudia Andujar donne une voix aux Indiens

C’est avec eux qu’il parvint à faire démarquer, en 1992, la Terra Indigena Yanomami, un territoire de 96 650 kilomètres carrés, soit une superficie légèrement supérieure à celle du Portugal.

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Divorce et séparation : comment réviser le montant d’une pension alimentaire ?

Le montant d’une pension alimentaire évolue dans le temps. Sa révision est prévue à la date mentionnée dans le jugement du juge aux affaires familiales ou bien dans la convention. Son montant peut augmenter ou bien diminuer selon l’indice des prix à la consommation. Comment calculer cette réévaluation ?

Le simulateur de révision des pensions alimentaires de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), accessible en ligne sur Service-public.fr, vous permet de calculer le nouveau montant de la pension avec quelques éléments :

  • la date de votre jugement ;
  • le type d’indice des prix à la consommation sur lequel est indexée la pension (ensemble des ménages ou ménages urbains) ;
  • la date de révision de la pension ;
  • le montant de la pension alimentaire à réévaluer.

Ces informations sont inscrites dans le jugement ou l’ordonnance de divorce ou de paiement. En général, elles se trouvent dans les dernières pages du jugement, dans le paragraphe « par ces motifs », la date du jugement étant le plus souvent portée en 1re page. Le simulateur vous propose 2 cas :

  • cas A : vous souhaitez revaloriser votre pension alimentaire par rapport à l’année dernière ;
  • cas B : vous avez divorcé en 1971 ou après et vous n’avez pas revalorisé régulièrement votre pension alimentaire.

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Mort de Pierre Guyotat, l’écrivain qui racontait les corps dans la guerre et la guerre des corps

En 1970, Éden, Éden, Éden avait été interdit de publicité et avait manqué le Médicis. Il recevra ce même prix en 2018 pour L’Idiotie.

L’écrivain Pierre Guyotat, lauréat du prix Médicis en 2018, est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 80 ans, a annoncé sa famille vendredi à l’AFP. Il est décédé «dans la nuit de jeudi à vendredi» à l’hôpital, a indiqué à l’AFP son neveu Florent Guyotat.

Premier à réagir, l’ancien ministre de la Culture Jack Lang a fait part de son «immense chagrin» après la disparition de son «très cher ami». «Cet orfèvre des lettres, véritable virtuose, poète possédé par les mots, était un artiste unique, déterminé et exigeant», a posté Jack Lang sur ses comptes Twitter et Facebook.

Préférant la discrétion à la lumière, l’écrivain restera comme l’auteur de deux œuvres majeures de la littérature française du XXe siècle: Tombeau pour cinq cent mille soldats (1967), peut-être le plus grand livre sur la guerre d’Algérie (adapté par Antoine Vitez à Chaillot en 1981) et Éden, Éden, Éden (1970), livre jugé pornographique par les autorités françaises de l’époque, interdit de publicité, d’affichage et de vente aux mineurs.

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