Catégorie : Sociologie

Cultes, culture et culture physique

— Par Suzanne Dracius —

Moi, mon culte, c’est Manman Dlo, la divinité marine caribéenne, et mon lieu de culte, c’est la mer. Pour accéder à mon lieu de culte, l’océan, je dois passer par la plage, mais je ne fais que passer. Quant aux gendarmes qui, comme ils l’ont fait le 20 mars, m’enjoindraient de sortir de l’eau alors que je nage au large, je leur rétorquerai que mon corps de Martiniquaise est sur mon lieu de culte.
Ay chaché’y !

Ils ont esclavé le corps de mes ancêtres africains – oui, esclavé, comme dit Ronsard au XVIe siècle, au siècle où tout a commencé, sous nos tropiques — toutes les tristesses de nos tropiques –, ils n’esclaveront pas mon corps créole. C’est trop tard ! J’ai les armes pour ne pas laisser « esclaver ma liberté ». Fi de Malherbe, qui estimait qu’ « esclaver » est un « mauvais mot ». Une mauvaise réalité, oui ! Un crime contre l’humanité.

C’est insensé. Tout va rouvrir tous azimuts, sauf les plages de Martinique. Les gens vont pouvoir aller se contaminer en chœur dans les églises, les mosquées, les synagogues et les temples, tous les lieux de culte, mais baigner son corps dans la mer, l’une des choses les plus saines du monde, c’est interdit.

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Déconfiner la mémoire de l’esclavage

— Par Dominique Taffin —

Le 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, J-1 de la sortie du confinement profond, et première étape du combat mené en France contre une pandémie qui nous a montré comment, en quelques semaines, les bases du système-monde qu’on admettait comme plus solides que nous, même si on les critiquait, pouvaient être ébranlées. Le 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, est le moment idéal pour interroger cette économie mondialisée : car elle n’est pas simplement née de l’essor du capitalisme industriel au XIXe siècle, elle prend ses racines dans l’expansion européenne vers le Nouveau Monde et, surtout, dans la mise en place du XVIe siècle jusqu’au beau mitan du XIXe siècle du premier système-monde, l’esclavage colonial. Comment aujourd’hui ne pas inclure cette donne historique dans la réflexion qui doit nous inviter à « réinventer » la France, alors qu’elle est là, négligée, sauf dans la Caraïbe, en Guyane, à la Réunion ?

Le « monde d’après »

Le « monde d’après », c’est aussi celui qui sait faire face à son passé, qui en lit les traces, et qui questionne ses héritages.

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Déconfinement : En Martinique, 12 communes autorisées à rouvrir leurs plages

L’autorisation va « du lever du soleil à 11 heures puis de 16 heures à 18h30, pour les activités sportives individuelles »

Enfin un petit bain de mer. Dix communes de  Martinique peuvent rouvrir leurs plages ce jeudi, et deux autres samedi (sur un total de 24 communes), a annoncé la préfecture dans un communiqué, au terme d’une consultation avec les maires.

Cette décision intervient alors que le tribunal administratif de Martinique, qui compte près de 200 cas déclarés de coronavirus et 14 décès, avait rejeté lundi une demande visant à ordonner au préfet de rouvrir ces plages. Le tribunal avait argumenté que l’autorisation nécessitait au préalable « une proposition du maire, ainsi que la mise en place par les communes des modalités et des contrôles de nature à garantir le respect » des mesures barrières. Or, ajoutait le tribunal lundi, « à ce stade, les maires (…) ont réservé leurs réponses alors qu’ils doivent trouver (…) un juste équilibre entre la sécurité sanitaire et la reprise progressive des activités ».

Pas de repas ou de pause sur la plage

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Sur l’abolition de l’esclavage : fausses querelles et vrais problèmes

— Par Édouard de Lépine —

Au moment où s’annonce bruyamment la préparation des fêtes du 22 mai, il nous a semblé qu’on ne pouvait laisser passer sous silence, la date du 27 avril, date de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. Pour éclairer le débat, un extrait de l’ouvrage d’Édouard de Lépine, Dix semaines qui ébranlèrent la Martinique, Maisonneuve Larose – Servédit, Paris 1999

…Faut-il opposer le 22 mai au 27 avril comme on tend à le faire depuis une trentaine d’années, après avoir, il est vrai, outrageusement privilégié le 27 avril par rapport au soulèvement du 22 mai qui a conduit à l’abolition anticipée de l’esclavage à la Martinique et à la Guadeloupe ? S’il est vrai que c’est la France qui a introduit l’esclavage dans ses colonies et qu’il n’y a pas lieu de se confondre en actions de grâce pour la remercier d’avoir aboli ce qu’elle avait établi, rien ne nous oblige à donner raison à ceux qui pensent qu’il « y a des services si grands qu’on ne peut les payer que par l’ingratitude ».

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« Le port du masque oblige à inventer de nouveaux modes d’expression des émotions »

Pour la chercheuse Anna Tcherkassof, la généralisation du masque transforme en profondeur nos relations sociales.

— Propos recueillis par Claire Legros —

Docteure en psychologie et maître de conférences à l’université de Grenoble, Anna Tcherkassof s’intéresse tout particulièrement au processus de reconnaissance des expressions faciales et à la communication non verbale des émotions. Elle est notamment l’auteure de l’ouvrage Les Emotions et leurs expressions (Presses universitaires de Grenoble, 2008).

Quels changements l’usage du masque dans les espaces publics peut-il entraîner dans nos échanges ?

Avec un masque, les informations transmises par plus de la moitié du visage deviennent invisibles. Or ces expressions sont importantes pour exprimer nos émotions et faciliter les interactions sociales. Elles appartiennent à ce qu’on appelle la communication non verbale, qui se traduit par des gestes, des postures, la distance entre les interlocuteurs et, bien sûr, par ces expressions faciales qui jouent un rôle considérable dans nos échanges.

Afficher ses émotions, c’est le plus souvent vouloir faire passer un message, même s’il existe des exceptions. Ces informations apportent à nos propos une forme de ponctuation qui permet de les clarifier, lever d’éventuelles ambiguïtés.

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Pensions alimentaires : la réforme du recouvrement est reportée

Le service public de versement des pensions alimentaires ne verra pas le jour au 1er juin 2020 comme prévu. Ce service visant à réduire les impayés a été retardé par la crise sanitaire qui a mobilisé le ministère de la Santé et les caisses d’allocations familiales.

— Par Ingrid Feuerstein —

C’est l’un des nombreux effets collatéraux de la crise sanitaire. Le service public de versement des pensions alimentaires ne verra pas le jour au 1er juin 2020, comme le prévoyait la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2020. L’Assemblée nationale a adopté ce vendredi un amendement du gouvernement consistant à reporter sa mise en oeuvre « au plus tard le 1er janvier 2021. » La nouvelle date sera fixée par décret.

Le ministre chargé des relations avec le Parlement, Marc Fesneau, présent dans l’hémicycle pour défendre diverses dispositions d’urgence face à l’épidémie de Coronavirus, a expliqué que la crise avait bousculé la mise en oeuvre de cette réforme.

« Les services du ministère des Solidarités et de la Santé ont été massivement redéployés vers la gestion de crise, a-t-il expliqué. Le retard a été accentué par le fait que les CAF ont dû se mobiliser pour le versement d’une aide exceptionnelle à plus de 4 millions de foyers », annoncée par Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée du 13 avril.

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Coronavirus: la protection des peuples d’Amazonie au programme des politiques

Les populations du bassin amazonien sont largement démunies face à la pandémie de Covid-19 qui frappe actuellement le monde entier. Face aux alertes qui se multiplient, plusieurs initatives bilatérales ont été lancées, respectivement par le Brésil et Colombie, puis par le Pérou et de nouveau la Colombie.

Le Brésil, épicentre de la pandémie en Amérique latine, est un des pays les plus atteints au monde par le nouveau coronavirus, avec plus de 13.000 morts et près de 190.000 cas confirmés. Des chiffres largement sous-estimés selon les spécialistes. Et l’Etat d’Amazonas, qui abrite de nombreuses tribus indigènes, a enregistré plus de 300 morts par million d’habitants, presque deux fois plus que l’Etat de São Paulo, selon le ministère de la Santé. Pour protéger ces populations, un juge brésilien a ainsi récemment interdit aux missionnaires d’approcher les peuples d’Amazonie.

► À lire aussi : Le maire de Manaus lance un appel à l’aide internationale

De même, en Colombie, l’Amazonie est le département déplorant le taux le plus élevé de contaminations au Covid-19, avec plus de 90 personnes infectées pour 10.000 habitants. La maladie a d’abord été détectée à Leticia, capitale régionale, sur des personnes provenant du Brésil.

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Non, le choix d’un langage n’est pas innocent !

Épidémie, langage et réalité, par André Lucrèce

Qui est André Lucrèce ? (Quelques extraits de l’article de Wikipédia, à lui consacré).

Né le 8 juin 1946 à Fort-de-France en Martinique, il est écrivain, poète, critique littéraire et sociologue français.

Remarqué en 1971 par un article sur « Le mouvement martiniquais de la Négritude », publié dans la revue Acoma créée par Édouard Glissant, l’écrivain s’est distingué par un livre sur Saint-John Perse, puis par des articles et des livres sur la littérature antillaise.

(Du théâtre aussi…) Les textes d’André Lucrèce et d’Aimé Césaire ont contribué à la mise en scène d’une pièce intitulée « Aimé Césaire, paroles et silences », pièce jouée et filmée à la Gare Saint-Lazare à Paris, écrite et publiée par José Alpha en 2013, livre également préfacé par André Lucrèce.

Proche d’Aimé Césaire et du philosophe René Ménil, André Lucrèce a préfacé le livre de ce dernier « Pour l’émancipation et l’identité du peuple martiniquais ». Le roman d’André Lucrèce, partiellement autobiographique, « La Sainteté du monde », a donné lieu à une pièce de théâtre sous l’appellation « Lieux publics » mise en scène par José Alpha.

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Ne plus voir les visages n’a rien d’une évidence

« Même s’il est nécessaire, le port du masque brouille énormément les relations sociales » : pourquoi ne plus voir les visages n’a rien d’une évidence

David Le Breton, sociologue et anthropologue, spécialiste du corps et de ses représentations, met en lumière l’importance du visage dans les interactions sociales.

Depuis quelques jours, le visage de la France change. Et le visage des Français également. Avec le déconfinement progressif engagé le 11 mai, le port du masque est obligatoire dans les transports en commun, et quasiment tout le monde en a un. Et dans les rues aussi, la plupart des Français portent ce masque désormais recommandé par toutes les autorités politiques et sanitaires, après qu’on ait dit à une certaine période qu’ils n’avaient pas forcément grand intérêt. Désormais c’est l’instrument indispensable du déconfinement, avec les gestes barrières, contre le coronavirus.

Mais qu’est ce que le port du masque change dans nos rapports sociaux ?Pour y répondre, franceinfo a interrogé David Le Breton, professeur de sociologie et d’anthropologie à l’université de Strasbourg. Il est l’auteur, entre autres ouvrages, Des Visages. Un essai d’anthropologie (éditions Métailié, 1992) et de Marcher la vie.

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Face à la maladie, « il faut composer avec les croyances du patient »

— Propos recueillis par Marion Lecas —

Ghada Hatem-Gantzer est gynécologue à l’hôpital de Saint-Denis et médecin-chef de la Maison des Femmes. Elle intervient dans les formations des équipes mobiles franciliennes et leur apprend à se débarrasser de leurs biais culturels pour mieux « faire alliance thérapeutique » avec les patients.

La Croix : Comment les bénévoles des équipes mobiles, mobilisées contre l’épidémie de Covid-19, doivent-ils composer avec les différences culturelles des patients ?

Ghada Hatem-Gantzer : Il n’est évidemment pas possible de connaître toutes les cultures et leurs subtilités. Mais il faut, lorsqu’on se rend chez quelqu’un, se débarrasser de ses préjugés et être prêt à tout entendre. Le plus important est de s’adapter. Quelles que soient les croyances du patient, il faut composer avec, ne pas considérer que ce qu’il dit est stupide, que la seule vérité repose dans la solution hydroalcoolique et le masque, mais partir de ses habitudes.

Ghada Hatem-Gantzer, celle qui répare les femmes

Quelqu’un qui ne jure que par la médecine traditionnelle par exemple, et qui soigne un cancer par des tisanes, ne doit pas y renoncer, l’effet placebo étant important, mais doit l’allier à une chimiothérapie.

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Covid-19 : les minorités ethniques paient un prix sanitaire démesuré

Des études aux États-Unis et au Royaume-Uni, où la collecte des statistiques ethniques est autorisée, montrent que les minorités afro-américaines ou asiatiques ont jusqu’à quatre fois plus de risques de mourir du Covid-19 que la population blanche. Une inégalité ethnique encore mal comprise.

Le Covid-19 est-il raciste ? Les preuves statistiques démontrant que les minorités ethniques aux États-Unis et au Royaume-Uni paient un tribut beaucoup plus lourd au coronavirus que les autres commencent à s’accumuler. Ainsi, au Royaume-Uni, les patients d’origine africaine ou caribéenne admis à l’hôpital après avoir été contaminés par le virus ont quatre fois plus de risques de mourir de la maladie que les « Blancs », selon les données du National Health Service (NHS) – l’administration sanitaire britannique – publiées jeudi 7 mai. Le constat est le même, quoique de manière moins marquée, pour les individus d’origine asiatique.

Une autre étude, publiée par des chercheurs de l’université de Glasgow le 30 avril, révèle qu’au-delà de la mortalité, le risque d’être frappé par le virus est largement supérieur lorsqu’on appartient à une minorité ethnique. Idem aux États-Unis, où le taux de contamination est trois fois plus élevé dans les comtés dont une majorité de la population est d’origine afro-américaine, d’après un article paru mi-avril dans Jama, la revue de l’American Medical Association.

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Comment le port du masque va bouleverser notre rapport à l’autre

Une fois notre visage dissimulé, de quelle manière nos interactions sociales vont-elles évoluer ?

— Par Claire Conruyt et Aliénor Vinçotte —

«On s’est embrassés pour la première fois à travers un masque.» Il y a un mois à peine, Danila rencontrait pour la première fois sa moitié en bas de chez elle, assise sur un banc niché dans la petite cour d’un immeuble parisien. Après avoir échangé une multitude de messages sur un site de rencontre, les deux tourtereaux ont décidé de se donner rendez-vous. Monsieur a enfilé son «plus beau costume comme s’il se rendait au bureau». Madame, une veste cintrée et une chemise à fleurs. Les deux ont dissimulé leur visage derrière un morceau de tissu. «C’était bizarre, mais je discernais dans sa voix, un sourire», se souvient-elle.

À lire aussi : Ces couples qui se redécouvrent grâce au confinement

Il fut un temps où les amoureux, timides, guettaient le moindre indice. Un tressaillement de la bouche, une fossette, n’importe ! Pourvu qu’ils puissent lire sur le visage tant désiré, un aveu silencieux. Ces détails, à présent cachés par un masque, ne sont plus visibles.

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Des célébrations, pour ne pas oublier !

« Mémoires de l’esclavage, de la traite et de leurs abolitions », 10 mai 2020

À Paris, pandémie oblige, les commémorations à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ont été maintenues cette année mais ont lieu dans un format réduit. Le Premier ministre Édouard Philippe a ainsi présidé, en petit comité, une cérémonie au Jardin du Luxembourg, en présence des présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat, et de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage (FME).

Une deuxième commémoration s’est déroulée place du général Catroux, en présence du maire de Paris, Anne Hidalgo. De son côté, la Fondation pour la mémoire de l’esclavage a dû innover en raison du coronavirus. Elle organise plusieurs évènements sur le numérique.

Le chef de l’État a dit pour sa part avoir « une pensée particulière pour ces milliers de familles qui se trouvent aujourd’hui séparées par les océans »… Il a conclu sur ces mots : « Je suis confiant parce que la solidarité qui nous lie, par-delà nos origines, nos conditions ou nos âges, par-delà les mers et par-delà les murs que dresse entre nous l’épidémie, est plus forte que tout.

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L’esclavage des personnes noires :

Quatre mille huit cent mois de confinement forcé,
Quatre mille huit cent mois de privation de la liberté
Quatre cents ans d’incarcération de la dignité humaine.

— Par Pierre Pastel, Sociologue/Psychothérapeute —

Sous le regard bienveillant de nos ancêtres jadis confinés en esclavage, l’auteur nous convie à leur rendre hommage en mettant en lumière quelques-unes des recommandations qu’ils nous ont laissées en héritage afin que nous sachions, aujourd’hui, nous faire architectes d’un rapport nouveau entre les humains, comme eux ont su le faire contre la fourberie mercantiliste de toute une civilisation à leur égard. 1

Chers vous, ancêtres, qui avez été dépouillés de votre dignité d’humains et qui nous regardez avec bienveillance. RESPECT A VOUS !

Chers vous tous, contemporains de notre planète, présents, ici, avec nous par la puissance de la pensée pour cette commémoration et cet hommage,

Mesdames, Messieurs,

Aujourd’hui nous célébrons la LIBERTE et le dé-confinement des consciences.

Il est important de se dire, que si le contexte est problématique, nous savons et nous saurons tout de même trouver les moyens de partager ce moment commémoratif avec toute la nation, parce que ce geste de mémoire fondamental est un acte de reconstruction de la civilisation.

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À Mayotte, les braconniers profitent du confinement pour massacrer les tortues marines

Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19 à Mayotte, des braconniers ont profité du confinement et des plages désertes pour massacrer des tortues marines, dont la viande se revend à des prix élevés. L’association mahoraise de protection de l’environnement Oulanga na nyamba a lancé l’alerte, images à l’appui.

Dans un communiqué diffusé le 26 avril, l’association comptabilisait 28 cadavres de tortues marines sur la seule plage touristique de Moya, située sur la côte est de l’île de Petite-Terre, depuis le début du confinement le 17 mars. Plusieurs photos publiées sur leur page Facebook montrent des carapaces coupées en deux et éparpillées sur le sable. L’association précise qu’il ne s’agit pas de la seule plage affectée et que des signalements ont été faits « tout autour de l’île », sans préciser de chiffre.

Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19 à Mayotte, des braconniers ont profité du confinement et des plages désertes pour massacrer des tortues marines, dont la viande se revend à des prix élevés. L’association mahoraise de protection de l’environnement Oulanga na nyamba a lancé l’alerte, images à l’appui.

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Le coronavirus accroît les risques de traite d’êtres humains, avertit l’ONU

L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a mis en garde mercredi contre les risques accrus de trafics d’êtres humains en raison de la crise du coronavirus qui rend les victimes encore plus vulnérables.

«Alors que le Covid-19 restreint les déplacements, absorbe les ressources chargées de faire respecter la loi et réduit les services publics et sociaux, les victimes de trafics d’êtres humains ont encore moins de chances de pouvoir s’échapper et trouver de l’aide», estime Ghada Waly, directrice exécutive de l’ONUDC, citée dans un communiqué. Ghada Waly souhaite que les pays s’assurent de garder ouverts les abris et les lignes téléphoniques d’urgence, de maintenir l’accès aux tribunaux et la capacité d’action des unités luttant contre les trafics d’êtres humains.

Au-delà du risque d’attraper le virus, une récente étude de l’ONUDC montre que les fermetures de frontière empêchent certaines victimes de rentrer chez elles. Les victimes doivent en outre affronter des ralentissements dans les procédures légales et risquent des mauvais traitements supplémentaires ou bien d’être laissées à l’abandon par leurs ravisseurs.

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Parallèlement, le nombre d’enfants forcés d’aller mendier ou chercher de la nourriture dans les rues augmente à présent que les écoles sont fermées et ne peuvent plus offrir un abri et un endroit où manger, poursuit le communiqué.

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Il y a 167 ans, l’arrivée des premiers Indiens en Martinique

 « L’indianité est vécue, à juste titre, comme une composante irremplaçable de la créolité. »

Une commémoration essentielle

Chaque année le 6 mai, l’association « Gopio Martinique », en partenariat avec la Ville de Saint-Pierre, commémore l’arrivée des premiers Indiens en Martinique. Une commémoration qui, compte tenu de la situation sanitaire, ne pourra se tenir physiquement cette année.

C’est le 6 mai 1853 que le premier bateau, l’Aurélie, a accosté à Saint-Pierre avec 313 passagers indiens à son bord. Au total, ce seront par la suite 55 convois qui achemineront en Martinique 25 509 Indiens en une trentaine d’années (…)

« Gopio Martinique », en partenariat avec les autres associations d’Indiens de la Martinique, s’efforce, à travers différentes manifestations, de rappeler l’importance de la présence des Indiens dans la communauté culturelle de la Martinique.

Rappelons, pour mémoire, que, dans le cadre de la commémoration des « 350 ans de Fort Royal », la Ville de Fort-de-France a consacré une importante manifestation à l’immigration indienne, notamment au quartier « Au-Béro » aux Terres-Sainville où étaient installés les Indiens vivant à Fort-de-France (…)

Saint-Pierre puis Fort-de-France

La mise en place de l’immigration indienne demande toute une organisation régie par des décrets successifs concernant la formulation des demandes de planteurs, les droits et les devoirs des « engagistes » et des immigrés (…)

Les Indiens débarquent à Saint-Pierre en 1853, puis à Fort-de-France à partir du 26 mars 1857. 

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« Je ne crois pas aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant » – Michel Houellebecq

Michel Houellebecq est écrivain. C’est la première fois qu’il s’exprime depuis le début de la pandémie. Dans cette lettre, il récuse l’idée de l’avènement d’un monde nouveau après la crise du coronavirus. Son texte et la lecture proposée par Augustin Trapenard, sont reproduits dans leur version intégrale.

Il faut bien l’avouer : la plupart des mails échangés ces dernières semaines avaient pour premier objectif de vérifier que l’interlo­cuteur n’était pas mort, ni en passe de l’être. Mais, cette vérification faite, on essayait quand même de dire des choses intéressantes, ce qui n’était pas facile, parce que cette épidémie réussissait la prouesse d’être à la fois angoissante et ennuyeuse. Un virus banal, apparenté de manière peu prestigieuse à d’obscurs virus grippaux, aux conditions de survie mal connues, aux caractéristiques floues, tantôt bénin tantôt mortel, même pas sexuellement transmis­sible : en somme, un virus sans qualités. Cette épidémie avait beau faire quelques milliers de morts tous les jours dans le monde, elle n’en produisait pas moins la curieuse impression d’être un non-événement. D’ailleurs, mes estimables confrères (certains, quand même, sont estima­bles) n’en parlaient pas tellement, ils préféraient aborder la question du confinement ; et j’aimerais ici ajouter ma contribution à certaines de leurs observations.

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« À ciel ouvert » d’ Antoine Maxime

2020 Mai 2 Tout à l’envers ou à l’endroit !

Cette période du Corona : tourne notre tête à l’envers ou à l’endroit on ne sait !

Les cloches des églises, comme dans les pays musulmans les appels à la prière : résonnent mais les lieux de culte sont vides. Les cloches qui devraient rassembler, faire venir du monde, dit aux pratiquants se font juste entendre parla population: c’est l’heure ! Mais restez chez vous ! Et les responsables religieux demandent d’être en communion, sans être rassemblés ; de célébrer leur culte mais à domicile, qu’il s’agisse d’un vendredi, d’un samedi ou d’un dimanche ! Tout le monde au même niveau !

On peut alors se questionner : de quel droit ce virus se permet de bousculer des obligations que chacun considère comme sacrées ! L’essentiel est-ce le jour, la nuit, le lieu, le culte ?

En vous disant cela, me vient un passage de l’Evangile de Jean : où Jésus rencontrant une femme de Samarie auprès d’un puits (lieu symbolique)lui dit : «  Tu sais, les vrais adorateurs le font en esprit et en vérité ; ce n’est ni sur cette montagne, ni à Jérusalem… » Il y a de quoi méditer non ?

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“Kapital !”, le jeu des Pinçon-Charlot

Imaginé par Monique et Michel Pinçon-Charlot, un jeu à offrir à vos « potes de droite »…

On ne présente plus Monique et Michel Pinçon-Charlot, célèbres sociologues, spécialistes de la grande bourgeoisie et des élites. Les deux anciens directeurs de recherche au CNRS — ils ont pris leur retraite en 2007 — critiquent depuis des années le comportement des « ultra-riches » et leurs techniques pour garder le pouvoir à tout prix. Un engagement intellectuel devenu politique en 2017, lorsque Monique Pinçon Charlot est devenue candidate aux élections législatives pour le Parti communiste… Livres, BD, documentaires jeunesse, tous les moyens sont bons pour vulgariser leurs travaux ! Ils ont réalisé, en novembre 2019, un jeu didactique et drôle sur la “guerre des classes”. Un jeu qui questionne les rapports entre les classes sociales, et les stratégies « des dominants » pour garder leur position. Le stock, vite épuisé, a été reconstitué aujourd’hui. Un délicieux « cadeau empoisonné » pour vos « potes de droite »…

Quand tout est politique…

Mais le jeu « Kapital ! » est bien plus qu’un jeu de société, c’est tout simplement le premier jeu de sociologie critique.

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« L’appropriation culturelle » de Rodney William

Peut-on porter un turban, des dreadlocks ou une coiffe de plumes autochtone ?

Oui et non, car les accessoires culturels fonctionnent comme des piliers d’identités pour les peuples historiquement subalternisés par l’Occident. Ils portent en eux une ancestralité et des pratiques sociales de lutte et de résistance qui doivent être respectées.

Séparant l’appropriation culturelle des autres formes d’échange culturel, Rodney William révèle comment l’appropriation participe aux dispositifs d’invisibilité et de génocide culturels, en affaiblissant intentionnellement les savoirs et les connaissances des peuples noirs, autochtones et minoritaires.

S’appuyant sur des bases anthropologiques, R. William dialogue dans cet essai engagé avec la cosmogonie africaine et des auteurs comme Frantz Fanon, Stuart Hall, Kabengele Munanga et Abdias Nascimento.

Rodney William a grandi dans un univers baigné de samba, de capoeira, et de spiritualité afro-brésilienne. Anthropologue, docteur en sciences sociales, il est aussi babalorixa, dignitaire de la religion afro-brésilienne candomblé.

« Rodney William étudie l’appropriation culturelle sous l’angle historico-culturel du colonialisme. Il établit une connexion avec les pratiques prédatrices des marchés capitalistes colonisateurs
actuels, qui se servent des attributs culturels d’un peuple pour faire du profit, et vident de sens ses symboles d’appartenance.

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« 1492 Anacaona l’insurgée des Caraïbes » de Paula Anacaona

Comment les autochtones ont-ils vécu la “Découverte” de l’Amérique ? Écoutons la voix des colonisés.

L’Europe et l’Amérique vivaient de part et d’autre de l’océan, chacun ignorant l’existence de l’autre, jusqu’à leur rencontre en 1492, quand Cristobal Colón découvre les Antilles.

Anacaona règne alors sur un des royaumes d’Haïti. Elle et son peuple Taïno accueillent les Espagnols avec cordialité, amitié, respect. Mais les Espagnols mettent en place leur projet colonisateur : ils déstructurent la société Taïno, détruisent ses lieux de culte, lui imposent un nouveau mode de vie… Délibérément, ils exterminent un peuple et sa culture.

Moins d’un siècle après cette Rencontre, les Taïnos ont totalement disparu d’Haïti et des Caraïbes – entraînant la déportation massive d’Africains pour servir de main d’œuvre.

La mémoire enfouie de cette extermination n’a cependant pas disparu. Par la voix d’Anacaona, revivez l’histoire des Taïnos, premier peuple des Antilles – Guadeloupe, Martinique, Cuba, Porto Rico, et bien sûr Haïti…

On a déjà beaucoup parlé de cette conquête – mais par la voix des colons. Écoutons cette fois les colonisés : leurs tentatives d’adaptation, leur désespoir, leurs résistances.

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L’homme, ce solide ouaté

— Par Pierre Pastel —

D’une manière retentissante et prenant l’humanité entière à témoin, notre nouvelle actualité mondiale pandémique nous contraint à une remise en question générale. Cette pause forcée sous la forme d’une quarantaine sans précédent interroge nos choix et nos valeurs. Face au naufrage collectif potentiel, c’est surtout le rapport de l’homme à l’homme qui doit nous interpeller. Qu’est-ce que l’homme pour l’homme ? Que veut faire l’homme de l’homme ? À l’heure de la financiarisation triomphante du vivant, à l’heure où l’humain est devenu la principale marchandise de ce qu’il convient d’appeler la guerre économique mondiale, quel chemin prendre pour préserver l’homme de lui-même ? L’homme guerrier ambitieux et fou est devenu à la fois son principal allié et son plus dangereux ennemi. Comment réduire la faillite éthique qui conduit l’humain à s’autodétruire ? Comment retrouver le dénominateur commun moral qui réinscrive l’humanité dans une perspective harmonieuse et pacifique, salvatrice et pérenne ? Le chemin du rêve commun n’est pas tracé, il est à tracer ensemble. À travers une relecture de notre définition de l’homme, Pierre Pastel, universitaire, sociologue et thérapeute, nous invite de nouveau1 à méditer cette réponse éthique qui sera nôtre, pour le monde nouveau que nous devrons réinventer.

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Coronavirus ou comment repenser notre temps

Par Marcel Luccin —

Le coronavirus focalise l’attention parce qu’il tue, bouleverse les habitudes, fragilise les convictions, met à mal le système économique, menace nos organismes, remet en cause les vérités établies. En effet, il s’agit bien d’un événement majeur qui génère de multiples interrogations mais entre autre, révèle le rôle salvateur de l’État-providence. Quant au confinement dont la durée est à la fois proche et lointaine, c’est probablement l’occasion de se libérer de l’emprise de la rentabilité à tout prix et des planifications souvent hasardeuses. En outre, le coronavirus en tant que révélateur primordial met en évidence l’augmentation de la consommation d’un surplus d’informations à la fois vraies et contradictoires, sans oublier les réseaux sociaux qui multiplient les sources de confidences et propagent des prophéties en tout genre.

Quoi qu’il en soit, cette épidémie offre à ceux qui le veulent l’occasion de sortir de leurs bulles sécurisées et de rompre avec les pièges de la routine devenue aliénante. C’est à l’évidence une discontinuité profitable aux analyses approfondies, à l’adoption d’un nouvel état d’esprit et à l’avènement de relations interpersonnelles plus apaisées.

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Le monde à l’aube d’une «décennie décisive» pour la liberté de la presse, selon RSF

L’organisation publie ce mardi l’édition 2020 de son classement mondial de la liberté de la presse, qui étudie 180 pays et territoires.

Les dix prochaines années seront sans doute «une décennie décisive» pour la liberté de la presse, alerte RSF, la crise sanitaire actuelle amplifiant les nombreuses difficultés économiques, politiques ainsi que le défaut de confiance dont souffre le secteur.

«L’épidémie est l’occasion pour les États les plus mal classés d’appliquer la ‘stratégie du choc’, théorisée par Naomie Kein : ils profitent de la sidération du public et de l’affaiblissement de la mobilisation pour imposer des mesures impossibles à adopter en temps normal», déplore auprès de l’AFP Christophe Deloire, secrétaire général de l’organisation qui publie mardi l’édition 2020 de son classement mondial de la liberté de la presse.

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C’est le cas de la Chine (177e) et de l’Iran (173e, – 3), «qui ont mis en place des dispositifs de censure massifs» ou de la Hongrie (89e, – 2), où le Premier ministre a fait voter une loi «coronavirus» qui prévoit des peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour la diffusion de fausses informations.

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