Catégorie : Sociologie

Le refus de se soumettre à une expertise ADN est un indice de paternité

Lorsqu’un père ne dispose d’aucun motif légitime pour s’opposer à la réalisation d’une expertise génétique, le juge peut déduire de son refus un indice de sa paternité. C’est ce que vient de rappeler la première chambre civile de la Cour de cassation dans un arrêt du 8 juillet 2020.

La mère d’un enfant mineur engage une procédure en reconnaissance de paternité. Elle demande une expertise génétique au juge qui l’ordonne.

Le père présumé refuse de se soumettre à l’expertise ADN. Selon lui, l’action en recherche de paternité devait être exercée par la mère dans un certain délai. Pour cette raison, il a saisi la cour d’appel pour statuer sur la validité de l’action.

Il estime qu’il a là un motif légitime pour ne pas se rendre aux convocations de l’expert dans la mesure où la Cour n’a pas encore rendu sa décision.

La Cour de cassation ne le suit pas. Elle rappelle que si l’action en recherche de paternité appartient à l’enfant, elle peut être exercée durant sa minorité par sa mère.

Elle précise également que l’expertise génétique est de droit en matière de filiation sauf s’il existe un motif légitime de la refuser.

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David Graeber, un moraliste de l’anthropologie

— Par Nathalie Lacube —

Auteur du monumental « Dette », de « Bureaucratie » et de « Bullshit Jobs », l’anthropologue américain David Graeber, mort le 3 août à 59 ans, posait sur nos sociétés un regard d’une lucidité saisissante et engagée.

« L’expérience de la confusion morale » : le titre du premier chapitre de « Dette », ouvrage monumental qui a révélé David Graeber au grand public en 2013, résume l’ambition d’une vie : porter sur le monde un regard de moraliste. L’anthropologie, sa discipline, nourrie des autres sciences humaines, lui servait à aiguiser cette lucidité, à la faire partager au plus grand nombre possible et à la transformer en moteur pour l’action.

David Graeber n’avait pas son pareil pour expliquer le monde et ses paradoxes. Ainsi, il raconte comment il a pris conscience de cette « confusion morale » à l’origine de « Dette : 5000 ans d’histoire » (Les Liens qui Libèrent, 624 p., 29,90 €) lors d’une… Garden-Party, organisée par un révérend anglican à l’abbaye de Westminster.

Le révérend lui présente une avocate engagée, qui apporte son aide juridique aux associations anti-pauvreté de Londres.

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« Flic », une enquête de Valentin Gendrot, en librairie

— Communiqué de l’éditeur—

Aujourd’hui, jeudi 3 septembre 2020, paraît en librairie notre “projet secret”.

Depuis deux ans, afin de garantir sa publication, nous l’appelons ainsi entre nous. Pourquoi ? Car nous avons dû prendre certaines précautions inhabituelles : imprimer ce livre à l’étranger pour plus de discrétion, inviter les journalistes à lire le manuscrit dans le huis-clos du cabinet de notre avocat et, bien sûr, tenir notre langue.

Voici donc “Flic”, l’histoire vraie d’un journaliste qui, durant deux longues années, a infiltré la police française. Jamais personne n’avait tenté – et réussi – un tel exploit.

Que se passe-t-il derrière les murs d’un commissariat ? Pour répondre à cette question, Valentin Gendrot a mis sa vie entre parenthèses. Il a suivi la formation de l’école de police de Saint-Malo et a fini par atteindre son objectif : devenir policier dans un quartier populaire parisien. 

Durant six mois, Valentin Gendrot a intégré le commissariat du 19e arrondissement de Paris. Une arme à la ceinture, le journaliste sous couverture a rejoint une brigade dont certains membres tutoient, insultent et distribuent régulièrement des coups à des jeunes hommes noirs, d’origine arabe ou migrants qu’ils surnomment “les bâtards”.

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Disparition de Chadwick Boseman, acteur à la carrière fulgurante

La famille de Chadwick Boseman a annoncé sa mort, ce vendredi 28 août 2020. L’acteur américain s’est éteint prématurément, à son domicile de Los Angeles, avec sa femme et ses proches à ses côtés, après avoir lutté pendant quatre ans contre la maladie, précise un communiqué publié sur son compte Twitter. Il n’avait jamais publiquement parlé de son état, et avait continué à tourner sur les plateaux des grands films hollywoodiens tout en subissant « d’innombrables opérations et chimiothérapies… c’était un vrai combattant. Chadwick a persévéré à travers tout cela », disent ses proches.

Né le 29 novembre 1976 à Anderson en Caroline du Sud, fils d’une mère infirmière et d’un père petit entrepreneur dans le textile, benjamin d’une fratrie de trois garçons, Chadwick Boseman avait fait des études de cinéma, puis tourné dans des séries à New York et à Los Angeles. En 2013, il était entré dans la lumière en incarnant, dans « 42 » de Brian Helgeland, Jackie Robinson la légende du baseball, avant de devenir avec Black Panther le premier super-héros noir à qui un film de la franchise Marvel était entièrement consacré.

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Le billet de François Morel : « Il n’y a pas d’âge pour être orphelin »

Une sorte d’éphéméride particulier, pudique et émouvant… François Morel n’aurait pu rendre plus bel hommage à sa mère Suzanne, qui vient de partir sans lui vers d’autres cieux, vers d’autres aventures… Tout en sous-entendant, avec sa délicatesse habituelle, le passage du temps, et ce qu’il entraîne avec lui…

France Inter, le vendredi 28 août 2020

François Morel aurait eu une bonne excuse ce matin pour ne pas présenter sa chronique, la même qu’Antoine Doinel dans « Les 400 coups », le film de François Truffaut, quand pour justifier son absence à l’école il dit : « Ma mère », « Ta mère, ta mère, qu’est-ce qu’elle a encore ? » répond le surveillant. « Elle est morte » !

François Morel

« 17 août 1926, le président de la République française, s’appelle Gaston Doumergue. On l’aime bien Gastounet : il est bonhomme, il a l’accent du Sud. À son accession à la Présidence, il est célibataire. Mais tous les matins, il part à pied de l’Elysée, pour prendre le petit-déjeuner avec Jeanne-Marie Gaussal, veuve Graves, à son ancien domicile du 73 bis, avenue de Wagram dans le XVIIe arrondissement de Paris.

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«Pudibonderie et censure sont-elles les deux mamelles de la France de demain?»

 – Selon David Brunat, l’intervention de gendarmes auprès de vacanciers seins nus sur la plage de Sainte-Marie-la-Mer est une consternante illustration de l’évolution des mœurs. Cet esprit de pruderie venu d’autres cultures pourrait bien réprouver notre histoire de l’art qui a toujours mis à l’honneur le sein féminin, s’inquiète l’écrivain.

— Par David Brunat(*) —

Ainsi un duo de gendarmes pudibonds vient-il de défrayer la chronique estivale avec zèle et brio. Censure mammaire et coup de chaleur médiatique sur la météo des plages!

On se plaît à imaginer l’un des deux représentants de la maréchaussée demander à son collègue de serrer sa haire avec sa discipline (et sa matraque) avant de fondre sur une vacancière exposant sa poitrine au soleil et aux regards innocents et de lui commander toutes affaires cessantes de cacher ce sein que ni lui ni personne ne saurait voir.

Un disciple de Tartuffe en uniforme ou bien un honnête gendarme victime d’une insolation? Un agent de police citoyen et prévenant, au courant des risques du bronzage et voulant prendre sa part de la prévention des cancers du sein?

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Pour J-C William

— Par Patrick Chamoiseau —

Jean-Claude William.

T’en souviens-tu ?

De nos rires autour de cette boutade de William Faulkner qui très souvent disait :

« Entre un bon whisky et rien, je choisirai toujours un bon whisky ! »

Comme Faulkner ne parlait jamais à la légère,
il m’est arrivé de penser
juste pour complexifier les choses
et sans grande contradiction de ta part
qu’il désignait par le mot « rien » toutes les situations intolérables

Ce que Glissant aurait appelé de son côté
le rassurant néant
l’absence ronronnante
la crève paisible,
ce « rien » dans lequel se débattent les Nations sans État que l’on appelle DOM-TOM.

Au « rien »
Faulkner préférait le feu du risque
là où l’insupportable des petites vies se consume d’emblée
là où la ferveur ignore les renoncements
là où la nuit des manguiers se bouleverse soudain d’un voumvap de lucioles..

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En hommage à Jean-Claude William

— Par Germain Beautin (*)
Le président Jean-Claude William m’a fait l’honneur de préfacer mon premier livre sorti en septembre 2019 aux éditions L’Harmattan. Ce livre est la biographie d’un des prédécesseurs de Jean-Claude William à la présidence de l’université des Antilles-Guyane, le Guadeloupéen Roland Thésauros. Cette biographie est aussi un historique du mouvement nationaliste guadeloupéen de sa création à nos jours. J’ai souhaité que la préface du livre soit faite par un intellectuel de la Martinique car Roland Thésauros, enseignant sur le campus de Fouillole et de Schoelcher est très connu par plusieurs générations d’étudiants martiniquais. Le choix de Jean-Claude William s’imposait à nos yeux. Il avait une longue relation d’amitié avec Roland Thésauros et ils avaient tous deux été responsables de l’université aux Antilles.

Mon ami Judes Duranty, ancien responsable de la bibliothèque municipale de Schoelcher, essayiste, chroniqueur dans plusieurs médias de Martinique, a contacté Jean-Claude William qui a répondu oui sans hésitations. Malgré ses problèmes de santé, il s’est prêté à cette tâche, manière pour lui de rendre hommage à Roland Thésauros qui avait, nous a-t-il dit, été le maître d’oeuvre de la transformation du Centre Universitaire des Antilles-Guyane en Université des Antilles et de la Guyane.

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Pourquoi lire Du Bois aujourd’hui en France ?

Marxisme, postcolonialisme et postcolonialité

— Par Magali Bessone

— William Edward Burghardt Du Bois a écrit la majeure partie des essais qui composent cet ouvrage entre 1897 et 1903 : aux États-Unis, la ségrégation vient d’être légalement reconnue1, trente ans seulement après la fin de la guerre de Sécession qui a émancipé les esclaves noirs sur l’ensemble du territoire de l’Union. L’Europe, dans le même temps, se dispute l’Afrique. Malgré une tentative de partage plus ou moins consensuel de l’Afrique entre les grandes puissances lors de la conférence de Berlin, les crises coloniales se multiplient, depuis celle de Fachoda, qui met aux prises la France et la Grande-Bretagne en 1898, jusqu’au coup de Tanger de 1905 qui oppose la France et l’Allemagne et contribue largement au déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Aujourd’hui la France hérite des interrogations et des méthodes des post-colonial studies anglo-saxonnes et relit l’histoire de ses relations avec l’Afrique, notamment à la lumière de la réinscription de la colonisation dans la longue durée, en(1) refusant d’accorder un privilège explicatif à l’événement « décolonisation2 ». La France, largement en retard sur les États-Unis, (re)découvre ainsi sa situation postcoloniale.

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Journée Internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition est célébrée le 23 août de chaque année. C’est dans la nuit du 22 au 23 août 1791 qu’a commencé à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti et République Dominicaine) l’insurrection qui devait jouer un rôle déterminant dans l’abolition de la traite négrière transatlantique.

La route des esclaves

La Journée internationale du souvenir de la traite négrière et de son abolition vise à inscrire la tragédie de la traite dans la mémoire de tous les peuples. Conformément aux objectifs du projet interculturel « La route de l’esclave », elle doit offrir l’occasion d’une réflexion commune sur les causes historiques, les modalités et les conséquences de cette tragédie, ainsi que d’une analyse des interactions qu’elle a générées entre l’Afrique, l’Europe, les Amériques et les Caraïbes.

Le Directeur général de l’UNESCO invite les Ministres de la culture de tous les États membres à organiser des actions en associant l’ensemble des populations de leurs pays et en particulier les jeunes, les éducateurs, les artistes et les intellectuels.

En ce 23 août, nous honorons la mémoire des hommes et des femmes qui, en 1791 à Saint-Domingue, se soulevèrent et ouvrirent la voie de la fin de l’esclavage et de la déshumanisation.

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Nommer son espace pour se l’approprier: À quoi servent les statues? 1. Matinik

— Par Véronique Hélénon —

Le déchoukaj des deux statues de Victor Schœlcher le 22 mai 2020 en Martinique par des militants, est révélateur de tensions profondes, issues des périodes esclavagiste et coloniale.A –

Le 22 mai 2020 les manifestations commémorant l’abolition de l’esclavage en Martinique ont été marquées par le déchoukaj de deux statues de l’abolitionniste français Victor Schœlcher par des militants, en dehors des célébrations officielles. Pour comprendre ces gestes, penchons-nous sur l’histoire coloniale et esclavagiste de la Martinique. 

L’anonymat comme instrument de domination coloniale

Doué de parole, l’être humain s’inscrit dans une lignée, nommant ses enfants, adoptant les noms de ses aïeuls, forgeant ainsi un arbre généalogique qui est la matrice de son histoire personnelle. L’apprentissage et la reconnaissance de son environnement exigent également un vocabulaire spécifique. Ce sont des actes fondateurs, permettant de se déployer au sein d’une famille, d’une collectivité, et marquer sa présence dans son environnement à travers les âges. 

Lire aussi : Martinique : Histoire & Mémoire

C’est ce que firent les colons français lorsqu’ils arrivèrent sur l’île aujourd’hui appelée Martinique. Désireux d’apposer leur empreinte sur des paysages qui leur avaient été étrangers, ils baptisèrent leur environnement de noms familiers.

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En Floride, les bébés noirs ont plus de chances de survivre quand ils sont soignés par des médecins noirs

— Par Aude Lorriaux —

Lorsque les nouveau-nés noirs sont soignés par des médecins noirs, leur taux de mortalité est réduit de moitié, une étude parue dans la revue « Proceedings of the National Academy of Sciences » (PNAS)

Aux États-Unis les nourrissons noirs ont deux fois plus de chances de mourir que les nourrissons blancs, et d’autant plus s’ils sont soignés par des médecins blancs. C’est le résultat d’une étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 17 août, menée sur des milliers de naissances en Floride.

« Les résultats suggèrent que lorsque les nouveau-nés noirs sont soignés par des médecins noirs, le taux de mortalité dont ils souffrent est réduit de moitié, par rapport à celui des enfants blancs », indique l’étude.

Raisons multiples

Les chercheurs ont examiné les données concernant 1,8 million de naissances en Floride entre 1992 et 2015. Quand les nourrissons noirs étaient soignés par des médecins blancs, ils avaient trois fois plus de chances de mourir à l’hôpital que les petits enfants blancs.

De précédentes études avaient montré que les enfants noirs américains souffrent d’un taux de mortalité bien plus élevé que les enfants blancs.

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Lettre ouverte aux pasteurs de mon pays

— Par Steve “Fola” Gadet —

Je reconnais votre travail, votre engagement pour la santé spirituelle et le bien-être des membres de vos églises. Je sais que le pays aurait été différent sans votre engagement spirituel. Je crois que beaucoup d’entre vous ont fait une différence dans la vie de nombre de familles. D’ailleurs, je garde à l’esprit que si je suis encore là, dans cette vie, c’est en partie grâce à vos soins, vos conseils, votre confiance, votre patience avec moi dans des moments où j’en avais grandement besoin. Je suis aussi conscient de la difficulté de votre mission et je suis persuadé que vous n’êtes pas tous indifférents à ce qui se passe dans le pays.
Je sais également que nous sommes le fruit de gens qui se sont révoltés, ont travaillé, milité contre des ordres injustes, pour que nous soyons mieux traités. Sans leur combat, sans leur engagement, leur travail, nous n’aurions pas été dans notre position actuelle. La mémoire s’efface avec le temps qui passe, elle s’éloigne. On a alors tendance à tout spiritualiser sans comprendre que nous sommes autant des êtres spirituels que des êtres politiques.

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«Les problèmes sociaux des Noirs ne sont ni éternels ni naturels»

, Par Sonya Faure et Catherine Calvet —

La modernité de Du Bois fut de penser les «races» comme une histoire de rapports de pouvoir inégaux, et non comme une donnée biologique, retrace son traducteur, Nicolas Martin-Breteau.

 Pourquoi lire Du Bois aujourd’hui ? Pour sa définition magistrale, car très moderne pour la fin du XIX, e,  siècle, de la question raciale. Nicolas Martin-Breteau, maître de conférences en histoire et civilisation des États-Unis à l’université de Lille, a traduit et préfacé , les Noirs de Philadelphie,,  l’un des grands livres du sociologue et militant africain-américain, paru en 1899 aux États-Unis et pour la première fois traduit en France.

Écouter sur France Culture :  Le « problème des Blancs avec les Noirs », à propos de W.E.B. Du Bois

Comment , les Noirs de Philadephie, , paru il y a plus de cent ans, s’inscrit-il dans la France d’aujourd’hui ?

Du Bois est l’un des plus grands penseurs des questions raciales. Or, la France est traversée par des tensions dangereuses sur ces questions à propos desquelles nous aurions besoin d’une analyse apaisée et rationnelle.

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Du Bois, l’œuvre au noir

— Par Sonya Faure 

Près de 120 ans après sa parution aux États-Unis, le classique de l’enquête sociologique «les Noirs de Philadelphie» est enfin traduit par Nicolas Martin-Breteau. Fondateur oublié de la sociologie aux côtés de Durkheim et Weber, Du Bois est un précurseur des «black studies» ou de l’intersectionnalité.

C’est un peu comme si, pendant près d’un siècle, on était passé à côté de Max Weber ou de Durkheim. Penseur de la question raciale dans les États-Unis de la ségrégation, arpenteur de ce qu’on n’appelait pas encore les «ghettos urbains», l’intellectuel noir américain William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963) a de son vivant été négligé par l’université, rarement cité par ses confrères, puis oublié des grands manuels de sciences sociales. Ses travaux scientifiques ont longtemps été éclipsés par son engagement militant pour les droits civiques. Pourtant ses idées avant-gardistes n’ont cessé d’infuser la sphère intellectuelle. Dès 1900, il prophétisait, lors de la première conférence panafricaine, à Londres : «Le problème du XXe siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs.»

«Il ne fait aucun doute que s’il avait été blanc, Du Bois aurait été considéré d’emblée comme un fondateur de la sociologie», estime l’historien spécialiste des États-Unis Nicolas Martin-Breteau. 

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Il y a 15 ans le vol YH 708 de la West Caribbean…

Le vol 708 West Caribbean Airways (code : YH 708) de la compagnie aérienne colombienne West Caribbean était un vol charter, affrêté par l’agence de voyages martiniquaise Globe Trotters de Rivière-Salée. Après avoir décollé de l’aéroport international de Tocumen (PTY), à Panama le 15 août 2005, il était en route pour Fort-de-France quand il s’est écrasé dans une région montagneuse de l’ouest du Venezuela, appelée serranía de Perijá, aux premières heures du mardi 16 août 2005. Les 160 personnes à bord, 152 passagers martiniquais qui rentraient d’une semaine de vacances au Panama et les huit membres d’équipage colombiens ont été tués. Cet accident fait partie de la « série noire » de l’été 2005, au cours duquel un autre accident aérien majeur, celui du vol 522 Helios Airways, s’était produit en Grèce, le 14 août.

Avion
L’avion concerné était un McDonnell Douglas MD-82 enregistré sous le numéro HK-4374X [archive]. Il est sorti d’usine en 1986. Son premier propriétaire a été la compagnie aérienne Continental Airlines. Après les attentats du 11 septembre 2001, à la suite de la crise traversée par le transport aérien, il a été parqué dans le désert de l’Arizona, comme de nombreux appareils de compagnies américaines.

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Lettre à Édouard

— Par Dominique Taffin, Ancienne directrice des Archives de Martinique —
Quelques mots, quelques touches de souvenirs, qui s’accrocheront peutêtre à la mémoire que tant de Martiniquais qui t’ont bien mieux connu que moi garderont, je l’espère, longtemps. Bizarrement, c’est un tutoiement qui me vient, alors que nous nous sommes dit vous tout au long des quelque trente années qui mesurent l’écart entre notre première rencontre et la dernière, début 2018. Pardonnez-moi d’abandonner la neutralité professionnelle de l’archiviste et de naviguer entre les deux ! C’était, je crois, à la fin des années 1980, aux Archives d’outre-mer où, jeune conservatrice, je rencontrais un petit homme, à l’œil clair et au ton sans réplique qui exigeait d’avoir accès sans délai et sans restriction à toutes les archives concernant Césaire. Il aura fallu que je vienne travailler en Martinique pour que je comprenne les tenants et aboutissants de ce comportement péremptoire qui m’avait tant indisposée à l’époque : au-delà d’un trait de caractère forgé par ton parcours individuel et par la haute idée de ta mission, c’était aussi une posture d’attaque face à la culture du secret qui pesait sur tout ce qui relevait de l’histoire contemporaine de la Martinique.

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Le bel hommage à Édouard Delépine

Parmi tous les hommages rendus à Édouard Delépine, l’un des plus émouvants est sans doute celui que Raphaël Confiant publie sur son « Bloc-notes », dans Montray Kreyol, ce mercredi 12 août.

« Édouard Delépine, l’empêcheur de penser en rond

Il fut le professeur d’histoire de bon nombre d’entre nous au lycée Schoelcher dans les années 1960-80.

Tant de vitalité et d’acuité d’esprit, de culture surtout, dans un si petit corps nous enchantait tout comme nous étonnait le bleu de son regard. Il essayait d’inculquer à nous autres, fils de la petite-bourgeoisie (l’établissement n’était pas encore mixte à cette époque), des rudiments d’analyse marxiste, cela sans dogmatisme ni bourrage de crâne. Son humour décapant, féroce même par moments, clouait le bec aux petits prétentieux qui, comme c’était mon cas, osaient émettre quelques doutes. Sans dévier du programme car nous avions le bac à présenter, il trouvait toujours une occasion d’élargir son propos aux grandes causes qui le passionnaient : la révolution prolétarienne et le bloc soviétique, la décolonisation en Afrique noire, dans le monde arabe et en Asie, dans la Caraïbe mais aussi et surtout dans notre Martinique.

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La valorisation du patrimoine amérindien : Un enjeu de l’intégration régionale caribéenne

 — Par , Sébastien Perrot-Minnot, , Consul Honoraire du Guatemala à Fort-de-France, , Archéologue —

La « Grande Caraïbe » a la pouvoir de susciter des initiatives passionnées sur le thème de l’intégration régionale. Cette vaste aire culturelle réunit des régions riveraines et proches de la mer des Caraïbes : les Antilles, les Bahamas, les îles Lucayes, le nord de l’Amérique du Sud, l’Amérique Centrale, le Mexique et le sud-est des États-Unis. Elle constitue le cadre de plusieurs organisations régionales, notamment l’Association des États de la Caraïbe (AEC), la Communauté caribéenne (CARICOM), l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (OECO) et le Système de l’Intégration Centraméricaine (le SICA qui inclut, rappelons-le, la République Dominicaine). Ces dynamiques d’intégration sont motivées par une géographie de laquelle découlent des intérêts et des défis communs ; mais elles sont aussi inspirées par de puissants liens qui se sont tissés, au fil du temps, à travers et autour de cette mer des Caraïbes qu’Alexander von Humboldt qualifiait, il y a plus de deux siècles, de « Méditerranée américaine ».

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L’habitation GRADIS  à Basse-Pointe change de nom

Une initiative de la Collectivité Territoriale de Martinique

Le Centre culturel de la Collectivité Territoriale de Martinique, sis Habitation Gradis à Basse Pointe, Rue Marcé Bedoin, a reçu le 7 août 2020 son nom de baptême, qui sera porté à son fronton, la dénomination officielle devenant : Centre culturel – Tiers-Lieu Antoine TANGAMEN dit « ZWAZO ».

Un choix en forme d’hommage, rendu à celui qui représente les descendants des Indiens de Martinique, à Basse-Pointe, ce « berceau de l’Indianité » ; hommage rendu aussi à tous « ces Martiniquais d’origine Indienne, dont les nombreux apports participent de la richesse de la culture martiniquaise ». La cérémonie de dénomination s’est déroulée en présence du président du Conseil exécutif de la CTM, Alfred Marie-Jeanne, du maire de Basse-Pointe, Marie-Thérèse Casimirus, de la Conseillère exécutive en charge du Patrimoine et de la Culture, Marie-Hélène Léotin, et des membres de la famille d’Antoine Tangamen. Était présente aussi au dévoilement de la plaque, l’Association culturelle Martinique Inde (ACMI).

Un reportage complet sera proposé dans le journal France Antilles du lundi 11 août 2020.

Le personnage élu

Antoine Tangamen dit « Zwazo » (1902-1992), fut l’un des derniers prêtres hindous pratiquant la langue tamoule (le Tamil, langue originaire du Sud de l’Inde).

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Radicalités identitaires : La démocratie face à la radicalisation islamiste, indigéniste et nationaliste

Ces dernières années, des extrémistes identitaires percutent les valeurs républicaines de la société française. Voyant l’avenir de l’humanité comme un « choc des civilisations » et une « guerre de races », ces mixophobes ethno-différencialistes partagent la théorie du « grand remplacement » en Occident : les identitaires nationalistes et anti-cosmopolites, de même que les identitaristes décoloniaux et islamistes. Les crispations identitaires ont ainsi fait couler beaucoup d’encre : les uns dénoncent le « défaut d’assimilation » des populations immigrées, tandis que les autres accusent la « panique identitaire ». Cet ouvrage ne se situe dans aucun de ces camps idéologiques mais décrit ces radicalités identitaires et les enjeux pour la cohésion sociale au sein des sociétés démocratiques.

  • Date de publication : 29 mai 2020
  • Broché – format : 15,5 x 24 cm • 406 pages
  • ISBN : 978-2-343-20323-2
  • EAN13 : 9782343203232
  • EAN PDF : 9782140150531
  • EAN ePUB : 9782336901282
  • Lire l’interview de Manuel Boucher=>

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Déboulonnage de statues et héritage raciste: pourquoi Jésus ressemble à un Européen blanc

— Par Anna Swartwood House, Professeure d’histoire de l’art, Université de Caroline du Sud —
Le Jésus historique avait probablement les yeux bruns et la peau foncée, comme la plupart des Juifs du Ier siècle en Galilée. Mais ce n’est pas l’image majoritaire qu’on nous en a donné.
Le fait de représenter Jésus comme un Européen blanc fait de plus en plus débat en cette période de réflexion sur l’héritage raciste aux États-Unis.

Alors que des manifestants réclament le déboulonnage des statues de généraux sudistes de la Guerre de Sécession aux États-Unis, l’activiste Shaun King va plus loin, en suggérant qu’il convient d’“en finir” avec les fresques et autres œuvres d’art représentant un “Jésus blanc”.

Il n’est pas le seul à se préoccuper de la représentation du Christ, et de la façon dont elle est utilisée pour mettre en avant la notion de suprématie de la race blanche. Des chercheurs renommés, et l’archevêque de Canterbury lui-même, appellent à repenser cette tradition.

La vision européenne d’un Christ à la peau claire a influencé d’autres parties du monde par le biais du commerce et de la colonisation.

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Emmanuel de Reynal publie « Ubuntu, ce que je suis »

En marge de la sortie de son livre « Ubuntu¹, ce que je suis » (éditions l’Harmattan), Emmanuel de Reynal a échangé avec Gérard Dorwling-Carter  sur la société martiniquaise, dans le magazine de juillet 2020  Antilla, numéro « Spécial Ubuntu ». Voici quelques extraits de cette fort longue interview.

Nota bene : Afin de ne pas modifier le sens de ce qui fut dit, les paragraphes extraits sont retranscrits comme tels, de sorte que certains de leurs entêtes peuvent surprendre.

Prendre le temps de Lire l’intégralité de l’interview, avec les questions posées par l’!intervieweur, et qui comporte aussi un passage intéressant sur l’Afrique du Sud, prise ici comme exemple.

« On peut choisir de façonner son identité en ne retenant qu’un épisode de l’histoire. Souvent d’ailleurs, on le fait sous une forme de pression culturelle qui nous oblige à revendiquer une seule identité. Cette identité peut-être choisie, à condition que l’on soit conscient des limites qu’elle nous impose. Elle est en réalité souvent subie, et elle nous enferme toujours dans un cadre restreint. L’identité nous limite et nous caricature. En fait, dans l’histoire de l’humanité, jamais le combat identitaire n’a créé de bonheur.

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« Angélina joli bato », un chant politique dédié à Victor Schœlcher

Angélina joli bato est un chant politique dédié à Victor Schœlcher. Chaque Île des Antilles françaises a sa version.

Depuis des générations, les écoliers des Antilles françaises savent pourquoi la montagne est verte, et ils disent avec ces mots tout simples le souvenir de Schoelcher – Victor Schoelcher, l’infatigable militant de l’abolition de l’esclavage qui, en 1848, a obtenu de la Seconde République la libération de 250 000 esclaves des colonies françaises – Martinique le 23 mai 1848, Guadeloupe le 27 mai, Guyane le 10 juin, La Réunion le 20 décembre…. Lire la suite sur FranceInfo

Origines
Bien qu’auune source ne donne d’éléments probants concernant les origines du chant, il semblerait que ce dernier ait été composé et diffusé par les ouvriers originaires des Antilles et de la Guyane qui participèrent à la construction du Canal de Panama, dont les travaux s’étalèrent de 1880 à 1914.

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Quand, sur la Côte d’Azur, des glaces d’été font polémique

Le célèbre glacier « Le Poussin Bleu », établissement inauguré en 1947 sur le front de mer du Veillat à Saint-Raphaël, est la cible d’une polémique en raison de coupes de glace dont les noms, selon certains, véhiculeraient des préjugés racistes. Ainsi, « L’Africaine » et « Le Chinois » ont suscité sur les réseaux sociaux l’indignation d’internautes, qui ont appelé au boycott, photos à l’appui. Pour mettre fin aux protestations, les gérants de l’établissement — ironie du sort, sis Boulevard de La Libération — se sont empressés de supprimer les produits mis en cause de leur carte.

Une carte qui depuis plus de soixante-dix ans regorge de couleurs et de parfums. Et les fameuses glaces se sont dégustées au fil des générations, sans aucune modération : le “Clown”, le “Volcan”, la “Tulipe” etc. Parmi toutes ces appellations, un consommateur avait déjà relevé, l’été dernier, le nom d’une coupe originellement baptisée “L’Africaine”. Il s’agissait d’une glace au chocolat garnie de crème chantilly, « agrémentée » d’une tête en meringue chocolatée portant un filet de pâte d’amande rouge en guise de bouche, il est vrai pulpeuse… pour ne pas dire gourmande … mais qui hélas évoquait le bonhomme caricatural du « Y’a bon, Banania » de notre enfance… Voilà un certain temps déjà que le petit gâteau nommé « Tête de nègre », un simple demi-globe enrobé de chocolat, sans aucun autre signe qui eût pu le faire soupçonner d’intention raciste, et qui était le délice de mes jeudis buissonniers, a dû changer de nom, devenant « meringue au chocolat » avant de pratiquement disparaître des productions pâtissières… Quant au dessert nommé « Le Chinois », un sorbet au citron — si, si, vous avez bien lu ! 

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