Catégorie : Sociologie

Canada: vers l’indemnisation de milliers d’autochtones arrachés de leur famille

Au Canada, le gouvernement vient d’annoncer qu’il va bientôt indemniser des milliers d’autochtones qui ont été arrachés de leur famille et de leur communauté depuis 2006. Faute de services locaux de protection de la jeunesse, ces enfants ont été envoyés dans des centres pour jeunes ou des familles canadiennes qui n’avaient rien à voir avec leur culture. Après une quinzaine d’années de bataille judiciaire, le gouvernement canadien consent désormais à les compenser financièrement, tout en mettant sur pied de nouveaux services proches des communautés autochtones. 

Avec [la] correspondante  [de RFi] à Québec, Pascale Guéricolas

Dès 2006, des familles, dont les enfants ont dû aller vivre dans un milieu totalement différent de leur culture autochtone, ont porté plainte contre le gouvernement canadien. L’avocat Armand Mackenzie, lui-même Innu, l’une des communautés des premières nations, les a soutenus dans ce combat : « Malheureusement, ce qui arrive encore, c’est que les enfants sont amenés loin de leur village, loin de leur culture, loin de leur langue, et puis on ne les revoit plus, ces enfants-là, si ce n’est qu’après l’âge adulte. Ils reviennent à l’âge adulte, ils recherchent leur identité, ils veulent connaître leur famille, leur parenté, leurs cousins et tout ça.

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Covid, conflit social: le secteur du tourisme en Martinique durement touché

Fort-de-France – Le secteur du tourisme en Martinique enchaîne les coups durs: après deux ans de Covid et alors qu’il comptait sur la venue de la Transat Jacques Vabre pour lancer la saison, la crise sociale vient encore le fragiliser.

« Je ne veux pas que ce soit l’échec de ma vie » : Judith Talmann s’accroche pour sauver le bar-restaurant O’Pub en centre-ville de Fort-de-France qu’elle a racheté en janvier 2020, deux mois avant la crise du Covid.

« Le Covid et maintenant cette crise sociale« , ça commence à faire beaucoup », explique à l’AFP la jeune femme de 38 ans qui emploie quatre salariés.

« C’est difficile, le matin, on se demande si on pourra arriver au travail, si on aura de quoi servir nos clients parce que les magasins sont vides, nos fournisseurs se retrouvent bloqués sur la route« , explique-t-elle.

En 2019, la Martinique a accueilli un million de touristes, moitié moins en 2020 et en prévoit 304.000 pour cette année, selon François Baltus-Languedoc, directeur général du comité martiniquais du tourisme.

« La crise du Covid plus la crise sociale, notre visibilité en prend un coup pour 2022« , assure-t-il depuis son bureau surplombant les bateaux de la Transat Jacques Vabre, qui avait choisi pour la première fois la Martinique comme ligne d’arrivée cette année.

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La jeunesse martiniquaise dans le conflit social.

Par André Lucrèce

Dans ma communication précédente intitulée Souffrance et jouissance aux Antilles, une contribution à l’analyse du désastre, je soulignais ceci : Ma thèse est qu’une société qui accorde trop à l’entropie, qui fait excès de concession au désordre, crée sa propre fragilité. Elle devient vulnérable et sa jeunesse avec elle.

Et pourtant une partie de notre jeunesse connaît la réussite scolaire, allant même jusqu’à l’accès aux grandes écoles et une autre prend l’initiative de fonder des entreprises, y compris afin que notre pays sorte de ce système d’économie de comptoir : acheter pour revendre en ignorant la possibilité d’avoir une production diversifiée. Mais il y a aussi ceux qui souffrent de l’échec scolaire et du chômage. Certains d’entre eux ont le sentiment d’être déclassés ou de subir la relégation sociale.

Leur énergie sociale compulsive participe d’une frustration, en particulier chez certains groupes de jeunes qui manifestent sur les ronds-points. Elle s’exprime aussi bien en souffrance qu’en jouissance. On sent bien chez eux l’objet du manque qui produit la souffrance : toute l’inhibition qui résulte des incapacités à acquérir des objets par lesquels le système consumériste exerce une constante séduction.

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« Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage », le 2 décembre.

Esclavages, traites et abolition

Par Arnaud Jouve —

Chaque année, le 2 décembre, les Nations unies célèbrent la « Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage », une journée de commémorations et de reconnaissance pour rappeler un crime à portée universelle, qui a relégué des millions d’êtres humains au rang de marchandises, et pour rendre hommage aux combattants de la liberté qui ont, de tout temps, lutté pour l’affirmation des droits humains.

Aucun inventaire exhaustif ne peut rendre compte de l’abomination de l’esclavage et de l’horreur de la traite. Comme l’écrivait la directrice générale de lUnesco, Irina Bokova, « l’histoire de la traite négrière et de l’esclavage a fait couler un flot de rage, de cruauté et d’amertume qui ne s’est pas encore tari. Elle est aussi une histoire de courage, de liberté et de fierté de la liberté reconquise… L’aboutissement de ce combat, mené par les esclaves eux-mêmes, est une source inépuisable d’inspiration pour lutter aujourd’hui contre toutes les formes de servitude, le racisme, les préjugés, les discriminations raciales et les injustices sociales hérités de l’esclavage.

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« Je voudrais juste un os »: au Mexique, la quête éperdue de 94.000 disparus

Matamoros (Mexique) – « Je voudrais juste un os. » Désespérée, une mère supplie un soldat pour qu’il lui laisse une chance de retrouver les restes de son fils, un parmi les quelque 94.000 disparus qui hantent le Mexique.

La mère-courage, qui a perdu la trace de son enfant il y a un an, négocie avec les forces de sécurité l’accès à un ancien champ de maïs dans l’Etat de Tamaulipas (nord-ouest), où une demi-tonne de restes humains ont été retrouvés depuis 2017. 

« Répondez-moi! Vous n’avez pas d’enfants? » insiste la femme d’une cinquantaine d’années face à des militaires qui font la sourde oreille. « Je voudrais juste un os de mon fils pour qu’il repose à côté de mon mari. » 

Ce dialogue de sourds éclate à quelques kilomètres de la capitale de l’Etat, Matamoros. A la frontière avec le Texas, la zonOKe est frappée par la violence des narcotrafiquants, en l’occurrence le Cartel du Golfe. 

La Bartolina est considérée comme un « camp d’extermination« , selon la Commission nationale de recherche des disparus (CNB, officiel).

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Pauvreté au Honduras: « Tout ce que j’ai, ça vient des ordures »

Tegucigalpa – Depuis l’âge de 14 ans, Marlon Escoto vit dans la pestilence de la décharge de Tegucigalpa, au Honduras, où il dispute les ordures aux vautours et ramasse plastique et métal à revendre, sans rien attendre des politiques à quelques jours de la présidentielle de dimanche.

« Tout ce que j’ai, ça vient des ordures… Moi, aucun parti ne m’a aidé« , explique cet électeur de 59 ans.

« On a le droit de vote, comme citoyens. Mais, moi, tout ce que j’ai dans ma petite maison, je ne le dois qu’à moi-même« , commente Marlon.

Dimanche, les Honduriens sont appelés aux urnes pour choisir leur prochain président parmi 13 candidats.

Dans les sondages se détachent Nasry Asfura (droite au pouvoir depuis 2010) et Xiomara Castro, à la tête d’une coalition de gauche.

En proie à la violence des gangs, à la corruption, au trafic de drogue, à l’instabilité politique et aux cyclones, le Honduras a plus de la moitié de ses 10 millions d’habitants sous le seuil de pauvreté.

Comme Marlon Escoto, une centaine de « recycleurs » fouillent dans les tonnes d’ordures entassées ici, dans la banlieue de Tegucigalpa.

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« Retour à Reims [fragments] », film essai de Jean-Gabriel Périot

En replay sur Arte.tv jusqu’au 28 mai 2022

— Par Mathieu Macheret —

Jean-Gabriel Périot plonge dans les archives de l’inconscient collectif

Le réalisateur associe le texte fondateur du philosophe et sociologue Didier Eribon à des extraits de films ou d’émissions télévisées

Il existe un cinéma sans caméra ; celui des réalisateurs-monteurs qui s’abreuvent aux archives mondiales, ce puits sans fond des images tournées par d’autres, pour leur donner t une nouvelle vie, les réassembler dans un autre ordre. Il s’agit à chaque fois de faire parler les images autrement, de faire surgir au fond d’elles d’autres significations – intimes, sociales, politiques ou historiques. L’un des spécialistes en la matière est le Français ]ean-Gabriel Périot, né en 1974, réputé pour avoir déjà revisité par ce biais l’histoire de la Fraction armée rouge dans Une jeunesse allemande (zor5) ou encore celle de l’épuration des femmes à la Libération dans Eût-elle été criminelle (2oo6).

Avec Retour à Reims [Fragments], son dernier long-métrage en date (présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en juillet), il donne sans doute la meilleure adaptation possible à L’essai éponyme de Didier Eribon (Retour à Reims, Fayard, 2009), autoanalyse débouchant sur une lecture sociopolitique de la société française.

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Ce « iel » qui dérange et qui dégenre

— Par Catherine Lalonde —

L’entrée du pronom neutre de troisième personne « iel » dans l’édition en ligne du dictionnaire Le Robert provoque depuis mardi des débats très binaires en France. On y est radicalement contre, ou radicalement pour. Et ici ? Des discussions aussi, mais bien moins clivées. Certains lexicographes estiment que Le Robert sort de sa fonction, en précédant l’usage plutôt qu’en le suivant. Petit tour de piste des réactions à ce « iel » au Québec.

« Nommer une chose, c’est la faire exister », nomme l’autrice et professeure à l’UQAM Lori Saint-Martin, pour saluer l’importance à ses yeux du choix du Robert de suivre les mouvements très rapides qui agitent, depuis deux ou trois ans, la langue et ses réflexions entourant la diversité raciale et d’identité sexuelle.

Or, pour de nombreux lexicographes québécois, le travail d’un dictionnaire, c’est de « nommer ce qui existe » plutôt que « de nommer pour faire exister ». « Ce n’est pas à un dictionnaire d’être le premier sur la ligne de front, estime la lexicographe Nadine Vincent. Quand j’étudiais, on disait que le dictionnaire était toujours dix ans en retard sur l’usage ; maintenant, les entrées sont plus rapides.

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Affaire Michel Zecler : un an après, les policiers restent suspendus

Les quatre policiers impliqués dans l’interpellation de Michel Zecler, un producteur de musique noir, sont toujours sous contrôle judiciaire.

Le 21 novembre, l’interpellation violente de Michel Zecler, un producteur de musique noir, à Paris, faisait scandale. Les quatre policiers mis en cause dans cette affaire, intervenus à son studio de musique, et filmés par les caméras de vidéosurveillance, ont été suspendus et le sont toujours un an après les faits puisque leur contrôle judiciaire est maintenu. L’enquête judiciaire continue à explorer l’éventuelle dimension raciste de leurs actes.

À l’époque des faits, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait promis leur « révocation dès que les faits seront établis par la justice ». Ce soir-là, en début de soirée, Michel Zecler a été passé à tabac dans son studio de musique du 17e arrondissement par plusieurs policiers qui ont déclenché un contrôle en invoquant dans des procès-verbaux une « absence de port du masque » et une « forte odeur de cannabis » (seulement 0,5 g retrouvé).

Dans un premier temps, Michel Zecler a été placé en garde à vue pour « violences » sur les policiers et « rébellion ».

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Restitution des biens culturels mal acquis : à qui appartient l’art ?

Erick Cakpo, enseignant à l’université de Lorraine, analyse comment les objets d’art cristallisent les enjeux politiques et identitaires.

Ces dernières années, les demandes de restitution d’œuvres conservées dans les musées européens et acquises irrégulièrement et souvent dans le cadre des conquêtes coloniales se sont multipliées. On se souvient des cinq stèles pharaoniques réclamées à la France par l’Egypte, tout comme du buste de la reine Néfertiti demandé à l’Allemagne. Plus de deux cents ans après l’installation des frises du Parthénon au British Museum, la Grèce continue de réclamer l’œuvre au Royaume-Uni.

Le dernier pays en date à s’inscrire dans cette démarche est le Bénin. Cette demande a fait des remous à tel point que, lors de son discours sur l’Afrique à Ouagadougou, Emmanuel Macron a promis de réunir d’ici cinq ans les conditions nécessaires pour la restitution temporaire ou définitive du patrimoine africain.

Les demandes de restitution poussent à se poser un certain nombre de questions : pourquoi les pays détenteurs tiennent-ils à conserver les objets d’art supposés mal acquis ? Pourquoi les pays demandeurs souhaitent-ils leur retour ? Qu’est-ce qui explique le déplacement des œuvres, phénomène ayant lieu depuis l’Antiquité ?

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Rachel Khan – La laïcité n’est pas une opinion, c’est une nécessité

L’autrice de « Racée », essai dans lequel elle dénonce le repli identitaire, a reçu le prix de la laïcité. Voici son discours à la réception du prix.

— Par Rachel Khan—

Je ne sais pas si vous réalisez à quel point je suis touchée de cette reconnaissance, surtout cette année. Il y a quelques jours, j’entendais Dany Laferrière dire qu’un écrivain n’a pas d’origines, que son origine, c’est la bibliothèque. Je rajouterais que c’est le propre d’un artiste. Les artistes ont, comme origine, les poèmes, les tableaux, les compositions, les films, les couleurs, les mots qui sont venus avant lui et qui lui donnent envie de créer encore autre chose, qui le transforment qui nous transforment dans les tremblements du monde. Un artiste n’a pas d’identité fixe, il a une signature en mouvement.

Mes origines, c’est Romain Gary, Édouard Glissant, Manu Dibango que j’ai interpellés vivement pendant toute l’écriture de Racée. J’ai, donc, une pensée pour ma famille qui, malgré l’horreur, reste immense parce que c’est une famille de sang, d’esprit, mais aussi de sol. Nos origines, ce sont également nos créateurs de grandes lois, et mon esprit ne peut se détourner de ceux qui ont pensé la laïcité : Voltaire, Victor Hugo, Georges Clemenceau, Aristide Briand et d’autres… Des combattants de la liberté pour faire vivre nos Lumières.

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Sur le refus de la vaccination contre le Covid-19 en Guadeloupe

Par Stéphanie Mulot, sociologue —

L’analyse du refus de la vaccination contre le Covid-19 en Guadeloupe ne peut se réduire à l’expérience traumatisante du chlordécone. Les résistances au vaccin, là où la mortalité hospitalière liée à la pandémie a battu des records, expriment une posture de « nationalisme identitaire », s’enracinent dans des idéologies néolibérales et des aspirations décoloniales spécifiques et mettent au jour, in fine, une démocratie sanitaire limitée.

Les crises sanitaires liées à la quatrième vague qu’ont connue la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sont souvent présentées comme étant le résultat d’un faible niveau de vaccination et d’une défiance envers les autorités politiques.

Cherchant des spécificités dans ces territoires de l’Outre-mer, héritiers de la colonisation française, certains regards journalistiques tentent de faire émerger des points saillants et exclusifs que seraient d’une part, des expériences traumatisantes de la gestion politique et sanitaire par un État néocolonial, incriminant notamment le scandale du chlordécone et, d’autre part, des attachements fondamentaux à des recours thérapeutiques issus de la pharmacopée locale.

Pour sortir de ces visions réductrices – le matérialisme historique ou le culturalisme ordinaire – nous préférons considérer comme spécifique l’articulation d’une pluralité de facteurs (certains particuliers, d’autres communs à plusieurs sociétés), dans des territoires où ce qui est singulièrement réactivé et questionné, c’est l’autonomie, qu’elle soit politique, sanitaire ou subjective, et la posture de résistance qu’elle impliquerait.

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« Restituer ? L’ Afrique en quête de ses chefs-d’œuvre », sur Arte.tv : des musées européens peuplés d’œuvres volées

Nora Philippe retrace l’histoire des pillages coloniaux et revient sur la question de la restitution des objets d’art à leurs pays d’origine.

« On a été dépouillés », constate Gabin Djimassé, un historien béninois. Il pourrait ajouter « et massacrés », car les colonisations du continent africain furent autant de guerres. Les militaires seront les premiers à « collectionner » les objets, suivis de près par les missionnaires, redoutables chineurs, et, plus tard, par les ethnologues. Le célèbre Marcel Griaule, à lui seul, emportera en 1933 près de 3 500 objets du pays dogon (région du Mali). Ils ont enrichi les collections du Musée du Trocadéro, ouvert en 1938.

Les Européens construisirent très tôt des bâtiments destinés à recevoir les pièces volées ou acquises dans des conditions douteuses. Le Musée d’ethnographie de Berlin est inauguré dès 1873. Le British Museum, un siècle avant. Celui de Tervuren, près de Bruxelles, date de 1908.

La découverte de ces œuvres par les Occidentaux a certes bouleversé l’histoire de l’art moderne, mais il s’agit pour l’essentiel de biens mal acquis, ou trop souvent dans des conditions douteuses.

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Frais bancaires de succession

Des facturations à prix d’or sur le pécule des morts

Sur le site de Que Choisir ? —

À quelques jours de la Toussaint, et alors que le lobby bancaire a obtenu le report sine die des travaux du Comité consultatif du secteur financier censés faire la transparence sur les frais de succession, l’UFC-Que Choisir s’est penchée sur cette tarification ignorée, mais à l’origine d’une manne bancaire d’au moins 150 millions d’euros. Au regard du caractère confiscatoire des tarifs pratiqués en France qui atteignent 233 euros en moyenne, un niveau jusqu’à trois fois plus élevé que celui pratiqué chez nos voisins européens, l’association presse les pouvoirs publics d’intervenir au plus vite.

 Un barrage de longue date à la transparence sur les frais bancaires de succession

Les frais bancaires de succession sont prélevés pour la clôture du compte du défunt. Ils rémunèrent le traitement des opérations administratives jusqu’au transfert des avoirs aux héritiers (principalement la réception de l’acte de décès, l’inventaire des fonds et la gestion des mouvements post-mortem sur le compte).

Alors que les brochures tarifaires des établissements bancaires ne permettent pas toujours aux consommateurs d’identifier aisément des frais auxquels leur descendance seront nécessairement confrontés au moment de leur décès, le lobby bancaire refuse l’exigence de transparence sur ce que leur coûte et leur rapporte ces opérations.

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Pourquoi les rites funéraires sont éternels

Rites funéraires et groupes familiaux d’appartenance

— Par Yves Lamoureux —

La préoccupation quant à la finitude et l’idée même de la mort sont le propre de l’homme. La perception de notre propre mortalité est une des caractéristiques qui nous différencie en tant qu’êtres humains au sein du règne animal.

Ainsi, pouvons-nous vivre comme si la mort n’existait pas ? Est-ce que les familles contemporaines peuvent considérer les rituels funéraires comme étant désormais désuets ? Comment ces rites élaborés à la mémoire de la personne décédée peuvent-ils contribuer au processus d’ajustement de la perte, aussi nommé : travail d’intégration du deuil ? C’est sur ces propos que je vous invite à porter votre attention.

Quand on m’a demandé si je voulais bien écrire un article concernant les rites funéraires et les groupes familiaux d’appartenance, j’ai répondu par l’affirmative, et ce pour deux raisons essentielles. La première repose sur ce désir de dépasser le tabou du non-dit qui existe quant à la mort. La deuxième, c’est de pouvoir apporter ma contribution à la reconnaissance de l’importance des rites funéraires dans la résolution du deuil.

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Dans l’ouest afghan, des familles vendent leurs fillettes pour ne pas mourir de faim

Qala i Naw (Afghanistan) – Quand son mari a dit à Fahima qu’ils allaient devoir vendre leurs deux petites filles pour que la famille ne meure pas de faim, après avoir été déplacée par la sécheresse dans l’ouest de l’Afghanistan, elle a « beaucoup pleuré ».

Les fillettes, Farishteh, six ans, et Shokriya, un an et demi, sourient près de leur mère dans leur abri d’argile recouvert de bâches trouées, les habits et le visage couverts de boue. 

Sans savoir qu’elles ont été vendues récemment aux familles de leurs futurs maris, eux aussi mineurs.  

Celles-ci ont déboursé environ 3.350 dollars (2.870 euros) pour l’aînée et 2.800 dollars (2.400 euros) pour sa soeur. 

Une fois la somme entièrement versée, ce qui pourrait prendre des années, les deux fillettes devront dire adieu à leurs parents et à ce camp de déplacés de Qala-i-Naw, capitale de la province de Badghis, où la famille, originaire d’un district voisin, a trouvé refuge pour survivre. 

Cette histoire est tragiquement banale chez les milliers de familles déplacées – la plupart par la sécheresse – de la région, l’une des plus pauvres du pays. 

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Brésil: 80% des jeunes tués dans des violences sont des Noirs

Quelque 80% des jeunes tués au Brésil dans des situations violentes entre 2016 et 2020 étaient noirs, selon une enquête publiée vendredi 22 octobre, qui tire aussi la sonnette d’alarme sur la hausse du nombre d’enfants de 0 à 4 ans morts dans des violences domestiques. Par ailleurs, selon l’enquête de l’Unicef et du Forum brésilien de sécurité publique (FBSP) établie d’après les rapports de police des 27 États du pays, 178.277 enfants et adolescents ont été victimes de violences sexuelles entre 2017 et 2020, soit cinq par heure.

Environ 80% d’entre eux étaient des filles de 10 à 14 ans. Les chiffres de 2016 n’étaient pas disponibles pour tous les États.

Dans la période de 2016 à 2020, 34.918 morts d’enfants et de jeunes de 0 à 19 ans dans des situations violentes ont été enregistrées dans le pays. Sur ce total, plus de 31.000 étaient des adolescents de 15 à 19 ans, dont 25.592, soit 80%, noirs ou métis, tués la plupart du temps par arme à feu.

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La traite et l’exploitation d’êtres humains en hausse en France, selon un rapport ministériel

Le proxénétisme représente plus de la moitié des procédures ouvertes par les services de police et de gendarmerie

En 2019, 933 procédures pour des infractions de traite et d’exploitation des êtres humains ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie nationales. Ce nombre a augmenté de 31 % entre 2016 et 2019. En 2020, dans le contexte particulier de la crise sanitaire, les nombres de procédures, victimes, mis en cause, personnes poursuivies et condamnées ont baissé.

En moyenne, parmi ces procédures, 15 % comprennent au moins une infraction de traite des êtres humains. Pour près d’un tiers d’entre elles, une infraction de proxénétisme est également enregistrée dans l’affaire. Le nombre de victimes enregistré a lui aussi augmenté (+4 %) sur la même période. Depuis 2018, le phénomène de l’exploitation sexuelle de personnes mineures ou jeunes majeures de nationalité française augmente. Le nombre de mis en cause a lui aussi augmenté (+18 %). Comme pour les mis en cause, parmi les personnes poursuivies par les parquets une majorité d’hommes est enregistrée. Cependant, les profils sont différents selon les infractions retenues, par exemple, la part des femmes est plus importante dans les affaires d’exploitation de la mendicité.

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Souffrance et jouissance aux Antilles, une contribution à l’analyse du désastre

Par André Lucrèce—

Nul ne peut se satisfaire de notre situation sanitaire calamiteuse, de la fracture sociale en cours et de la catastrophe annoncée d’une partie de notre économie. Ces éléments nous convoquent, non pas à la rhétorique, mais à nous doter d’une lucidité dans l’analyse de la situation, élément indispensable afin de nous orienter vers un accomplissement.

Une réflexion de Tukaram, poète indien, a attiré mon attention : « Je suis venu de loin, dit-il. J’ai souffert de maux effrayants et j’ignore ce que réserve mon passé. » Tout ici est vrai en ce qui nous concerne. Et nous semblons attendre dans une instabilité fébrile, dans le foyer d’une identité fragile, les effets de ce passé.

Il ne s’agit pas pour nous d’entretenir avec le réel une relation faite de flous, de fantasmes et de fantômes au moment même où des effondrements et des tentatives de reconstruction sont en cours. Or, le discours qui a en charge l’analyse en est à implorer le passé de nous livrer le rhésus de notre identité. Ces réminiscences réactionnelles cherchent le futur dans un passé enjolivé à leur guise qui les aide à produire un discours dans lequel des idéalités se sont endormies pour toujours.

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« Les esclaves ne feront pas la fête dans notre village » : des vidéos montrent la violence du système des castes au Mali

— Par Pariesa Young Suivre —

Un groupe de personnes qui célébraient le jour de l’indépendance du Mali a été brutalement attaqué le 28 septembre dans la région de Kayes, dans l’ouest du pays. Pieds et poings liés, des habitants considérés comme des « esclaves » ont été publiquement humiliés. Ces violences, qui ont fait un mort et plusieurs blessés, soulignent la persistance du système « d’esclavage par ascendance », malgré l’abolition du travail forcé et de la servitude dans le pays.

Plusieurs vidéos amateur ont documenté l’enchaînement des événements, le 28 septembre, dans le village de Souroubiré, dans l’ouest du Mali, où les castes sociales traditionnelles sont toujours la norme. L’esclavage a été interdit au Mali en 1905, mais les descendants d’anciens esclaves sont toujours étiquetés comme tels, les enfants héritant du statut “d’esclave” par leur mère.

Ce 28 septembre, la journée avait pourtant commencé dans la joie, avec une fête commémorant l’indépendance du Mali organisée par les descendants d’esclaves, quelques jours après la date de l’indépendance malienne, le 22 septembre, afin d’éviter d’interférer avec une fête organisée par des « nobles » plusieurs jours auparavant.

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Esclavage : pourquoi la statue de Jefferson va être retirée de la mairie de New York

La mairie de New York a voté le retrait de la statue du père fondateur des Etats-Unis, propriétaire d’esclaves au XVIIIe siècle. De quoi relancer le débat sur la « cancel culture. »

Aux États-Unis, les statues représentants le passé esclavagiste continuent de tomber. A New-York, la commission de l’aménagement public de la ville a approuvé à l’unanimité, lundi soir, le retrait de la statue de Thomas Jefferson, père fondateur des États-Unis et propriétaire d’esclaves au XVIIIe siècle. Pièce emblématique de la chambre du conseil, la statue de deux mètres de haut sculptée en 1833 par le Français Pierre-Jean David d’Angers trônait depuis 1915 dans une galerie de la grande salle du City Hall, dans le sud de l’île de Manhattan. 

Le signe, une nouvelle fois, que les figures de l’histoire américaine continuent d’alimenter le débat public. A New-York, des élus noirs et latinos réclamaient de longue date le retrait de la statue de Thomas Jefferson, l’un des auteurs de la Déclaration d’indépendance du pays en 1776 et propriétaire de plus de 600 esclaves dans l’une de ses plantations.

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Les femmes noires à la conquête du jeu vidéo : avec AfroGameuses, « une génération qui ne veut plus rester silencieuse »

Créée en septembre 2020, l’association AfroGameuses lutte contre le sexisme, le racisme, et milite pour une meilleure représentativé des femmes noires dans le jeu vidéo, chez les personnages comme dans les studios de développement.

« Un jour, j’ai découvert le personnage de Senna, dans League Of Legends, et c’est ce personnage qui m’a appris le pouvoir de la représentation. » Ce lundi 27 septembre, la salle de conférence du Game Camp, à Lille, est bondée. Jennifer Lufau, 28 ans, chargée des réseaux sociaux chez Ubisoft et fondatrice de l’association AfroGameuses, va y livrer une implacable démonstration de l’invisibilisation des femmes noires dans le jeu vidéo.

Son exposé commence par une petite revue de personnages de femmes noires déjà existantes, dont certaines déjà très appréciées par sa communauté de gameuses. C’est le cas d’Aveline de Grandpré, qui apparaît pour la première fois dans le jeu Assassin’s Creed III : Liberation, sorti en 2012 et qui prend pour toile de fond la révolution américain de 1763. « Aveline est une femme française et américaine, née d’un père esclavagiste et d’une mère esclave.

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Irmgard Furchner : Un procès fixé au 19 Octobre 2021 qui révèle la démolition inconsciente des institutions qui fondent le socle de notre monde libre

— Par Dominique Celma —

Cette semaine, je suis interpellé par un évènement qui, sous couvert de présenter la primauté et l’infaillibilité de la justice dans nos sociétés occidentales, révèle à mes yeux à quel point elle peut être l’objet de manipulations absurdes.
Sur France 24, j’ai eu plus d’une fois l’occasion d’entendre : «  Une ancienne secrétaire de camp de concentration âgée de 96 ans a pris la fuite à l’approche de l’ouverture de son procès avant d’être retrouvée quelques heures plus tard, provoquant la stupéfaction dans le tribunal où elle doit répondre de complicité de meurtre dans plus de 10 000 cas « 
 
La première question que je me suis posé : «  Comment se fait-il que des responsables nazis soient encore en vie ? « 

Puis j’ai fait le calcul : Madame Irmgard Furchner avait donc à peine 20 ans en Mai 45 quand se termine la guerre. Une jeune femme de 20ans en 1945 donc en 1933 quand le parti NAZI fait main basse sur l’Allemagne puis le reste de l’Europe, c’était une enfant de 8 ans.

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La gestion de l’UDAF (Union Départementale des Associations Familiales) de Guadeloupe en question

— Communiqué de l’UPLG (Union populaire pour la libération de la Guadeloupe) —

NON à la main basse sur l’UDAF

L’UPLG a appris avec stupeur la mise à l’écart du conseil d’administration de l’UDAF (Union Départementale des Associations Familiales) par décision du préfet de Guadeloupe et la mise en place d’une administration provisoire désignée par l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales).

L’UPLG est surpris que le représentant de l’état se permette de se soustraire aux instances légales de cet organisme et de prendre des décisions dictatoriales sur la gestion d’un organisme qui relève du droit privé. L’UDAF , c’est l’Union Départementale des Associations Familiales. Elle regroupe et fédère toute une série d’associations qui aident et accompagnent les familles, en particulier les plus démunies. A ce titre elle gère un certain nombre de structures qui apportent une aide sous différentes formes aux familles. L’UDAF existe en Guadeloupe depuis 1952.

Nous sommes surpris de cette initiative alors que le conseil d’administration dans sa démarche était dans un processus de mise en ordre d’une situation qui hypothéquait gravement cet organisme , en particulier dans ses missions auprès des plus faibles et des plus démunis.

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« Femmes d’élus, sociologie d’un second rôle »

— Par Christelle Gris (*) —

Au-delà des clichés sur les conjointes d’élus, Christelle Gris analyse dans son dernier ouvrage, avec les outils de la sociologie, l’importance méconnue de ces femmes dans le champ politique.

A l’orée d’une nouvelle campagne présidentielle, certains candidats à l’élection n’hésiteront pas à dévoiler une partie de leur vie privée afin de construire et présenter un récit familial séduisant. Christelle Gris, chercheuse associée au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP) de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne publie en septembre 2021 Femmes d’élus. Sociologie d’un second rôle aux éditions Le Bord de l’eau. Au-delà de la communication politique, elle analyse dans cet ouvrage le rôle essentiel et méconnu que jouent les conjointes d’hommes politiques dans la carrière élective de ces derniers. En nouant concepts issus de la sociologie de la famille et de la sociologie politique, Christelle Gris brise l’image de l’élu coupé de ses attaches privées et sans affects tout en mettant en lumière l’importance de ces femmes impliquées de fait dans la vie politique. Extraits choisis.

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Bien que le mouvement de « peopolisation » de la vie politique révèle l’imbrication des sphères publique et privée des élus les plus professionnalisés, les travaux sur le métier d’élu continuent pourtant de reposer, de manière essentiellement implicite, sur un principe plutôt inverse.

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