Catégorie : Disparitions

Frankétienne : Les hommes font parfois de très bons dieux

— Par Faubert Bolivar —

Décidément, l’homme à la peau à l’envers, peau blanche corps noir, aura tout fait à l’envers. Alors que la plupart des gens commencent par être des hommes avant de devenir des légendes, Franck a commencé par être une légende avant de devenir un homme. Lui qui n’aimait pas les cadres, a désormais le nom encadré par deux dates : 12 avril 1936-20 février 2025.

Y’aurait-il un sens à mourir à 88 ans le vingtième jour (20) du deuxième mois (02) de l’année 20/25 ? Que de deux, de nombres jumeaux (88), à parier sur un revers à la borlette – “Le seul Dieu que j’adore c’est le hasard”. Nous n’en saurons pas plus. Nos kabbalistes, maçons-loges, prophètes, prophétesses, empereurs, vénérables et autres spécialistes des mondes invisibles, nombreux jusqu’au vertige, ont mieux à faire que de regarder du côté d’un magicien du verbe.

Étrange. Un événement majeur est arrivé à Frank, et il n’est pas là pour en témoigner. Frankétienne est mort. Curieux tout de même que cette phrase nous surprenne alors que Frankétienne, comme tout bon philosophe, a passé une bonne partie de sa vie à préparer sa mort.

→   Lire Plus

Hommage de James Noël à Frankétienne

Les obsèques nationales du grand poète et plasticien haïtien Frankétienne, mort à 89 ans, auront lieu le 27 février à Port-au-Prince. Son ami et compatriote James Noël lui rend hommage dans un texte inédit, publié le 26-02-25 dans le journal « L’Humanité ».

Pour brûler, Frank brûlait, en soleil de midi sur la peau des tropiques.

20 février 2025, Frankétienne a fait le grand saut dans le fond bleu, cet espace sans bornes qui lui semblait déjà si familier. C’est un paradoxe quand cela concerne l’homme le plus vivant d’Haïti, l’incandescence et l’irrévérence (en rêve errant) poussées à son extrême : poète visionnaire, dramaturge, romancier, chanteur, acteur artiste plasticien qui vivait surtout de sa peinture. Né le 12 avril à Ravine Sèche des suites d’un viol d’un riche américain sur une servante adolescente, Jean-Pierre Basilic Dantor D’Argent, dit Frankétienne est élevé par une mère analphabète. Loin de sombrer dans les trous noirs qui s’érigeaient en pièges devant lui, il a appris à dompter les orages afin d’avaler l’univers.

On peut voir, déceler les germes de sa puissance créatrice en ouverture de L’oiseau Schizophone, explosion de langages, de métaphores qui n’appartiennent qu’à lui dans l’univers du tout-monde en spirale : « Au vertige de ma terre saoulée de catastrophes, au naufrage de mon île suspendue sans réchappe au balancier de la mort… », « rien ne rive hors de saison de pure raison, la mort active la dérision que rien ne meurt quand tout arrive en paradoxe.

→   Lire Plus

Hommages à deux disparus ancrés dans mes souvenirs : Frankétienne et Bertrand Caruge

— Par Max Casimir —

Deux blessures ouvertes dans le corps de mes souvenirs : les premiers de ses souvenirs sont bien enracinés dans le temps où tous les défis étaient envisageables..

Frank, par sympathie, tu nous permettais de t’appeler par ton prénom. Frankétienne, ton nom d’écrivain, de peintre était en gestation.

Accueillis à ton domicile dans une classe de « philo » expérimentale, tu nous a appris la beauté des nuances et l’efficacité de l’exactitude. Tes leçons érigées en méthode ont été pour nous, d’une grande utilité dans notre parcours universitaire.

Trente années plus tard, en 1994, lors de ta première visite en Martinique, j’ai été désigné par le Professeur Jean Bernabé pour prononcer les mots d’accueil à la faculté des lettres de l’ U.A.G. et j’ai encore gravé dans ma mémoire l’émotion lue sur les traits de ton visage à l’écoute notamment de ma conclusion : « quelle bonne nouvelle vous nous apportez Frankétienne ? ». Cette assimilation à un oiseau de bon augure t’allait à merveille. A toi qui dans les moments de rupture et d’incertitude a toujours su trouver les bonnes formules, les gestes bienveillants pour baliser et éclairer les chemins.

→   Lire Plus

Roberta Flack, voix inoubliable de la musique américaine

Roberta Flack, née le 10 février 1937 à Black Mountain, en Caroline du Nord, est décédée le 24 février 2025 à New York, à l’âge de 88 ans, des suites de la maladie de Charcot, après plusieurs années de lutte contre cette maladie. La voix grave et intime de Roberta Flack a marqué les années 1970 et demeure une des plus puissantes de la musique américaine, ayant profondément influencé la soul, le jazz et le folk. Sa carrière, exceptionnelle tant par sa longévité que par son originalité, s’est forgée à travers des succès incontestés comme *The First Time Ever I Saw Your Face*, *Killing Me Softly with His Song*, *Feel Like Makin’ Love* et *Where Is The Love*, son célèbre duo avec Donny Hathaway.

Très jeune, Roberta Flack montre un talent exceptionnel pour la musique. Elle grandit dans un environnement baigné par la musique religieuse noire et, dès l’âge de cinq ans, commence à apprendre le piano. Brillante élève, elle poursuit des études classiques de chant et de piano tout en se distinguant par ses résultats scolaires. Après avoir intégré l’université Howard à 15 ans, elle devient la plus jeune élève de cette institution à l’époque.

→   Lire Plus

Lonè épi respé ba misié Bertrand Caruge

Hommages :

Bertrand CARUGE avait 62 ans.

Extrêmement touché par sa brutale disparition dans la nuit de mercredi 19 à jeudi 20 février 2025, le Comité Devoir de Mémoire de Martinique s’incline devant sa mémoire et transmet à sa famille et à ses proches ses sincères condoléances.

Il revient en Martinique en 1990 et depuis 1996 il prend sa place dans le paysage médiatique martiniquais. Journaliste brillant, engagé dans son métier , intègre et passionné il militait pour une Presse rigoureuse à la recherche de la vérité.

C’était un homme de caractère, sincère et exigeant. Diplomé d’Histoire, il montre très tôt son intérêt pour les questions politiques et socio-culturelles de Martinique .Fin observateur de la réalité martiniquaise ,il ne manquait pas d’audace et avait un style direct et une plume acérée. Curieux de tout , très sensible aux problématiques de la Caraïbe et à la situation politique mondiale, il se disait lui-même “Citoyen du Monde”.

Il laisse un grand vide à la Rédaction de Martinique 1ère et aussi auprès de ses confrères de la presse martiniquaise orpheline. Célèbre grâce à ses émissions originales comme “ Sa ou ka di” où il invitait tous les acteurs de la Société martiniquaise et plus récemment “Lonè épi respé” qui rencontrait un vif succès .

→   Lire Plus

Le décès de Frankétienne

Nous avons appris, avec une grande tristesse, le décès de Frankétienne, ce pilier incontournable de la culture haïtienne, survenu le 20 février 2025 à l’âge de 89 ans. Né Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent le 12 avril 1936 à Ravine-Sèche, dans l’Artibonite, il laisse derrière lui une œuvre multiple et marquante, qui fait de lui l’un des plus grands écrivains et artistes haïtiens contemporains.

Romancier, poète, dramaturge, peintre, musicien et enseignant, Frankétienne est surtout reconnu pour avoir fondé le mouvement spiraliste, une démarche littéraire révolutionnaire inspirée des « Chants de Maldoror » de Lautréamont. À travers des œuvres majeures comme Mûr à crever (1968), Ultravocal (1972), Dézafi (1975) et Les Affres d’un Défi, il a su réinventer la littérature haïtienne, mêlant créole et français, et abordant les questions sociales et politiques de son pays avec une audace inégalée.

Sa contribution ne se limitait pas à la littérature. En tant que peintre et musicien, Frankétienne a enrichi le paysage artistique haïtien, et a formé plusieurs générations d’artistes. Il a également occupé des fonctions publiques, notamment en tant que ministre de la Culture et a reçu de nombreux prix, dont le Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française en 2021, récompensant sa contribution exceptionnelle à la culture et à la langue française.

→   Lire Plus

Marianne Faithfull : une vie de résilience et de réinvention musicale

— Par Sarha Fauré —

Marianne Faithfull, née le 29 décembre 1946 à Londres, est décédée le 30 janvier 2025 à l’âge de 78 ans. Chanteuse, auteure et actrice, elle incarne une figure emblématique du rock britannique, marquée par une carrière tumultueuse, mais également par une résilience exceptionnelle et une capacité constante à se réinventer. Son parcours, tant musical que personnel, a été jalonné de succès, de drames et de résurrections artistiques, faisant d’elle une icône de la culture pop.

Née dans un milieu aristocratique, Marianne Evelyn Gabriel Faithfull est la fille d’un espion britannique et d’une baronne autrichienne d’origine juive. Après le divorce de ses parents, elle passe quelque temps dans une institution religieuse avant de découvrir sa passion pour la musique et le théâtre. C’est à l’âge de 17 ans qu’elle fait une rencontre décisive avec le marchand d’art John Dunbar, qui l’introduit dans le milieu artistique du Londres des années 1960. C’est lui qui la présente à Andrew Loog Oldham, manager des Rolling Stones, qui la repère et lui propose de collaborer avec Mick Jagger et Keith Richards, les leaders du groupe.

→   Lire Plus

Dolor Ravi nous a quittés

Dolor Ravi, pianiste martiniquais de renom et ancien élève de Manu Dibango et Boncana Maïga à l’Institut national des Arts d’Abidjan, est décédé à l’âge de 62 ans.

Reconnu sur la scène internationale pour son talent et sa créativité, il a marqué le jazz caribéen par un style alliant rythmes africains, latins et antillais. Parmi ses œuvres, on retiendra des albums comme Foyal Blues, Lounge Kreyol et Yako, véritable hommage à la résilience et à ses racines ivoiriennes. En 2011, il avait reçu le Prix SACEM pour le meilleur album Jazz et Recherche.

Dolor Ravi a également collaboré avec de nombreux artistes internationaux et de la diaspora, laissant derrière lui un héritage musical riche et diversifié.

En parallèle de sa carrière artistique, il a mené une vie professionnelle remarquable en tant que cadre et consultant, occupant notamment des fonctions à la préfecture et comme délégué général d’HEC Zone Antilles.

→   Lire Plus

Martial Solal : l’héritage d’un géant du jazz

— Par Sarha Fauré —
Martial Solal, l’un des plus grands pianistes de jazz du XXe siècle, s’est éteint le 12 décembre 2024 à l’âge de 97 ans. Né à Alger en 1927 dans une famille juive, son parcours musical est une traversée unique, marquée par une quête incessante de perfection et d’innovation. Dès son plus jeune âge, il se passionne pour le piano, mais c’est en découvrant le jazz qu’il trouve sa véritable voie, un art qu’il incarnera avec audace tout au long de sa vie. Sa carrière exceptionnelle, traversant les époques et les genres, fait de lui une figure incontournable du jazz mondial.

La carrière de Martial Solal a débuté à Paris dans les années 1950, en plein essor de la scène jazz parisienne, où il se distingue rapidement par son talent et son originalité. Il se produit au célèbre Club Saint-Germain, un haut lieu du jazz, et accompagne les plus grands noms du genre, de Dizzy Gillespie à Sidney Bechet, en passant par Sonny Rollins et Stéphane Grappelli. Mais c’est son esprit libre et son approche unique de l’improvisation qui le démarque.

→   Lire Plus

Hommage à Patrick Saint-Élie, une figure emblématique du zouk et des traditions caribéennes

Le monde de la musique caribéenne pleure aujourd’hui la disparition de Patrick Saint-Élie, percussionniste virtuose et membre emblématique du groupe Kassav’. S’étant éteint le 11 décembre à l’âge de 63 ans, il laisse derrière lui un héritage artistique et culturel incomparable.

Une passion précoce pour les percussions

Né le 7 novembre 1961 à Fort-de-France en Martinique, Patrick Saint-Élie manifestait déjà, dès son plus jeune âge, une passion pour les rythmes et les percussions. Initié à cet art à seulement trois ans, il rejoint à 11 ans les « Baby Boys », un groupe formé au sein du local adventiste de Rosière.

Son talent naturel l’a conduit à être un des membres fondateurs du groupe Toumpak dans les années 1970, dont il a lui-même trouvé le nom. Cette formation, marquée par l’innovation musicale, a contribué à ancrer son nom dans le paysage culturel martiniquais.

L’ascension avec Kassav’

En 1995, Patrick Saint-Élie rejoint Kassav’, groupe mythique du zouk, remplaçant alors le percussionniste César Durcin. Rapidement, il devient un pilier rythmique de cette formation fondée quinze ans plus tôt par Pierre-Édouard Decimus et Freddy Marshall.

→   Lire Plus

Hommage à Nicole Brice Hyppolite.

— Par Jean-Robert Léonidas —

Nicole Brice Hyppolite vient de partir pour l’Eternité. Pour célébrer ses 87 ans, la famille a organisé une rencontre le samedi 9 Novembre 2024, jour de son anniversaire, au Marriot Hotel de Coral Springs en Floride.

Nicole Brice Hyppolite, une Jérémienne, est née dans une famille où l’art et la littérature imprégnaient les activités journalières. Elle est devenue infirmière à Montréal et a exercé le Nursing à Brooklyn, New York, où elle a servi les malades haïtiens pendant près de 40 ans. Elle est la fille de Christian Brice et de Gertrude Vilaire, la petite fille de Jean Joseph Vilaire, frère d’Etzer

Dès son jeune âge, elle prit des leçons de dessin à l’Institut Français de Port-au-Prince. Plus tard elle reçoit un diplôme en art du North Light Institute (Cincinatti, Ohio). Elle poursuit ses études artistiques à travers les livres, les magazines et les videos. Elle citait souvent ce dicton latin : Ars est celare artem. C’est tout un art que de savoir cacher l’art, autrement dit l’art vrai ne doit pas effacer le feeling.

Impressionniste, elle peint ses émotions.

→   Lire Plus

Niels Arestrup : un acteur complexe, entre talent et violence

Niels Arestrup, une  figure marquante du cinéma et du théâtre français, est décédé le 1er décembre 2024 à l’âge de 75 ans, après une longue maladie. Né à Montreuil-sous-Bois le 8 février 1949, l’acteur, réalisateur et metteur en scène s’est imposé par sa présence intense et sa capacité à incarner des personnages souvent ambigus, tourmentés, voire violents. Son parcours a été aussi remarquable qu’atypique, avec des rôles complexes, marqués par un côté sombre qui ne laissait personne indifférent.

Issu d’un milieu modeste, Niels Arestrup a grandi dans un contexte familial particulier, avec un père danois et une mère bretonne. Après avoir raté son baccalauréat en 1968, il enchaîne les petits boulots avant de se lancer dans le théâtre, un domaine où il se distingue très vite par son jeu brut, sans concession. Il devient un acteur recherché, d’abord pour ses rôles secondaires dans des films d’auteur, mais c’est dans les années 2000 qu’il connaît une reconnaissance publique, notamment grâce à ses performances dans des films comme De battre mon cœur s’est arrêté (2005), Un prophète (2009), et Quai d’Orsay (2013), pour lesquels il remporte à plusieurs reprises le César du meilleur acteur dans un second rôle.

→   Lire Plus

Gilles Devers : avocat de la cause palestinienne et défenseur infatigable des droits humains

Gilles Devers, avocat et défenseur acharné des causes internationales, est décédé le 26 novembre 2024 à l’âge de 68 ans, après un long combat contre la maladie. Né à Lyon le 4 septembre 1956, il a mené une carrière notable, d’abord comme infirmier hospitalier avant de se consacrer au droit. Il est devenu maître de conférences en droit médical à l’Université de Lyon III, et a été l’auteur de plus de 260 articles sur ce domaine.
Cependant, c’est son engagement pour la cause palestinienne qui a marqué profondément sa carrière. Dès 2009, Gilles Devers a déposé des signalements auprès de la Cour pénale internationale (CPI) en faveur des victimes palestiniennes, un travail qui a permis d’ouvrir une enquête en 2021 contre Israël pour crimes de guerre. Il a notamment été l’avocat des groupes de victimes de Gaza, ainsi que du Hamas, qu’il avait convaincu de soutenir la candidature de la Palestine à la CPI. Il a constitué des milliers de dossiers sur les violences infligées aux Palestiniens, contribuant de manière significative à la reconnaissance internationale de leur souffrance.

→   Lire Plus

Disparition de Paulo Albin, une légende de la musique antillaise

Jean-Paul Albin, plus connu sous le nom de Paulo Albin, est décédé ce mardi 19 novembre 2024 à l’âge de 78 ans, au CHU de la Martinique. Chanteur emblématique du groupe La Perfecta, il laisse derrière lui une trace indélébile dans le paysage musical antillais. Avec son timbre unique, il s’est imposé comme l’une des voix les plus marquantes de la Caraïbe, capable de s’illustrer dans une multitude de styles, du kadans au zouk, en passant par la salsa et la biguine.

Né à la fin des années 1940, il rejoint La Perfecta au début des années 1970, peu après sa formation. Ce groupe, qui a marqué une époque, a fait découvrir au public son talent vocal inimitable. Avec des titres comme « La Divinité », « Vagabond » ou « Reste avec moi », Paulo Albin a su conquérir plusieurs générations d’auditeurs, aussi bien en Martinique qu’en Guadeloupe, en Guyane et au-delà.

→   Lire Plus

Jacques Adélaïde-Merlande : pionnier de l’enseignement supérieur et figure majeure de l’histoire des Antilles

Jacques Adélaïde-Merlande, historien français, est né le 1er juin 1933 à Fort-de-France, en Martinique, et est décédé le 14 novembre 2024 à l’âge de 91 ans. D’origine guadeloupéenne et martiniquaise, il a marqué l’histoire de l’enseignement supérieur aux Antilles et en Guyane.

Après des études d’histoire à la Sorbonne, où il s’intéresse à la colonisation et au mouvement ouvrier, il obtient l’agrégation en 1962. Deux ans plus tard, il devient le premier directeur du Centre d’enseignement supérieur littéraire de Pointe-à-Pitre, précurseur de l’Université des Antilles et de la Guyane. De 1972 à 1977, il occupe le poste de président du Centre universitaire Antilles-Guyane, jouant un rôle clé dans la structuration et le développement de l’enseignement supérieur dans la région.

Jacques Adélaïde-Merlande est reconnu pour sa contribution à l’histoire des Antilles, en particulier sur les périodes révolutionnaires et les origines du mouvement ouvrier. Il a dirigé plusieurs volumes de l’**Historial antillais**, ouvrage de référence sur les études historiques antillaises, et publié de nombreux articles dans des revues spécialisées. En 2000, il est fait docteur honoris causa de l’Université des Indes occidentales, en reconnaissance de son travail de coordination des recherches historiques dans la Caraïbe.

→   Lire Plus

René Silo : une figure emblématique de la communauté ultramarine s’éteint

Le 26 septembre dernier, la communauté ultramarine de France hexagonale a perdu une de ses figures les plus marquantes : René Silo, décédé à 76 ans à l’hôpital Gustave Roussy de Villejuif. Natif de Trois-Rivières en Guadeloupe, René Silo était bien plus qu’un simple membre actif de la diaspora antillaise. Il représentait un symbole de lutte, de fraternité et de solidarité pour les Ultramarins, ayant laissé une empreinte indélébile dans de nombreux domaines, notamment dans le sport, l’associatif et l’engagement communautaire.

Un pilier pour les Ultramarins

Arrivé en métropole à l’âge de 18 ans avec le Bumidom, René Silo a rapidement gravité dans l’univers professionnel et associatif. Après avoir débuté comme conducteur de bus à la RATP, il s’est hissé au rang de cadre au sein de l’entreprise, jouant un rôle majeur dans le recrutement des jeunes Antillais. Beaucoup lui doivent leur carrière et leur intégration dans la société française. Son engagement ne s’est pas limité à l’aspect professionnel, mais s’est également étendu à la défense des droits et intérêts des Ultramarins en Hexagone, notamment par le biais du Collectifdom et du CREFOM.

→   Lire Plus

James Earl Jones : Une voix légendaire s’éteint à 93 Ans

— Par Hélène Lemoine —

James Earl Jones, l’une des voix les plus emblématiques de l’histoire du cinéma, s’est éteint le 9 septembre 2024 à l’âge de 93 ans, dans sa maison du comté de Dutchess, New York. Né le 17 janvier 1931 à Arkabutla, Mississippi, il a laissé derrière lui un héritage colossal marqué par plus de soixante ans de carrière dans le cinéma, la télévision et surtout au théâtre. Acteur aux talents multiples, il est mondialement connu pour avoir prêté sa voix à Dark Vador dans la saga Star Wars, ainsi qu’à Mufasa dans Le Roi Lion.

Une enfance difficile et un destin peu probable

Rien ne semblait prédestiner le jeune James Earl Jones à devenir l’une des figures les plus marquantes du paysage artistique américain. Fils de Robert Earl Jones, acteur et boxeur, et de Ruth Connolly, une enseignante, James est né dans un contexte difficile marqué par la ségrégation raciale du sud des États-Unis. Abandonné par son père peu après sa naissance, il grandit dans la ferme de ses grands-parents maternels dans le Michigan. C’est là que l’une des batailles les plus ardues de sa vie commence : le bégaiement.

→   Lire Plus

Une voix rebelle : L’héritage indomptable de Catherine Ribeiro

— Par Hélène Lemoine —

Catherine Ribeiro, figure légendaire de la chanson française, laisse derrière elle une empreinte indélébile dans l’histoire de la musique et de l’engagement politique. Fille d’immigrés portugais née à Lyon en 1941, elle a grandi dans un environnement marqué par les dures réalités de la classe ouvrière, avec pour seul horizon les cheminées fumantes des usines de Saint-Fons. Cette enfance forgée dans la douleur et les luttes sociales a façonné une artiste rebelle et une militante indomptable, prête à se dresser contre toute forme d’injustice.

Dès les années 60, elle refuse de se laisser enfermer dans les codes du yéyé, malgré un début de carrière prometteur qui la voit figurer sur la fameuse « photo du siècle » aux côtés de stars montantes comme Sylvie Vartan et Johnny Hallyday. Mais Catherine, indocile et tourmentée, choisit d’emprunter des chemins parallèles. Avec Patrice Moullet, elle fonde le groupe Alpes et se lance dans une exploration musicale audacieuse, fusionnant psychédélisme, rock progressif et jazz. Ensemble, ils repoussent les limites de la chanson traditionnelle, à la recherche d’une forme d’expression plus brute, où la voix devient un véritable instrument au service de la révolte et de la poésie.

→   Lire Plus

Alain Delon : L’idole de l’écran et l’énigme de la vie

— Par Hélène Lemoine —

Alain Delon, né le 8 novembre 1935 à Sceaux, dans la banlieue parisienne, est une figure emblématique du cinéma français et international. Considéré comme l’un des acteurs les plus marquants de sa génération, il a su captiver l’attention du public par sa beauté saisissante, son charisme magnétique, et son talent d’acteur polymorphe. Delon est souvent associé à l’image du « beau ténébreux », incarnant des personnages complexes, souvent solitaires, avec une intensité et une froideur qui ont laissé une empreinte indélébile dans le paysage cinématographique.

Jeunesse et débuts difficiles

Alain Delon n’a pas eu une enfance facile. Ses parents ont divorcé lorsqu’il était très jeune, et il a été élevé par une famille d’accueil avant de rejoindre sa mère et son beau-père, mais l’environnement familial était instable. Après une adolescence tumultueuse, il rejoint la Marine nationale à l’âge de 17 ans et sert en Indochine pendant la guerre. Cette période, marquée par la discipline militaire et les expériences de vie parfois brutales, forge son caractère et sa vision du monde.

De retour en France après son service militaire, Delon travaille comme serveur, portier, et vendeur de fruits pour survivre.

→   Lire Plus

Pierre Salama : un intellectuel marxiste engagé au service des économies émergentes

— Par Jean Samblé —

Pierre Salama, économiste marxiste émérite et fervent défenseur de l’altermondialisme, est décédé à Paris le 9 août, à l’âge de 82 ans, des suites d’un cancer. Né à Alexandrie, en Égypte, le 11 août 1942, il fut marqué dès sa jeunesse par un militantisme engagé contre les guerres d’Algérie et du Vietnam, adhérant successivement au communisme puis au trotskisme au sein de la Ligue communiste révolutionnaire. Son parcours académique et militant l’a conduit à devenir un acteur majeur dans l’étude des économies émergentes, particulièrement en Amérique latine, où il a consacré l’essentiel de sa carrière.

Salama est connu pour avoir insufflé une nouvelle dynamique dans la pensée économique en France, où les études étaient alors dominées par l’orthodoxie autrichienne. Il a défriché des territoires intellectuels inexplorés, combinant une rigueur scientifique exemplaire avec un engagement politique inébranlable. Sa thèse de doctorat, intitulée *Essai sur les limites de l’accumulation nationale du capital dans les économies semi-industrialisées*, marque le début d’un dialogue intellectuel fructueux avec les universitaires et responsables politiques d’Amérique latine. Traduit en plusieurs langues, cet ouvrage lui vaut une reconnaissance internationale, ouvrant la voie à une carrière prolifique.

→   Lire Plus

Le maître de la discrétion

— Par Térèz Léotin(*) —

Qui sait, aujourd’hui, que dans la commune de Rivière-Pilote et plus précisément au quartier Josseaud, l’école élémentaire mixte Élie Scholastique possédait sa propre radio ? Qui le sait ? Pas grand monde. On ne se souvient guère que dans ce quartier une expérience innovante a permis à des élèves de découvrir la technologie nommée radio.

En effet, après que la radio du collège, initiée par le défunt professeur Fred Éginer avait fermé ses portes définitivement, le matériel récupéré ainsi que les animateurs ont été dirigés vers l’école élémentaire de Josseaud, une école de 10 classes qui comptait 250 élèves.

S’aidant notamment des fonds de la caisse de l’école et aussi en organisant une petite cagnotte, l’équipe éducative ainsi que les parents informés, tous très motivés, ont participé au frais d’installation du studio, et c’est ainsi que sous l’appellation Radio ti-manmay (RTM) la nouvelle structure voyait le jour au début des années 1990.

Au rythme de leur emploi du temps, toutes les classes de l’école ainsi que les élèves des communes avoisinantes qui le voulaient, étaient les animateurs de cette radio.

→   Lire Plus

Tony Delsham : une vie consacrée à la littérature et au journalisme martiniquais

Tony Delsham, de son vrai nom André Pétricien, est né le 4 février 1946 à Fort-de-France et est décédé le 16 juillet 2024 à Schœlcher, en Martinique. Écrivain prolifique et journaliste engagé, il a marqué la littérature et le journalisme martiniquais.

Après une enfance passée à Schœlcher, Tony Delsham devient, dès l’âge de 16 ans, l’un des plus jeunes organisateurs de spectacles publics en Martinique, produisant le groupe rock et twist Les Infidel’S. Malgré une brève incursion dans la carrière militaire après son bac, il se tourne rapidement vers le journalisme, collaborant à différents journaux locaux.

De retour en Martinique en 1970, il est frappé par l’absence de productions littéraires locales et la domination de la presse par des médias métropolitains. En 1972, il fonde les Éditions MGG (Martinique Guadeloupe Guyane) et lance l’hebdomadaire Martinique Hebdo, qui fusionne plus tard avec Le Naïf, dont il devient rédacteur en chef jusqu’en 1982. En 1990, il rejoint l’hebdomadaire Antilla comme rédacteur en chef.

Tout au long de sa carrière, Tony Delsham a écrit et publié de nombreux ouvrages, toujours dans le but de refléter la réalité martiniquaise.

→   Lire Plus

Pour Tony Delsham

— Par Patrick Chamoiseau —

Corbeau, les chemins perdus vibrent toujours des bonnes vieilles bètafé, éclats sur des songes sans paupières, sur la vieille machine à écrire partagée entre poèmes et romans policiers, sur Tartane dans ces bancs de mulets égarés par les algues, sur le secret innovant du couscous et le parasitage des matchis de la tante (j’entends la Titine qui tousse, du Saint-Esprit au morne du dimanche, continuant de rouler).

Sam, journaliste marronneur, étonnant romancier, conteur-sorcier qui, mieux que nous, parvenait à faire lire ceux qui ne lisent jamais, j’ai écrit entre tes phrases et bien souvent pesé cette science narrative qui fascinait bien des esprits (ceux qui, au porte-à-porte, vendent des textes et des petits dessins, c’est nous).

Mec, il y a des hyènes qui rôdent par là, la bosse au dos, muscles détendus, elles ne ressemblent à rien, mais leur ricanement soutient nos rires les plus anciens (je souris sur ça encore).

Tony, la vertu de tes mots à instruire la clarté, t’honore du plus vaste au plus simple, et te dégage, sans limite connue, la trace qui va, qui reste malgré tout, inaltérable.

→   Lire Plus

Bill Viola : maître de l’art vidéo et explorateur du temps

— Par Sarha Fauré —

Bill Viola, pionnier américain de l’art vidéo, est décédé paisiblement chez lui le 12 juillet 2024 à l’âge de 73 ans, après avoir souffert de la maladie d’Alzheimer depuis 2012. Né le 25 janvier 1951 à New York, Viola a transformé le paysage artistique avec ses installations vidéo monumentales et ses explorations profondes de la temporalité et de la spiritualité.

Une rencontre fondatrice avec la vidéo

Viola a découvert la vidéo au lycée, et cette rencontre a déterminé son parcours artistique. Inscrit à l’université de Syracuse, il a rapidement quitté les cours traditionnels pour intégrer l’« experimental studio » de Jack Nelson, où il a commencé à expérimenter la vidéo comme un signal électronique, plutôt qu’une simple image. Ses premières installations, utilisant des moniteurs et de grandes projections, ont vu le jour au début des années 1970, période d’effervescence pour l’art vidéo.

Influences et thématiques

Les œuvres de Viola sont marquées par une quête spirituelle profonde, influencée par les mystiques, les peintures de la Renaissance et son immersion dans le zen, après une résidence au Japon en 1980 où il rencontre le maître zen Daien Tanaka.

→   Lire Plus

Ismaïl Kadaré : disparition d’un géant des lettres albanaises, pourfendeur du totalitarisme

— Par Sarha Fauré —

L’écrivain albanais Ismaïl Kadaré, une figure monumentale de la littérature moderne, est décédé lundi matin d’une crise cardiaque à l’âge de 88 ans. Son décès, survenu à Tirana, a été confirmé par l’hôpital où il avait été transporté sans signe de vie. Les médecins ont tenté de le réanimer, mais il a été déclaré mort à 8 h 40 locales (6 h 40 GMT).

Ismaïl Kadaré, souvent comparé à Dante Alighieri et Ossip Mandelstam, était reconnu pour son exploration incisive des mythes et de l’histoire de l’Albanie, qu’il utilisait pour dénoncer les maux du totalitarisme. Son œuvre, comprenant une cinquantaine de livres traduits en une quarantaine de langues, comprend des romans, des poèmes, des mémoires, des essais et du théâtre. Parmi ses œuvres les plus célèbres figurent « Le Général de l’armée morte », « Le Palais des rêves », et « Le Crépuscule des dieux de la steppe ».

Né le 28 janvier 1936 à Gjirokastër, ville également natale du dictateur Enver Hoxha, Kadaré a grandi dans une « ville de pierres » qui a inspiré nombre de ses récits.

→   Lire Plus