Catégorie : Politiques

« Le référendum pour l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie ne consiste pas en un processus de décolonisation »

— Par Angélique Stastny, docteure en sciences politiques à l’Université de Melbourne—

Angélique Stastny, docteure en sciences politiques, considère dans une tribune au « Monde » que les accords successifs depuis 1988 ne respectent pas le droit à la souveraineté des Kanak.

Tribune. Sur l’archipel que certains appellent « Kanaky » et d’autres « Nouvelle-Calédonie », un référendum prévu pour le dimanche 4 novembre appelle ses habitants à se prononcer sur le devenir de ce territoire français d’outre-mer inscrit sur la liste des territoires non autonomes, c’est-à-dire non décolonisés, de l’ONU. Le référendum est présenté par les pouvoirs politiques et nombre de commentateurs comme un processus inédit de décolonisation. Cependant, une analyse plus poussée du processus politique révèle que la décolonisation telle qu’elle est menée aujourd’hui n’en est pas une.

La consultation référendaire entérine la minorisation politique du peuple kanak. Les critères pour pouvoir figurer sur la liste électorale spéciale pour la consultation (LESC) et pouvoir ainsi voter au référendum ont fait l’objet de longues discussions entre indépendantistes et loyalistes. La publication de la liste définitive et les analyses récentes montrent que, malgré les efforts du peuple kanak pour que le résultat de cette consultation reflète au mieux ses volontés, le droit à l’autodétermination prévu à l’article 3 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (2007) n’est pas respecté.

→   Lire Plus

Il y a deux natures de Français devant leur histoire …Et Nous ?

— ¨Par Lucien Cidalise Montaise —

lly a deux natures de Français devant leur histoire …Et Nous ?
Ceux qui frémissent, frileux en écoutant la Marseillaise chantée : les nantis et exploiteurs… Que leur restera –t-il ?
Ceux qui se félicitent de la mort de la guillotine et approuvent l’émergence de la démocratie sociale : les adeptes des Lumières.
Forcément donc, deux sortes de Martiniquais aussi, devant la même histoire. Mais celle-là imposée.  « Lambeaux de la France palpitants sous d’autres cieux ! ».
Les Martiniquais ne se sentent nulle part. Sans modèle. Ils flottent sur une île naturellement généreuse. Ils se cherchent, mais au final, n’acceptent aucune accointance. Créés par l’esclavage et le racisme fils aîné du premier, ils hésitent. Doutant pour beaucoup de leurs ancêtres, au point de les ignorer.
En conséquence, ils se folklorisent ! s’indignent, mais choisissent quelque fois sans trop y mettre de la passion, sans trop basculer dans leur choix qui risquerait de les contraindre à Devenir ! Ils ne dépendent pas d’une histoire qui n’est pas la leur. Le « Si peu » qui leur est consacré relève d’une usurpation réductrice de leur propre histoire. Acteurs principaux -sans loges privées !!-

→   Lire Plus

Au Venezuela, des opposants racontent la torture

— Par Jean-Baptiste Mouttet —

Bastonnades, électrocutions, asphyxies : les prisonniers politiques vénézuéliens sont victimes de multiples supplices et vivent dans des conditions sanitaires déplorables. Dans l’incapacité de se défendre équitablement, ces détenus constituent une monnaie d’échange pour le gouvernement. Plusieurs anciens prisonniers témoignent.

Ils étaient une centaine de Vénézuéliens à suivre le cortège funèbre de Fernando Albán, le 10 octobre. « Assassins ! », « Nous exigeons la justice ! », pouvait-on lire sur les pancartes. Le gouvernement explique que le conseiller municipal du parti d’opposition Primero Justicia (PJ) s’est suicidé deux jours auparavant en se lançant du 10e étage du siège des services de renseignement vénézuéliens (Sebin), en plein centre de la capitale Caracas. Mais, pour l’opposition, il a été tué « par le régime ».

Fernando Albán était suspecté d’avoir participé à l’attaque aux drones contre le président Nicolás Maduro en août dernier. Sa mort brutale n’étonne pas les anciens prisonniers politiques. « Les conditions auxquelles sont soumis les prisonniers, la terreur, peuvent amener à ce qu’une personne mette fin à sa vie. Cela montre la violence de cet organisme [le Sebin – ndlr] », nous explique Lorent Saleh, 30 ans, libéré le 12 octobre dernier et envoyé en Espagne après quatre ans de détention.

→   Lire Plus

Un artiste méconnu

Par Selim Lander

Il existe sur les hauteurs de Fort-de-France une route à l’écart de la circulation prisée par les sportifs. Trois kilomètres à plat à parcourir dans les deux sens en marchant, en courant ou à vélo autant de fois que désiré. Le paysage agreste, gouffres profonds, arbres géants, lianes qui tombent depuis le haut des cimes, fleurs exotiques et oiseaux joueurs, seulement ponctué par quelques modestes demeures avec parfois une chèvre alanguie, ou le vestige d’une installation périmée, inspirerait au romantisme si nous n’étions en Martinique, terre des paradoxes, le moindre n’étant pas que les édiles qui ne cessent de vanter la vocation touristique de l’île ne se pressent guère pour envoyer sur le terrain les employés des services techniques municipaux ou autres afin qu’ils effectuent les travaux de nettoyage et d’entretien qui leur incombent. C’est en particulier le cas de cette route bordée de divers « encombrants » (réfrigérateur ou congélateur rouillé, canapé défoncé, …) et autres VHU (véhicules hors d’usage), tandis que des fils électriques peuvent traîner sur le sol pendant des mois, avant que quiconque se décide à intervenir.

→   Lire Plus

Sur la question de l’indépendance : d’une polémique prévisible à un débat nécessaire…


— Par Philippe Pierre-Charles pour le G.R.S. —
« Je fus indépendantiste ». Le journaliste interrogeant Garcin Malsa a tout de suite compris qu’il tenait là sa « petite phrase » aux allures de scoop. Il demanda et obtint sa répétition. Et voilà les réseaux sociaux qui s’enflamment et voici le PKLS qui, fort sourcilleux sur les symboles et le vocabulaire, lance un communiqué sur  » la clarté en politique », sur  » la sincérité  » dans les rapports entre organisations « , sur la cohérence dans le combat émancipateur.
Nous, qui sommes généralement plus attentifs au mouvement réel des larges masses et à la façon dont les révolutionnaires s’y insèrent (…ou pas ! ) qu’aux empoignades légitimes sur telle ou telle petite phrase de tel ou tel responsable politique, nous nous disons, en reprenant un vieux dicton français, qu’à quelque chose malheur peut être bon. La légère inflexion du dicton ( » peut être bon  » au lieu de « est bon ») traduit bien sûr un certain doute chez nous. En réalité si la polémique tourne en boucle sur les mots, nous n’aurons pas grand chose de nouveau sous le soleil martiniquais.

→   Lire Plus

Les trois tares de la C.T.M.

— Par Pierre Alex Marie-Anne —

Ces trois tares présentent un caractère rédhibitoire.

-TARE N°1: le processus entourant la naissance de la C.T.M. est illégitime

La Loi du 27 juillet 2011 qui a crée la Collectivité Territoriale de Martinique résulte d’un double viol :d’abord de la Constitution dont la lettre n’a pas été respectée(deux consultations successives dont la seconde était destinée à infirmer les résultats de la première), ensuite de la volonté clairement exprimée par les électeurs qui ont massivement rejeté le choix de l’autonomie de l’article 74, mais néanmoins se sont vus imposer, sans concertation préalable, un statut manifestement inspiré de celui en vigueur dans les territoires autonomes.

TARE N°2 : son architecture, complètement irrationnelle, est inopérante

Elle repose sur l’existence de deux Centres de décisions distincts( en théorie),  chargés respectivement des fonctions Exécutive d’une-part et Délibérative et de contrôle d’autre-part, ayant chacun un Président à sa tête mais qui procèdent l’un et l’autre ( c’est là que le bât blesse ), de la même élection (dont les résultats d’ailleurs sont faussés par l’octroi d’une prime majoritaire de 11 sièges, dans le cadre de la Représentation Proportionnelle, au candidat de la liste arrivée en tête au premier tour).

→   Lire Plus

Paysage pour film de passage ou pays de créateurs ?

Lettre ouverte de Frantz Succab au Président Ary Chalus

Monsieur le Président,
Peu après votre élection, vous m’avez fait l’honneur de m’inviter à devenir membre bénévole du Comité de Lecture qui anime le Fonds de coopération cinématographique et audiovisuel. De quoi s’agit-il ? Ce fonds alimenté conjointement par la Région et le Centre National du Cinéma (l’Etat donc), a pour objectif de soutenir les films (fictions ou documentaires) ainsi que les œuvres audiovisuelles de qualité qui concernent la Guadeloupe. L’utilité d’une telle mission résidait, à mon sens, dans l’intention de Changer d’Avenir, pour parler simplement : pointer ce qui n’allait pas avant, pour faire mieux demain. Aujourd’hui, plus d’un an s’est écoulé, et je vous écris.

Certes, vos services ont développé une intense communication autour de divers événements cinématographiques (festivals, tournages, avant-premières, etc..) et l’ont fait avec application. Tout va-t-il, cependant, pour le mieux au royaume des images ? Non, derrière ce qui brille, il y a de vastes zones d’ombres grouillant de questions dérangeantes. Mais pour qui ? J’aime à croire, pour votre honneur, que vous les sous-estimez de bonne foi.

→   Lire Plus

« Ele nao »

Rassemblons-nous contre un triomphe électoral fasciste au Brésil.

Dans ce pays-continent d’Amérique du sud, qui concentre le prolétariat le plus nombreux et le plus grand nombre de paysans sans terre de la zone, le risque existe de voir arriver à la tête de L’État, un nostalgique de la dictature des généraux, un ennemi méprisant des plus faibles, un raciste déclaré, un homophobe revendiqué, un partisan de la répression terroriste contre tout ce qui bouge.

Excité par son score au premier tour Bolsonaro et les siens ont multiplié les violences avec l’espoir de créer un climat de peur poussant les plus crédules dans leurs bras.

De nombreux/ses Guyanais/ses, de nombreux Martiniquais/ses séjournent souvent au Brésil.

Que ce soit notre cas ou pas, nous ne pouvons rester indifférent e s. Nous devons envoyer un message de solidarité et de courage aux personnes de bonne volonté, aux démocrates qui refusent que la haine bestiale s’installe à la tête de ce grand pays et fasse renouer le continent avec les heures les plus sombres de son passé.

Rassemblons-nous

MERCREDI 24 OCTOBRE 11h

PLACE DE L’ENREGISTREMENT

(à l’entrée de la rue piétonne) de Fort de France.

→   Lire Plus

Comores: retour au calme à la médina de Mutsamudu

La crise à Anjouan semble se dénouer avec le retour du gouverneur de l’île dorénavant surveillé chez lui par l’armée. Les quelques perquisitions effectuées cet après-midi dans la médina de Mutsamudu ont d’ailleurs conduit à l’arrestation de son conseiller spécial, le numéro trois du gouvernorat.

Une médina apaisée s’est réveillée dimanche matin, loin des bruits de balles et du blocus qu’elle avait connu cette semaine. Les habitants ont profité de cette possibilité de pouvoir déambuler dans leur quartier, même si, en ce dimanche, quasiment aucune boutique n’était ouverte.

Il est vrai cependant que l’activité économique a redémarré avec la réouverture du port de Mutsamudu. Jusqu’alors préoccupée par la sécurité des biens et des personnes, la direction avait préféré fermer le port, tout proche de deux entrées de la médina, depuis lundi après-midi. Aucune mesure de sécurité supplémentaire n’a été prise.

La fin des affrontements est actée. Pourtant, les rebelles armés n’ont pas été appréhendés. On ne sait réellement que très peu de choses sur eux, mais toutes les personnes interrogées s’accordent à dire qu’ils seraient partis dans la nuit de mercredi à jeudi.

→   Lire Plus

Mutsamudu sous les balles

— Par Eddine Mlivoindro —

Qu’est-ce qui se passe à Anjouan ? Seuls les instigateurs d’une opération apparemment bien organisée et qui poursuit sa propre logique, peuvent répondre à ce qui se profile comme le début de résistance.

Mutsamudu s’est réveillée ce lundi matin sous les crépitements des kalachnikovs et autres armes à feu. Les fidèles se rendant à la prière de l’aube ont été les premiers témoins des barricades dressées le long de la route du littoral. Ces scènes épisodiques n’auraient ébranlé la foi des fidèles s’ils n’étaient aggravés de tirs sporadiques dont il était difficile à cette heure matinale, de déterminer l’origine et la cible.

Les rues se vidaient au fur et à mesure que le jour se levait et que se confirmait la présence de barricades dans une grande partie de l’île. Scènes de ville morte à Mutsamudu. Aucune administration ouverte, les élèves sont restés à la maison et les taxis brousses n’ont pas pris la route vers le chef-lieu. Même les badauds, généralement attirés par ces situations de confusion, se montraient prudents devant ce face à face inattendu entre les éléments du PIGN lourdement armés et ceinturant la ville à bord de leur pick-up et des insurgés retranchés dans l’inaccessible Médina de Mutsamudu.

→   Lire Plus

De l’urgente nécessité de réformer les statuts de la Collectivité Territoriale de Martinique

— Pierre-Alex Marie-Anne —
Dans une récente tribune de Politiques Publiques, Yves-Léopold MONTHIEUX a qualifié la C.T.M. de : « machine à fabriquer des dictateurs ».
Il n’a que trop raison et seuls peuvent s’en offusquer ceux qui aspirent dans le présent comme pour le futur à profiter de ce système introuvable.
La Loi du 27 juillet 2011 ayant crée la Collectivité Territoriale de Martinique résulte, on le sait, d’un double viol : d’abord de la Constitution (deuxième consultations pour infirmer les résultats de la première ) ensuite de la volonté clairement exprimée par les électeurs contre l’autonomie de l’article 74, réintroduite néanmoins par le biais d’un statut alambiqué s’inspirant de celui de territoires autonomes, non soumis préalablement à l’avis des citoyens concernés.
Logiquement , cette démarche biaisée ne pouvait enfanter qu’un système mal conçu et déséquilibré.
Les dés sont pipés dès le départ avec l’institution d’une prime majoritaire de 11 sièges, accordée à la liste arrivée en tête au premier tour, pour forcer la constitution d’une majorité ne correspondant pas aux souhaits réels des électeurs.
Ce bonus, apparemment anodin n’est pas sans conséquences :
Sauf à courir le risque in fine d’une élimination quasi certaine, les candidats n’ont pas d’autre choix (quitte à renier père et mère, ce que certains ne se priveront pas de faire allègrement!)

→   Lire Plus

La fin du roman des « 4 serpents »

— Par Yves-Léopold Monthieux —

Le drapeau aux 4 serpents est supprimé. C’est la première décision concrète prise le président de la république lors de sa récente visite à la Martinique. Elle a été prise le soir même où Victor Monlouis-Bonnaire, l’animateur du Blog MAKAKLA, a interpellé Emmanuel Macron. C’est ainsi qu’entre peut-être dans l’histoire l’homme dont la question avait fait passer quelques frissons sur les lieux de la conférence de presse, et au-delà. D’ailleurs, on n’a pas beaucoup entendu de réactions à cette décision parmi les principaux leaders politiques. A l’exception du député Serge Nilor, l’auteur d’une intervention à ce sujet à l’assemblée nationale et non suivi d’effet. Il s’est fait brûler la politesse par celui qui se considère comme un militant de la MARTINIQUE.

Le 30 juin dernier, dans un article publié sur ce site, j’écrivais qu’ « il n’est pas difficile de convaincre les Martiniquais du rejet de l’emblème aux 4 serpents. Ces animaux étant loin de bénéficier de la côte d’amour des Antillais, les détracteurs de cet insigne marchent sur du velours (…) même si l’image de ces reptiles n’a pas toujours véhiculé que des références négatives.

→   Lire Plus

Karima Lazali: «Le colonisé est d’abord et avant tout un possédé»

Le trauma colonial 
Une enquête sur les effets psychiques et politiques contemporains de l’oppression coloniale en Algérie

Karima LAZALI

Psychanalyste, Karima Lazali a mené une singulière enquête sur ce que la colonisation française a fait à la société algérienne, enquête dont elle restitue les résultats dans ce livre étonnant. Car elle a constaté chez ses patient∙e∙s des troubles dont rend mal compte la théorie psychanalytique. Et que seuls les effets profonds du « trauma colonial » permettent de comprendre : plus d’un demi-siècle après l’indépendance, les subjectivités continuent à se débattre dans des blancs de mémoire et de parole, en Algérie comme en France.
Elle montre ce que ces « blancs » doivent à l’extrême violence de la colonisation : exterminations de masse dont la mémoire enfouie n’a jamais disparu, falsifications des généalogies à la fin du XIXe siècle, sentiment massif que les individus sont réduits à des corps sans nom… La « colonialité » fut une machine à produire des effacements mémoriels allant jusqu’à falsifier le sens de l’histoire. Et en cherchant à détruire l’univers symbolique de l’« indigène », elle a notamment mis à mal la fonction paternelle : « Leurs colonisateurs ont changé les Algériens en fils de personne » (Mohammed Dib).

→   Lire Plus

Idéologies de camouflage à la C.T.M.

Par Roland Tell —

Infidèles à leurs principes, les partis, constituant l’alliance de gestion à la CTM (droitistes, centristes, indépendantistes) mènent, de plus en plus, une politique de ressentiment contre le monde social martiniquais. Que d’antagonismes engendrés ici ou là par un régime sans précédent de licenciements, particulièrement significatifs, et premièrement déterminants, s’agissant de l’idéal historique envisagé, donc de son image prospective, à laquelle aspirent les tenants majoritaires de l’alliance au pouvoir. Sommes-nous déjà dans la phase utopique du séparatisme, préparant les réalisations temporelles futures ? En effet, sans avoir jamais fourni une explication du contenu de sa politique à la CTM, le Président Exécutif, particulièrement cynique, ne cesse de condamner la lourdeur des effectifs de la Collectivité, oubliant que ce n’est pas sa conscience de partisan, qui détermine la vie humaine à la Martinique, mais ce sont les conditions et les formes de vie, les besoins, les tendances du peuple martiniquais, qui, seuls, déterminent la conscience collective, de plus en plus conditionnnée par l’éducatif, l’économique, le social.

La doctrine des trois idéologies, composant la majorité à la CTM, cherche à isoler, de plus en plus, l’individu martiniquais dans une forme de prolétariat, se référant, plus que jamais, à un chef-dictateur, seul porteur d’espérance dans une Martinique de la nécessité.

→   Lire Plus

Robert Saé : contributions au débat d’idées

— Par Robert Saé —

1 – Pawol an bouch pa chaj*1 !

Quel dirigeant politique n’a-t-on pas entendu répéter que « vu la gravité des problèmes, il y a urgence que tous se mettent autour d’une table, au-delà des divergences, pour travailler dans l’intérêt du pays ! » ?

Comment comprendre, alors, le lamentable spectacle auquel nous assistons dans la réalité ? Violences verbales*2 récurrentes entre adversaires politiques, attaques personnelles impitoyables contre des individus sans aucune considération de l’impact sur leur famille, défense fanatique de dirigeants quels que soient les déviations et les excès commis par ceux-ci ! Tout cela venant d’une élite censée représenter et guider le peuple ! Le plus déroutant est que de telles dérives concernent des responsables de tous bords : droite, gauche autant qu’indépendantistes. Qu’est-ce donc qui explique ce climat délétère qui est un obstacle majeur à l’émancipation de notre peuple et à son engagement dans une construction collective ?

Avant toute chose, il convient de rappeler que les divisions et la dégradation du débat politique que nous subissons, ne sont pas propres à notre pays. Il en va de même dans pratiquement tous les pays du monde :

– Parce que les « élites » ne sont pas immunisées contre la culture mondialisée vulgarisée par les médias occidentaux, qui nourrit l’individualisme, la compétition, la violence et flatte tous les bas instincts qui sommeillent chez les individus.

→   Lire Plus

Macron et abattement fiscal dans les « DOM » : de l’enfumage supplémentaire !

— Par Max Dorléans ( GRS) —
De passage aux Antilles entre les 26 et 30 septembre, E. Macron a fait, parmi un certain nombre d’annonces participant selon lui au développement des « DOM », une proposition se voulant génératrice d’emplois et de baisse du coût de la vie, qui a surpris à la fois la population et l’immense majorité de la classe politique et économique. Il a en effet évoqué – outre des promesses n’engageant que ceux/celles qui les croient – une réforme de l’abattement fiscal de 30% existant dans les « DOM » consistant dans la réduction du plafond de celui-ci, sans néanmoins en préciser lui même strictement le montant, laissant à Annick Girardin, la ministre des Outres-mer, le soin de déclarer qu’il oscillera entre 2300 euros et 3900 euros.
Une réforme qu’il estime « juste », car elle épargnera l’immense majorité de la population, puisqu’elle ne touchera que «  les 4% les plus riches », avec un résultat estimé, « 70 millions d’euros », qui sera « intégralement et en toute transparence réinvesti dans les projets en Outre-mer ».
Une idée de justice qu’il a besoin de marteler pour tenter de se défaire de son image de « président des riches » et pour indiquer que tous et toutes – y compris la fraction la plus riche de la population « domienne » – doivent cotiser au pot commun de la solidarité pour engager les investissements nécessaires à la croissance et à la création d’emplois.

→   Lire Plus

Il est urgent de modifier les statuts de la collectivité territoriale de Martinique.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Tant en raison des limites démocratiques de sa conception et de son élaboration que pour les imperfections de son contenu, on a déploré à juste titre la mise en œuvre de la loi de juillet 2011 créant la collectivité territoriale de la Martinique (CTM). Il ne fait de doute pour personne que les anomalies statutaires sont les fruits amers de dispositions empruntées à la collectivité prévue dans le cadre de l’article 74 de la constitution. Aussi, l’issue des opérations électorales alambiquées de janvier 2010 a donné raison aux citoyens qui avaient vu dans l’organisation d’un référendum de rattrapage, le 24 janvier 2010, le refus d’accepter le verdict populaire du 10 janvier précédent. Ainsi, par un subterfuge institutionnel qui ne connaît pas d’exemple en France, le président de la République Nicolas Sarkozy réussissait à mettre la Martinique sur un cap institutionnel que les Martiniquais avaient massivement refusé, et ainsi satisfaire certaines ambitions locales.
Par ailleurs, en se laissant octroyer un nouveau statut, les élus autonomistes et indépendantistes qui n’ont jamais convaincu les électeurs du bien-fondé de leurs thèses se sont retrouvés en situation d’assistanat.

→   Lire Plus

Le Nobel de la paix attribué à Denis Mukwege et à Nadia Murad

Le prix Nobel de la paix a été attribué vendredi au gynécologue Congolais Denis Mukwege et à la militante Yazidie Nadia Murad «pour leurs efforts pour mettre fin à l’emploi des violences sexuelles en tant qu’arme de guerre».

Cette année, 331 individus et organisations ont été proposés pour la prestigieuse récompense décernée chaque année à Oslo. Ce vendredi, le Dr Denis Mukwege et la militante Yazidie Murad ont été annoncés comme lauréats du prix après avoir été désignés par les cinq membres du comité norvégien. «Denis Mukwege et Nadia Murad ont tous les deux risqué personnellement leur vie en luttant courageusement contre les crimes de guerre et en demandant justice pour les victimes», a déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen.

Le premier avait déjà été pressenti par le passé pour obtenir la récompense. Dr Denis Mukwege, 63 ans, est un gynécologue qui soigne les victimes de violences sexuelles en République Démocratique Du Congo. Expert reconnu au niveau mondial de la réparation des dommages physiques causés par le viol et les violences sexuelles, il milite pour faire reconnaître le viol comme une arme de guerre.

→   Lire Plus

Le Manifeste des 40000 fait campagne pour l’accueil des migrants

— Communiqué de presse —
#POURLACCUEILDESMIGRANTS

Le 26 septembre dernier, Regards, Politis et Mediapart lançaient le Manifeste pour l’accueil des migrants avec 150 personnalités issues du monde associatif, syndical, artistique et intellectuel. Depuis, la pétition en ligne a recueilli plus de 40000 signataires et de nombreux élu-es, hommes et femmes politiques, de sensibilités différentes, ont rejoint la mobilisation.
Parmi les nouveaux soutiens, de nombreux médias. Alternatives économiques, Basta!, Le Bondy Blog, Le Courrier des Balkans, Là-bas si j’y suis, L’Humanité, Mediapart, Politis et Regards, désormais associés, organiseront au Centquatre1, le 25 octobre prochain, dès 19h, une manifestation publique, conviviale.
Cette soirée a pour principal objectif d’amplifier la mobilisation et d’éveiller les consciences face au défi de l’accueil des migrants. Témoins de la pluralité et de la diversité des soutiens au manifeste, les participants, artistes, intellectuels, politiques, associations, y prendront la parole autour d’expressions qui prendront des formes diverses (concerts, vidéos, lectures, etc.).
Contacts
Pierre Jacquemain – pierrejacquemain@gmail.com – 0618062805
Pouria Amirshahi – amirshahi@politis.fr – 0688651619
Renaud Creus – renaud.creus@mediapart.fr – 0620991186
1 Le Centquatre, Établissement culturel de la ville de Paris, situé 5, rue Curial, dans le 19ème arrondissement
de Paris.

→   Lire Plus

Un homme met sa vie en danger pour défendre son droit à travailler dans son pays

— Communiqué de la direction nationale de l’UPLG —

Nemo pa dwet mo : solidarité patriyotik.
Dans l’indifférence de nos compatriotes et le mépris de nos décideurs et de nos élus.

Depuis 19 jours, un transporteur guadeloupéen a engagé une grève de la faim devant l’Hôtel de Région pour faire reconnaître son droit à travailler dans son pays. Pour faire de la place à une grosse société de transport qui est en train d’accaparer l’ensemble du marché du transport de passagers, tous les petits transporteurs guadeloupéens sont obligés d’arrêter leur activité. Ceux qui font de la résistance comme Monsieur NEMO, en grève de la faim, sont poursuivis en justice et condamnés bien plus lourdement que des délinquants. Après les nombreuses représailles de différents services de l’État, il est à bout. Les autorisations que les services de l’État et les organisateurs des transports lui ont refusé pendant les 25 ans qu’il a exercé dans le transport vers Jarry, d’autres qui viennent d’ailleurs, qui bénéficient de toutes les subventions, les obtiennent sans difficultés, et cette fois, sans assurer la même qualité de service offerte nos transporteurs guadeloupéens non subventionnés.

→   Lire Plus

L’ ego en politique martiniquaise…

Par Roland Tell —

Comment comprendre le manque de dialogue social dans la gouvernance CTM ? Une telle question oblige à distinguer entre le Soi essentiel de la création politique, et l’Ego dictatorial, constamment centré sur lui-même. Quand l’individualité prend le pas sur la personne, notamment chez celui qui dirige, ce qui se manifeste alors, c’est l’étroitesse de l’égo, se sentant toujours menacé, et voulant accaparer le pouvoir pour lui-même. La personnalité n’apparaît jamais en cas de crise sociale, comme lors des mafestations des quarante agents contractuels, licenciés sans raison, par volonté présidentielle.

La personnalité n’apparaît pas, parce que l’esprit d’ouverture et de dialogue s’est éclipsé, caché dans l’étoffe et l’apparât de la gouvernance ! L’esprit de fermeture, plus que de fermeté, surabonde alors en morgue, en dédain, en mépris, pour le petit peuple agitateur des « contrats aidés ». Alors, le pouvoir de Cluny se fait intériorité à soi-même, comme dans la classe de collège, où s’est révélée naguère la racine première d’une individualité sévère. C’est pourquoi aussi, selon un poète, la vulgarité dit toujours « je », au sens d’égo centré sur lui-même.

→   Lire Plus

″ L’affaire des Quarante″ ou le retour du boomerang.

— Par Pierre Alex Marie-Anne —
La Gauche, tout au long de son cours n’a cessé de fustiger les licenciements annoncés dans les plans sociaux des entreprises ou émanant des partis de la Droite.
Aujourd’hui qu’elle est aux affaires, elle s’y trouve, à son corps défendant, confrontée .
Pour comprendre l’actuel psychodrame, il faut garder à l’esprit le fil directeur de la pensée du Président du Conseil Exécutif, en matière de gestion prévisionnelle des emplois , dévoilé au magazine des Régions:  « la CTM compte près de 4500 agents, il nous en faudrait seulement 600 ».
Faute de pouvoir tailler dans le vif de l’effectif, il cherche au moins à ne pas l’augmenter , par le biais d’une prolongation de contrats ,débouchant inéluctablement à terme sur une titularisation.
Mais pour ce faire, c’est à un véritable reniement qu’il faut se résoudre, aïe!.
Qui va l’accepter ? sûrement pas les syndicats dont la raison d’être est de défendre les travailleurs.
Encore moins, tous ceux que les méthodes et le comportement de‟ major de quartier ″- dixit qui vous savez – du chef de l’Exécutif n’arrêtent pas de blesser.
Malheureusement pour lui, dans sa paranoïa galopante qui lui fait voir des complots partout, y compris même au sein de l’institution judiciaire, il à pris le risque, en l’agressant délibérément, de réveiller le félin tranquillement assoupi sur son Perchoir.

→   Lire Plus

La visite-enfumage de Macron en Martinique

— Par le SNUEP-FSU

Le SNUEP-FSU condamne fermement la visite-enfumage d’Emmanuel MACRON dans notre pays.
Les Martiniquais ont assisté à un one-man-show d’un président artificieux, leur confirmant ce qu’ils subodoraient déjà : Leur santé est moins importante que celle de leurs compatriotes continentaux.
Aucun vrai plan pérenne pour sauver l’hôpital du département le plus vieillissant de France.
Mais plutôt une proposition comme seule solution, aussi inacceptable qu’irresponsable:
Se rendre à Pointe à Pitre pour se soigner correctement, sans annoncer concomitamment, la prise en charge totale de ce déplacement hors de prix.
Le SNUEP-FSU s’étonne que toutes ces déclarations présidentielles stériles, n’aient pas entrainé la condamnation épidermique quelles méritaient, de la part des responsables présents.
Le SNUEP-FSU rappelle que les Martiniquais méritent les mêmes soins et les mêmes services liés à la médicalisation, que leurs compatriotes de l’hexagone.
Il rappelle également qu’on n’assure pas la continuité territoriale, ni même ses responsabilités étatiques, par une fumeuse proposition de « mutualisation des moyens d’hôpitaux de départements non limitrophes » ou par un FDF/PAP.
Christophe THEGAT
Co-secrétaire du SNUEP-FSU Martinique

→   Lire Plus

Autonomie : un anticolonialiste est indépendantiste, ou ne l’est pas.

— Par Yves-Léopold Monthieux —
Il ne suffit pas, comme dit l’autre, de sauter comme un cabri en criant « Autonomie ! Autonomie ! » pour se voir décerner le label d’ « anticolonialiste ». Un anticolonialiste est indépendantiste, ou ne l’est pas. Tandis qu’un autonomiste anticolonialiste, cela n’a pas de sens. D’ailleurs, on attend en vain que les adeptes de cette autonomie disent en deux phrases ce que recouvre, selon eux, ce mot. D’aucuns s’accrochent au fameux discours de campagne électorale, dit des « Trois voies et cinq libertés », qui s’acheva tristement dans la mort d’un individu. Or 15 ans plus tard, en 1993, comme pour dire que ce mot d’ordre n’était pas satisfaisant, le secrétaire général du PPM, Camille Darsières, annonça que son parti se donnait « huit mois pour définir le contenu de l’autonomie ». A ce sujet Raphaël Confiant écrira que “c’est incroyable de la part d’un parti qui réclame à cor et à cri l’autonomie depuis trente-trois ans” (Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle). Vingt-cinq ans plus tard, rien n’a changé.
En réalité il n’est pas aisé de statufier l’autonomie qui est essentiellement une notion variable et qui, le long d’un curseur, peut avancer ou reculer à l’intérieur d’une même nation.

→   Lire Plus

CTM : le non respect de la règle est l’ennemi de la Démocratie

— Yves-Léopold Monthieux —
La présence récurrente d’éléments allogènes au cours des travaux de la CTM ne pouvait pas manquer de provoquer des dysfonctionnements. Avant 1983, la libre entrée dans l’hémicycle du conseil général n’était pas admise. Ce n’était pas une bonne pratique de la démocratie. L’opposition de l’époque estimait que la limitation des entrées au public relevait d’une décision autoritariste, contraire à la démocratie. Elle était dans son rôle.

Cependant, pour la majorité d’alors, il s’était agi d’une mesure de police interne prise pour tenir compte de l’exiguïté des locaux et la sécurité des personnes. La séparation incertaine dans la salle entre les élus et le public pouvait faire craindre des débordements. Par ailleurs, la mesure ne fut pas étrangère à la volonté d’éviter que la contestation politique, qui était parfois violente dans la rue, ne s’introduisît dans l’assemblée. A tort ou à raison, cette situation avait conduit le conseil à limiter le nombre des visiteurs à deux invités par élu, soit un peu moins de 100 citoyens.

A l’arrivée de la gauche, la nouvelle majorité et les manifestants étant du même bord politique, le calme s’installa aussi bien dans la rue que dans les hémicycles.

→   Lire Plus